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Eisernes Kreuz — Acte I : 1862

Second chapitre — De la Guerre


En 1857, alors que le régent Wilhelm met en place le cabinet de la Nouvelle Ère, il nomme au même moment un officier qui sera responsable du commandement de l'armée prussienne, un chef d'état-major général. Cet homme, Helmuth von Moltke, ancien officier de l'armée danoise dans sa jeunesse, prend part, de manière prépondérante, à la réforme de l'armée prussienne. Tandis que son collègue, Albrecht von Roon mène le combat pour réformer le système de recrutement, lui modernise le corps et la formation des officiers.

Pour commencer, Moltke élargit l'état-major général, créant des subdivisions en temps de paix telles que les sections de mobilisation, d'histoire géographique-statistique et militaire. Moltke est un fervent partisan de la formation au jeu de guerre pour les officiers, il réinvente alors les fameux kriegsspiel, ces jeux de simulation de guerre inventés au début du siècle, qu'il retravaille de manière plus pédagogique dans le but de préparer et d'entraîner les officiers à des situations précises, qu'ils seraient enclins à rencontrer lors d'un conflit. Moltke est à l'origine de l'utilisation des couleurs bleu pour les forces alliées et rouge pour les forces ennemies en stratégie ou jeu de guerre. D'où le terme « bleu sur feu bleu » dans les situations de tir ami. Moltke fait également campagne pour la généralisation du fusil à aiguilles à chargement par la culasse aux troupes, le fusil Dreyse, qui leur permet de tirer beaucoup plus rapidement que leurs adversaires. Moltke profite aussi du chemin de fer, guidant la construction de lignes de chemin de fer en Prusse vers des lieux de déploiement probables. Parce que les armées modernes sont devenues trop grandes et trop lourdes pour être contrôlées par un seul commandant, Moltke admet qu'il faut constituer plusieurs petites armées indépendantes dans des opérations concentriques. Une fois qu'une armée rencontrerait l'ennemi et le bloquerait, une seconde armée arriverait et attaquerait le flanc ou l'arrière de l'ennemi. Il préconise ainsi un Kesselschlacht, ou bataille d'encerclement.

Le système de déplacer des unités séparément et de les concentrer en tant qu'armée avant une bataille aboutit à un approvisionnement plus efficace et à une vulnérabilité moindre à la puissance de feu moderne. Pour permettre une attaque de flanc réussie, il affirme que la concentration ne peut avoir lieu qu'après le début d'une bataille. Il s'agit d'un développement du concept de Scharnhorst de « marcher divisé, combattre réunis».

Une conséquence majeure de cette innovation est la perte par le commandant du contrôle global de ses forces en raison de ses moyens de communication disponibles qui, aujourd'hui encore, sont visuels (ligne de mire) ou courriers, montés ou à pied. Le concept traditionnel de la suppression de l'incertitude au moyen de « l'obéissance totale » est désormais obsolète et l'initiative opérationnelle, la direction et le contrôle doivent être attribués à un point plus bas de la chaîne de commandement. Dans ce nouveau concept, les commandants de détachements éloignés doivent faire preuve d’initiative dans leur prise de décision et von Moltke souligne les avantages de former des officiers capables de le faire dans les limites de l’intention du commandant supérieur.

En même temps, Moltke établit les conditions de la marche et du ravitaillement d'une armée. Un seul corps d'armée peut être déplacé sur une route le même jour ; mettre deux ou trois corps sur la même route signifie que l'arrière-corps ne peut être utilisé dans une bataille au front. Plusieurs corps stationnés rapprochés dans une petite zone ne peuvent pas être nourris pendant plus d'un jour ou deux. En conséquence, il déduit que l'essence de la stratégie réside dans les arrangements pour la séparation des corps pour la marche et leur concentration à temps pour la bataille. Afin de rendre une grande armée gérable, elle doit être divisée en armées ou groupes de corps séparés, chaque groupe sous un commandant autorisé à régulariser ses mouvements et son action sous les instructions du commandant en chef quant à la direction et but de ses opérations.

La thèse principale de Moltke est que la stratégie militaire doit être comprise comme un système d'options puisque seul le début d'une opération militaire est planifiable. En conséquence, il considère que la tâche principale des chefs militaires consiste à préparer en profondeur tous les résultats possibles. Sa thèse peut être résumée par deux déclarations, l'une célèbre et l'autre moins : « Aucun plan d'opérations ne s'étend avec certitude au-delà de la première rencontre avec la force principale de l'ennemi », (aucun plan ne survit au contact avec l'ennemi). et « la stratégie est un système d'expédients. »


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Eisernes Kreuz — Acte I : 1862

Troisième chapitre — Des progrès en artillerie


Alors que l'artillerie rayée navale faisait son apparition en 1855, permettant aux nations européennes de développer de l'artillerie à fût rayé de campagne à l'image du système Lahitte française, en Prusse, on avait déjà pris le train suivant.

Historiquement, les canons de chargement par la culasse sont les successeurs des pièces de chambre médiévales (canons de chargement de chambre). Il y avait eu des tentatives répétées pour fabriquer des canons de chargement par la culasse. Cependant, ces tentatives avaient essentiellement échoué en raison de problèmes techniques. Vers 1840, le fabricant suédois Martin von Wahrendorff tenta à nouveau de rendre commercialisables les fusils à chargement par la culasse. Il avait commencé avec des chargeurs par culasse lisses. Il avait utilisé un verrou à piston comme culasse et des balles pleines de plomb comme projectiles.

En 1843, la Prusse avait également commencé des expériences. Celles-ci avaient été réalisées avec des canons lisses de 6, 12 et 24 livres de la construction de Wahrendoff. Ces canons avaient déjà un bloc de culasse amélioré. Sur la base des expériences qui avaient été faites entre-temps avec des armes d'infanterie rayées utilisant de longues balles, Wahrendorff fut encouragé par l'italien Cavalli en 1846 à équiper également ses canons de fusils. Il utilisait également maintenant des balles longues en plomb. Entre-temps, la Prusse était également parvenue à la conclusion que l'augmentation des performances des armes d'infanterie nécessiterait également une augmentation des performances des canons. Sur la base de cette constatation, le 20 février 1850, le prince Adalbert de Prusse chargea la Commission d'examen de l' artillerie (APK) de donner un avis d' expert à ce sujet.

Cette date doit être considérée comme l'heure de naissance de l'artillerie prussienne moderne. Après de longues discussions, l'APK décida alors d'utiliser le système Wahrendorff comme base de développement ultérieur. Les expériences concrètes ont commencé en 1851. Les essais étaient initialement avec des tubes en fonte, plus tard réalisés en bronze. Les deux matériaux se sont révélés inappropriés pour une utilisation dans des canons rayés. Sur la base d'expériences déjà réalisées avec les tubes en acier moulé Krupp, deux blocs en acier moulé ont été commandés en 1855 pour la production de canons de chargement par la culasse de 6 livres. Krupp n'a fourni que les tubes pour cela. Le traitement final a eu lieu dans les ateliers d'artillerie de Spandau. Lors des tests de tir ultérieurs, cette variante s'est avérée très prometteuse.

En mai 1857, Major c. Wedell a créé un mémorandum dans lequel il a essayé de démontrer la nécessité d'introduire un canon à culasse de six livres comme équivalent aux armes d'infanterie à aiguilles. August Encke, le responsable de l'APK à l'époque, n'était pas entièrement convaincu de cette idée. Il voulait remplacer l'ancien canon lisse de six livres en bronze par un nouveau petit canon de douze livres, car il pensait que ce canon pouvait mieux répondre aux exigences du terrain. Ce canon fut alors effectivement introduit le 10 mars 1859.

Les expériences avec le canon à culasse de six livres se sont poursuivies, cependant, et il est arrivé que lors d'un essai de tir le 7 mai 1859, le prince régent Wilhelm a ordonné l'acquisition immédiate de 300 canons de six livres pour la décennie suivante. Les ébauches de tuyaux ont été fournies par Krupp. Le traitement mécanique a été réalisé par les sociétés Wöhlert et Schwarzkopf à Berlin. Après l'introduction des canons rayés, les munitions ont dû être adaptées en conséquence pour ce type d'arme. Par analogie avec les projectiles des canons lisses, des grenades, des grenades incendiaires, des éclats d'obus et des mitrailles ont également été fournis pour les tubes rayés des canons à culasse.

Dès janvier 1861, le canon à culasse de 6 livres en acier moulé a été introduit au moyen d'un arrêt ministériel selon lequel trois batteries de 12 livres doivent être converties en 6 livres pour chaque régiment d'artillerie. Cette conversion a lieu depuis l'été 1861. Actuellement, les forges Krupp produisent des séries de 5 canons par division. On estime un total de 110 canons à culasse de 6 livres d'essaie pour 21 divisions d'ici la fin de l'année actuelle, pour un coût de 147'000 thalers (550 000 Francs). Le président de la commission d'examen de l'artillerie, August Encke, a, sans conteste, apporté une contribution déterminante à l'introduction des canons Krupp. D'après lui, en reconnaissance de ses réalisations, le roi Wilhelm décrète le 6 juin 1862, que le précédent régiment d'artillerie à pied de Magdebourg n ° 4 soit rebaptisé « Régiment d'artillerie à pied Encke (Magdeburgisches) n ° 4».



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Le révolutionnaire blanc — Acte II : 1862-1863

Premier chapitre — Premiers succès


L’accession de Bismarck aux responsabilités coïncide avec une nouvelle phase du débat sur l’avenir institutionnel de l’Allemagne, amorcée par la réflexion sur l’unité italienne et sur l’impuissance allemande en 1856 et 1859. Les projets de réforme de la Confédération ont proliféré depuis trois ans, à l’initiative des États moyens. Or, à l’heure où une partie de l’opinion nationale continue de tenir rigueur à la Prusse de son abstention lors de la guerre de Lombardie, et où les libéraux se désespèrent du tournant autoritaire de Berlin, l’Autriche donne l’exemple d’une évolution inverse. Par la « patente » de février 1861, François-Joseph vient de s’engager dans la voie de réformes, et les thèses « grand-allemandes » retrouvent une certaine popularité dans l’opinion. L’empereur veut mettre à profit ce climat pour présenter à son tour un projet renforçant l’unité allemande en sa faveur.

Ayant eu vent des projets de François-Joseph, Bismarck profite de l'édification du fort de Jungbunzlau en Bohème, à 47km de la frontière prussienne, pour provoquer des tensions avec Vienne et tester la réaction de cette dernière. Il compte exiger le démantèlement du fort, qu'il qualifie de provocation ouverte, et d'insulte à la confiance établie non seulement entre le roi Wilhelm et l'empereur François Joseph, mais également entre l'Autriche et l'ensemble de la Confédération germanique. Il conçoit le fort comme un acte de méfiance ouverte de Vienne envers Berlin, un acte qui met alors en péril les relations diplomatiques avec la Prusse et menace la paix entre les deux nations, un acte qui bafoue les institutions de la confédération germanique, elles qui prônent le désir de paix, de confiance, et le soutien fraternel entre les états allemands. Tout d'abord, Bismarck s'entretient en secret avec l'empereur des Français Napoléon III, dont il obtient la promesse du soutien de Paris si l'Autriche refuse de coopérer. Il contacte ensuite le tsar Alexandre II, ce-dernier promet son soutien si la France respecte le sien. Alors, le 16 mai 1862, Bismarck envoie formellement une missive à François-Joseph, exigeant le démantèlement du fort pour les raisons évoquées précédemment. Sans grande surprise, ce-dernier refuse. Aussitôt, La France et la Russie apportent leur soutien à la Prusse, mais c'est insuffisant pour faire plier l'empereur Habsburg qui maintient ses positions. Bismarck, ne souhaitant aucunement utiliser la menace pour atteindre ses buts, se contente alors du refus de l'empereur le 19 mai, qu'il n'oublie pas de faire paraître dans la presse comme une preuve accablante de l'hostilité injustifiée de l'Autriche à l'égard de la Prusse, et d'un danger pour le maintien des bonnes relations qui unissaient jusqu'ici les deux pays. Si le ministre n'a point obtenu la capitulation autrichienne, il a au moins montré son isolation sur la scène européenne.

Malgré la récente crise du fort de Jungbunzlau, François Joseph ne démord pas, et quelques semaines plus tard à peine, il convoque un congrès des princes à Francfort pour délibérer sur son projet de réforme, suscitant soudain de grands espoirs dans le public. Celui-ci impliquerait un Directoire Exécutif présidé par l'Autriche et composé de la Prusse, de la Bavière et de deux autres États dont la place tournerait chaque année, un tribunal fédéral et un Parlement consultatif émanant des Landtag. Il s'agit en faite d'un système soigneusement verrouillé pour que l'Autriche s'en assure le contrôle. Elle exercerait la présidence du directoire, mais celui-ci est fixé de manière à ne laisser aucune chance à la Prusse d'y acquérir la majorité. Le plan de réforme n'a fait l'objet d'aucune concertation avec entre Vienne et Berlin. Au surplus, il n'est plus temps de discuter. Les invitations au congrès ont déjà été lancées pour le 16 juillet.

Malgré la désinvolture du procédé, Wilhelm n'imagine pas de ne pas se rendre à Francfort. Un refus ne risquerait-il pas de l'isoler des autres princes allemands ? A ces considérations, Bismarck oppose des objections politiques. Accepter de participer au congrès reviendrait, pour le roi de Prusse, à aller à Canossa. Otage du congrès, il serait condamné à en admettre les conclusions. A l'inverse, à pratiquer la politique de la « chaise vide », il perturberait  et peut-être ruinerait la stratégie de l'Autriche. Absent de Francfort, il pourrait faire savoir ensuite qu'il tient les décisions du congrès pour nulles et non avenues. Bismarck doit mobiliser à la fois tout son talent de persuasion et toute son énergie pour arracher l'accord du roi. La tâche est d'autant plus difficile que son entourage presse Wilhelm de répondre à l'invitation de François-Joseph. Bismarck finit néanmoins par avoir gain de cause.

Les événements donnent raison à Bismarck. Présente, la Prusse aurait été mise en minorité et aurait dû rentrer dans le rang. Absente, elle dérègle le scénario imaginé par François-Joseph et fait échouer le plan autrichien. Plusieurs des princes réunis à Francfort n'ont nulle envie de donner un blanc-seing à l'Autriche, qu'ils soient mus par le souci de défendre les particularismes étatiques contre les appétits des grandes puissances ou qu'ils souhaitent ne pas mécontenter la Prusse. Sans doute le plan autrichien est-il adopté à une large majorité. Cette approbation est cependant accompagnée d'une clause qui en réduit singulièrement la portée. Il est convenu, en effet, d'attendre que les États absents se soient prononcés. Or, nullement impressionné par la large majorité qui s'est rassemblée autour du plan autrichien, Bismarck a moins que jamais l'intention de s'y rallier. Comme la Prusse n'envisage pas de se prononcer, l'offensive autrichienne se solde par un échec cuisant. A contrario, après plusieurs déconvenues, Bismarck vient de remporter son second succès.


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Second chapitre — L'insurrection polonaise de Janvier 1863


Un facteur nouveau donne enfin un net avantage à la Prusse au cours de l’année 1863 : l’évolution imprévue de la donne européenne. Le facteur principal en est le soulèvement des Polonais contre la Russie, en janvier 1863. Tandis que les opinions française et anglaise s’enflamment pour la cause des insurgés, que les libéraux allemands leur apportent leur soutien, que Napoléon III, poussé par l’Angleterre, propose une intervention conjointe des puissances occidentales, Bismarck choisit de soutenir clairement la Russie, alimentant encore une fois le conflit avec les libéraux. En sa qualité de puissance copartageante, la Prusse ne peut se désintéresser de l'insurrection qui éclate, le 22 janvier 1863, dans la partie russe de la Pologne. Ses intérêts lui commandent de suivre avec attention la marche d'événements susceptibles de remettre en cause le statu quo à ses frontières. Mais Bismarck va plus loin. Il prend sans retard des initiatives qui, aussitôt connues, déchaînent un feu roulant de critiques. Tout d'abord, il annonce la mobilisation du corps d'armée de Königsberg le 4 mars qu'il envoie en Posnanie pour surveiller la frontière depuis Posen. Bismarck fait bien attention ici d'envoyer des Allemands voisins de Varsovie, et donc directement menacés par les insurgés polonais. Il envoie ensuite à Saint-Pétersbourg un émissaire, en la personne du général comte von Alvensleben, qu'il charge de négocier un accord avec la Russie. Cette dernière préfère éviter de mécontenter les Polonais Blancs, néanmoins la Prusse s'engage, sans l'avis russe, à ne pas laisser les insurgés polonais rouges trouver refuge sur son sol et à expulser ceux qui contreviendraient à cette interdiction. Les 28 mars et 4 avril, la couronne annonce la mobilisation de corps supplémentaires au vu de l'intensité inquiétante de la révolte. Encore une fois, on mobilise des Germains uniquement, certains viennent d'aussi loin que Cologne ! La politique polonaise de Bismarck ajoute à la colère des libéraux qui le fustigent de critiques. Mais le ministre demeure de marbre. La mobilisation durera aussi longtemps que la révolte frappera le royaume du Congrès.



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Ombres et Lumière — Acte I : 1863 - 1866

Premier chapitre — Le temps de la honte


2 juin 1863, Hochwesseln, l'Autriche bat la Prusse et plonge l'Europe dans la tourmente. Dans les chancelleries européennes, on est guère surpris du résultat, mais on s'inquiète désormais de l'avenir de l'Allemagne. En Prusse, c'est Iéna, c'est Auerstedt, c'est la honte et la chute. Les armées prussiennes, disciplinées et toutes armées de leur fusil à aiguille n'ont su infliger le coup fatal à l'ogre de Vienne. La première défaite à Chwaleticz, perdue de peu, avait ébranlé les plans du général en chef de l'Etat-major, Helmuth von Moltke. Le prince rouge, Frédéric-Charles, avait pris l'initiative seul, conduisant son armée et celle du général Schmidt dans un faussé. Si son étoile n'eut brillé, la Prusse aurait certainement du capituler ce jour de mai. Mais l'habilité du prince Hohenzollern permit à l'armée prussienne de se sauver la face tout en infligeant deux fois plus de pertes aux Austro-saxons. L'enlisement de la campagne ensuite mena à ce tragique évènement d'Hochwesseln, où la manœuvre de débordement du comte de Moltke fut avortée par la perspicacité du général autrichien Benedek. Le doute dans le camp de l'état major prussien, couplé à l'angoisse du ministre-président Bismarck semblait avoir paralysé, la nuit précédent la bataille, la planification pour les affrontements du lendemain. Appliquant alors une tactique typiquement napoléonienne de la bataille, l'armée du roi Wilhelm fut repoussée malgré plusieurs succès. Si le centre autrichien s'était en effet écroulé sous le feu prussien, leur flanc gauche, retranché en hauteur derrière la rivière de la Cidilina tint le choc des colonnes d'assaut prussiennes. Moltke comprit alors que ses préceptes étaient justes, l'art de la guerre napoléonienne était révolu, mais il était trop tard maintenant pour appliquer le parfait Kesselschlacht, les troupes n'étaient plus en état de se battre.

Suivant la défaite, l'armée prussienne se replia en Saxe et alors commença une autre forme de la guerre, celle des chancelleries. Une guerre de l'ombre, de l'information et de la désinformation pour tromper, influencer, convaincre et dissuader les grandes puissances de soutenir tel ou tel camp débuta. Si le ministre-président Bismarck excellait en la matière, la crainte côté français d'affronter les hordes de l'Autriche finit par donner raison à la passivité et féconda le second Tilsit, le traité de Padoue, signé en secret par les cabinets français, italien et autrichien, et dans lequel la Prusse était dépecée de son honneur, de son territoire et de son indépendance par les vautours avides de colorier leur carte nationale. La France annexait le comté de la Sarre et le Caseloutrois, et recevait l'aval autrichien pour négocier également l'intégration du Luxembourg dans son empire. De son côté, la traitresse italienne acquérait le gros lot avec la Vénétie qu'elle avait à peine enfoncer suite à sa timide victoire à Piacenza, ainsi que le Trentin malgré la défaite du fauteur de troubles Garibaldi dans ces montagnes. En échange, l'Autriche était garantie d'avoir les mains libres en Allemagne.

Bismarck, l'homme à la poigne de fer, se retrouva impuissant devant les faits flagrant de la couardise franco-italienne, qui lui avaient promis de déplacer des montagnes si besoin pour terrasser l'aigle viennois. Le ministre qui avait plongé l'Allemagne dans le fer et le sang était au bord du gouffre. Sa seule issue résidait dans la politique étrangère, et l'échec cuisant de celle-ci fragilisait sa position déjà instable. Mais comme le junker l'avait lui-même dit : « Si nous sommes défaits, je ne ferai pas marche arrière, je combattrai jusqu'au bout. » Se résolvant alors à s'abandonner à la guerre totale prônée dès le départ par le comte de Moltke, adepte des théories de Clausewitz, Bismarck fut néanmoins contré dans son ultime manœuvre par le roi en personne. Celui-ci, dépité par la défaite, était convaincu du destin funeste de la Prusse, et refusa de suivre encore une fois son ministre pour au contraire, accepter la main tendue de Vienne. C'était condamner Otto von Bismarck à la disgrâce puisque les Habsbourg exigeaient la démission du ministre qui selon eux, était la source de cette guerre fratricide. Voulant préserver son honneur, le ministre coupa l'herbe sous le pied du roi en portant lui-même sa démission. Aussitôt fait, Wilhelm sut que son tour viendrait aussi. Rejetant l'idée de coopérer avec un gouvernement libéral qui le contraindrait à abandonner ses convictions de droit divin, le roi Wilhelm abdiqua le 25 juin 1863. Se refusant de subir la même tragédie qu'il avait connu durant son enfance, il se retira aux Pays-Bas, laissant un trône vacant derrière lui. Du moins, c'était sans compter son fils, le téméraire Kronprinz Frédéric, qui avait mené en personne l'assaut victorieux au centre à Hochwesseln. Cet homme, au physique viril et à la barbe imposante, âgé de seulement 32 ans, la fleur de l'âge, était un pur romantique, convaincu par les idéaux libéraux et adorateur de l'Angleterre et de son système politique. C'est donc quelques jours plus tard, dans la hâte, que le Kronprinz fut couronné roi de Prusse sous le nom de Frédéric, troisième du nom.

Amputée désormais d'un de ses poumons par le traité de Francfort, la Rhénanie, ainsi que de son indépendance, la Prusse doit affronter les heures les plus sombres de son histoire. Mais nous devons nous rappeler qu'après Iéna il y avait eu Leipzig et Waterloo, qu'après Tilsit, il y avait eu Vienne. C'est dans les périodes de crises que des hommes exceptionnels sortent de l'ombre pour apporter la lumière sur leur pays et illuminer le monde de leur éclat. La Prusse est vaincue, mais pas rompue, et le nouveau roi semble décidé à changer profondément son état pour lui rendre sa splendeur d'antan. Nostre bon Fritz sera-t-il le nouveau Frédéric le Grand ?


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Dernière édition par Fire&Blood le Sam 26 Déc - 21:34, édité 1 fois
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Ombres et Lumière — Acte I : 1863 - 1866

Second chapitre — La reconstruction


La chute de Bismarck entraîne avec elle tout l'appareil de la dictature qui s'était imposée en 1859. Avec la défaite cinglante de leur adversaire sur la scène internationale, les libéraux ont les mains libres en Prusse. Sa démission ne fait que confirmer de manière plus théâtrale l'échec du parti du fer et du sang. Si ce-dernier avait réussi, l'Allemagne serait bien différente, et de nombreux autres Allemands auraient eu à subir le joug bismarckien. Mais sous Frédéric, la Prusse se retourne vers le libéralisme de la Nouvelle Ère. Le roi est jeune et dynamique, et son soutien pour la cause libérale n'est pas un secret. Réprouvant la politique de son père dès que celui-ci s'embourba dans son conflit constitutionnel, que son dernier ministre Bismarck empira par sa Lückentheorie, Frédéric s'est toujours promis d'être un roi éclairé, qui moderniserait la Prusse sur le modèle anglais, adoptant un système parlementaire, un suffrage plus juste et favorisant la voie pacifique pour unifier le monde allemand. Seulement voilà, aussitôt sur le trône, le jeune roi affronte rapidement la réalité du pouvoir. Entre dire et agir, il se tient un faussé qu'il faut savoir enjamber sans hésitations, ou la chute est certaine.

Dès les premières proclamations du roi de libéraliser le pays, les conservateurs, et en particulier les Junkers, s'insurgent et invoquent la constitution de 1848 et le droit féodal. De leur côté, les libéraux sont plus que ravis, Frédéric est pour eux l'outil idéal pour parvenir à leur fin politique. Cependant, celui-ci réalise très vite le clivage qu'il risque de provoquer dans cette société prussienne déjà très irritée par la défaite en Bohème. S'il cède aux avances des ultra-libéraux nationalistes du Parti du Progrès, ça sera la fronde des Junkers ou la guerre patriotique contre l'Autriche, dans les deux cas, le sang coulera. S'il maintient un cabinet conservateur-autoritaire, les libéraux accuseront un second coup de force et s'efforceront de faire tomber le régime, par la révolution si nécessaire. Frédéric doit alors trouver un entre-deux, et pour cela il lui faut un ministre ouvert aux compromis, de nature libérale de préférence pour apaiser la majorité démocratique, mais qui respectera les valeurs traditionnelles de la société prussienne pour ne pas courroucer les Junkers. Frédéric le sait, il ne pourra immédiatement imposer la séparation totale des pouvoirs entre le parlement et la couronne, cela doit se faire avec le temps, mais surtout, le roi n'est pas encore certain de l'avenir qu'il veut accorder à la Prusse. Libéral pour sûr, mais jusqu'où ? On l'a souvent dit être un Anglais sous un uniforme de hussard, mais est-ce réellement le cas ? Maintenant qu'il va goûter au pouvoir, va-t-il maintenir sa ligne de conduite politique ? Les premières semaines de son règne semblent indiquer l'affirmatif. En effet, après mûres réflexions, le roi décide de nommer pour ministre-président de Prusse, le rival de longue date de l'ancien ministre Bismarck, le député Georg von Vincke, un libéral reconnu de tous, mais modéré, parfois critiqué par ses pairs plus extrémistes du Fortschrittspartei pour ses concessions à l'ancien ministre sur le budget de la réforme militaire.

Vincke et ses partisans, qu'on appelle communément le Partei Vincke, sont favorables au libéralisme économique, à la monarchie constitutionnelle, à la solution petite allemande et à une refonte de l'armée. Leur opposition au ministre-président Bismarck reposait plus sur la Lückentheorie qu'ils percevaient comme un coup d'état, que sur le projet de la réforme en lui-même. A vrai dire, tout le monde en Prusse était conscient qu'une réforme de l'armée s'imposait, mais tous n'était pas d'accord sur la manière de restructurer l'armée. Le premier débat au Landtag suivant la chute de l'ancien ministre, porte donc sur la réforme passée de force depuis maintenant quatre ans. Faut-il l'annuler et revenir en arrière ? Faut-il la conserver malgré quatre années de contestation ? Pour Vincke, la solution pencherait davantage dans la première option, mais c'est là qu'intervient le roi. Frédéric a en effet mené des hommes en Bohème, et il a pu juger les effets de la réforme façonnée par Roon et Moltke. Selon lui, celle-ci, malgré la défaite prussienne, est la meilleure structure que l'on pouvait attribuer à un état comme la Prusse, possédant une petite population mais une grande force industrielle avec un lourd passé militaire. La Landwehr s'est montrée peu convaincante et son rôle fut principalement d'occuper les territoires conquis en Allemagne du nord, notamment la Saxe et le Hanovre. L'armée du peuple défendue par les libéraux avant la guerre n'aurait jamais pu obtenir les résultats de l'armée de fer de Bismarck. La guerre patriotique est un mythe, un conflit ne se résout pas avec des bandes armées de paysans guidées par leur amour de la patrie. Dans cet âge de grandes innovations technologiques, il faut trouver une armée capable de s'adapter à tout en demeurant à la fois disciplinée et performante, des qualités que ne possèdent les régiments de la Landwehr. Malgré tout, les arguments du roi ne convainquent pas des masses dans la chambre basse, celle-ci demeure globalement sceptique, renforcée dans son opinion par la défaite en Bohème. Mais comme le souligne Vincke, il faut dans tous les cas réviser l'armée. En effet, avec la perte de la Rhénanie et de ses 3.4 millions d'habitants, le ministre expose les difficultés que va rencontrer le royaume à trouver hommes et moyens financiers pour maintenir à flot 21 divisions. Il faut selon lui revoir soit la durée du service, soit le contingent. Frédéric en est conscient aussi, mais tandis qu'il souhaite réduire le nombre d'hommes recrutés par an, le Parti du Progrès, lui, demande à réduire le service à 2 ans. Les vieux débats de 1859 refont surface, mais cette-fois ci il n'y a plus de Bismarck pour forcer la volonté du souverain. Il faut alors trouver un compromis, et Vincke pense l'avoir identifier.

Le 28 décembre 1863, il propose devant les députés du Landtag un arrangement sous trois formes : la première est de nature constitutionnelle, la seconde est budgétaire, et la dernière militaire.
Le fond de la discorde entre l'ancien ministre Bismarck et la chambre reposait sur la théorie du vide constitutionnel. Alors que les libéraux clamaient que le droit passait avant le pouvoir, Bismarck arguait l'inverse. Vincke propose aux députés de boucler cette lacune dans la constitution en ajoutant formellement à celle-ci la primauté du parlement sur le budget, y compris celui regardant l'armée. De ce fait, ni le ministre, ni le roi, ne pourront forcer leur volonté sur le parlement sur les affaires budgétaires si celui-ci n'est pas en accord avec eux. Et, fait important, les votes pour le budget ne nécessiteront plus l'aval des trois organes, à savoir la chambre basse, la chambre haute et l'exécutif. L'exécutif pourra proposer, la chambre haute de la Herrenhaus sera consultée, mais c'est bien la chambre basse, le Abgeordnetenhaus qui sera décisionnel et votera le budget.
Ensuite, Vincke demande à faire passer une loi aux députés dans laquelle ils reconnaîtraient légalement les budgets de l'ancien ministre Bismarck depuis 1859. Cette Indemnitätsvorlage permettrait de résoudre le conflit budgétaire à la faveur du gouvernement, mais avec la proposition de confirmer la supériorité du droit sur la puissance, il s'agirait d'un bon compromis pour l'opposition qui cherche avant tout à libéraliser la politique prussienne. Qui plus est, le parlement peut avoir la garantie que la dictature budgétaire ne pourra jamais revenir avec la consolidation de ses pouvoirs législatifs.
Enfin, Vincke demande aux députés d'approuver une réduction du budget alloué à l'armée par une révision du contingent plutôt que du service. Il avance que la qualité des soldats prussiens n'est plus à démontrer avec les récentes batailles, qui, bien que des échecs, ont prouvé la supériorité du fantassin prussien sur ses adversaires. Il défend qu'un service de trois ans permet une formation complète aux faits d'armes. Les députés sont évidement réticents à abandonner sur ce terrain, mais ils se disent qu'ils pourront forcer la réduction du service à l'avenir lors de la prochaine modification du budget militaire. Après tout, ils ont désormais des moyens imparables pour se faire entendre. C'est ainsi qu'ils acceptent de voter en faveur d'un abaissement du contingent annuel à 45'000 hommes, au lieu de 65'000. Cela va entraîner la disparition de six divisions de campagne, et donc de deux corps d'armée, pour une force de frappe alignant désormais 15 divisions au total. L'Armee Korps de Rhénanie à Coblence est ainsi supprimé, pour des raisons évidentes suite à la perte de la province en plus des contraintes du nouveau budget. Le Korps de Posnanie à Posen subit lui aussi la réforme, ce sera moins de pression sur les minorités polonaises qui plus est.

Le compromis de Vincke est ainsi accepté par la majorité, mais tous ne sont pas satisfaits et il s'agit plutôt d'une entente éphémère que d'une vraie pacification de la scène politique prussienne. Reste à déterminer combien de temps la majorité soutiendra le nouveau Ministerpräsident, les plaies ouvertes par Otto von Bismarck sont encore vivaces.  



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Le dirigisme à la prussienne — Acte V : 1863-1866

Imaginer l'avenir


L'ascension libérale entraîne forcément la reprise en mains des finances et de la politique économique du royaume par la bourgeoisie. Si la politique de Bismarck visant à diminuer les subventions pour favoriser la demande extérieure s'est montrée convaincante pour la croissance industrielle, la perte de la Rhénanie et de ses régions très urbanisées porte un coup dur à la santé économique du royaume. 3.4 millions d'âmes et des centaines de sociétés en moins, représentent aisément la perte de 20% du budget et potentiellement davantage pour la puissance industrielle. Vincke doit trouver une issue pour combler ces pertes et diminuer le plus possible le ralentissement de la croissance. Pour lui, deux hommes s'imposent, deux hommes qui servaient déjà sous la Nouvelle Ère et s'étaient montrés brillants dans leurs tâches. Il s'agit évidemment des fameux August von der Heydt et Robert von Patow. Licenciés par Bismarck, les deux anciens ministres sont immédiatement enjoués de reprendre leur bureau. C'est aussitôt fais en juillet 1863. Heydt redevient ministre du commerce, et Patow reprend les finances.

Première mission pour le duo : la stabilisation budgétaire par une régulation des dépenses proportionnellement aux nouvelles recettes amoindries. Leur première cible est évidement l'armée. Heureusement pour eux, la réduction du contingent permet de larges économies. Par la suppression de six divisions (trois d'active et trois de réserve dans le système jominien), l'état réduit son budget militaire de 16 millions de thalers, ou 60 millions de francs. La moitié des pertes en revenu est ainsi comblée, d'autant qu'il faut prendre en compte un abaissement des dépenses publiques, qui accompagne forcément la réduction des recettes grâce (ou à cause) de la Rhénanie. Les deux ministres comptent en plus une centaine de sociétés en moins à subventionner. Faut-il vraiment chercher plus ? A priori non, étant donné que seule les dépenses de l'armée nécessitaient une révision manuelle. Mais il faut maintenant imaginer l'avenir de l'économie prussienne, et le premier mot qui leur vient à la bouche est : diversité.

La première mesure qu'il faut envisager concerne la Rhénanie. Bien que plus sous administration prussienne, le royaume y possède toujours une très grande influence économique. Actions, investissements, prêts bancaires, consortiums, bons du trésor, subventions ou Chemins de fer d'Etat, l'influence prussienne dans l'économie rhénane est des plus prégnante, et Heydt pense qu'il faut jouer de cette carte pour garder une main dans les affaires du Rhin. En effet, il y a deux types de financements en Rhénanie. Tout d'abord les banques régionales, très liées aux sociétés locales, ont bénéficié d'importants prêts de la Banque de Prusse, facilité par des procédures administratives adoucies et des taux bas. Ensuite, les géants bancaires de Berlin qui ont émergé durant la décennie précédente ont pu investir et prêter sans frein grâce à l'État. Les Darmstädter Bank für Handel und Industrie et Schaaffhausen'scher Bankverein dans l'industrie houillère et sidérurgique, les Direktion der Disconto-Gesellschaft et Berliner Handels-Gesellschaft dans les compagnies ferroviaires, sans oublier les petits bijoux de la capitale, les Landkredit et Immobilienkredit, très actifs dans les chemins de fer et l'industrie mais aussi le mobilier, d'autant que le dernier dispose depuis 1856 des innombrables comptes courants des Rhénans, auxquels il a émis des obligations pour petits porteurs de l'ordre de 133 thalers (500 francs) pour soutenir les industries locales (comme partout ailleurs en Prusse, sur le modèle du Crédit Mobilier en France, cf mes anciens post sur le crédit de la décennie précédente pour un rappel plus précis).
La couronne jouit ainsi d'un puissant levier financier en Rhénanie, et désireuse de maintenir son influence et ses liens avec les sociétés rhénanes, elle décide de se faire la meilleure amie des banques locales. Comment ? En créant l'exemption rhénane par des taux sur les prêts plus bas encore qu'autrefois. La Banque de Prusse favorise ce geste spécialement réservé aux Rhénans par des garanties généreuses de l'État prussien sur ces prêts, et invite les géants de la finance berlinoise à se faire créancier des sociétés rhénanes, toujours avec l'assurance d'obtenir des garanties de l'État. Mieux encore, elle les invite à racheter les banques trop faiblardes et à installer davantage de succursales en Rhénanie, il faut établir un puissant réseau financier capable de soutenir les grands travaux des privés et du nouveau gouvernement rhénan. Et pour plus d'accommodation, la Prusse abaisse également ses contrôles sur les fonds propres et favorise les circuits courts, donnant éventuellement des facilités administratives et fiscales aux privés prussiens pour qu'ils investissent en Rhénanie. Globalement, Heydt conduit une grande opération financière visant le maintien et l'expansion de l'influence prussienne, l'accommodation des sociétés locales avec le soutien des géants berlinois, et la solidarisation des banques rhénanes par l'intermédiaire de la Banque de Prusse.


Mais le ministre n'en a pas finis pour autant, loin de là, il faut aussi porter attention aux provinces prussiennes elles-mêmes, qu'il faut développer pour poursuivre le dynamisme si caractéristique du royaume depuis trois décennies. La seconde mesure votée au parlement en décembre 1863 pour l'année suivante, concerne donc les infrastructures portuaires, qui n'avaient jamais jouis d'un grand intérêt pour l'État jusque là. En effet il avait été reconnu que la Prusse n'avait jamais été un état maritime et que son avenir se jouait sur la terre-ferme. Cependant, l'exemple de l'économie anglaise et de sa fameuse triade industrielle bénéficie d'une réévaluation du bureau du commerce et de le l'industrie de Berlin. L'Angleterre s'est développée sur trois axes, le chemin de fer, les docks et le port-cargo à vapeur. Cette combinaison lui a permis aujourd'hui de dominer l'économie mondiale. Or, si la Prusse ne s'était pas intéressée aux deux derniers axes, c'est parce que le succès du premier suffisait à la rendre aussi prospère que la France. Mais voilà que la perte de la Rhénanie et de la Sarre l'ampute de ressources houillères et industrielles, menaçant son hégémonie en Allemagne et la reléguant derrière la France en puissance. Il faut alors s'ouvrir à la mer pour espérer trouver de nouveaux circuits, de nouveaux marchés mais surtout de nouveaux secteurs pour son économie. Pour cela, trois modèles inspirent Heydt : l'anglais, le français et le sicilien. Les deux premiers sont similaires puisque Napoléon III s'était lui-même inspiré des docks anglais, ils se reposent sur le crédit et le privé essentiellement, alors que le dernier exige une main étatique plus investie.

Premièrement, il faut féconder des compagnies prussiennes de paquebots et stimuler la production de bateaux à vapeur pour la mer et la haute mer dans les fonderies de Silésie et de la Ruhr. L'État autorise donc la création de deux compagnies maritimes, la Compagnie Wilhelmine et la Compagnie de la Ligne Balte. Des commandes sont attendues de ces toutes jeunes compagnies auprès des chantiers navals, comme le Stettiner Maschinenbau AG Vulcan basé à Stettin, où sont assemblées des pièces fondues dans les hauts fourneaux silésiens et westphaliens. On veut que les compagnies s'équipent en steamers et autres navires à vapeurs afin de constituer une puissante flotte marchande et de transport. L'intervention des banques et des grands capitalistes parait donc nécessaire pour associer les compagnies maritimes à la mise en chantiers des grands vapeurs. 2 millions de thalers sont alors investis directement de la couronne dans le capital des deux compagnies, des appels d'offres aux banques prussiennes et plus généralement allemandes sont faits pour attirer plus de fonds, sous promesse de garanties, on compte notamment sur la Berliner Handels-Gesellschaft de Berlin. Heydt parvient également à négocier l'apport de capitaux français, nombreux et forts intéressées à pénétrer le marché allemand.

Il faut ensuite aménager les ports sous-développés. Pour ce faire l'Etat doit financer l'extension de ses portes d'entrée maritimes avec le soutien des privés. Les ports ciblés sont desservis par des lignes ferroviaires, ils sont : Stralsund, Greifswald, Colberg (Kolobrzeg), Dantzig et Königsberg en mer baltique, et Wilhelmshaven en mer du nord, la petite enclave située au Oldenbourg, obtenue lors du traité de Jade de 1853. Il faut aménager ces ports de manière à ce qu'ils puissent recevoir les plus petits steamers aux gros transatlantiques. Est prévu ainsi la construction de quais, de bassins, d'entrepôts et d'arrière-ports, mais aussi de relais sur les fleuves, les affluents et les canaux qui débouchent sur les eaux depuis ces ports. On prévoit également la construction de « docks Friedrich » à Berlin et Stettin pour dynamiser les transports fluviaux. On fait appel aux Mevisen et Hansemann pour financer cette « expansion vers les Océans », sans oublier l'Immobilienkredit. L'Etat lui-même débourse 20 millions de thalers sur 5 ans pour financer ces grands-travaux.
Avec le développement des ports, on espère aussi attirer l'établissement de nouvelles entreprises liées au secteur maritime, non seulement dans le domaine des fournitures navales, mais aussi de la pêche, du commerce, et pourquoi pas favoriser la création ou le déplacement d'assurance de transport. L'Etat encourage les privés dans cette voie et promet des exemptions fiscales de l'ordre de 10 à 20%.


Parallèlement, on veut créer une nouvelle souche industrielle dans les grandes villes de l'est, y compris Berlin. On envisage l'implantation de grandes filatures qui entraînerait des exodes rurales et la construction de nouveaux quartiers dont pourraient bénéficier les banques qui cherchent à investir dans le mobilier. Machines et outils jouissent alors de tarifs et de taxes très réduis, jusqu'à -20%, pour permettre l'importation massive de machines venues de Silésie, de Westphalie et d'ailleurs depuis l'étranger, vers ces régions peu industrialisées.

Concernant l'agriculture, l'Etat vend à maigre prix forêts et terres vierges aux grands propriétaires terriens de l'aristocratie Junker, mais aussi aux petits, à condition qu'ils y exploitent de nouvelles cultures de betterave destinées à la production de sucre, très prisé en Allemagne et en Europe. On veut que la Prusse en devienne le premier producteur, ce qui est pour le moment bien partis. Ces agriculteurs pourront compter sur l'Agrarkredit (crédit agricole) fondé en 1856, pour trouver les fonds nécessaires au rachat des terres.

Dernière mesure budgétaire pour trouver d'autres revenus malins, on décide d'imposer une taxe sur les bordels et autres affaires de la prostitution à 7%. On espère ramasser quelques centaines de milliers de thalers au moins, de quoi financer les campagnes de presse du Nationalverein pour polir l'image du roi Frédéric auprès des nationalistes et libéraux d'Allemagne. Les campagnes doivent surtout viser le petit peuple, on veut éveiller la ferveur populaire et nationaliste en Allemagne sur le modèle italien.

Enfin, le cabinet a pu négocier plusieurs accords avec les voisins d'Europe pour accroître la demande et favoriser ainsi la baisse des coûts de production. Il s'agit :

Accord prusso-italien

- La Prusse baisse ses douanes à 8% sur la soie, le souffre et les épices (venus d'Asie) italiens
- L'Italie baisse ses douanes à 8% sur le charbon et le fer prussien

Accord prusso-turc

- Le tarif ottomans sur le fer prussien passe de 10% à 9%.
- Le tarif prussien sur le tabac ottoman passe de 10 % à 7 %

Accord prusso-roumain

- la roumanie baisse ses douanes sur le fer et l'argent prussien à 8%
- la prusse baisse ses douanes sur le blé roumain à 8%


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Affaires confédérales : 1863-1866

Décret de Francfort du 30 décembre 1864


- Banque fédérale sur le modèle de la BCE : apolitique, pilotée par un conseil austro-prussien, dont l'objectif serait de préserver la stabilité des prix. Elle ne serait subordonnée à personne d'autre que la confédération. Elle émettrait la monnaie fédérale, le reichmarck, qui serait convertible avec le thaler et le florin (dont les taux de change ont été fixé avec atok en 1857 pour faciliter le commerce entre le zollverein et l'autriche), et octroierait des prêts aux banques centrales des états membres dans le besoin. Progressivement à l'avenir, elle intégrerait les banques centrales comme des filiales, en commençant par les petits états d'abord, puis les moyens et ainsi de suite de manière progressive.

- Formation de trois écoles de guerre fédérales à Francfort, Vienne et Postdam. Encouragement pour une mixité des officiers dans les rangs de l'armée centrale fédérale récemment formée par le Heerfurher Benedek. Les officiers prussiens et autrichiens assureront la formation d'une nouvelle classe d'officiers allemands dans les académies, elle-même destinée à former les générations futures pour l'armée centrale.

- Réforme de l'armée de la confédération : trois armées sont organisées, l'armée centrale, l'armée d'Autriche et l'armée de Prusse, supervisées par un grand état major fédéral présidé pour 7 ans par un Heerfurher et centralisé à Francfort, qui réunit tous les quatre ans les chefs d'EM des 3 armées pour décider de réformes, de restructures et de plans de défense. Les armées conservent leurs propres structures pour le moment mais doivent demeurer transparentes dans leurs dépenses et favoriser des exercices militaires communs organisés par le GEM fédéral, pour à terme tenter, via une coordination améliorée et des réformes centralisatrices, de les réunir en une seule et même armée fédérale sous une seule et même structure.

- Les duchés de Schleswig, d'Holstein et de Lauenbourg seront régis par un mandat fédéral assumé par Frédéric d'Augustenbourg. Ils seront admis dans la confédération dans leur entièreté territoriale, et contribueront au budget de l'armée centrale et à la constitution de ses nouvelles unités.


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