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Jomini
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Guerre d'Orient (1853-1854) Empty Guerre d'Orient (1853-1854)

Jeu 24 Sep - 11:14
Guerre d'Orient - 1853

Guerre d'Orient (1853-1854) Kuruk-Dara1

Bataille de Comana - 28 mai 1853

La querelle des lieux saints s'envenime - Janvier 1853  

Devant le refus des ottomans de trancher en faveur des russes sur la querelle des Lieux Saints, l'Empire Russe a déclaré mobiliser ses armées aux frontières turcs ! Le Président Français a annoncé le départ d'une flotte de guerre en mer Égée pour montrer son soutien à Constantinople. L'engrenage de la guerre s'est actionné. Le 20 février, l'ambassadeur Menchikov fait monter la tension à son paroxysme à Constantinople où il a déposé un ultimatum de 4 jours aux turcs pour les obliger à revenir sur leur décision de donner les lieux saints aux français.

Outrée, La Porte a refusée l'inique proposition des russes, la guerre est donc déclarée en Orient. La France a fait état de ses intentions de soutenir l'Empire Turc dans ses manoeuvres.
Les acteurs sont en place. A Londres, on s'éteint en indécision, Napoléon III ira seul défendre ses intérêts et ceux de Constantinople en Orient. En effet, en Europe, aucun arbitre, en mars 1853, les Britanniques tergiversent, l'Autriche et la Prusse se sont mises dans le camps du Tsar agitant l'oriflamme de la Sainte-Alliance.

Les tentatives de diplomaties semblent tomber à l'eau. L'opinion publique française pense que la guerre sera devenue complètement impopulaire d'ici un an. Tandis que le camps de la paix demande à Louis-Napoléon de se tenter encore la voie diplomatique. Outre-manche, l'opinion publique menée par Lord Palmerston tente de faire pression sur le gouvernement : "La France nouvel arbitre en Orient ?"

Le début des combats sur le Danube - 29 avril 1853

Les troupes russes, mobilisant plus de cent cinquante mille hommes mettent plusieurs longue semaines à se rassembler dans les principautés roumaines. Ces dernières ne s'opposent pas à leur avancée, elles sont presque indépendante depuis 1820 et ce malgré le contrat de vassalité qui les lient à Constantinople. La route est longue pour les russes, par exemple le corps du général Dannenberg stationné en Pologne arrive à pied après une marche de près de 600 km.

Les troupes turques mettent également de longues semaines à s'assembler. Malgré la réforme supervisée par le général prussien De Moltke, les troupes turques restent dispersés sur l'immense territoire de l'Empire Ottoman, des déserts d'Asie aux frontières de la Croatie. De son côté, la France prépare une petite expédition, comportant pas plus de 30 000 soldats et autant de marins. Les combats débutent à la fin du mois d'avril avec des escarmouches le long du Danube et le siège d'Isaccea. Le siège est posé par le général Gorchakov le 18 avril où les premiers coups de feu de la guerre son tirés. Les combats vont durer 4 longues semaines. La résistance des turcs surprend les généraux russes qui ne pensaient pas rencontrer une telle opposition aux frontières.

Les troupes de Menchikov de leur côté, passent le Danube à Braila le 24 avril et se heurtent au général Amhed Mutar Pacha en Dobrogée. Le général turc doit reculer ne disposant pas plus de huit mille hommes face aux trente mille de Menchikov. Amhed Mutar y laisse quelques prisonniers au cours d'échauffourées brutales. Menchikov a du mal pourtant, à rendre ses succès décisifs, la distance avec la Russie et la pénurie de ravitaillement se fait ressentir dès le début de la guerre pour l'armée russe. On manque d'équipement de rechange, de chevaux mais l'ardeur y est, les troupes russes sont confiantes et s'enfonce dans le désert de Dobrogée. Le soldat russe est mis à rude épreuve alors que les chaleurs de l'été se profilent dans le petit désert européen. Le typhus et le choléra feront leur apparition à partir du mois suivant, tuant bien plus que les irréductibles tatars qui harcèlent les russes.

Le long du Danube, les turcs repoussent les russes et les escarmouches dégénèrent rarement. Les excursions des généraux Khroulev ou Dannenberg au sud du Danube sont rendues difficile par les armées turques de Suleyman Pacha et de Omar Pacha qui renforcent les garnisons le long du fleuve.

Cartes du KS
Spoiler:

La Contre-attaque de Omar Pacha - Mai 1853

Omar Pacha, soldat d'une grande expérience, est le général en chef de l'armée ottomane. Apprécié par la troupe, stratège, il est pourtant dans une situation dramatique. Il n'a à sa disposition pas plus de 50 000 hommes face aux 130 000 russes déployé par le Tsar. Il doit pourtant composer avec et va planifier une contre attaque face à Menchikov qui s'enfonce dangereusement vers l'intérieur des terres. Omar Pacha doit sauver Varna et Choumen où s'assemblent ses réserves et les renforts français tant attendus.

Pour cela, il charge Suleyman Pacha d'une opération risquée de passage du Danube. Début Mai, en lourde infériorité Suleyman passe le Danube, repousse les troupes russes de Khroulev à Oltenita et pousse sa menée jusqu'à Bucarest. Les russes mordent à l'hameçon et se reconcentrent vers l'ouest de la Valachie, laissant le corps de Menchikov bien seul en Dobrogée. En Roumanie, les turcs laissent une traînée de villages incendiés et de pillage. Les villages chrétiens sont victime des déprédations de l'armée qui les considère comme des traîtres et des ennemis. Arrivé devant Bucarest, Suleyman met en déroute les milices valaques avant de se replier à l'abris du Danube à peine arrivé. En effet, le corps de Dannenberg venu de l'est menace de le couper de ses lignes et son infériorité numérique devient trop voyante.

Omar Pacha n'est pas resté inactif durant sa diversion à Bucarest, il a rassemblé l'essentiel de ses troupes, environ 40 000 hommes pour aller à la rencontre de Menchikov en Dobrogée. C'est dans le désert bulgare que les turcs vont repousser le corps d'armée de Menchikov, manquant presque de le détruire avant de faire demi-tour. L'arrivée des français et des réserves turques à partir de la fin du mois, le fait reconsidérer une bataille incertaine.

Il est alors rejoint par ses réserves et le corps d'armée de Pélissier ayant quitté Varna le 20 mai. Côté Russe, la leçon a été apprise durement et les généraux du Tsar n'ont pas su profiter de la faiblesse turque le temps qu'elle a durée. Menchikov est rejoint par Gortchakov qui a fini par prendre la forteresse d'Isaccea et par le corps de Von Anrep montant l'armée russe à près de 80 000 hommes en Dobrogée.

La bataille est souhaitée des deux côtés. Pour les alliés c'est avec l'objectif de reprendre la Dobrogée et son verrou d'Isaccea. Pour les russes c'est l'occasion de percer définitivement le cordon Danubien et de déboucher sur Choumen et Varna qui gardent la Bulgarie inférieure dernier verrou avant Andrinople et Constantinople.

Cartes du KS
Spoiler:

Guerre d'Orient (1853-1854) La_bataille_de_l%27Alma_en_1854

Charge de la division Pélissier à Amzacea

Face à face en Dobrogée - Mai 1853

Les Russes ayant pénétré le cordon de défense Ottoman sur le Danube, les acteurs sont en place. D'un côté Saint-Arnaud et Omar Pacha disposant d'environ 70 000 hommes face aux troupes russes du Prince de Menchikov et du Maréchal de Gortchakov disposant de près de 80 000 hommes. Le terrain est celui de la Dobrogée, un environnement terreux, plat, terriblement plat et où la chaleur y est accablante, la végétation rare.

Dans ce théâtre désertique, l'approvisionnement est très difficile. Les russes ont des milliers de malade qu'il faut laisser à Braila. Les voitures de ravitaillement ne cessent d'arriver portant le blé mûr d'Ukraine et de Pologne par la route. Les hommes avancent lentement, se répandant dans les régions en maraude, à l'affut d'une ferme et de butin pour améliorer l'ordinaire. Les turcs eux sont accompagnés de leurs cohortes indisciplinées d'irréguliers qui accompagnent le soldat turc en toute circonstance. Côté français, bien que le ravitaillement ne soit pas en peine, les pertes sont nombreuses. L'ennemi est la maladie qui frappe sans distinction homme de troupes et officiers. Le choléra clou au sol plusieurs compagnies qui sont rapatriées à Varna.

C'est sur ce théâtre que se décidera le sort de l'Orient, en ce mois de juin 1853. Les deux armées sont au bout après des mois de marche harassantes et d'escarmouches brutales. Accablées par la maladie, la malnutrition, les hommes tiennent le rang pourtant, prêts à en découdre. Tous ont convenus d'une bataille. Les Français parce qu'il faut marquer l'opinion publique et ne pas décevoir l'Empereur, montrer aux Russes qu'ils sont prêt dans cette guerre. Les Russes car ils espèrent écraser le corps de bataille allié et percer au sud pour pousser à la révolte les peuples balkaniques. Les Turcs, eux, pensent qu'ils ne tiendrons pas le rythme d'une telle guerre longtemps, avant de voir le moral s'effondrer, il leur faut tenter leur chance.

L'offensive russe surprend les alliés - 20 au 28 mai 1853

Ce sont les russes qui prennent la main, accélérant soudainement le rythme. Le 23 mai, les russes capturent Megdia et menacent Constanta. Ils avancent droit vers les forces adverses qui se sont concentrés autour de Cobadin. Le 25 et le 26 mai, les troupes russes continuent à fondre sur l'armée turc qui faute de reconnaissance et de mesures de sûretés sont pris de court. Les Français de leur côté avancent à travers champs bien plus vite que le reste de l'armée et se heurtent à Von Anrep qui se dérobe. Les alliés ont mal mesuré leurs efforts, leur aile droite dirigée par Saint-Arnaud attaque dans le vide pendant que les turcs sont surpris par Menchikov qui les déloge de Pétrosani et repousse Omar Pacha vers le centre Turc.

Gortchakov se jette alors sur le centre turc, comptant à peine 18 000 hommes, comme un buffle, il bouscule l'arrière garde turque à Plopeni avant de les poursuivre, envoyant la cavalerie à la charge dans la plaine de Dobrogée. Les cavaliers de Gortchakov sont arrêtés par Omer Pacha qui a été repoussé de l'aile gauche vers le centre turc. Le combat de cavalerie s'achève sans vainqueurs.

Les troupes turcs doivent se replier en catastrophe sur Kirnogenie et Komana. Ils sont acculés à la bataille, malheureusement aucun français en vu, car Saint Arnaud continue de poursuivre Von Anrep le long de la mer noir à 30 km au nord. La bataille s'annonce difficile pour les turcs qui n'alignent que difficilement 45 000 hommes contre les 60 000 russes.  Au nord-est, les troupes de Saint-Arnaud sont surprise de voir Von Anrep accepter la bataille. Ce dernier a reçu des indications contradictoires, il pensait devoir se dérober avant qu'on lui indique la tenue d'une bataille plus au sud. Interprétant mal, les messagers de Gortchakov, il aligne ses troupes pour une bataille, le 28 mai, en même temps que les turcs engagent les russes.


 
Guerre d'Orient (1853-1854) 5aa3940685600a371a38a11e

Le 30e hussard capture les batteries russes

Komana - 28 mai 1853

Au matin du 28 mai, les troupes du général Gortchakov attendent avec impatience les renforts de la division Bazizov détachée du corps Von Anrep mais surtout celles du Prince Menchikov qui doit arriver avec plus de 30 000 hommes. Du côté turc, les troupes d'Omer Pacha se positionnent autour du hameau de Kirnogeni. Ils déposent de nombreuses batteries d'une artilleries réformée récemment par les prussiens. Menchikov avance prudemment scrutant l'horizon à l'affût de l'arrivée des renforts qu'il attend. Le général attend presque plus nerveusement que les hommes, qui avancent en lourde colonne suivie par une cohue de voitures et de canons. La poussière du sol commence à envahir la plaine, le soleil est au beau fixe. Il est presque midi et les hommes n'ont pas mangés, mais la nervosité leur noue le ventre. Ils scrutent l'ouest où le soleil leur brûle les yeux déjà embués par la poussière. Ils sont libérés quelques minutes plus tard lorsque les troupes du Maréchal Gortchakov émergent du torrent de poussière qui secoue la plaine. En un instant, les ventres se dénouent et le courage reprend les hommes. Le premier assaut débute au son du tambour et des trompettes.

Vers 13 heures les renforts qui ont traversé la plaine à marche forcée viennent d'arriver. A peine remis en ordre les premières unités sont lancées à l'assauts en même temps que celles de Menchikov. L'artillerie turque répond à la bravade de la charge russe. Le premier assaut emmené au pas de charge s'écrase sur les défenses turques. Les soldats d'Omer Pacha tiennent le choc et repoussent les russes. Les combats tournent à la cohue. L'organisation soigneusement gardée toute la matinée s'effondre face à la peur des combats. Les turcs tiennent le premier choc mais les orientaux peinent à se maintenir face à l'artillerie russe qui arrivent vers 16 heure et commencent à faucher les unités turques. Omer pacha doit mettre en ligne ses réserves mais elles sont bien maigres. La poussière est rejoins par la fumée des feux de salve rendant le spectacle terrifiant, les unités ne voient plus au delà de quelques mètre, on entend plus que le son du combat qu'on sait extraordinaire.

A ce moment, Gortchakov lance dans la mêlée la division Bazizov et plusieurs brigades qu'il a gardé en réserve. La ligne turque est alors durement éprouvée, de nombreuses unités se sont déjà repliées. Seule l'élite de l'armée, les brigades Suleyman Böl et Sgibrahim s'accrochent au terrain malgré les pertes. Les unités de la garde se sont recroquevillées autour des officiers, transformants les lignes de la matinée en amoncellement de corps, de soldats et de blessés. Les officiers ne tentent même plus de réorganiser leurs unités, ils se tiennent en avant à faire tirer leurs hommes malgré les pertes, au milieu du râle des blessés et des pas lourds des fuyards. Omar Pacha est obligé de lancer ses ultimes réserves, quelques unités de cavalerie sont jetées en avant pour contrer les réserves russes. Déjà le soleil comme la poussière sont descendues dans le ciel d'orient. Le spectacle qui s'offrent aux observateurs autrichiens et prussien est terrible. L'artillerie turque a laissé des traînées de morts et de blessés sur la plaine, piétinée par la cavalerie et les nouvelles colonnes qui s'élancent en avant.

Les réserves de cavalerie turques ne suffiront pas, elles sont repoussées après quelques volées des brigades Illiov et Nobodoyiev. La garde turc du 1er Ordou décrochera vers 19 heure, face à l'assaut des troupes de Bazizov qui achève la ligne de défense turque. Les russes continuent leur avancée avant la tombée de la nuit. Les batteries sont prises à la baïonnette quand elles ne sont abandonnées par l'armée turque qui se replie vers le sud. Au soir, les turcs auront perdu 36 canons et 2700 tués. Les Russes perdent presque autant de soldats. C'est sans compter les innombrables blessés qui ont réussis à survivre à la journée. Un peu moins de 10 000 dans chaque camps. Seul la moitié survivrons aux semaines qui viennent à cause du manque d'hygiène, de la faim, de la misère qui détruit les corps après une grande bataille.

Les russes ont délogés les turcs mais l'affaire fut chaude. Ils resteront sur le terrain jusqu'à ce que l'armée française arrive le lendemain, cette dernière avait détruit le corps Anrep et rendue la position russe difficilement tenable avec 10 000 blessés et un approvisionnement épuisé. Menchikov veut continuer le combat, il pense que les hommes tiendrons mais la nouvelle de la mort de Von Anrep et de la déroute de son armée lui redonne à y penser. Gortchakov est épuisé par la journée de la veille et va rester mutique. Les biscuits manquent pire encore la poudre menace de manquer après le déchaînement de la veille. Ils ne l'ont pas remarqués mais les généraux russes ont trop poussés la troupe, il n'y a pas de réserve. Avec l'armée dans cet état, pousser jusqu'à Varna, prendre Pleven puis percer les montagnes bulgares tout en s'éloignant toujours plus de leur ravitaillement ... L'idée semble chimérique. Après une dernière revue des troupes vers 14 heures, l'armée russe décide de repasser le Danube.

Amzacea - 28 mai 1853

A Amzacea, rien ne va pour l'armée russe. Au contraire tout semble sourire à l'armée française. Saint Arnaud, avait cherché avec acharnement une bataille contre les russes, les poursuivant avec fureur depuis plusieurs jours. Quelle fut sa surprise quand ils firent demi tour avant de s'avancer en colonne sur lui près du village d'Amzacea. La plaine donne une belle vue sur les effectifs de Von Anrep. On peut compter à peine deux division face aux 30 000 hommes aguerris du corps expéditionnaire impérial. Confiant, les français s'organisent deux colonnes et gardent d'ample réserves. La surprise continue car vers 9 heures, les russes lancent un assaut sur les positions de Saint-Arnaud. Anrep est mal informé, il est persuadé qu'il peut battre l'armée française ou au moins donner du temps pour une grande victoire plus au sud. Le général russe a donné l'ordre qu'on mène un assaut d'un bloc avec toutes ses troupes. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre son erreur. En effet, arrivé à 800 mètres des lignes françaises ses hommes tombent comme des mouches. En essaim de tirailleurs l'armée d'Afrique harcèle des bataillons en colonne. Quand les moudjiks chargent, les français se replient et continuent à faire feu. Ses soldats tentent de répondre sans succès, les balles tombent trop courte, ses fusils ont vingt années de retard. Le minié provoque des terribles blessures, transperce ses unités sur plusieurs rangs, chaque tir est ajusté et blesse plusieurs soldats rendant l'unité encore plus lente et désorientée. Le moral est au plus bas mais le cauchemar ne s'arrête pas. Les tirailleurs semblent enfin à portée de son infanterie, jusqu'à ce que la fumée des armes et la poussière soulevé par les hommes dévoilent les lourds bataillons français en colonne se précipitant en avant. Les troupes de la division Bosquet lâchent un dernier feu dévastateur à 150 mètres sur les unités russes à l'arrêt, désorientée par le balaie mortel des tirailleurs. Il n'en faudra pas plus pour que les russes reculent et se débandent. La brigade Sarasov tiendra un peu plus avant d'être éparpillée par le tir précis de l'artillerie ennemie. Von Anrep ne se laisse pas abattre, il tente de réorganiser la brigade Mentuliev qui vient de se disperser au centre de la ligne russe. Il harangue ses troupes et tente de trouver les officiers dans le chaos. Il est touché par une balle perdue au milieu de la cohue vers 15 heures. Son second et chef d'état major sera touché quelques minutes plus tard, il n'y a plus de commandement dans l'armée russe.

La déroute continue, Saint Arnaud veut avoir un triomphe à montrer au monde. Il fait s'élancer sa cavalerie à 16 heures, alors que les unités russes sont déjà irrémédiablement battues et dispersées à travers la plaine de Dobrogée. Sans rencontrer de résistance, les cavaliers français capturent le train et les canons du Corps d'armée Anrep. Les fuyards n'ont nulle part où se cacher, la plaine s'étend à perte de vue. L'affrontement va durer jusqu'à la nuit. Il aura suffit d'une journée pour détruire entièrement le corps d'Anrep. Les pertes russes sont surprenantes, 2000 tués, 3000 blessés, autant de prisonniers et de disparus. La défaite est retentissante, le triomphe français est complet, les pertes sont faible de leur côté. Saint-Arnaud peut télégraphier fièrement à l'Empereur ses prouesses. "Le soldat français est le premier du monde !" titrera le Moniteur quelques jours après. L'Europe découvre avec effarement que la France est de retour sur la scène internationale.

Guerre d'Orient (1853-1854) After_the_attack._Plevna%2C_1877-1878

Après la bataille

Cartes du KS
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Dernière édition par Jomini le Lun 28 Sep - 2:26, édité 1 fois
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Lun 28 Sep - 2:24
Guerre d'Orient - 1854

Guerre d'Orient (1853-1854) Roubaud._Scene_from_Caucasian_war

Bataille du bois de Karakuz- 4 mai 1854

Une nouvelle année de campagne en Orient - Hiver 1854  

La guerre d'Orient reprend après plusieurs mois d'accalmie. Le regretté Saint-Arnaud s'est éteint quelques semaines après son triomphe à Amzaccea laissant à Pélissier le commandement militaire. Les Russes en plus de panser leurs plaies ont lancés une grande campagne de recrutement et ont augmenté leur investissement dans la guerre rassemblant une grande armée. L'invasion de la Thrace va reprendre avec vigueur si l'on en croit tous les rapports russes. La France a elle aussi accrue substantiellement son investissement et même les turcs ont eu la force de lever de nouvelles unités et vagues de conscrits. La guerre ne semble pas s'éteindre donc et ni le Typhus, ni l'hivernage ne semble avoir écornée la foi des hommes en leurs chefs.

En France, la bataille d'Amzacea a provoquée un regain d'intérêt pour la guerre mais le temps passant l'opinion publique est retournée à son indifférence méprisante envers les brèves d'orient. Le cours de la rente ou la frénésie du crédit attirent bien plus le regard des bourgeois et des parlementaires. En Angleterre, l'opinion publique s'est retournée contre le gouvernement Russe pour sa gestion calamiteuse de la crise et son humeur belliqueuse ne s'en est trouvée calmée que par les affres de l'hiver et les polémiques sur l'augmentation drastique des dépenses navales ... Tout ça pour rester inactif. En Turquie, conservateurs, militaires et bureaucrates connaissent la même ferveur pour la guerre, où ils ne voient que la survie de l'Empire, à tous les prix. En province pourtant, la grogne a accueillie la levée de nouvelles recrues malgré les soutiens des religieux. Sur les terres de Russie, la dévotion de Nicolas Ier a touchée l'opinion publique, voyant l'Empereur vendre ses terres aux bourgeois a donné un visage d'ascète et de guerrier au vieux Tsar, sacrifiant jusqu'à ses terres et ses gens pour mener sa guerre. L'aristocratie s'est ainsi trouvée moins outragée par les demandes répétées de fond de Saint-Pierre.


L'ogre russe reprend l'offensive 

Les Russes lancent une double offensive, sur Pleven et Sillistra avec leur imposante armée. Près de 250 000 hommes sont rassemblés sur la Danube, le Tsar a raclé ses casernes et mis en ligne toutes les forces qui lui restent. L'État-Major russe est conscient que sans gains importants, la guerre sera perdue. Avec autant de forces mobilisées, les généraux russes savent que leur armée va fondre. Le passage du Danube ne pose de problème car les forces turques hivernent encore à Choumen. Omar Pacha et Pélissier pensent surmonter leurs faiblesses d'effectifs en n'attaquant qu'une des pinces et en restant groupé pour se projeté à travers la Bulgarie.

Il est inutile de revenir sur les choix de l'État-Major russe de se lancer à la poursuite des turcs après leurs investissement de Silistra. Au début du mois de Mai, les troupes russes se sont retrouvées face à face avec les troupes turques sans que personne ne s'affronte devant la butte de Sillistra. Les turcs peu confiants se replient alors vers le sud, ce que les russes prennent pour une retraite n'est en fait qu'une concentration de troupes. Ils s'en aperçoivent que lorsqu'ils décident de lancer une poursuite avant de tomber face à 70 000 franco-turques dans les bois de Karakuz. A l'aveugle, les troupes russes attaquent ce haut bosquet que Paskevitch veut "rayer de la carte avec la vermine qui s'y cache"


Cartes du KS
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La bataille de Karakuz 

La poursuite russe menée par le bouillant Paskevitch se heurte près d'Arfat à l'armée alliée. Celle-ci est plus nombreuse et en meilleur disposition pour la bataille. Omar Pacha a disposé ses troupes sur une hauteur boisée qui cache une partie de ses troupes et leur donne un important couvert. Les russes eux, viennent de la plaine où murissent les blés des champs qui bordent le Danube. Les russes sont confiants dans la journée, ils se prépare à un assaut depuis la veille, il est lancé à 9 heure, ouvert par l'infanterie de Paskevich soutenu par celle de Muraviov à qui il a donné la tache de déborder les turcs. Muraviov tombe sur les réserves turques d'Ahmed Pacha qui arrivent à marche forcée pour épauler Omar.

Le combat est sanglant. Les batteries russes échangent avec celles des turcs installées à la lisière des bois. Les boulets rebondissent sur les arbres, les arrachent et décapitent les tirailleurs turcs qui s'affairent à découvert. La riposte est terrible également, Omer a concentré ses 50 canons en première ligne qui se mettre à défoncer les formations russes. Les grenadiers de Paskevitch monteront tout de même à l'assaut des bois, épaulés par des escadrons de Cosaks. Les volées se tirent à bout portant à 20 ou 30 mètre au milieu des bois éparses, avant de se jeter en avant dans des corps à corps meurtriers. Le premier assaut russe est pourtant repoussé avec pertes et fracas. Il faut dire que les russes n'ont pas reçu de ravitaillement depuis deux jours, plusieurs bataillons sont encore en train de fourrager à 25 km à l'ouest. D'autres ne se mettent en ligne pour aller à la boucherie qu'avec réticence.

Le deuxième assaut russe est reçu par la mitraille qui couche les soldats du Tsar comme une tempête sur les roseaux. Alors vers 13 heures voyant déjà le moral russe défaillant, les troupes turques lancent des contre-attaques, d'abord timide, puis tous ensemble. C'est à ce moment qu'arrive la division Bosquet sur le centre Russe pourtant encore peut touché par les combats. Les français arrivent à marche forcé depuis 6 heures du matin, marchant au son du canon. La brigade de cavalerie Astrakhan envoyée par Muravyev ce matin n'a pas réussi à entraver sa marche, les chasseurs d'Afrique l'ayant repoussée. La brigade Baïkal n'y arrivera pas plus à 14 heures, elle se heurtera aux cavaliers des Ordous d'Amhed Pacha. Bosquet a tout le loisir alors de lancer ses zouaves et turcos à l'assaut, à peine entamé par une marche de 6 heures.

Paskevitch fulmine, non seulement ses assauts ont échoués mais l'assaut turc qu'il attendait sur ses troupes n'est jamais arrivé. C'est le centre qui a subit l'assaut d'Omer Pacha. Il faut commencer à faire retraite alors, pour s'éviter une seconde déroute. Les russes laissent 7000 tués et blessés sur le terrain. Les alliés moins de 5000.  


Cartes du KS
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La charge de la division Khroulev à Sillistra

Baroud d'Honneur sur le Danube 

Paskevitch fait retraite en bon ordre, malgré le harcèlement que lui imposent les irréguliers turcs. Le général russe prend néanmoins conscience de quelque chose de terrible. Il est le dernier rempart face à une offensive des turcs et des français sur les lignes de communication de toute l'armée du Tsar qui opère à l'ouest à Pleven. Le dernier rempart de son armée de toute la force des nations russes a un visage épouvantable. Environ 40 000 hommes, épuisés, affamés, trempés jusqu'aux os. Les hommes marchent le regard perdu, la mine cave le long de la route qui les mènent au Danube. Les hommes doivent encore surmonter une épreuve avant la sureté, transporter plusieurs milliers de blessés et de malade sur des ponts flottants fragiles et avec des bacs à moitié coulé. Des voitures doivent être abandonnés comme des blessés inconscients sur le bord des routes. Las les hommes parviennent trois jours après Karakuz, ayant à peine dormi et mangé à passer enfin le Danube.

L'épreuve ne s'arrête pas, car Pélissier a urgé Omer Pacha de lancer la contre attaque et celle ci ne tarde pas. Après une courte réorganisation d'une journée, les turcs reprennent leur avancée. Ils sont rejoins par plusieurs milliers de troupes fraîches menées par le fringuant Illies pacha. 5 jours après Karakuz, les armées turcs passent en force le Danube. Le combat est inégal mais les russes combattent avec l'énergie du désespoir. Tolstoï écrit quelques année après :

La Russie n’est pas vaincue, clame le général Paskevitch ! En ce jour, l’armée des russes se prépare à un combat de titans. Repoussés dans les bois au sud du Danube, les soldats de la troisième Rome se sont repliés ici, au nord du fleuve, pour livrer leur plus grand combat : leur vie en est l’enjeu. Du brillant général d’armée Paskevitch aux moujiks en armes couchant à la belle étoile. En face d’eux, de l’autre côté de la rive, se dresse l’armée des turcs. Barbares sans Loi, ils luttent pour leur Foi et forcent le respect des officiers et soldats du Tsar en même temps qu’ils poussent à plus de piété encore, à une Foi renouvelée et une confiance restaurée en ceux qui hier encore les menaient à l’abattoir, le corps des officiers, si méprisé, est rapproché de la troupe par les réalités de la débâcle. Cette « bataille des ponts » inscrit dans le marbre rougeoyant, au prix du sang versé, l’ultime combat des forces impériales. Si demain, elles fléchissent, après demain, il n’y aura peut-être ni Dieu ni Empereur en Russie. On dit qu’il y a eu des éclairs au-dessus de Sainte-Sophie, que l’esprit saint y est retourné en grâce, serait-ce le signe d’une victoire portée par la providence ?

Se concentrant, l’armée alliée apporte quatre corps dont une partie de français, en face de ces hordes, l’armée russe délabrée se retranche. Les renforts sont en route mais personne ne semble en mesure d’estimer la date de leur arrivée. Incertaine, la bataille est pourtant engagée et les russes tirent les premiers. Les balles et les boulets virevoltent, frappent et fauchent les rangs turcs fraîchement débarqués sur la rive nord du Danube. Vagues après vagues les ottomans avancent, faiblissent puis et piétinent les cadavres rigides de leurs compagnons d’armes. Au zénith de l'après-midi, les grenadiers de Moscou et de Vladimir sont à bout, laminés par la précédente bataille ils n’en peuvent plus. Réduits à moins de la moitié de leurs forces combattantes, les grenadiers ont arraché des têtes par la crosse de leurs fusils, envoyé des milliers de turcs dans les fosses communes à coup de baïonnettes et épuisés l’entièreté de leurs balles contre les charges frontales des musulmans. A la seconde vague succède la réserve française et les éléments turcs encore vaillants. Les tirailleurs de Saratov, légendaires soldats de l’Empire, sont décimés par la grêle qui s’abat sur eux, les minés les massacrent, au-delà même de la portée de leurs armes. Les grenadiers, massacrés à une portée hors norme, sortent de leurs retranchements et entament un contre assaut, il est 16h45.

Les cosaques du Don du général Khroulev soutiennent le combat titanesque des troupes à pieds. Sur ordre du général Paskevitch les cosaques s’élancent et à quatre reprises brisent leurs homologues équestres turcs, mais rien n’y fait. L’ultime charge, clairons hurlants et lances pointées est menée par le général cosaque à 17h15 pour tenter de temporiser et sauver ce qui peut l’être, les grenadiers tombant comme des mouches et les mousquetaires de la troupe se débandant au gré des salves, jetant leurs armes et faisant tomber les lignes et unes après les autres. Paskevitch est tué lorsqu’il tente de rallier les fuyards d’un boulet qui le coupe en deux. Khroulev est porté disparu avant qu’un cosaque ne ramène son étendard fracturé et son corps sur la selle de son cheval. Laminée, la troupe russe fuit, désespérément, un combat déjà perdu …



La chute de l'Aigle 

"Au court d'une nouvelles grande bataille, les forces russes déjà étrillées à Karakuz quelques jours plus tôt sont à nouveau battues sur le Danube !" Titre Le Soir. Mais ce n'est pas qu'une énième tuerie qui excitera les presses d'occident quelques jours. Les forces russes se trouvent désormais coupée en deux. Près de 150 000 hommes sont restées en région Valaque ou Bulgare alors que les troupes franco-turques s'avancent vers Bucarest, coupant les liaison entre l'Empire Russe et le gros de son armée.

La nouvelle de la bataille n'est pas encore connue dans l'armée de Menchikov qui fait encore campagne en Bulgarie. Le Haut-commandement Russe supplie désormais le Tsar Nicolas de conclure un armistice pour s'éviter la honte d'une reddition à l'armée turque honnie ou aux féroces français. La piste d'un repli massif des armées russes à travers l'Empire d'Autriche, grand soutien de la Russie depuis le début du conflit est aussi à envisager. Mais celui-ci sera compliqué et il faudra coordonner l'approvisionnement et le contrôle, peut être même le désarmement de plusieurs dizaines de milliers de russes qui vont se déverser comme un torrent affamé et incontrôlable dans l'Empire.

L'opinion Turque de son côté à reçu par télégraphe la nouvelle et en jubile, elle n'entend pourtant pas accorder un armistice que les russes eux même ne leur aurait pas accordé. Fonctionnaires et généraux turcs se verraient bien faire défiler les prisonniers russes voir même exiger une belle rançon pour rendre ses milliers d'enfants au Tsar. Les observateurs étrangers pourtant avertissent les Français. Les débordement de l'armée turque sur les chrétiens en Roumanie puis sur les prisonniers russes resurgiraient sur Napoléon III et son Second Empire, ternirait sa victoire aux yeux de l'opinion.

La bataille est terminée, il faut désormais gagner la paix et pour cela, les belligérants rassemblent leurs atouts. L'Autriche est particulièrement attentive à ces affaires, ayant annoncée le mois dernier son entrée en guerre si Napoléon III réclamait l'union des principautés roumaines. L'Angleterre se verrait bien reprendre de la place en Orient maintenant que la France s'était salie les mains en son nom. La Prusse reste mutique sur ces affaires comme à son habitude et la Russie est prostrée encore dans un silence assourdissant.
Les turcs semblent avoir gagnés la guerre, la France semble avoir conquis l'opinion mais qui gagnera la Paix ?

Cartes du KS
Spoiler:

Guerre d'Orient (1853-1854) 488097_1-tt-width-637-height-385-crop-1-bgcolor-ffffff-lazyload-0

 


Le congrès de Paris 



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