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Les Sarasinades
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Jeu 8 Oct - 20:14
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PRINCIPAUTE DE ROUMANIE
Royaume de Roumanie 565px-Principality_of_Romania_-_1872_CoA.svg


Informations complémentaires.

Régime : Monarchie élective constitutionnelle sous suzeraineté nominale Ottomane.
Capitale : Bucarest.
Monnaie : Leu roumain.
Religion : Laïque.
Langue : Roumain.
Population : 4.2 millions d’habitants.



Rapport politique.

Principautés unies de Moldavie et de Valachie – 1857
Chef d'état : Alexandre Ioan Ier
Chef de gouvernement : Mihail Kogălniceanu (Libéraux)
Libéraux – 67%
Conservateurs – 28%
Lib. radicaux – 5%
Stabilité : Discutable

Factions radicales : Aucune



Rapport militaire.

9 000 hommes chaque années, dans l'active pendant 4 ans et la réserve pendant 2 ans.
Armée d'ctive : 36 000 hommes.
Armée de réserve : 18 000 hommes.

9 900 hommes chaque années au sein de la Garde Provinciale, soit 59 400 miliciens, dans la milice active durant 4 ans puis dans la réserve 2 années suivantes.
Garde provinciale mobile : 39 600 hommes.
Garde provinciale de réserve : 19 800 hommes.

Armement : En cours d'acquisition de fusils Minié.



Rapport économique.

Données générales (rapport réalisé à l’unification en 1856) :

Population : 4.2 millions d’habitants.
Recettes : 91 millions de Piastre. (20 millions de francs)
Dépenses : 94 millions de Piastres.
Déficit : 3 millions de Piastres.
Poids de la dette dans le budget : 7 millions de piastres.
Dette totale : 34 millions de Piastres.
Poids de l'armée dans le budget : 14 millions de piastres.
Valeur de la monnaie : Piastres (0.23 francs) / Cour monétaire instable.

Bilan financier et budgétaire :

La Moldavie et la Valachie ont des finances à peu près saines à l’unification. Le pays vit des contributions agricoles et du commerce Balkanique reposant sur le blé et l’élevage et l’Angleterre qui y exporte des produits rares dans la région (fer, outils, coton, produits manufacturés). La taxation est encore assez féodale, reposant sur les produits de la terre et ses taxes en nature.
Le pays sort pourtant de 2 ans d’une guerre perdue et s’est vu occupée longuement par l’armée russe. Entre la maraude et les pillages, la conscription forcée, les raids des irréguliers turques, le pays a connu des grands bouleversements. Bucarest fût attaquée deux fois et l’armée Valache écrasée à plusieurs reprises.

Bilan industriel et commercial :

Le commerce Danubien a connu un grand choc avec la guerre et il faut désormais le reconstruire. La trahison des principautés Danubienne risque fort d’entraver durablement le commerce avec les communautés musulmanes du sud.
Le pays n’est entré ni dans la révolution des transports ni dans celle des houilles qui secouent actuellement l’occident.



Dernière édition par Les Sarasinades le Sam 10 Oct - 22:15, édité 7 fois
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Les Sarasinades
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Jeu 8 Oct - 20:15
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PRINCIPAUTE DE ROUMANIE

L'élection du prince Cuza.

1856. La Convention du Danube statut sur les douanes aux bouches du Danube tandis que les principautés sœurs de Valachie et de Moldavie retiennent leurs souffles. La guerre d'indépendance s'est clôturée de manière indécise. Si les français ont vaincus les Russes & leurs auxiliaires roumains et que les Turcs ont fait payer milles tourments aux chrétiens du Danube, il n'en reste que Napoléon troisième, dans sa grande bonté, milite pour l'unification des principauté et y arrive.

Dès l'ouverture de la commission sur le Danube, les principautés se mettent en branle. Les deux triumvirats de boyards à la tête des principautés lancent les procédures et se ruent dans une course effrénées. Il n'y aura qu'un seul Domitor de Roumanie. C'est dans cette pagaille qu'un colonel moldave, qui à déjà occupé des postes proche du pouvoir, un ancien révolutionnaire libéral et francophile est choisi. Il porte fièrement la voix du peuple, de la noblesse libérale et des soldats qui ont combattus sous ses ordres face aux Turcs et aux Occidentaux. Brillant orateur, vibrant à l'annonce de l'unification, il se fait porte étendard d'une Roumanie résolument plus moderne et qui garantira son rôle d'état tampon empêchant l'embrasement de la région. Il conquiert les cœurs, les esprits et se fait même une place au sein des cercles de libéraux modérés comme radicaux.

C'est l'élection, écrasante, du premier prince de Roumanie : Alexandru Ioan Cuza, Domitor de Roumanie.
Royaume de Roumanie Alexander_Ioan_Cuza



La constitution de 1856 & la mise en place de l'état.

A peine eut-il élu que le Domitor doit s'atteler à un chantier magistral. Sur le plan extérieur, il doit clarifier la "suzeraineté nominale" de Constantinople sur la Roumanie et sur le plan intérieur, il doit unir les administrations ; les parlements ; fournir une constitution et mettre en place un état entier. Ce sera sans nul doute sa plus grande tache.

C'est dans ce contexte qu'est publiée la constitution de 1856, résolument libérale et moderne, elle s'inspire grandement de celle de la Belgique. Il construit les fondements de l'état roumains sur des principes hérités des Lumières, qui influenceront sa vision ainsi que la constitution belge ; primauté de l'individu, égalité et liberté pour tous. Ces grands principes sont consacrés dans la constitution de 1853 avec la liberté de la presse, liberté de culte, liberté d'enseignement et de choix entre le religieux et le laïque, reconnaissance de la propriété privée, liberté d'entreprendre ainsi que liberté d'association.

Si certains sont les grands oubliés de la constitution, qui ne fait pas mention des nomades, les droits des minorités sont garantis par la constitution faisant de tout résidant actuel de la Roumanie, qu'il soit turc ; roumain ; bulgare ; russe ; slave ; roms ; ou autres, peu importe sa confession ou son ethnie, un citoyen Roumain assujettis aux impôts, au service militaire mais disposant du droit de vote et de droits civils. Fait particulier pour l'époque, la constitution mentionne l'abolition de la peine de mort ; l'abolition du Robie - l'esclavage des Roms et des Tzigane par les monastères et la noblesse - ; ainsi que l'obtention de droits égaux aux Roumains pour toutes les minorités ethniques, des dispositions légales (sous formes de lois, d'ordonnances et de décrets étant pris dans ce sens dès la publication de la constitution). La constitution abolit l'esclavage et le servage au sein de la Roumanie.

Il dote la Principauté Roumaine de deux chambres : l'Assemblée des Boyards, la chambre haute, consultative, en charge de la révision des projets de lois et de transmettre ses révisions ainsi que le projet originel au gouvernement, où peuvent siéger tout les boyards issus de la noblesse, les membres des familles princières actuelles et précédentes, ainsi que des sénateurs nominés par le Domitor ; puis la Chambre des Représentants comptant un député élu par circonscription au suffrage masculin universel en charge d'élaborer des projets de lois qui devront être transmis au gouvernement. Cependant, les projets de lois du gouvernement n'ont pas nécessairement à toutes passées devant la Chambre des Représentants.

Outre cette constitution, il fait aussi entrer en vigueur une série de code inspirés ou copiés des codes napoléoniens : code judiciaire, code du commerce, code civil, code pénal, etc...

Il découpe la Principauté Roumaine en municipalité, préfecture, département sur un modèle français en donnant l'autorisation de lever des impôts locaux pour le financement des compétences locales en sus du budget offert par l'état roumain. Cependant, ce dernier et ses compétences restent extrêmement centralisés comme l'empire français.

La capitale est placée à Bucarest.

Par un décret princier, la Banque Centrale Roumaine est crée. Elle devra émettre le "Leu roumain", la nouvelle monnaie qui remplacera le Para de l'époque où les principautés étaient divisées. Le leu pèsera 5 grammes d'argent et sera frappé en or. Il sera subdivisé en 100 ban. Il y'aura des pièces de 1, 2, 5, 10, 20 et 50 bani (en cuivre) puis des pièces de 1, 2, 5, 10, 20 et 50 Leu. Au delà, à partir de 100 Leu et jusqu'à 500, le leu sera émis en monnaie papier. Le remplacement du para se fera progressivement.

Au niveau sécuritaire, le maintien de l'ordre public est maintenu par la Gendarmerie Roumaine en ville et par la Maréchaussée Princière en province. La justice est indépendante de l'état et le droit de justice ou de gendarmerie des boyards est remplacé par celui de l'état central Bucarestien.

Au niveau de l'armée, elle se fondera sur un principe de conscription via un service militaire. Le service militaire roumain durera 6 ans - 4 ans dans l'armée active et 2 ans dans l'armée de réserve - et concernera 9000 jeunes roumains.

Une mission militaire française sera déployée afin de couvrir la création de l'armée roumaine.
Une petite production de fusils Minié roumains sera entamée via la mise en place d'une Manufacture d'Armes de Bucarest.

Excepté pour les traités économiques suivants, la jeune principauté roumaine optera pour une politique douanière protectionniste.

De nombreux libéraux sont appelés au gouvernement comme Nicolae Crețulescu, Apostol Arsache, Constantin Bosianu, Vasile Alecsandri et le premier-ministre Mihail Kogălniceanu.

Traités.

Traité Roumanie - France (Mission militaire française, mission pédagogique et scientifique française, abaissement des douanes française sur le charbon et le bois roumain a 5%, abaissement des douanes roumaines sur le matériel ferroviaire et les machines industrielles françaises a 5%) pour 6 ans.

Règlement de Suzeraineté avec l'empire Ottoman. (Promesse de Cuza de ne pas entraver la politique Ottomane, ni de faire des traités à l'encontre des intérêts Ottomans, les Ottomans octroient toutt les droits sur leur politiques étrangères, intérieures et économiques à la Roumanie)

Traité Roumanie - Angleterre (Charbon roumain a 5% de douane - Coton indien a 5%) CDD 6 ans.

Traité Roumanie - Grèce (Abaissement du fer et du blé roumains a 10%, abaissement de l'huile d'olive ; de la vaisselle et de la porcelaine grecque a 10%). Contrat révocable si l'Ottoman taxe au niveau des Dardanelles.

Traité Roumanie - République italienne (La Roumanie abaissera ses douanes a 8% pour le lin, le chanvre et l'huile d'olive italienne et abaissement réciproque des douanes italiennes sur le bois, le fer, le charbon et le bétail roumain).

Traité Roumanie - Prusse (La Prusse envoie des formateurs industriels, militaires, scientifiques et scolaires en Roumanie. La Roumanie abaisse ses douanes sur les machines prussiennes a 8% pour les 4 prochaines années, la Prusse et le Zollverein à terme font de même pour le blé roumain).
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Jeu 8 Oct - 20:15
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PRINCIPAUTE DE ROUMANIE

La sécularisation des domaines fonciers de l'Eglise, la nationalisation des terres arrables inutilisées et la réforme agraire (1857).

1857.

La loi sur la sécularisation des domaines monastiques en Roumanie passe au début de l'année 1857. Jusqu'alors, plus d'un quart des terres agricoles de Roumanie étaient contrôlées par des « monastères dédiés » qui soutenaient les moines grecs et d'autres moines étrangers dans des sanctuaires tels que le mont Athos et Jérusalem. Ces domaines, qui ont été principalement formés sous le règne des Phanariotes en Valachie et en Moldavie, souffraient d'une faible productivité et constituaient également une ponction substantielle sur les revenus de l'État.

Désormais, tous les biens conventuels sont la propriété de l'État roumain et leurs revenus sont portés au budget ordinaire. Un capital de 20 millions de piastres est affecté à indemniser les communautés religieuses des Lieux-Saints en Palestine et les établissements d'instruction et de charité à Constantinople via une offre faite au Patriarche Orthodoxe, qui ne l'acceptera jamais. (N.d.l.r : l'offre est bien inférieure à celle faite IRL qui ne fut pas non plus acceptée.)

Outre la sécularisation des immenses domaines fonciers de l'Eglise, le Domitor Cuza met en gage les propres terres de sa famille ainsi que celles de plusieurs collaborateurs et députés libéraux qui se sont portés volontaires.

A celles-ci s'ajoutent la nationalisation des terres inutilisées.

Enfin, arrive le volet de la réforme agraire : promesse de campagne de Cuza. Par cette réforme, les pays sont libérés des devoirs féodaux tels que la corvée, la dîme ou le « podvezile » qui abolissent les monopoles féodaux dans les villages. La Robie - l'esclavage des Roms - et le servage sont définitivement abolis (même si ceci était déjà déclaré dans la constitution).

Par cette même réforme, les boyards sont tenus de vendre les 2/3 de leurs terres arables aux paysans qui la cultivent au prix de seulement 1/6 de sa valeur. L'état prendra en charge 5/6 restants du cout de l'achat sur une période de 99 ans, entamant les payements d’ici 7 ans maximum, en indiquant que tout acte de sédition, de complot ou de révolte entrainera (pour les coupables) le non-paiement de la dette. Les terres revendues aux paysans sont accompagnées des terres nationalisées et de celles sécularisées qui sont redistribuées aux paysans. Chaque famille de paysan doit recevoir une parcelle de terrain suffisante pour atteindre l'autosuffisance alimentaire ainsi qu'une certaine rentabilité dans leur future activité agricole.

Pour empêcher les boyards de conserver les meilleures terres et de vendre les autres, les terrains vendus ou concédés seront départagés par une commission gouvernementale.

La réforme suit aussi une interdiction de la vente ou de la mise en hypothèque des terres des nouveaux petits propriétaires terriens pendant 35 ans. Ces derniers (qui arrivent à la propriété par la réforme) connaissent un régime d'impôt particulier pendant 4 ans leur garantissant une certaine aisance : aucun impôt la première année, 1/3 des impôts la seconde, 2/3 des impôts la troisième et 3/3 des impôts la quatrième. Le gouvernement dépêchera des formateurs afin d'enseigner aux nouveaux propriétaires terriens à gérer leurs terres et des fermes modèles (aussi bien en terme d'équipements, que d'utilisations, d'hygiènes ou de rentabilité) seront mises en place par le gouvernement dans chaque région afin d'encourager les paysans à mettre en place des mesures équivalentes.

Au niveau des têtes de bétails, les boyards cédant les terres devront aussi céder une petite part du troupeau. C'est 1/5ème des troupeaux des boyards qui devront être cédés gratuitement aux nouveaux propriétaires terriens.

La réforme agraire contient de nombreux avantages. Pour le prince Cuza, c'est la possibilité de se rattacher l'amitié d'une part du nouvel électorat, la Roumanie étant passée en 1856 au suffrage universel masculin, mais aussi de rapprocher le pouvoir et une nouvelle caste de paysan propriétaire terrien prospère. De l'autres côté, cette réforme donne une impulsion au développement du capitalisme en Roumanie octroyant de nouveaux fonds à l'état (les nouveaux propriétaires terriens devenant de nouveaux contribuables sans avoir à renforcer la pression fiscale) mais aussi de nouveaux investisseurs possibles.

Royaume de Roumanie Szathmari_-_Romanian_village

L'Edit sur les minorités : les cas juifs et roms (1857).
1857.

Comme précisé dans la constitution, tous les habitants de la Roumanie reçoivent la nationalité roumaine peu importe leurs confessions ou leur ethnie.

Cependant, un cas particulier demeure. Celui des Roms, anciens esclaves des boyards et des monastères, les Roms sont pour la plupart des nomades qui vivent de petits boulots. Il est difficile de les soumettre à la pression fiscale ou à leurs droits & devoirs. Cependant, Cuza jouit d’une aura de libérateur auprès des Roms : il les a délivrés de l’esclavage, de la Robie et de la servitude.

Il est institué l’obligation pour les Roms d’avoir des papiers d’identité et de s’enregistrer au sein de l’état. S’ils désirent retrouver leur vie de nomade par suite de l’abolition du servage, ils ne jouiront plus de leurs droits de vote et devront s’acheter un livret de circulation où ils devront se faire enregistrer à chaque entrée dans une municipalité avec une date d’entrée et de sortie.

Cependant, encouragement est donné aux Roms de se sédentariser en profitant des grands chantiers de l’état : mines, industrialisations, ferroviaires, … L’état leur fait exemption de deux années d’impôts et de taxes s’ils se sédentarisent et rejoignent une ville et leur promet qu’ils pourront assurer leurs activités artisanales ou marchandes habituelles sans avoir à payer la redevance traditionnelle.

Les discriminations à l’encontre des Roms sont interdites et les Roms des pays voisins (Transylvanie, Bulgarie, Russie, Serbie) peuvent se rendre en Roumanie quémander la nationalité contre sédentarisation.

Concernant les juifs, ils sont invités à immigrer vers la Roumanie depuis tout les pays possibles. Les pays voisins (Russie, Autriche, Balkans) n’étant pas connus pour leurs sympathies à l’égard des sémites, le Domitor s’offre comme leur protecteur en leur assurant la naturalisation dès leur premier enregistrement en municipalité et une totale liberté de circulation ainsi que la pérennisation de leurs biens.

Roms comme Juifs sont des minorités « oppressés » dans les espaces voisins et en attirer un maximum en Roumanie permettrai de dynamiser les secteurs commerciaux et artisanaux où ils font étalage d’un certain talent : joaillerie, commerce, activité bancaire, ferronnier, forains ….

D’autant plus qu’avec l’ouverture de la Société Générale et de ses filiales, artisans et commerçants roms, juifs comme roumains pourront s’unir en société, anonyme ou non, très facilement, contracter un prêt et se lancer dans une activité à l’échelle industrielle.

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Jeu 8 Oct - 20:17
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PRINCIPAUTE DE ROUMANIE

Le développement industriel, économique et routier de la Roumanie : la Belgique en exemple. (1857 - 1861)

1857 - 1861

1856. La Banque Centrale Roumaine est fondée par un décret princier, elle n'a alors qu'un rôle de banque centrale émettrice.

En 1857, le Domitor fonde la Société Générale de Roumanie pour favoriser le développement du commerce, du réseau routier et de l'industrie nationale, cette société anonyme est alors détenue à 10% par la famille Cuza, 30% par l'état roumain et les 60% restants seront revendus à de riches roumains et des boyards.  L'inspiration de cette Société Générale est alors son éponyme de Belgique qui servit grandement Léopold, roi des Belges, à l'industrialisation de son pays.

L'idée est de reprendre l'exemple de la Belgique où le développement économique du pays a été intimement lié à celle d'une entreprise privée pendant un certain laps de temps. Elle est alors une banque d'escompte et de crédit immobilier. Sous le couvert d'une association de capitaux privés et publics, le Domitor cherche principalement à valoriser les domaines patrimoniaux dont lui et l’état jouissent en vertu de la constitution, d’héritages personnels ou de nationalisation afin de les vendre et d’y trouver des finances pour l’industrialisation. Comme prévu, la BCR et la SGR joueront dès leurs créations et l'élargissement de leurs devoirs, un rôle actif dans le placement de la dette publique et fournira des capitaux à la politique d'industrialisation tout en s'intéressant à l'escompte de certaines opérations commerciales. Parfois, le papier escompté sera renouvelé à terme - il s'agira en fait d'une intervention indirecte de financement de certaines entreprises industrielles. Dans les régions où les gisements carbonifères et ferriers pullulent, la Générale multipliera ce type de prêts déguisés aux charbonnages qui désirent s'ouvrir ou en voie de mécanisation / industrialisation. La Société Générale (et la BCR) élargisse rapidement leurs panels de produits notamment en ouvrant des caisses d'épargnes au taux d'intérêts intéressants, « service éminent aux classes industrielles et à toutes les personnes peu moyennées ». C’est la création de la Caisse d’Epargne Roumaine (1857), spécialisée dans la collecte de l’épargne roumaine et le prêt de cette épargne a la Société Générale et ses filiales qui prêteront elles-mêmes aux entreprises, sociétés, industries, propriétaires terriens et entrepreneurs.

Cette méthode, utilisée en Belgique sous Léopold Ier, porta ses fruits. Le Domitor place donc ses espoirs dans les similitudes entre la Roumanie et la Belgique : des états bâtis en guise de tampon, autour de grands fleuves commerciaux, avec une riche réserve de minéraux et une économie plus ou moins prospère avant industrialisation. Pour permettre le développement économique, une bourse des valeurs est ouverte à Bucarest et une bourse des valeurs agricoles, spécifiquement, à Iasi en Moldavie. La plupart des grands projets financés par la Société Générale ou une filiale seront côtés en bourses pour simplifier leur financement.

Afin d'attirer des capitaux étrangers, la Roumanie autorise l'ouverture de comptes anonymes par les étrangers dans ses banques, taxé de manière particulière (la taxation s'effectue alors sur du 30% de ce que le possesseur aurait dû payer dans son pays d'origine) en échange d'un investissement de la somme placée dans l'économie roumaine au moins aux 1/3. Des mesures sont prises pour limiter la spéculation, notamment des inspections des investissements et des achats. L'idée est d'empêcher les riches étrangers de s'adonner à la spéculation en Roumanie comme si le pays était un vaste terrain de jeu, tout en pratiquant une intense concurrence fiscale en imposant très faiblement les capitaux envoyés vers la Roumanie depuis l’étranger mais aussi en imposant très faiblement les entreprises s’installant en Roumanie, d’une manière globale durant la période 1857 a 1861, les entreprises seront taxés a 50% du niveau habituel.

De 1857 à 1861, le Domitor met aussi en place un grand plan de traçage et de constructions de routes modernes qui seront goudronnées via des commandes du Ministère des Travaux Publics aux exploitants des gisements & raffineries pétrolières fabriquant du goudron. Les chantiers des routes ne devraient pas prendre plus d’un ou deux ans, une fois ce traçage & goudronnage clôturé, le MTP se chargera de mettre en contact les entreprises pétrolières et les municipalités afin de mettre en place un éclairage public au pétrole. Dans ces deux opérations, la Société Générale fera l’intermédiaire entre les municipalités, les raffineurs et producteurs de pétrole en Roumanie. La Société Générale accompagnera ensuite les producteurs et raffineurs dans le réinvestissement de leurs gains ou / et l’obtention de prêt destiné à l’investissement miniers dans le charbon et le fer ou l’investissement ferroviaire. C’est le développement, entre 57 et 61, du Crédit Industriel et de la Compagnie d’Escompte des Mines et du Pétrole, toutes deux filiales de la Société Générale. Pour le financement des chantiers routiers, ferroviaires locaux ou même d’éclairages publics, la Société Générale crée le Crédit Municipal (1857), spécialisé dans la collecte de l’épargne des municipalités et l’accord de prêts.

Dès la réforme agraire, c’est la création du Crédit Agricole dédié aux nouveaux propriétaires terriens et aux grands propriétaires boyards chargé de récupérer leurs épargnes et d’accorder des prêts dédiés à l’achat de terres, de matériels agricoles, de bêtes, machines ou tout autres projets. L’épargne paysanne devrai pulluler avec la redistribution des terres et les exonérations fiscales des premières années.

A la requête du Domitor, en 1858, la Société Générale crée aussi la Société de développement du Commerce, spécialisée dans les avances sur marchandises et les prêts aux armateurs & commerçants maritimes et fluvial. L'objectif est de faire du port de Giurgiulești, récemment acquis, une plaque tournante du commerce international ou tout du moins du commerce dans la Mer Noire, sur le Danube et autour des Balkans et faciliter le placement des produits roumains à l'étranger. Cette filiale prospérera grâce aux traités commerciaux signés en 1856 qui valoriseront le commerce et l’import – export mais aussi grâce au Danube, poumon du commerce en Europe de l’Est.
C’est l’apparition du Crédit Mobilier (1859), Immobilier (1860), du Comptoir d’Escompte Populaire (1861) chargée de diverses missions.

La Société Générale, dès sa fondation, et ses filiales s'attaquent aux aspects industriels de la Roumanie. Elle est financée par les capitaux privés ainsi que par des injections de fonds publics. Les filiales ont chacune un domaine de prédilection et se doivent d’être efficace dans leurs domaines même si elles sont amenées à se diversifier à terme pour adopter toutes les activités bancaires (dès qu’elles ne dépendent plus des subventions de l’état). Les grands investissements de la société générale (outre ses filiales) devront être, dans un premier temps, le développement du réseau routier ; fluvial ; et ferroviaires pour permettre de relier le pays plus aisément. Priorité est donnée au réseau ferroviaire qui devra relier toutes les villes entre elles via des lignes commerciales et civiles. Pour motiver, des entreprises ferroviaires privées, publique (la Société Nationale des Chemins de Fer Roumains) ainsi que semi-publiques (ou l’état détient respectivement 75, 50 et 25% de l’entreprise) seront mises en compétition afin de recevoir des subventions au kilométrage et aux villes reliées.
Outre les chemins de fer, priorité est donnée aux mines de fer, de charbon, aux carrières d’houille et de coke, uniquement des matières premières dans un premier temps et aux usines primordiales comme des manufactures d’armes et fonderies de canons à Bucarest et Iasi, une usine de matériels naval à Giurgiulești et des usines de matériels ferroviaires à Bucarest, Iasi et Giurgulesti.

Pour pallier les défaillances des banques privées, qui ont été remarquées lors de la crise de 1848 en Belgique, Cuza institue la Banque Centrale (1856) qui lui permet de garantir la stabilité du système monétaire en cas de défaillances du secteur privé.

Il multiplie les filiales de la Société Générale pour diversifier ses activités : le Crédit municipal (1857) est créé pour répartir les fonds à destination du développement des municipalités, collecte leurs épargnes, leur accorde des prêts et finance le réseau routier et l’éclairage public ; la Caisse d’épargne (1857) est chargée d’encourager et de collecter l’épargne en provenance des classes populaires et nanties ; le Crédit Agricole (1857) ouvert suite à la réforme agraire récolte l’épargne paysanne et octroie des prêts dédiés au développement des activités agricoles ; le Crédit Industriel (1858) et de la Compagnie d’Escompte des Mines et du Pétrole (1858) chargés de soutenir le développement industriel, minier et ferroviaire du pays via l’octroi de prêt ; Société de développement du Commerce (1858) centrée sur le développement du commerce interne et externe à la principauté ; le Crédit Mobilier (1859) apparaît afin de faciliter l’achat de machines et de matériels pour les entreprises ; le Crédit Immobilier (1860) pour favoriser l’achat de terrains et bâtiments puis enfin le Comptoir d’Escompte Populaire (1861) spécialisé dans la collecte de l’épargne des populations les plus pauvres, l’ouverture de comptes et l’octroi de petits crédits pour les particuliers et les petites dépenses à l’inverse, le Comptoir d’Escompte et du Commerce du Danube (1861) vise la clientèle opposée se voulant être une banque réservée aux nobles, boyards, bourgeois, nantis, entrepreneurs, commerçants et riches pour accompagner leur épargne, l’ouverture de leurs comptes, l’octroi de petits ou gros crédits pour des opérations commerciales, industrielles ou entrepreneuriales.

Ce système financier sera financé par la vente d’actions ; l’émission d’obligations ; leurs opérations commerciales diverses ; le drainage de l’épargne (la population roumaine sera largement encouragée à épargné) ; le drainage de 10% des recettes douanières et fiscales du pays vers la Société Générale et ses filiales pendant 6 ans après l’ouverture de chaque corps (jusqu’en 1867 pour les plus tard) ; et les finances personnelles de la famille Cuza pendant 3 ans après l’ouverture de chaque corps (jusqu’en 1864 pour les plus tard) ; ainsi qu’une somme fixe de 350 000 francs pendant trois ans après l’ouverture de chaque corps pour chaque corps (jusqu’en 1864 pour les plus tard).

Le gouvernement protège l’industrie naissante : import de matières premières non produites en Roumanie et de machines nécessaires à l’industrialisation, export des matières premières roumaines et des produits finis donnant un débouché extérieur à la Roumanie, protectionnisme relatif, primes aux entreprises & industries en difficulté. Mieux, il les valorise en supprimant les péages internes au pays ainsi que les douanes internes, autorise et simplifie la constitution ou la transformation en tant que société anonyme, abolis-les octroies, rend illégal les monopoles et encourage la libéralisation des régimes douaniers. L’Etat désire limiter ses interventions économiques au maximum et ne veut que lancer que des vagues, des mouvements incitant à quelque chose via la création d’une société ou d’une entreprise et faire preuve du moins de dirigisme possible. Ainsi, l’état justifie son silence par le respect du principe de la liberté. Un exemple : la réglementation du travail des enfants et des femmes. Alors que la France et l’Angleterre ont légiféré dès les années 1840 pour limiter l’âge et le temps de travail des plus jeunes dans les activités industrielles, la Roumanie se refuse à intervenir en la matière. L’industrie a besoin d’une réserve de main-d’œuvre bon marché pour maintenir des salaires extrêmement bas et des prix compétitifs. Ce serait donc fausser le jeu économique, entraver la loi de la libre concurrence que de limiter l’accès des enfants à l’usine. Autre argument invoqué : l’atteinte à la liberté du chef de famille : seul le père doit rester habilité à juger si sa progéniture ou sa compagne doit prendre le chemin de la mine, la fabrique, du champ ou non, la loi ne peut entraver le « libre arbitre ». C’est l’adoption d’une politique de « laissez faire » économique et social où l’état ne fait qu’insuffler des élans et des idées, dans le meilleur des cas.

En outre, les Royaume-Unis financent une ligne ferroviaire Bucarest – Craiova et encouragera ses investisseurs à investir en Roumanie.

La Prusse financera, elle, un trajet Iasi – Giurgiulești.

La France s’est engagée quant à elle à encouragée ses investisseurs à investir en Roumanie. L’empire assurera aussi 5% de la rente des investisseurs qui participeront à la ligne Bucarest – Iasi.

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Les Sarasinades
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Sam 10 Oct - 21:46
Fire&Blood a écrit:
La Fronde des boyards


Royaume de Roumanie Divanul_Ad-Hoc%2C_1857



Avril 1857

Alors que la séance de la Chambre haute du parlement roumain s'apprête à s'ouvrir en ce 2 avril 1857, un évènement surprenant se produit. Les boyards, qui composent la Chambre, refusent de siéger à leur poste. Tous demeurent debout, stoïques, comme attendant un déluge... Sour l'initiative du boyard ex-prince de Moldavie, Nicolae Vogoride, la noblesse roumaine se dresse contre le domnitor Alexandre Jean Cuza. Dans un discours tonitruant, le prince de sang moldavo-bulgare s'insurge au nom de toute sa caste contre les mesures prises par celui qui devait unir le peuple et la noblesse des principautés dans un pacte de compromis, non condamner cette-dernière à la nuit ! Car le soleil semble s'être couché sur cette caste autocratique, autrefois maîtresse des plaines du Danube.

Promulgation d'une constitution libérale en 1856 qui garantie la liberté de la presse et de culte, intolérable pour ces fervents orthodoxes de l'ancien ordre. Pire encore, ils se voient dépossédés de leurs serfs et esclaves, privés de leurs privilèges de sang bleu par un scrutin universel qui les place au même rang que le bas peuple. Leur droit patrimoniale et judiciaire violés par une séparation des pouvoirs entre l'état et une justice modelée à la française, qui leur retire qui plus est leur gendarmerie personnelle. Cette maigre consolation qu'est la Chambre haute des boyards n'est qu'une façade, de fait, la noblesse n'est que consultée, elle n'a plus d'influence sur les décisions.

Le coup de grâce vient en mars 1857 lorsque la réforme agricole du domnitor Cuza prévoie une sécularisation des domaines monastiques, couplée à une nationalisation des deux tiers des terres de la noblesse, redistribuée entre la paysannerie qui jouie alors de droits jamais observés dans l'histoire de la région. L'abolition de ses privilèges féodaux finis d'aliéner la noblesse roumaine. Celle-ci est déterminé à arrêter la progression des réformes libérales de Cuza.

Le prince Alexandre Jean Cuza est devant une impasse. Poursuivre dans cette voie risquerait une fronde déclarée par les boyards, mais en même temps... quand on est si prêt du but de moderniser la Roumanie, peut-on vraiment envisager un retour en arrière ? Le domnitor doit prendre une décision, qui, dans les deux cas, aura des conséquences radicales pour le pays récemment unifié.


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Les Sarasinades
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Sam 10 Oct - 22:09
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PRINCIPAUTE DE ROUMANIE

Ils ne veulent pas siéger ? Enlevez les sièges.

Fin1857 - 1858

Le prince Alexandre Ioann Cuza se retrouva donc face à une fronde des boyards. "La constitution, chancelier !", "Vous avez trop simplifié le droit de vote !", "Nique la dîme", "Je veux optimiser mes champs", autant de complaintes qui se faisaient entendre.

Pour cause ? Quelques vieux barbus ignorants qui ne voulaient pas laisser leurs esclaves, leurs serfs, leurs domaines et leurs privilèges. A ces complaintes, le Domnitor répondit simplement "Ok, boyard". Il comptait bien ne pas se laisser faire et si les boyards refusaient de siéger à l'Assemblée… Alors autant la dissoudre. Ca limitera les dépenses publiques.

C'était le début d'un long bras de fer entre la noblesse et le prince un peu trop libéral pour certains. Le début d'un véritable coup d'éclat autoritaire puisque le Domnitor comptait bien faire passer ses réformes de force que l'Assemblée restante et les boyards le veuillent ou non.

La constitution des régiments de gardes provinciaux.

1858

Pour compléter la faible armée roumaine, le Domnitor fera passer, quelques mois après son coup de force envers les boyards, un décret ordonnant la création de la milice des gardes provinciaux, dite "Garde Nationale Roumaine".

Cette garde, organisée à l'échelle de la province, sera chargée :

- En temps de paix, de suppléer la Maréchaussée et la Gendarmerie au maintien de l'ordre public en cas de trouble ainsi que de servir de garnisaires dans certaines fortifications et devant certains bâtiments publics. Ils seront (outre leur durée de formation) appelés cinq fois par mois pour des entraînements ou des services.
- En temps de guerre, seront appelés à suppléer l'armée sur le terrain.

9 900 numéros seront tirés chaque années pour les milices provinciales avec un départage égal de 900 numéros par province parmi toute la population d'homme capable de porter une arme et ; ne portant pas déjà les armes au sein de l'armée, de la gendarmerie ou de la maréchaussée ; n'étant pas déjà au service de l'état au sein de l'administration ou de la politique ; se situant entre 18 et 45 ans. Le service dans les milices provinciales durera 6 ans, comme dans l'armée d'active, mais sera beaucoup plus confortable pour la population qui ne sera pas déportée trop loin de sa famille, bénéficiera de plus de permissions et pourront poursuivre une vie active en dehors de la milice.

Ce sont 59 400 miliciens qui constitueront la première génération des milices provinciales d'ici les six prochaines années.

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La réforme fiscale, les emprunts français et la mise en place de l'administration.

1857 - 1861

Par un décret régentant la fiscalité, l'imposition et les taxes au sein de la principauté de Roumanie, le Domnitor abolit les anciens impôts féodaux, inutile et non rentable et en édicte une série de nouveaux en réformant en profondeur le système fiscal du pays. Les prélèvements et impôts ecclésiastique et féodaux sont donc abolis. Cela passe :

- Par la création d'une administration fiscale détachée de l'administration territoriale mais travaillant en étroite collaboration avec cette dernière et s'organisant sur le modèle français.
- Par l'ordre donné que les impôts toucheront maintenant aussi les Eglises et les nobles, la famille princière comprise, en plus du petit peuple & non plus exclusivement les propriétaires terriens parmi eux.
- Par l'abolition des privilèges provinciaux en matière de fiscalité ou d'imposition et l'uniformisation nationale en matière de taxe, de douane et d'imposition.
- Par la mise en place d'un plan cadastral très précis est ordonnée.
- Par l'obligation pour tout contribuable de déclarer ses revenus à l'administration fiscale même s'ils ne sont pas assujettis à tout les impôts ou même tout simplement non-assujettis aux impôts (dans le cas des plus indigents notamment).
- Par la suppression des corporations et des monopoles, déjà rendus illégaux par la constitution de 1856.
- Par l'instauration, toujours sur le modèle français, du centime additionnel sur les impôts nationaux et les taxes nationales au bénéfice des municipalités.
- Les fonctionnaires seront payés amplement afin qu'ils puissent subvenir à leurs besoins, on leur promet aussi la sécurité de l'emploi en échange de l'inspection de leurs comptes, dépenses et rentrées d'argents afin de lutter contre la corruption.
- Les mandataires politiques seront aussi rémunérés pour lutter contre la corruption.
- Une administration des postes, privilège de l'état, est mise en place. Son objectif est la rentabilité.

- Par le remaniement des contributions directe via l'instauration de la contribution foncière est un impôt de répartition (il est fixé commune par commune), pesant sur les revenus des propriétés foncières soutenu par la mise en place progressive du cadastre qui permettra de mieux déterminer la valeur des propriétés, au fil du temps, en les regroupant en plusieurs classes en suivant notamment le type de culture et de leur fonction (locative ou non, par exemple) ; celle de la contribution mobilière qui est divisée en trois taxes : une contribution personnelle où chaque habitant doit payer l'équivalent de trois journées de travail ; une contribution mobilière due par chaque redevable de la contribution personnelle pour l'occupation d'un logement meublé, et assise sur la valeur locative et une contribution sur les signes de richesses extérieure, à destination de la noblesse principalement, pesant notamment sur le nombre de domestique et de chevaux ; par la contribution des parentes qui impose aux commerçants et artisans de se faire délivrer une patente pour pouvoir exercer leur activité et de payer une taxe pour cela. Elle est divisée en deux : un droit fixe en fonction de la profession et un droit proportionnel déterminé par la valeur locative des immeubles. Enfin, par l'instauration de la contribution des portes et fenêtres basée sur le nombre et la taille des fenêtres et autres ouvertures des immeubles. Le tarif applicable par ouverture est déterminé par commune, qui sont divisées en plusieurs classes en fonction de leur population, les plus peuplées étant soumises à une contribution plus élevée. Ces contributions sont tout ou partiellement copiée sur ce qui est en vigueur en France. Seule exclusivité roumaine : la contribution agraire qui se divise en trois contribution qui pèsent toutes les trois sur les grandes propriétés agricoles (celles des boyards, non pas celles sur les propriétés agricoles crées suite à la réforme agraire) avec une première contribution sur les domaines de plus de 60 hectares, par tranche de dix hectares, une deuxième part sur le nombre de tête de bétail pour les troupeaux de plus de vingt bêtes et une troisième part sur le nombre de moulins détenus pour les propriétés de plus de 60 hectares. A ces "Cinq Piliers" du nouveau système fiscal, suit une série de petites contributions directe comme : la taxe sur les biens de mainmorte due sur les immeubles détenus par des propriétaires immuables (communes, départements, hôpitaux, institutions religieuses), la taxe sur les biens locatifs détenus par des privés, une taxe sur les chiens, une taxe sur les billards publics et privés, une taxe militaire payée par les personnes exonérées du service militaire ou n'étant pas appelé dans l'armée ou les milices. Les contributions directes servent par ailleurs de base pour déterminer le montant des impôts perçus par les communes, les « centimes additionnels », établis en fonction d'un pourcentage calculé à partir du montant de ces prélèvements. Une taxation des revenus des valeurs mobilières à un taux de 3,5% est aussi décrété, il s'agira d'une taxe annuelle pesant sur les intérêts et produits des actions, des titres de propriété de société générant des revenus, sur les obligations et les lots et primes de remboursement mais pas sur les rentes de l'Etat. Pour ne pas décourager les investisseurs potentiels, elle devra être déclarée et acquittée par les établissements financiers et pas les bénéficiaires des revenus qui ne verront pas la différence.

- Par le remaniement des contributions indirectes via l'établissement des droits d'enregistrement sur les mutations et transactions, la réforme du droit de timbre qui devient privilège de l'état qui fixe les prix et l'instauration de monopoles d'états sur la vente de tabac, les jeux d'argents, les paris, la vente d'armes à feu, la distribution du droit de chasse (à l'exception des propriétaires terriens qui le détiennent toujours librement sur leurs domaines et peuvent le louer), la vente de poudre et de salpêtre ; la vente de sel ; vente de carte à jouer ; vente d'objets en or et argent : vente de carrosse ;vente d'alcool et le monopole d'état sur les transports. Ces monopoles se traduiront par le paiement d'une redevance du particulier à l'état. D'autres contributions indirectes sont mise en place comme les droits d'enregistrement dans les ports en mer et fluviaux, le droit de transmission des valeurs mobilières au taux de 0,5% et le droit de transmission de valeurs immobilières au taux de 1%, les droits sur l'héritage a 6%, les taxes sur les matières de première nécessité à hauteur de 3% qui grèveront le prix de vente de ces produits en magasin.

- Une contribution mi-indirecte mi-directe, fort particulière mais rentable, le droit de passage sur les marchandises circulant sur la partie roumaine du Danube, si la commission du Danube gère toute taxation à l'entrée du Danube, la principauté mettra en place un droit de passage équivalent a 10% de la valeur marchande des marchandises dans les cales des navires commerciaux non-roumains circulant sur la part roumaine du Danube et 5% pour les navires roumains. Cette taxe se paiera lors de l'arrivée en port fluvial d'un des dits navires et sera suivie de la délivrance d'un permis prouvant l'acquittement de la taxe.

- Au niveau de l'organisation de l'administration fiscale, l'assiette des impôts directs est gérée par la Direction des Contributions directes. . Elle est représentée dans chaque département par un directeur, un inspecteur et de leurs agents, les contrôleurs. Leur rôle principal est de mettre à jour le rôle de l'impôt, en enregistrant les modifications des propriétés (changements de propriétaires, constructions) lors de tournées, et de traiter avec les contribuables les litiges découlant de l'établissement des rôles. Le recouvrement des impôts directs dépend des comptables publics, qui agissent au sein de la direction de la comptabilité générale, il est pris en charge au niveau départemental par les receveurs généraux, Ce ne sont pas uniquement des agents de l'État, puisqu'ils sont souvent des banquiers. ans leur fonction administrative, ils dirigent des receveurs particuliers placés dans les arrondissement, et des percepteurs qui collectent les impôts dans les municipalités. De nombreux efforts sont faits pour améliorer le recrutement des percepteurs, avec la mise en place de concours afin d'éviter les pratiques clientélistes et le népotisme qui étaient souvent de mise. Ils sont également de plus en plus contrôlés, afin d'éviter tout détournement des fonds publics, particulièrement néfaste à l'image de l'administration fiscale. Leurs comptes sont surveillés par l'Inspection des Finances. Les comptables publics sont responsables pécuniairement sur les sommes qu'ils sont chargés de recouvrer, et même en cas de vol de leur caisse ils peuvent être tenus de les rembourser s'il est jugé qu'ils n'ont pas pris les mesures nécessaires pour éviter cela. Leur rémunération est par ailleurs liée à la qualité de leur recouvrement : ils sont intéressés aux gains que leur circonscription génère, tandis qu'ils sont responsables pécuniairement des manques à gagner. D'ailleurs, la surveillance des comptes des fonctionnaires revient à l'administration des impôts qui doit aussi veiller à la lutte contre la corruption. Les contribuables ne réglant pas leurs dettes fiscales peuvent faire l'objet de poursuites. Elles sont conduites par les « garnisaires » ou « porteurs de contraintes ». Généralement recrutés parmi les anciens militaires, ils sont chargés de se rendre auprès des contribuables n'ayant pas réglé leurs dettes au Trésor pour leur remettre des poursuites et, si cela ne suffit pas, saisir leurs biens. Dans les cas les plus difficiles ils peuvent recourir à la garnison individuelle : ils s'installent au domicile du mauvais payeur et doivent être logés et nourris pendant deux jours, à moins que la dette ne soit réglée avant ce délai. Au niveau local, l'administration fiscale disposera d'agences dans toutes les villes du pays, au niveau national, ses grandes institutions seront placées à Bucarest. Une Régie des Enregistrements est crée afin de recueillir l'enregistrement des revenus des contribuables, une Régie des Recouvrement est fondée pour piloter le recouvrement, une Régie des Contributions Directe chapeaute les contributions directes et les contributions indirectes sont chapeautées par la Régie des Contributions Indirectes.

Bien avant la décision d'effectuer une réforme fiscale d'ampleur, accord est passé avec la France afin de contracter une série d'emprunts entre 1857 et 1859. C'est un total de 3 emprunts annuels de 15 millions de francs a 5% de taux d'intérêts qui sont prévus en 1857, 1858 et 1859. Ces emprunts seront divisés de manière fixes sur chaque emprunt : 1,5 millions iront à la mise en place de l'administration territoriale ; 2 millions iront à la mise en place de l'administration fiscale ; 2,5 millions iront aux primes, aides et subventions à destination des industries ferroviaires, minières, métallurgiques et de l'armement ; 1,5 millions de francs seront débloqués afin de servir de prime et subventions pour les nouveaux propriétaires terriens nés de la réforme agraire et les 7,5 millions restants seront injectés à la Société Générale de Roumanie et ses filiales en guise de liquidité supplémentaire à destination de l'industrialisation du pays.

Au sujet de l'administration, la méritocratie est favorisée pour l'accès à l'administration. Les candidats n'ont pas nécessairement à être riches ou nobles, il suffit de savoir lire et écrire pour pouvoir passer les concours d'accès. Ceux-ci sont simplifiés pour les anciens militaires & les vétérans des milices, de la maréchaussée ou de la gendarmerie ainsi que leurs fils (pour les fils de militaires et miliciens tout du moins) qui peuvent même bénéficier d'une préparation avant le concours pour apprendre à lire, écrire et compter sur une période allant de six mois à deux ans.

Au sujet de la Société Générale Roumaine et de ses filiales, l'Etat Roumain souhaite augmenter le nombre de société du genre au sein de la Roumanie en limitant la proximité des autres avec les pouvoirs publics, ainsi de larges facilités fiscales et juridiques sont octroyées pour les grandes sociétés de crédit s'installant ou se fondant en Roumanie. Encore sur le modèle français, de nouveaux modèles juridiques adaptés à cette évolution économique apparaissent avec les sociétés anonymes, ce sont les sociétés par actions simplifiées. La principauté roumaine, afin de limiter la spéculation, taxera très violemment les actions spéculatives. Cette stratégie vise aussi directement le marché boursier. Pour ouvrir le marché financier à la petite bourgeoisie et limiter l'influence des boyards dans l'organisme financier, on diminue les taxes portant sur les capitaux en dessous de 5000 francs (en piastres) de portefeuilles d'actions. Cependant, pour réserver les marchés boursiers à une élite, on introduit des droits d'entrées de quelques piastres au profit de l'état pour chaque action en bourse, rien qui ne découragerai le plus pauvre des bourgeois mais de quoi décourager les petits ouvriers. L'accès au crédit est facilité en diminuant le taux d'escompte et de refinancement ainsi que les réserves obligatoires à l'investissement.
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Mar 10 Nov - 2:03
Principauté de Roumanie
Principatul României

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L'élection du Prince Ghica
1857

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Le Prince Dimitrie I Ghica XI

Le 16 mai 1857, un coup d'état chassait le Prince Alexandru Ioan Cuza du trône de la Principauté de Roumanie qu'il avait lui-même créé. Orchestré par les même boyards qui l'avait élu l'année précédente, c'est loin d'être une première dans l'histoire des principautés danubiennes où l'aristocratie détient un immense pouvoir tant politique, qu'économique culturel et social. Scandalisés par la politique par la politique trop brutale et trop libérale de Cuza qui pensait pouvoir réformer le pays pour entamer une révolution démocratique -paradoxalement de manière complètement despotique-, les boyards ont choisi de simplement de se débarrasser de leur "Domnitor". En effet, le 16 mai à 4 heures du matin, Cuza était arrêté, forcé de signer son abdication, puis amené à la frontière pour commencer un long exil. Derrière ce véritable putsch, une conspiration menée par trois hommes : Vasile Sturdza, Ion Ghica et Nicolae Golescu, faisant partie, sans surprise, des familles de boyards les plus riches du pays, détenant plusieurs dizaines de milliers d'hectares de terre.  L'épopée de celui qui se prit pour le Napoléon des Carpates étant finie, ce sont ces trois hommes qui prirent les rennes du pays sous la forme d'une lieutenance royale ou căimăcănia di trei, véritable triumvirat. Des élections sont convoquées sur le champ, en accord avec les conditions prévues par la Convention de Paris de 1856, prévoyant en son annexe la réunion pour le scrutin législatif des citoyens moldaves et valaques de plus de 25 ans justifiant d'un revenu foncier ou d'un capital d'entre 100 et 6000 ducats selon le fait qu'ils soient électeurs primaires ou direct et qu'ils tirent leurs revenus de la terre ou de l'industrie. Ce suffrage censitaire permit l'élection d'une assemblée conservatrice qui, sous l'impulsion du triumvirat, abolit dès le premier jour de son siège l'essentiel des réformes initiées par Cuza ainsi que sa constitution de 1856. Cette élection permit également la nomination d'un nouveau gouvernement dirigé par Ion Ghica à qui est dévolue l'Administration, collégialement avec ses ministres, assurant la réalité du pouvoir exécutif en cas de vacance princière, en respect avec l'article 11 de la Convention de Paris.

Il fallait néanmoins remédier à cette vacance et activer en conséquence l'article 12 de ladite Convention prévoyant l'élection d'un nouveau prince par l'Assemblée élue. Si l'article 13 dispose qu'il doit être âgé de plus de 35 ans, fils d'un père valaque ou moldave, pouvant justifier d'un revenu foncier de 3000 ducats et ayant rempli des fonctions publiques pendant 10 ans sauf s'il est membre de l'Assemblée, une partie des boyards les plus libéraux souhaite l'élection d'un prince étranger, extérieur à la vie politicienne nationale et pouvant donner une stature internationale au pays. Néanmoins, ce n'est pas le souhait des hommes forts du régime issu du coup d'état, souhaitant placer à la tête du pays l'un des leurs qui pourra défendre leurs intérêts. C'est alors que dans les Palais de Bucarest et de Iași se lance une véritable lutte de pouvoir entre les plus riches et les plus prestigieuses familles de boyards pour obtenir le titre princier, en pure respect da la tradition danubienne vieille de plus de cinq siècles. Les Bibescu, les Ghica, les Sturdza, les Balș et d'autres sortent de l'ombre après l'éphémère tentative de despotisme éclairé de Cuza, pour se retrouver de nouveau sur le devant d'une scène politique qu'ils n'avaient réellement jamais quitté. Dans cette lutte, c'est le riche prince Dimitrie Ghica, digne représentant de sa classe âgé de 41 ans, qui l'emporte. Fils du populaire "prince national" de Valachie Grigore IV Ghica VIII et bénéficiant de la grande influence de son oncle le prince Alexandre II Ghica IX, aussi de Valachie, de lointaine ascendance albanaise, il appartient à l'une des plus riches et des plus prestigieuses maisons princières danubiennes ayant régné sur les deux principautés. Élu à une large majorité, pour la première fois par les assemblées moldave et valaque réunies, au contraire de Cuza qui l'avait été séparément, il reçu le mois suivant l'investiture du Sultan de l'Empire Ottoman comme en dispose l'article 8 de la Convention de Paris ainsi que la tradition séculaire des principautés danubiennes.

Suite aux événements troublés ayant succédé à la Guerre d'Orient quelques années auparavant, le nouveau prince a plusieurs objectifs. Il souhaite faire de son règne un règne de la concorde et du compromis. C'est sa négation du pouvoir séculaire des boyards qui a mené Cuza à sa perte ; Ghica l'a compris, s'il veut gouverner, il devra le faire avec les boyards. D'autre part, Ghica souhaite faire de sa principauté un pays crédible et digne sur la scène internationale. Après le bras de fer entamé par Cuza avec l'Empire ottoman ainsi que sa propension à interpréter les conventions internationales comme il le voulait, ce qui a entaché la réputation du pays à l'international, Ghica souhaite raffermir le lien de confiance qui l'unit à son suzerain nominal et est à ce titre allé chercher dans les plus brefs délais l'investiture du Sultan à Constantinople où il l'a rassuré sur ses intentions et lui a offert un portrait de lui commandé à Ion Negulici, plus grand artiste roumain contemporain. Enfin, conscient de la nécessité de donner à son pays la stature internationale qu'il aurait pu avoir en ayant à sa tête un prince étranger, Ghica a décidé d'entamer une politique matrimoniale avec les nobles maisons maisons d'Europe occidentale. Jusqu'à lors basée sur une forte endogamie, Ghica souhaite ouvrir la très riche aristocratie roumaine sur l'Occident ce qui aurait pour double intérêt de faire connaître sa principauté à l'international et de resserrer les échanges avec les puissances d'Europe occidentale, amenant en Roumanie des idées modernes (mais pas trop non plus).

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Dernière édition par jrvc le Mar 5 Jan - 12:10, édité 1 fois
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Jeu 12 Nov - 21:49
Principauté de Roumanie
Principatul României

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La réforme agraire
1862-1866

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Barbu Catargiu, Président du Conseil des Ministres

Depuis l'abdication forcée d'Alexandru Ioan Cuza, la réforme agraire est un des sujets les plus controversées dans la Principauté de Roumanie, le Napoléon des Carpates ayant perdu son trône à la suite de son ambitieux projet d'imposer brutalement aux boyards de revendre les deux tiers de leurs terres, entre autres. En effet, Cuza s'est aussi heurté à l'opposition de l'aristocratie dans son plan de sécularisation des biens du clergé consistant tout simplement à exproprier l'Eglise orthodoxe en échange de 20 millions de maigres piastres, ce qui avait légitimement soulevé une vague d'indignation dans toute l'Europe. Autant de sujets qui parasitent la vie politique danubienne et qu'il convient de résoudre de manière réaliste, efficace, raisonnée et rapide pour légitimer le nouveau prince et permettre d'installer son règne dans la durée, règne qui sera tourné vers l'avenir et plus vers de vieilles rengaines qui ressurgissent régulièrement depuis un demi siècle.

En effet, si les paysans roumains ont été libérés du servage entre 1746 et 1749 par le hospodar Constantin Mavrocordato tant en Moldavie qu'en Valachie, ils n'ont pas tous été émancipés pour autant : sur les grands domaines aristocratiques loués à des « arendaches » (arendași), souvent juifs, cumulant leur activité à l'usure et à qui les boyards laissent la gestion de leurs domaines pendant qu'ils attendent, à Nice, Paris ou Londres, de recevoir les rentes les plus élevés possibles., les habitants sont devenus des ouvriers agricoles pauvres, qui ne reçoivent en échange de leur travail qu'une modeste part des biens qu'ils produisent, juste de quoi survivre, en plus d'être parmi les derniers en Europe à être soumis à la corvée et à a dîme. Ainsi, dès son accession au trône en 1857, il a été une priorité pour le Prince Ghica de trouver une solution définitive à la difficile question agraire. Son Président du Conseil des ministres, Barbu Catargiu, un très riche boyard conservateur, a donc été chargé d'élaborer une proposition de réforme agraire qui a débouché sur un projet de loi équilibré, compromis nécessaire et raisonnable entre les ambitieux des Libéraux et le seuil d'acceptabilité des boyards conservateurs.
Le projet a vocation à s'appliquer tant sur les terres civiles, détenues par les boyards, que sur les terres ecclésiastiques, propriété de l'Eglise orthodoxe ainsi que sur les terres détenues par l'Etat. Il contient dans un premier temps une série de mesures destinées à réduire le pouvoir des arendași, les locataires des grands domaines fonciers chargés de les administrer. Cumulant dans de nombreux cas leur activité de gestion à l'usure, ils sont souvent créanciers de leurs propres propriétaires, ce qui les fait se conduire en véritables maîtres en leur domaine, d'autant plus que la présence des réels propriétaires sur les lieux est très rare, ces derniers préférant attendre leurs rentes depuis leur résidence parisienne, londonienne ou niçoise. Ainsi l'activité d'arendași est tout d'abord clairement définie et leur rôle est strictement contrôlé et profondément encadré par la loi :

-  La possibilité pour un propriétaire foncier de louer sa terre à un administrateur disparaît. Les arendași ne sont plus des locataires au sens strict, mais deviennent des agents salariés, intermédiaires entre les fermiers et le propriétaire. Le contrat qui les lie à ces derniers est renommée arendă de gestionare (bail de gestion). Bien qu'il ne s'agisse plus d'un réel bail, le terme, rentré dans les habitudes, subsiste partiellement.
- Cette activité d'arendași-gestionarul est désormais soumise à la signature d'un contrat prévu par la loi et contenant un certain nombre de clauses-types auquel aucune des parties ne peut déroger, prohibant notamment son cumul avec l'activité d'usurier et prévoyant la paiement par son client (et non plus bailleur) d'un salaire fixe auquel peuvent s'ajouter des primes en fonction des résultats économiques du domaine foncier.

Ensuite, concernant l'exploitation au sens strict, du domaine, la loi prévoit trois possibilités. Si les deux premières sont spécifiquement prévues pour les citoyens roumains, la troisième ne peut se conclure qu'avec les Tsiganes qui, depuis leur émancipation définitive par le Divan ad hoc quelques années plus tôt, ont repris leur mode de vie nomade et vivent toujours plus en marge de la société roumaine. En effet, la libération brutale de plusieurs centaines de milliers de tsiganes quelques années auparavant a mené ces derniers à reprendre le nomadisme et à s'isoler encore plus du reste de la population. Ne travaillant pas ou peu, beaucoup dénoncent leurs méfaits et le fait que cette abolition sauvage a conduit à les faire se conduire en véritable parasites. Cependant, le projet n'exclue pas la possibilité pour un Tsigane de bénéficier d'un des deux premiers choix, mais exclue simplement que les citoyens roumains puissent être soumis au troisième. De plus, le projet inscrit la distinction entre d'un côté l'arendă de gestionare, qui n'est pas un véritable bail, et de l'autre l'arendă de exploatare et l'arendă in parte qui sont eux de réels baux ruraux liant à un propriétaire à son fermier. De plus, le projet rend obligatoires les contrats agricoles, dans le cadre des trois cas prévus ci-dessous :

I. Le fermage (arendă de exploatare)
II. Le métayage (arendă in parte)
III. L'exploitation sans titre (exploatare fără titlu)

I. Le fermage (arendă de exploatare)

Le fermage est un type de bail rural dans lequel un propriétaire, le bailleur, confie à un preneur, le fermier, le soin de cultiver une terre sous contrat, contre quoi il devra verser à son propriétaire un loyer annuel fixe payable en argent. Le fermage est le type de relation contractuelle que souhaite privilégier le rédacteurs du projet, en ce qu'il permet aux exploitants de s'émanciper partiellement de leur propriétaire. Concernant ce contrat, elle est longuement prévue et encadrée par la loi :
- Ce type de bail devra être appliqué sur au moins la moitié de chaque domaine foncier, ecclésiastique ou séculier.
- Chaque fermier devra recevoir dans le cadre de ce contrat un terrain ayant une taille correspondante à la superficie superficie maximale exploitable par un seul homme pour subvenir aux besoins de son foyer et être rentable.
- Il est prévu l'insertion d'un certains nombres de clauses-types auxquelles aucune des parties ne peut déroger parmi lesquelles l'insertion d'un droit de préemption au bénéfice du fermier si son propriétaire souhaite céder une partie de son exploitation. A ce titre, le propriétaire qui souhaite se désister d'un terrain sur lequel un fermier exerce son activité ne peut exiger de lui qu'il rachète l'ensemble du terrain à vendre mais seulement la parcelle qu'il exploite. Egalement, ce droit de préemption en faveur du fermier est supérieur à celui dont bénéficie la famille du propriétaire.
- Le fermier devra verser annuellement à son propriétaire un loyer fixe, qui peut être exprimé en fonction du cours de la denrée exploitée, prévoyant des primes en fonction des résultats économiques du domaine loué.
- Le contrat-type exclue toute durée déterminée de vie du contrat. Il a vocation à s'appliquer pour toute la vie du fermier et a la particularité de lui conférer un droit sur ses terres de caractère patrimonial qui est donc transmissible de plein droit à ses héritiers sans que le bail doive être renouvelé ni à la mort du fermier, ni à la mort du propriétaire.
- Le contrat ne peut être rompu et le fermier expulsé en conséquence que dans deux hypothèses : en cas de faute grave, auquel cas le fermier ne recevra aucune indemnisation, ou pour un motif réel, certain et sérieux, excluant la faute grave du fermier et prévoyant le paiement d'indemnités par le propriétaire.

II. Le métayage (arendă in parte)
Le métayage est un type de bail rural dans lequel un propriétaire, le bailleur, confie à un preneur, le fermier, le soin de cultiver une terre sous contrat, contre quoi il devra verser à son propriétaire une partie de la récolte. Les règles qui s'y appliquent reprennent ce qui été énoncé ci-dessus pour le fermage, avec quelques spécificités prévues par la loi :
- L'obligation pesant sur le fermier ne peut consister au versement de plus de 40% de sa récolte totale.
- Le métayage devient automatiquement un fermage sur demande du fermier après l'expiration d'un délai de 5 ans d'exploitation.

III. L'exploitation sans titre (exploatare fără titlu)

L'exploitation sans titre n'est pas un bail, c'est un contrat de travail liant un Tsigane à un propriétaire foncier. Ce dernier versera une rémunération fixe, c'est à dire un salaire, à un Tsigane qui vient travailler sur ses terres. Un citoyen roumain ne peut être un exploitant sans titre. Ce contrat est beaucoup plus souple que les deux précédents. Il peut indiquer une durée déterminée, ne confère aucun droit transmissible à l'exploitant et est résiliable plus facilement.

Le projet prévoit enfin l'abolition de la corvée et de la dîme ainsi que tous droits féodaux, devenus inutiles et sans objet du fait de la réglementation des trois statuts que peut détenir un exploitant agricole.

Ce projet a l'avantage de ne prévoir aucune expropriation, ni des boyards ni de l'Eglise, tout en permettant à la classe paysanne de s'émanciper et de s'épanouir dans un cadre beaucoup plus favorable. Malgré tout, le projet fut critiqué dans les deux camps, tant par les libéraux que par les conservateurs. Aux conservateurs, lors d'une séance parlementaire agitée par les débats intéressant ce projet de réforme, il déclara que : « la propriété privée est sacrée et je fait le serment que, sous mon administration, jamais la propriété privée ne sera atteinte. Ce projet a justement pour objet de trouver une solution définitive à la question agraire sans que ne soit expropriée aucune terre, ce qui finira par arriver sous la pression du peuple si vous vous opposez continuellement à chaque tentative de réforme ». C'est ainsi qu'il a exhorté les boyards de voter en faveur de la réforme pour ensuite l'appliquer scrupuleusement, ce qui est dans leur intérêt. Face aux libéraux, Catargiu dit que ce projet était un « premier pas dans l'émancipation de la classe paysanne », qu'il mettait en place une « phase de transition nécessaire », qu'il « permettait d'émanciper la paysannerie en la libérant des affres de la stricte propriété privée laissant les paysans seuls face à leur exploitation » et qu'enfin il « évitait de faire s'endetter des milliers de pauvres Roumains pour le rachat de leur terre ».

La loi fut finalement votée le 11 juin 1862 puis promulguée par le Prince Ghica.

De plus certaines réformes de l'ère Cuza ont été conservées ou réintroduites après l'arrivée au pouvoir du Prince Ghica, comme celles tenant au développement industriel, économique et routier de la Roumanie d'entre 1857 et 1861, la compilation du droit en codes par soucis de simplification juridique, la constitution des régiments de gardes provinciaux en 1858, la création d'une administration fiscale unique et détachée de l'administration territoriale, l'uniformisation des règles fiscales, la mise en place d'un plan cadastral, l'instauration du centime additionnel, la rémunération des fonctionnaires et des mandataires politiques, la création d'une administration des postes et la création de la Société générale et du Crédit agricole
L'application du droit en Roumanie
1862-1866

Conscient de l'importance de la réforme agraire qui vient d'être adoptée et que son application ne sera pas des plus simples, le Prince et son gouvernement ont décidé qu'il était temps de raffermir l'application du droit en Roumanie. Ainsi, il a été décidé la création d'une commission gouvernementale composée de parlementaires de tous bords, membres de gouvernement, observateurs extérieurs et représentants des propriétaires et des locataires qui seront chargés de veiller à la bonne application de la réforme. Des agents du gouvernement seront envoyés sur les domaines pour également étudier les pistes éventuelles de réflexion ou d'amélioration sur la question agraire.

Egalement, des amendes sont prévues pour les propriétaires fonciers qui ne se plieraient pas à la loi, étant proportionnelles à son degré de non-exécution et augmentant graduellement avec le temps.

Aussi un traité de coopération universitaire a été signé avec le l'Empire français. Certains étudiants en droit roumains pourront bénéficier de programme d'échange universitaire avec des universités françaises et d'un programme de bourse attribué par une fondation détenue par l'Etat roumain et à laquelle le Prince Ghica est un important contributeur, tandis que des professeurs de droit français arriveront dans les universités roumaines pour dispenser leurs riches enseignements.
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Lun 14 Déc - 11:44
Principauté de Roumanie
Principatul României

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A LA PRINCIPAUTÉ DE SERBIE
1863

Il est proposé ce qui suit à la Principauté de Serbie :

I - La Principauté de Romanie abaisse ses droits de douane à 3% sur le cuivre serbe ;
II - La Principauté de Serbie abaisse ses droits de douane à 3 % sur les tournesols, pommes de terre, riz et chanvre roumains (dont la production serbe est largement résiduelle voire inexistante) ;
III - La Principauté de Serbie abaisse ses douanes à 10% sur le blé roumain ;
IV - Les I, II et III s'appliquent pour 7 ans renouvelables à compter de la signature dudit traité.

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Jeu 24 Déc - 20:33
Royaume de Roumanie
Regatul României

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TRIGGER WARNING:
La réforme économique
1862-1866

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L'Institut technique de Bucarest

[Ne pas oublier de prendre les mesures de Cuza conservées par le nouveau régime qui sont : celles tenant au développement industriel, économique et routier de la Roumanie d'entre 1857 et 1861, la compilation du droit en codes par soucis de simplification juridique, la création d'une administration fiscale unique et détachée de l'administration territoriale, l'égalité de tous devant l'impôt et l'uniformisation des règles fiscales, la mise en place d'un plan cadastral, l'instauration du centime additionnel, la rémunération des fonctionnaires et des mandataires politiques, la création d'une administration des postes et la création de la Société générale et du Crédit agricole.]

La réforme agraire intervenue au début de la décennie est représentatif d'un état de fait incontestable sur l'économie de la Principauté roumaine de la moitié du XIXe siècle : si elle est largement arriérée, elle jouit d'un potentiel conséquent qu'il convient de développer pour le pays puisse s'affirmer sur la scène européenne, ce qui est d'ailleurs le souhait du Prince Ghica et de son gouvernement, notamment le ministre des finances (ro. mare-vistiernic, fr. grand-argentier) et le ministre de l'Economie et du commerce (ro. mare-stolnic, fr. grand-sénéchal) et qu'ils mettent en œuvre par tous les moyens possibles.

Un des premiers points d'attaques concerne le sel, denrée indispensensable à la conservation des aliments et précieuse, ce qu'elle est devenue d'autant plus depuis le début du siècle avec son usage intensif dans la traite des cuirs et le développement de son utilisation dans l'entretien ménager, en plus d'avoir des vertus décisives dans les procédés industrielles. Par chance, la Principauté a sur son territoire parmi les plus grandes mines de sel d'Europe, ce qui atout à ne pas négliger et surtout à ne pas laisser à la convoitise des uns et des autres, parfois guidés uniquement par leur intérêt privé. C'est ainsi qu'il a été décidé d'instituer un monopole étatique sur la commercialisation du sel (et non sur sa production). Le prix du sel sera par la suite homogénéisé à travers tout le pays et maintenu à un niveau raisonnable, le sel ne devant être un objet de spéculation, pour qu'il puisse profiter au plus grand nombre. De plus, une taxe très légère sera appliqué sur ce produit (ce qui n'en fera pas flamber le prix étant donné la baisse de prix générale induite par la monopolisation étatique de sa commercialisation), ce qui a pour objectif de contribuer à accroître les revenus publics pour que l'Etat dispose de plus de capitaux pour qu'il puisse investir dans des domaines stratégiques.

Toujours dans cette perspective, un impôt sur le revenu, léger, proportionnel et applicable à toutes les personnes privées comme les personnes morales, a été établi. Cet impôt concernera donc tous les habitants de la Principauté, et pas uniquement les plus fortunés, pour la première fois de l'histoire du pays. Néanmoins, il est aussi prévu que les personnes soumises à cet impôt, car tirant leurs ressources financières de l'exploitation économique de la Principauté, mais qui cependant n'y résideraient pas (c'est à dire moins de six mois sur une année), verraient leur impôt sur le revenu légèrement réévalué à la hausse. Sont particulièrement visés les boyards les plus riches du pays qui résident à l'année à Paris, Nice, Londres, ou ailleurs, mais sûrement pas à Bucarest ou Iasi. Ainsi, leur train de vie dispendieux est assuré par l'exploitation économique des ressources du pays qui n'en voit les fruits par aucun moyen, ni par la consommation, et peu par l'imposition. Dans la même perspective, suivant le constat selon lequel la Roumanie ne manque pas, en soit, de capitaux, mais qu'ils simplement mal alloués car redirigés dans une très grande partie vers l'étranger, les grandes fortunes nationales seront incitées à investir dans l'économie roumaine, par le biais de dégrèvement fiscaux. Ainsi, toute personne justifiant d'un réel investissement dans l'économie nationale, c'est-à-dire, la création d'une société, la construction d'usines, la création d'emplois etc. pourra bénéficier d'une réduction de ses impôts, et en particulier de l'impôt sur le revenu, proportionnel à la teneur et au montant de son investissement. Sont particulièrement visés les bassins houillers de lignite en Olténie et dans la région de Ploiesti, dont l'exploitation est un prérequis nécessaire à l'établissement d'une économie industrielle locale (l'exportation de lignite n'est pas rentable).

Un autre angle d'attaque du gouvernement pour stimuler l'économie nationale est bien sûr l'encouragement du libre-échange tel que théorisé par Adam Smith et appliqué avec le plus grand des succès en Europe occidentale. Ainsi, pour favoriser cette doctrine ainsi que le principe élémentaire de liberté de commerce et de l'industrie, une loi est venue lever toutes les restrictions qu'il pouvait exister sur la pratique des métiers, que ce soit des restrictions liées au statut social, à l'origine ethnique, au revenu, au conditionnement de l'achat d'une charge ou de l'octroi d'une licence etc. Quelques exceptions demeurent néanmoins, comme dans le cas des notaires, pharmaciens, ou autres, mais elles ne constituent plus la règle et sont justifiées pour des questions d'intérêt général. Dans cette même idée, toutes les douanes intérieures, notamment celles qui pouvaient subsister entre la Valachie et la Moldavie, sont abolies et interdites formellement.

Afin d'étendre le réseau ferré roumain la Société Nationale des Chemins de Fer Roumains, créée par Cuza peu avant son abdication, ainsi que des sociétés ferroviaires privées et des entreprises françaises ont conclu un contrat pour la construction d'une ligne de chemin de fer liant Bucarest, Ploiesti et Sinaia et une autre liant Craiova à Drobeta-Turnu Severin. Le tout sera supervisé dans un montage financier monté par la banque Chrissoveloni, qui participera au financement et à la direction du projet. En effet, dans cette entreprise, cette banque Chrissoveloni implantée depuis une vingtaine d'années en Moldavie comme succursale de l'établissement principal de Constantinople est de plus en plus active dans l'économie roumaine, en participant toujours plus à la création, au financement et à la direction de grandes entreprises nationales. Elle est bien connue du Prince Ghica, qui en est l'un des actionnaires principaux et membre du conseil d'administration. L’Empire français assurera aussi 5% de la rente des investisseurs qui participeront à construction des lignes de chemin de fer. Un projet similaire a été conclu avec la Russie pour une ligne ferroviaire liant Iasi à Botosani.

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En bleu : les voies déjà construites
En vert : les voies en construction
En rouge : les voies en projet

Toujours pour stimuler le développement économique national, un décret princier a créé l'Institut technique général, situé à Bucarest. Cette école ouverte sur concours à tous les Roumains (sauf les Tsiganes) titulaires d'un diplôme de l'enseignement secondaire (c'est à dire le baccalauréat) qui verront leur formation financée. Cette formation couvrira les principes des plus élémentaires au plus techniques du développement économique, commercial et industriel, et notamment à ce titre des méthodes de reproduction industrielle des produits étrangers manufacturés importés, et aussi des techniques d'espionnage industriel, qui a fait ses preuves dans les développement industriel français et prussien qui les ont mis en œuvre au à l'encontre du Royaume-Uni. Ainsi, des étudiants seront envoyés en Europe occidentale sous une fausse identité, avec la charge de collecter des informations sur de basiques machines industrielles, notamment celles ayant très à la modernisation, à la simplification et à l'optimisation des techniques agricoles (type moissonneuse batteuse, engrais etc. = tous les intrants permettant d'accroître les rendements agraires et de rendre l'exploitation moins rude). Ils se feront passer pour des personnes intéressées pour investir, pour acheter etc. Aussi, cet institut aura la charge d'étudier les machines industrielles importées en Roumanie, dont le nombre s'est accru depuis 1856 grâce à l'entrée de produits manufacturés français et prussien favorisée par la baisse des droits de douanes au profit de ces deux pays. L'objectif de ce procédé utilisé depuis la nuit des temps est de pouvoir les reproduire à l'identique pour envisager une production et une commercialisation nationale. Ces traités sont désormais arrivés à leur terme et les droits de douane ont été ramenés à leur niveau normal constitutifs d'une politique douanière protectionniste.

C'est dans cet objectif de favoriser le développement économique et industriel national que la réforme agraire du 11 juin 1862 prend tout son sens. En effet, en plus de ne prescrire aucune expropriation, mesure violente et controversée, elle permet de favoriser l'industrialisation du pays en ce qu'elle permettra un redéploiement efficace de la main d'œuvre agricole vers l'industrie. Cette dernière n'étant pas propriétaire mais simplement locataire (et par conséquent pas soumis à l'impôt sur la propriété foncière), elle aura moins de mal à rompre ce contrat de location qu'à se débarrasser d'une terre de faible valeur acquise depuis peu dont l'achat aurait nécessité un endettement important et aurait produit une classe de classe de petits paysans pauvres pouvant parfois ne même pas manger à sa faim et prise en otage par leur terre, ce qui était d'ailleurs un argument du Ministre-Logothète Barbu Catargiu lors des débats parlementaires à propos de la loi agraire.

Néanmoins de nouveaux accords économiques ont été conclus avec des puissances étrangères, le tout dans l'intérêt économique, industriel et politique de la Roumanie. Ainsi, il a été conclu avec l'Empire français (1) un traité prévoyant que :
I - L'Empire français autorise les entreprises roumaines à produire sous licence des machines agricoles de brevets français (comprenant tout autre intrant, comme des engrais, permettant la modernisation de l'agriculture) ;
II - Les entreprises roumaines bénéficiant de ces octrois de licences verseront une rente proportionnelle à leurs bénéfices issus de ce traité aux entreprises françaises leur ayant octroyé leur licence ;
III - Les I et II s'appliquent pour 10 ans, renouvelables (à partir de la signature du traité en 1865).
Cet accord permettra à l'industrie roumaine embryonnaire de se développer en supprimant le couteux (tant en argent qu'en temps) stade de recherche et de développement, avec lequel les entreprises roumaines ne sont pas pour le moment familières, permettant ainsi un taux de production plus élevé. Cette production, de qualité, bénéficiera directement au marché national et les acheteurs roumains pourront par conséquent l'acquérir à moindre coût par l'élimination des frais de transport et l'absence de conversion monétaire. Le choix de la production des machines agricoles répond directement à un besoin des exploitants nationaux (la classe de propriétaires terriens), qui est de faire entrer l'agriculture roumaine dans l'époque moderne en, d'une part, réduisant la difficulté des travaux manuels et la main d'œuvre nécessaire, aux bénéfices tant de cette dernière que des propriétaires pour qui les coûts fixes se retrouveraient réduits, et d'autre part en augmentant la qualité et la quantité des rendements agricoles nationaux. L'agriculture est donc mise au service de l'industrie pour émuler ces deux secteurs conjointement, le premier profitant de ce que le deuxième a à lui apporter et ce dernier profitant de haute demande de ce dernier. Les fournisseurs roumains acquerront par ailleurs de l'expérience industrielle par la production de ces biens à faible technicité, dans l'objectif de poser les bases d'une économie moderne et industrielle.

De même et suivant les mêmes objectifs, il a été conclu avec l'Empire russe (2) ce qui suit :
I - Le Royaume de Roumanie s'engagent à abolir tous leurs droits de douane sur le fer russe ;
II - L'Empire russe autorise les entreprises roumaines à produire sous licence des machines-outils et des voies de chemin de fer de brevet russe ;
III - Les entreprises roumaines bénéficiant de ces octrois de licences verseront une rente proportionnelle à leurs bénéfices issus de ce traité aux entreprises russes leur ayant octroyé leur licence ;
IV -  Les I, II  et III s'appliquent pour 4 ans, renouvelables (à partir de la signature du traité en 1866).
Cet accord profite aux deux pays en ce qu'il permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais de fer nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car la Principauté roumaine ne dispose malheureusement pas de minerais de fer à exploiter et doivent par conséquent en importer. De plus, les avantages liés à la production sous licence évoqués plus haut s'appliquent pleinement au traité russo-roumain de 1866, et profitera aux industriels roumains comme au marché intérieur de la principauté en ce qu'elles disposeront d'une marchandise de qualité assurée et à un coût plus abordable que si elle était importée, tout en permettant le développement du réseau ferré national nécessaire à l'intensification des échanges économiques tant intérieurs que vers l'extérieur, et le développement de la production de machines-outils, utiles à tous les échelons d'une économie industrielle embryonnaire, notamment pour les catégories les plus modestes de la population libérées d'un épuisant voire dangereux et archaïque travail manuel.

Il a aussi été conclu le traité suivant avec le Royaume de Grèce (3) :
I - Le Royaume de Grèce s'engage à abolir tout ses droits de douane sur les céréales, légumes, fruits et bois roumains ;
II - La Principauté Roumanie s'engage à abolir tous leurs droits de douane sur l'achat de biens sur la construction navale grecque, ainsi que sur ses minerais, exception faite des charbons et leurs dérivés ;
III - Les I et II s'appliquent pour 7 ans, renouvelables (à partir de la signature du traité den 1863).
Cet accord a les mêmes avantages que les précédents et permettra aux professionnels roumains du transport maritime d'acquérir des navires à un prix plus abordable et palliera substantiellement à l'absence totale de cette industrie de la construction navale en Roumanie, conséquence de son accès très résiduel à la mer. Aussi, cet accord contribuera à  offrir de nouveaux débouchés à l'agriculture roumaine en répondant aux demandes des grands propriétaires terriens exploitants agricoles.

Aussi, un traité commercial a été signé avec la Principauté de Serbie (4), nation sœur tant par le fait qu'elle est voisine des pays roumains et de leur l'appartenance commune à l'espace géographique et culturel balkanique, que par leur histoire et leur destin commun au sein de l'Empire ottoman :
I - La Principauté de Roumanie abaisse leurs droits de douane à 3% sur le cuivre serbe ;
II - La Principauté de Serbie abaisse ses droits de douane à 3 % sur les tournesols, pommes de terre, riz et chanvre roumains (dont la production serbe est largement résiduelle voire inexistante) ;
III - La Principauté de Serbie abaisse ses douanes à 12,5% sur le blé roumain ;
IV - Les I, II et III s'appliquent pour 7 ans renouvelables à compter de la signature dudit traité.
Comme le précédent, ce traité permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais de cuivre, nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car la Principauté roumaine ne dispose malheureusement pas de minerais de cuivre à exploiter et doivent par conséquent en importer. Le choix de la Principauté de Serbie résulte de la richesse des mines de cuivre qu'elle abrite à l'est de son territoire, de leur proximité avec les pays roumains, abaissant les coûts de transport, et d'une volonté de rapprochement avec cette nation sœur contribuant à créer un marché intégré balkanique. Aussi, cet accord contribuera à  offrir de nouveaux débouchés à l'agriculture roumaine en répondant aux demandes des grands propriétaires terriens exploitants agricoles.
Le coup boyard et le complot contre l'Église orthodoxe
1864

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Le Palatul Domnesc, siège de tous les complots dans la Principauté

Au début de l'année 1857, dans le cadre de la réforme agraire, Alexandru Ioan Cuza signait la loi sur la sécularisation des domaines monastiques permettant ainsi d'exproprier la richissime Eglise orthodoxe, propriétaire du onzième des terres arables du pays, contrôlées par des « monastères dédiés » qui soutenaient les moines grecs et d'autres moines étrangers dans des sanctuaires tels que le mont Athos et Jérusalem. Ces domaines monastiques, corrompus jusqu'à l'os et qui avaient été principalement formés sous le règne des Phanariotes en Valachie et en Moldavie, souffraient d'une faible productivité et constituaient également une ponction substantielle sur les revenus de l'État. Cependant, la réforme agraire en général ayant provoqué un véritable tollé, Cuza fut chassé de ses trônes princiers, la réforme agraire fut stoppée net et un gouvernement conservateur de boyards fut installé, faute de prestigieux candidat occidental disponible pour accepter de ceindre la double couronne princière en tant que vassal du Sultan ottoman.

Néanmoins, les premiers à soutenir cette sécularisation des domaines monastiques furent bels et biens le clergé national, jaloux des privilèges accordés aux clergés étrangers et surtout les boyards, qui ne se mirent à la dénoncer seulement au moment où ils comprirent qu'ils n'en seraient en aucun cas les  bénéficiaires. En effet, depuis le traité d'Andrinople abolissant le contrôle ottoman sur le commerce des grains, les boyards lorgnent avec convoitise sur les riches terres de l'Eglise orthodoxe. Depuis l'abolition des privilèges fiscaux sous Cuza, confirmée sous Ghica, les monastères dédiées sont une source de revenus pour l'Etat, cependant, ils pourraient l'être encore plus. C'est pourquoi les boyards, désormais aux commandes, ont organisé un complot visant à s'accaparer les domaines de ces monastères dédiés. Les plus importants d'entre eux, réunis au Palatul Domnesc (fr. palais princier), se sont alors mis d'accord sur la répartition des terres cléricales qui seront "reprises" par l'Etat car la position officielle est que ces terres ont par le passé été prêtées aux monastères afin qu'ils accomplissent des mission d'intérêt général notamment dans les domaines éducatif et sanitaire, ce qui n'a jamais été le cas et qui justifie le retrait de ce droit. Les Ghica, Stirbey, Bibesco, Rosetti, Stourdza, Catargiu, Bratianu et d'autres, quelque soit leur orientation politique libérale ou conservatrice se taillent la part du lion, et cela permet de "compenser" les obligations auxquelles répondent les boyards depuis la "Réforme agraire" de 1862. C'est à se demander si le coup n'avait pas été prévu depuis plusieurs années, dès les négociations de la "Réforme agraire" de 1862...

Par une loi votée par le Parlement (nombre de parlementaires boyards en bénéficient) et signée par le Prince et le Ministre-Logothète, l'Etat a donc repris le contrôle sur ces terres et a procédé à leur revente ce qui permet aux caisses de l'Etat de s'enrichir de près de 40 millions de francs, fonds qui seront attribués au ministère de la Guerre de Gheorghe Manu, spatar et lui même partie et bénéficiaire du complot, étant descendant d'une grande famille de boyards moldo-valaque d'origine grecque.
La réforme militaire
1864

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Les prémices des forces armées nationales

[Ne pas oublier de prendre les posts et traités militaires de Cuza qui n'ont pas été supprimés et qui n'avaient d'ailleurs pas de raison de l'être.]

Une des raisons pour lesquelles le gouvernement souhaite engager la Principauté de Roumnie vers la voie de la modernité et d'accroître les capitaux étatiques disponibles est la volonté d'investir dans le développement de ses forces armées. En effet, la Roumanie est un jeune et petit pays, faiblement peuplé et cerclé par les plus grands empires du monde que sont la Turquie ottomane, la Russie, et l'Autriche qui n'ont pas hésité par le passé à faire usage de la force sur le territoire national et à en revendiquer certaines parts. Il est donc au bénéfice de l'intérêt national de procéder au développement de la naissante armée nationale, née quelques années plus tôt, sous la supervision du lieutenant-colonel Gheorghe Manu, spatar (fr. connétable, ministres des armées) et jeune officier brillant sortant des meilleures académies militaires prussiennes avant d'avoir à eu charge l'organisation de l'artillerie nationale.

Ainsi, la garde provinciale, instituée par Cuza en 1858 principalement pour assurer sa garde personnelle face à l'armée, source de méfiance selon lui car dirigée par des boyards, a été abolie, jugée coûteuse et inutile. En effet, le budget militaire roumain est limité et le Prince a eu à cœur de l'étendre pour pouvoir assurer la défense du territoire et des intérêts du pays. Aux 20,5 millions de francs ordinaires, 500 000 supplémentaires s'y ajouteront en vertu de subsides que l'Empereur des Français Napoléon III a eu l'extrême bonté d'accorder à ses frères latins. L'Empereur de Russie Alexandre II a également eu la grâce d'attribuer 500 000 francs du budget national pour contribuer au financement de l'armée roumaine. De même l'Empereur des Ottomans Abdulaziz a accepté, de baisser le tribut de moitié pendant 5 ans, ainsi il sera de 2 millions de piastres (500 000 francs) au lieu des 4 millions ordinaires (1 million de francs) sur la période allant de 1864 à 1869. Par la suite, de 1870 à 1880, soit pendant 10 ans, la Roumanie remboursera sa dette accumulée sur ces 5 ans en payant au sultan 1 million de piastres (250 000 francs) supplémentaires ce qui élèvera le tribut à 5 000 000 piastres (1 250 000 francs). Ainsi, le budget ordinaire de l'armée est porté à 22 millions de francs, auxquels il faut ajouter 36,5 millions de francs exceptionnels déblocables par le ministère de la Guerre en cas de besoin, issus pour 1,5 million de l'emprunt français réalisé par Cuza en 1857 quelques temps avant la fin de son règne, et originellement destinés à financer sa réforme agraire qui n'a jamais été appliquée, et pour 35 millions des recettes issues de la revente des domaines monastiques dédiés saisis par l'Etat en début d'année.

Ces 36,5 millions serviront par exemple dans un premier temps pour financer la conversion en fusils à tabatière (à culasse) des 80 000 fusils Minié produits dans la Manufacture d'armes de Bucarest depuis 1856 en vertu d'un accord passé avec l'Empire français, ce qui représente un coût total de 4 millions de francs, auxquels il faut ajouter les 2 millions d'équipement, soit 6 millions de francs pour 2 millions sur 3 ans. Ce budget extraordinaire servira aussi à acquérir pour 4 divisions de canons rayés de système LaHitte, de campagne et de montagne, achetés à la France pour 5,3 millions de francs, soit 200 canons, ce qui représentera un surcoût d'entretien de 500 000 francs par an (assurés sur le budget ordinaire).

Il a donc été décidé de réorganiser l'armée comme suit :
- 1 division d'active entraînant un coût ordinaire de 14 millions de francs [12 millions + 1 million fusils à culasse + 1 million artillerie rayée]
- 3 divisions de réserve entraînant un coût ordinaire de 24 millions de francs [3 x (6 millions + 1 million fusils à culasse + 1 million artillerie rayée]
Ces 4 divisions, réunies en un corps d'armée stationné à Bucarest et sous la direction du Général et Chef d'Etat-Major Ioan Emanoil Florescu.

Les coûts fixes s'élèvent donc à 38 millions de francs. Sur un budget ordinaire de 22 millions de francs cela représente un manque de 16 millions de francs et implique que 2 des 3 divisions de réserve fonctionneront à sous-régime. Cependant, en cas de besoin imminent, il sera possible d'avoir recours aux 25,2 millions de francs restant du budget exceptionnel après conversion des Minié et achat des LaHitte. Il sera donc possible de tenir à plein régime environ 1 an et demi en utilisant ces fonds. L'armée régulière comportera, comme aujourd'hui, environ 60 000 hommes, qui seront cependant déployés de façon différentes.

En plus, en vertu d'un traité conclu en 1864 avec le Royaume de Prusse, des officiers prussiens pour superviser la réforme militaire, en formant l'armée et chapeauter les entraînements. Un officier prussien de très haute renommée fera notamment l'honneur à la Roumanie de participer à la réorganisation de son armée, en la personne de l'ancien Chef d'Etat-Major Général des Forces armées du Royaume de Prusse, le comte Helmuth von Moltke, récemment admis à la retraite en Allemagne. Il sera reçu et traité avec tous les honneurs liés à son rang et au prestige qu'il a acquis personnellement en se distinguant de façon exceptionnelle sur le champ de bataille.

De même, la question de l'encadrement de cette armée naissante est décisive. L'État-Major sera constitué d'un corps d'officiers ayant accédé à leur position par concours ou par le mérite personnel acquis sur le terrain. Cela s'accompagne donc de la création de l'Académie d'administration militaire, chargée de la formation des fonctionnaires de l'armée nationale et particulièrement de ses officiers qui bénéficieront de la mission française déployée afin de couvrir la création de l'armée roumaine dont les intervenants dispenseront des cours d'art militaire dans cette grande école nationale.

Dans les faits, il est évident que dans les premiers temps de leur existence, les concours, bien que théoriquement ouverts à tous (sauf aux Tsiganes, aux Juifs et aux étrangers), accueilleront en écrasante majorité les enfants des citoyens les plus favorisés. Cependant, la méritocratie demeure la règle, il n'est plus possible d'acheter une charge, qu'elle soit civile ou militaire, comme ce fut le cas aux heures les plus sombres du règne des Phanariotes. Aussi, l'objectif visé est toujours de faire en sorte que ces concours soient ouverts au plus grand nombre, l'accès à l'éducation et à la formation devant se démocratiser aux yeux du gouvernement dans un soucis d'émulation des meilleures forces de la Nation dans son intérêt général et dans celui du Peuple roumain dans son entièreté.
La réforme administrative
1862-1866

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Les 33 judete du pays

Le domnitor Alexandru Ioan Cuza tenta en son temps, d'installer une administration efficace et unifiée à la principauté roumaine. Cependant, la breveté de son règne, les circonstances brutales de son départ du pays, et l'abrogation pure et simple de sa constitution ne contribua pas à l'application pleine et directe de son initiative, autant louable que nécessaire, ce qui fait que la Roumanie de 1862 est essentiellement administrée de la même manière qu'avant la Guerre de Crimée, si on exclue ce paramètre nouveau qu'est la double élection princière, rendue automatique depuis l'élection de Dimitrie I Ghica XI par la réunion systématique et à toute occasion des parlements valaque et moldave. Si ces deux sont théoriquement et sur le papier séparés, dans les faits, ils siègent ensemble sans grande distinction comme n'importe quel parlement national, excepté le fait que les membres (ro. sfetnic adunării, fr. conseiller de l'Assemblée) de l' « Adunarea națională » valaques s'assoient à gauche du président (ro. prim sfetnic adunării, fr. premier conseiller de l'Assemblée) quand les membres moldaves s'assoient à sa droite.

C'est la raison pour laquelle le Domnitor (terme d'origine latine préféré à celui de hospodar, d'origine slave) et son conseil des ministres (ro. consiliul de miniștri), avec le soutien de l'Assemblée nationale ont décidé de procéder à une véritable et définitive unification administrative de la principauté roumaine. Le pays est divisé en 33 comtés (ro. judete) : 17 en Valachie et 16 en Moldavie qui seront eux-mêmes divisés en communes. Il y a donc deux niveaux subdivisions administratives dans la Principauté danubienne, l'influence française du département étant forte la réforme territoriale. Chacun de ces 33 judete sera dirigé par un jude, nommé par décret princier contresigné par le « Ministre-logothète » (ro. ministrul-logofat, le chef du gouvernement) et équivalent local du préfet français, doté d'attributions similaires. Néanmoins, l'autorisation faite par Cuza pour les judete de lever des impôts locaux est maintenant proscrite, cela étant considéré comme un important facteur de corruption par le pouvoir central qui ne souhaite pas lui voir lui échapper certaines portions de son territoire où des judi se comporteraient en petits pachas locaux. D'ailleurs, toujours dans cette optique de limiter la corruption les judi sont nommés pour 4 ans dans que judet (sing. de judete) et ils ne pourront ni être nommés dans leur judet de naissance, ni renommés dans un même judet où ils avaient occupé la fonction précédemment.

De même, l'échelon communal bénéficie d'une attention toute particulière de la part des pouvoirs publics. En effet, il est incontestable que les villes sont un facteur important de développement économique, et c'est à ce titre qu'elles doivent être choyées par le pouvoir en place. Ainsi, par décret princier contresigné par le Ministre-logothète, une commune d'une certaine ampleur pourra se voir attribuer le rang de ville (ro. orașe) ce qui lui confèrera un plus haut niveau d'autonomie et de participation citoyenne dans les affaires municipales, avec également des pouvoirs de police plus importants pour le maire (ro. prim-vornic, fr. premier-intendant) que pour une simple commune, par délégation des pouvoirs de police du jude local. Ainsi, le conseil municipal (ro. sfat orășenesc) disposera de plus importantes compétences dans la régulation des activités économiques, pour favoriser la liberté du commerce et de l'industrie et l'optimiser au regard du territoire sous sa juridiction. Six communes ont pour l'instant bénéficié de ce décret princier : évidemment Bucarest et Iasi mais aussi Craiova, Galati, Ploiesti et Braila. Néanmoins, ce statut avantageux de ville créé sur mesure pour favoriser le développement économique et industriel s'accompagne d'une obligation allant de pair avec cet objectif et qui est celle de mettre en œuvre des politiques de santé publique. En effet, la délégation des pouvoirs de police aux conseils municipaux de ces villes implique le fait qu'elles sont désormais responsables de la tranquillité et de la sécurité publique, mais aussi et surtout de l'hygiène publique, particulièrement importante et préoccupante dans les milieux urbains, notamment du fait de la prolifération des épidémies de cholera. Ainsi, sur le modèle de ce qui a été réalisé à Paris sous l'auspice du préfet de la Seine Georges Eugène Haussmann et de l'Empereur Napoléon III, chaque ville détiendra un Bureau de santé publique, incluant responsables politiques et médecins, chargé de la politique hygiénique municipale par l'étude de la situation sanitaire, l'inspection du respect des normes hygiéniques, de la bonne allocation des fonds dans cette perspective et la proposition de mesures de politique de santé publique. Les villes seront tenues de s'assurer de l'évacuation des eaux usées par la mise en place d'un réseau souterrain d'égouts, de la mise en place de campagnes de vaccination, de la propreté de l'espace public, de fournir aux plus pauvres un accès minimal aux soins médicaux, de construire au moins un sanitaire par immeuble et un centre de santé pour 2000 habitants. Cela sera financé par la mise en place d'impôts locaux et les cotisations directes des usagers, mais aussi par l'octroi de subventions étatiques par le ministre de l'Intérieur qui est chargé de coordonner les politiques de santé publique à l'échelon national.

Ainsi, cette réforme administrative s'accompagne d'une redéfinition du corps des fonctionnaires, véritables serviteurs de l'Etat, sur lequel le Prince s'appuie pour gouverner et appliquer efficacement les réformes promues par lui, son gouvernement et l'Assemblée nationale. Ils ont une importance toute particulière dans le nouveau régime et marquent la reprise en main par l'Etat de certains domaines dans une perspective nationale. Par exemple, toute police privée est proscrite sur le territoire de la principauté, les boyards perdent leur pouvoir de police au profit de l'Etat qui détient désormais le monopole de la violence légitime et légale. De plus, si ces fonctionnaires sont décisifs dans l'application des réformes, ils peuvent tout aussi être néfastes s'ils y sont globalement opposés, détenir leur soutien est donc d'une importance capitale. C'est la raison pour laquelle ils seront payés gracieusement par l'Etat, ce qui aura également pour conséquence de limiter la corruption qui gangrène culturellement le pays. Ils bénéficieront également d'autres avantages, comme celui d'un salaire régulier à vie, rendant la profession d'autant plus attrayante. L'accès à la fonction se fera sur la base de la méritocratie, ouvert sur concours administratif à tout titulaire d'un diplôme de l'enseignement secondaire (le baccalauréat, ro. bacalaureat) ou d'un diplôme d'université ou de grande école, selon la profession en cause, même s'il est évident que dans les premiers temps de leur existence, les concours, bien que théoriquement ouverts à tous (sauf aux Tsiganes, aux Juifs et aux étrangers), accueilleront en écrasante majorité les enfants des citoyens les plus favorisés, même si l'objectif demeure leur démocratisation dans l'ensemble de la société.

Pour former ces fonctionnaires, et notamment les plus importants, comme les cluceri (fr. ambassadeurs), les vistiernici (fr. collecteurs d'impôts) les judi évoqués plus haut etc., une grande école, l'École d'Administration générale, sera ouverte à Bucarest, en même temps que l'Université de Bucarest, établissement de l'enseignement supérieur classique.

Aussi, avec le nombre important de réformes lancé par Dimitri I Ghica XI et son conseil des ministres, la nécessité d'un bureau chargé d'assister et de conseiller le Prince en dehors de toute considération politicienne s'est fait ressentir. Sur le modèle du Conseil d'Etat français, a donc été créé le Sfat domnesc, littéralement le Conseil princier et autrefois le nom réservé à l'assemblée de boyards qui régnait avec le Hospodar dans chaque principauté. Présidé par le Prince, ce conseil princier aura notamment la charge de rédiger les lois et les réformes projetées qui seront soumises à l'Assemblée nationale, en plus de la traditionnelle fonction de conseil et d'assistance du souverain.

Ainsi, l'administration de la Principauté de Roumanie oscille entre modernité, dans un soucis d'efficacité et d'optimisation, et tradition, ce qui se ressent notamment par la résurrection sémantique des offices historiques des Principautés, comme celui de Ministre-logothète, remplaçant la terminologie anglo-saxonne de Premier-ministre (cela étant un exemple parmi tant d'autres). Bien évidemment, ces offices ne sont désormais plus des décorations accordées contre de l'argent, mais ils contribuent au mouvement national roumain et à sa renaissance culturelle, rappelant que la Roumanie sont un carrefour des civilisations latines, slaves , grecques, phanariotes, daces, turques, ottomanes, chrétiennes, orthodoxes etc. Cela contribue à entretenir le mystère et le charme oriental de cette principauté méconnue, au lieu d'être dirigées par un étranger, dans une langue et selon des règles étrangères. Ainsi, la modernisation des structures sociales et économiques roumaines reposent sur deux plans. D'un côté l'occidentalisation, inspirée notamment du modèle français à travers les idéaux révolutionnaires né de l'esprit des Lumières qui ont contribué à façonner la conscience nationale roumaine et à conduire à son unification. De l'autre côté la Renaissance culturelle roumaine par l'exploitation des acquis historiques séculaires et le respect de la tradition ancestrale et des diverses influences civilisationnelles qui ont écrit l'Histoire du peuple roumain, ce qui se traduit dans la sémantique administrative par exemple. L'occidentalisation est limitée sur ce plan du fait de la continuité entre l'ordre ancien et l'ordre contemporain par le maintien à la tête du pays des élites traditionnelles.
La réforme orthographique
1862

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L'alphabet latin roumain codifié pour la première fois

Au XVIIIe siècle, les lettrés roumains de Transylvanie groupés dans le mouvement culturel de l’École transylvaine influencée par les Lumières françaises, insistent sur l’origine latine du roumain et préconisent le passage de l'alphabet cyrillique qui s'était imposé grâce à l'Eglise orthodoxe à un alphabet latin adapté à la langue roumaine. Entre 1797 et 1828, l’écriture cyrillique est plusieurs fois simplifiée. À la suggestion de Ion Heliade Rădulescu, intellectuel de Valachie, entre 1830 et 1860 on utilise un alphabet appelé de transition, formé de lettres cyrilliques et latines. En 1862, l'alphabet latin est définitivement adopté et imposé, sauf pour l'Eglise orthodoxe, dans son approche étymologique, c'est à dire suivant l'origine le plus souvent latine des mots, plutôt que phonétique.
L'Orient des Phanariotes - Réaction à l'élection au trône de Grèce
1862-1866

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Ioan Alexandru Cantacuzino

C'est avec autant de surprise que d'optimisme que le Domnitor Dimitrie I Ghica IX et son conseil des ministres ont appris l'élection de Ioan Alexandru Cantacuzino à la tête du jeune état voisin de Grèce. Celui qui se fait appeler « Zizin » dans le milieu restreint de l'aristocratie roumaine dont il est l'un des plus éminents membres, un bucarestois on ne peut plus de souche, est en effet bien connu des Roumains pour avoir été leur ministre quelques années auparavant, une trahison diront les mauvaises langues... Après avoir servi avec une ferveur et détermination sans faille son peuple roumain, le voilà désormais parti vers de nouvelles aventures qui, espérons-le, seront bien plus fructueuses. Qui aurait cru que ce banal sujet du Prince se verrait un jour ceindre une couronne non pas princière ni doublement princière, mais bel est bien royale, titre bien inhabituel voire même présomptueux, surtout s'il est héréditaire, pour un phanariote.

En effet, quelle aubaine d'avoir un cousin phanariote* à la tête d'un état voisin et sympathique, qu'importe sa petite taille et sa faible population. En effet, le Prince Ghica est véritablement enchanté par cette surprenante nouvelle, d'autant plus que Ioan Alexandru Cantacuzino était pressenti pour devenir le prochain mare-vistiernic (ministres des Finances) au sein du gouvernement de son pays. En effet, les deux hommes voient le monde de la même manière, ayant grandi dans le même milieu des boyards moldo-valaques, ayant été élevé dans la même culture nationale roumaine et ayant été éduqués dans les mêmes universités occidentales. Cela ne peut qu'augurer une faste période de rapprochement et de coopération fructueuse entre les deux pays. Afin de sceller le début de cette nouvelle ère et de féliciter son homologue de son élection, le Prince Ghica lui a fait parvenir, pour orner la future capitale hellénique, une statue en marbre de son illustre parent, Dimitrie Cantacuzino, prince de Moldavie à la fin du XVIIe siècle, ayant une place bien particulière dans le cœur du peuple roumain, et qui reste tout de même l'un des plus éminents membres de la maison Cantacuzino, dont, rappelons-le, la filiation avec les Kantakuzinoi de la Byzance impériale n'est pas établie. Aussi, le prince Dimitrie se félicite que l'Orient chrétien s'affirme culturellement en désignant des gouvernants nationaux, au lieu d'insipides allemands mal dégrossis en quête de célébrité comme cela fut pressenti dans les Principautés et appliqué sans grands résultats en Grèce.

*bien que les Ghica ne sont pas véritablement des Phanariotes, mais des Aroumains ou des Albanais hellénisés à Constantinople puis roumanisés au XVIIIe siècle avant de devenir les leaders du mouvement national roumain face aux Phanariotes.

Si Dimitrie I Ghica XI fait mine d'être ravi par l'élection de son cousin plus ou moins éloigné sur le trône hellénique, en coulisse, il fulmine, on ne peut plus blessé dans son orgueil et véritablement outré qu'un de ses sujets se soit permis d'accepter une position dans une cour étrangère sans l'avoir mis au courant, alors que l'usage aurait voulu qu'il lui soit demandé la permission, qu'il aurait accordé de toute façon. De plus, ce n'est pas n'importe quelle position dont il est question, mais bel et bien un trône, qui plus est royal. Dimitrie I Ghica XI, "seulement" prince, y voit là une provocation et une humiliation publiques, qu'un de ses sujets ait obtenu un rang protocolaire supérieur au sien, ce qui n'est pas sans raviver les flammes des rivalités dynastiques particulièrement anciennes et tenaces entre les Ghica et les Cantacuzino, concomitantes aux tensions historiques opposant l'aristocratie nationale moldo-valaque, représentée par le Prince Ghica, et les Phanariotes Grecs dont le règne est si mal perçu dans l'historiographie nationale que le terme de "fanariot" est entré dans l'usage courant pour désigner un homme corrompu, vénal et malhonnête. En effet l'origine grecque des Phanariotes a pu provoquer quelques ressentiments contre le jeune royaume hellénique, au même titre que la brouille mortelle entre les héros nationaux des deux pays, Tudor Vladimirescu et Alexandre Ypsilántis. C'est la raison pour laquelle le Domnitor a sollicité une faveur du Sultan. En effet, ne pouvant supporter cette situation, il lui a demandé le relèvement de le principauté de Roumanie en royaume, et par conséquent la révision de la position de Prince en Souverain royal (Domnitor regal) de Valachie et de Moldavie, sans que cela ne change la suzeraineté nominale ottomane sur le désormais royaume danubien. Un accord a finalement été trouvé après des négociations menées par l'intermédiaire de Alexandru Papadopol-Callimachi, mare dragoman, position créée en 1863 pour représenter la Principauté à la Sublime Porte et agir comme un ambassadeur (clucer) tenant compte des liens particuliers unissant Bucarest et Constantinople. Ainsi, le 18 novembre 1856, pour célébrer les dix ans de la signature de la Convention de Paris ayant donné à la Valachie et à la Moldavie leur système de gouvernement actuel, a été organisé au Palais de Dolmabahçe de Constantinople, un bal conviant l'ensemble des signataires de ladite convention, c'est à dire la France, l'Autriche, la Prusse, le Royaume-Uni, la Confédération italienne (en qualité de successeur du Piémont-Sardaigne), sans évidemment oublier l'Empereur des Ottomans et les plus éminents des boyards moldo-valaques dont le souverain royali de Valachie et de Moldavie lui-même. En effet, ce bal venait célébrer l'émission d'un firman par le Sultan de la Sublime-Porte, quelques heures auparavant, dans lequel Sa Majesté Abdulaziz a élevé la Principauté au rang de Royaume ce qui a pour effet de conférer à leur dirigeant, Dimitrie I Ghica XI, la qualité de souverain royal. Par ce firman, le Sultan montre son attachement au royaume danubien et sa satisfaction quant au régime mis en place, et par son déplacement à Constantinople, Dimitrie fait de même. Sa volonté de normaliser ses relations avec la Sublime-Porte après les épisodes malheureux de la guerre de Crimée et de l'occupation russe puis des provocations successives du régime de Cuza s'inscrit dans une dynamique présente depuis les premiers jours de son règne visant à rétablir la confiance avec les communautés musulmanes du Sud notamment dans un but économique pour favoriser le commerce mis à mal ces dernières années. L'événement a également été l'occasion de remettre au Prince Ghica la plus haute distinction honorifique de l'Empire ottoman, à savoir l'insigne première classe avec diamants de l'ordre de l'Osmaniye.

Enfin, dernier point abordé au cours de cette visite officielle à Constantinople : la signature de traités commerciaux. A l'issue de plusieurs jours de négociations, il a été convenu ce qu'il suit avec l'Empire ottoman (5) :

La Société TransBalkanique d'Exploitation Minière (STBEM) sera créée. Le capital est de 2,5 millions de francs, elle sera divisée en 10 000 actions. 33% sera détenu par l'Etat roumain (= l'Etat investira 830 000 francs), 15% par le Prince Ghica, 27 % par des investisseurs privés et 25% par la banque Chrissoveloni, première banque d'investissement du pays qui participera à la création, au financement et à la direction de l'entreprise. Cette entreprise bénéficiera d'un droit exclusif sur l'exploitation de nouvelles mines en Turquie européenne, soit les Balkans, notamment en ce qui concerne l'étain, l'or, le cuivre, le fer, l'argent, l'aluminium et le plomb dont la région est riche. Pendant 1 an, la STBEM ne paiera pas d'impôts pour favoriser son installation et sa dure phase de prospection, de récupération de mine abandonné et de recrutement de personnel. La deuxième année, elle en paiera 25%, la troisième, 50 %, et enfin la quatrième et les suivantes, la totalité. De plus , le Royaume de Roumanie suppriment toutes leurs taxes douanières sur les produits issus de l'extraction minière turque issu de cette société, sauf en ce qui concerne l'extraction des charbons.

Cet accord majeur acte la création d'un important partenariat économique entre les deux pays. Il profite aux deux pays en ce qu'il permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car le Royaume roumain ne dispose malheureusement pas de minerais à exploiter et doivent par conséquent en importer. Les Turcs, eux, verront leur production minière s'intensifier décisivement ce qui permettra commencer à répondre à sa demande intérieure (et d'exporter en Roumanie). En investissant en Turquie, le contour des nouvelles relations roumano-turques se dessinent : d'un lien de vassalité, on se dirige vers un accord de soutien mutuel où chacune des parties apporte à l'autre ce qu'elle n'a pas, notamment sur le plan économique. De même la banque Chrissoveloni, avec sa connexion au milieu phanariote, grec, constantinopolitain et roumain pourra opérer sur l'ensemble de la péninsule balkanique avec le soutien des autorités roumaines et est donc destinée, compte tenu de sa configuration cosmopolite, à devenir une banque d'investissement internationale sur le modèle de leurs confrères de chez Rothschild. Dans cette perspective d'étendre le rôle des institutions bancaires, les anciens arendași auront un rôle décisif. Depuis que ce métier a été clairement redéfini et vidé de sa substance par la loi agraire du 11 juin 1862, ces individus, souvent Juifs et à la tête de grandes fortunes, doivent trouver un nouveau moyen de faire prospérer leur patrimoine. Ils se réorienteront donc tout naturellement vers l'activité bancaire d'investissement, sur le modèle de l'entreprise bancaire montée par Adolf de Herz dans la même situation, sans même que des mesures incitatives soient à prendre, étant donné qu'ils connaissent bien le métier pour avoir souvent cumuler leur activité de gestion avec celle d'usurier (cumul aujourd'hui proscrit par la loi) et ce qui contribuera à faire de Bucarest une plateforme financière majeure en Europe orientale.

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Le souverain royal et prince Dimitrie I Ghica XI
L'européanisation de l'aristocratie roumaine
1862-1866

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George Barbu Stirbei avec les plus hauts représentants de l'aristocratie française

Conscient de la nécessité de donner à son pays la stature internationale qu'il aurait pu avoir en ayant à sa tête un prince étranger, Ghica a décidé d'entamer une politique matrimoniale avec les nobles maisons d'Europe occidentale. Jusqu'à lors basée sur une forte endogamie, Ghica souhaite ouvrir la très riche aristocratie roumaine sur l'Occident ce qui aurait pour double intérêt de faire connaître sa principauté à l'international et de resserrer les échanges avec les puissances d'Europe occidentale, amenant en Roumanie des idées modernes.

Ainsi ce mouvement se retrouve dans l'union de plusieurs représentants de la noblesse roumaine avec des membres de la noblesse franco-italienne, comme le montre le mariage de Constanța et Pulcheria Bibescu avec Gioacchino et Achille Rasponi-Murat, de Pantazi Ghica avec Camille Pauline Marie Guyet de Fernex, de Ulick François Joseph Philippe de Ganay ou de Lucia Ruxandra Ghica avec Jean-Baptiste de l'Aubespine-Sully, sans être exhaustif.

Cependant, si ces familles sont prestigieuses, elles n'ont pas réellement d'influence politique. Pour que sa politique matrimoniale soit efficace, le Prince Ghica a décidé de mettre à profit l'immense richesse de sa famille pour conclure des unions avec des familles régnantes allemandes issues de petits états membres de la Confédération germanique, puissantes mais souvent en manque de fonds, ce qui contribuera d'insérer la noblesse roumaine dans le circuit des grandes familles régnantes européennes. Ainsi, par l'intermédiaire des cluceri (fr. ambassadeur) et du postelnic (fr. ministre des affaires étrangères), va pouvoir se réaliser l'union des deux filles du Prince, Iza (18 ans) et Maria (16 ans) avec des représentants de l'aristocratie européenne, en mesure d'apporter en Roumanie des arts, des idées, des savoirs et un prestige typiquement occidental pour contribuer à sortir la Roumanie, enclavée entre trois empires réactionnaires, de son isolement.

Ce mouvement s'accompagne d'une réforme de la noblesse roumaine, principalement non-titrées, pour l'adapter aux standards occidentaux, et notamment allemand, dont est issue la nouvelle terminologie nobiliaire roumaine en raison du prestige de ses membres :

1 - Au sommet se trouve le Souverain royal, (Domnitor regal), jouissant du prédicat d'Altesse Royale. Ce titre n'est que personnel et strictement intransmissible, la monarchie étant élective. Il ne peut pas non plus être décliné au féminin pour l'épouse du Souverain royal. Informellement et traditionnellement, ses fils sont les Beizadele (sing. Beizadea), mot issu du turc et d'origine persane signifiant fils du bey, titre porté anciennement par le Prince Ghica en tant que fils de Grigore IV, souverain de Valachie..

2 - Les descendants en ligne légitime, directe et exclusivement masculine des princes ayant régné sur les principautés, ainsi que le Souverain royal lui-même et ses successeurs, bénéficient eux du titre de prince+nom (Fîrst / Fîrstesă) avec le prédicat d'Altesse sérénissime. Ce titre est transmissible au plus proche héritier mâle en priorité (il peut être hérité par la plus proche héritière féminine seulement s'il n'y a plus aucun homme dans la famille). L'épouse du Prince partage le titre de son mari (au contraire de l'époux de la princesse qui n'a que le Prédicat d'Altesse sérénissime) et leurs enfants reçoivent le prédicat d'Excellence. Ce titre peut se cumuler avec celui de Souverain royal. Ce titre n'est pas exclusivement transmissible au premier né de la famille mais à tous les héritiers mâles et légitimes. Il conviendra donc de distinguer, par exemple par l'ajout d'une localité par une branche cadette, les différentes branches si une pluralité de titres identiques venaient à se créer.

3 - Les descendants en ligne légitime, directe et exclusivement masculine des titulaires des anciens offices des Principautés et qui ne rentrent pas dans la catégorie précédente reçoivent eux le titre de duc+nom (Herţog / Herţogesă) avec le prédicat de Très Excellent. Ce titre est transmissible au plus proche héritier mâle en priorité (il peut être hérité par la plus proche héritière féminine seulement s'il n'y a plus aucun homme dans la famille). L'épouse du comte partage le titre de son mari (au contraire de l'époux de la comtesse qui n'a que le Prédicat de Très Excellente) et leurs enfants reçoivent le prédicat de Très Illustre. Ce titre peut se cumuler avec celui de Souverain royal mais pas avec celui de Prince ni de comte (le duc qui devient souverain royal devient automatiquement prince). Ce titre n'est pas exclusivement transmissible au premier né de la famille mais à tous les héritiers mâles et légitimes. Il conviendra donc de distinguer, par exemple par l'ajout d'une localité par une branche cadette, les différentes branches si une pluralité de titres identiques venaient à se créer.


4 - Les descendants en ligne légitime, directe et exclusivement masculine des membres attestés du sfat domnesc (le conseil princier réunissant les boyards, organe primitivement législatif en Valachie et en Moldavie depuis le XIVe siècle) et qui ne rentrent pas dans les catégories précédentes reçoivent eux le titre de comte+nom (Graf / Grafesă) avec le prédicat d'Excellence. Ce titre est transmissible au plus proche héritier mâle en priorité (il peut être hérité par la plus proche héritière féminine seulement s'il n'y a plus aucun homme dans la famille). L'épouse du comte partage le titre de son mari (au contraire de l'époux de la comtesse qui n'a que le Prédicat d'Excellence) et leurs enfants reçoivent le prédicat d'Illustre. Ce titre peut se cumuler avec celui de Souverain royal mais pas avec celui de Prince (le comte qui devient souverain royal devient automatiquement prince). Le comte ne peut pas non plus devenir duc car il concerne les anciens offices ancestraux des Principautés qui sont aujourd'hui abolis. Ce titre n'est pas exclusivement transmissible au premier né de la famille mais à tous les héritiers mâles et légitimes. Il conviendra donc de distinguer, par exemple par l'ajout d'une localité par une branche cadette, les différentes branches si une pluralité de titres identiques venaient à se créer.


5 - En dernier lieu, il existe le titre de baron+nom (Baron / Baroneasă) qui peut être acheté à l'Etat roumain contre la somme très élevée de 150 000 francs par les individus roumains non-titrés ou des étrangers. Les barons jouissent du prédicat de Très Honorable et ce titre est transmissible au plus proche héritier mâle en priorité (il peut être hérité par la plus proche héritière féminine seulement s'il n'y a plus aucun homme dans la famille). L'épouse du baron partage le titre de son mari (au contraire de l'époux de la baronne qui n'a que le Prédicat de Très Honorable) et leurs enfants reçoivent le prédicat d'Honorable. Ce titre peut se cumuler avec celui de Souverain royal mais pas avec ceux de comte, duc et prince, même si le baron élu Souverain royal perd son titre au profit de celui de prince. Ce titre n'est pas exclusivement transmissible au premier né de la famille mais à tous les héritiers mâles et légitimes. Il conviendra donc de distinguer, par exemple par l'ajout d'une localité par une branche cadette, les différentes branches si une pluralité de titres identiques venaient à se créer.

L'objet de cette réforme est de mettre les aristocrates roumains au rang de leurs homologues occidentaux, ce qui contribuera à favoriser les unions et rapprochements entre les deux groupes en créant une grille de lecture lisible et reconnaissable du point de vue de l'Occident. Il convient aussi de rappeler que la noblesse n'apporte aucun privilège dans l'ordre juridique roumain, si ce n'est une forme d'adresse officielle différente. Ensuite la noblesse ne peut pas être octroyée (ou retirée) par le Souverain royal, mais seulement par le Parlement à titre personnel et exceptionnel, à titre viager ou héréditaire. La présente réforme a d'ailleurs été adoptée par la Loi et elle n'est pas considérée comme un anoblissement, mais comme une simple régularisation de la situation car elle concerne des sujets déjà nobles. Enfin le titre de baron, réservé à l'élite de l'élite économique du pays, permettra de contribuer au budget de l'Etat. De plus, il pourra aussi bénéficier aux branches non-légitimes de familles princières, ducales ou comtales ainsi qu'aux étrangers, notamment les membres de grandes familles régnantes souhaitant titrer leurs branches morganatiques.
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Le Danube, ce beau fleuve qui a inspiré quelques compositeurs mais dont tout le monde se moque à part les autistes comptables
1866-1871

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L’Hôtel d’administration de la Commission Européenne du Danube

En  août 1866, la délégation diplomatique roumaine a fait forte impression sur la scène diplomatique européenne en reprenant la thématique du Danube, oubliée et mise à l'écart depuis la fin de la Guerre d'Orient. Selon ces termes :
"Le Royaume de Roumanie, ayant sur ses terres, dans la ville de Galați, le siège de la Commission du Danube, alerte les membres de ladite Commission, sur la situation à laquelle est confrontée la partie haute du Danube, de son embouchure dans la mer noire jusqu'aux Portes de Fer.
En effet, la partie haute du Danube nécessite la réalisation d'investissements qui contribueraient à optimiser le potentiel commercial danubien. Les Portes de Fer, dans leurs parties inférieures, constituent un défilé étroit rendant difficile la navigation, et nécessite à ce titre des travaux d'aménagement par l'élargissement du défilé et l'enlèvement des roches.
Aussi, certains ports situés dans cette partie haute du Danube souffrent d'un manque d'aménagements ce qui appelle à la réalisation de travaux d'infrastructures portuaires. Cette situation nuit au commerce sur l'ensemble du fleuve et constitue une atteinte au principe de libre navigation établi par le Traité de Paris de 1863. Serait ainsi bénéfique la création d'un fonds d'investissement commun entre les membres de la Commission afin d'augmenter les capacités de stockage et l'efficacité des infrastructures portuaires haut-danubiennes.
La contrebande présente sur 'île d'Ada Kaleh, sous souveraineté ottomane et située proche des Portes de Fer, constitue tout autant une atteinte au principe de libre navigation à laquelle il convient de mettre fin. Les côtes les plus proches de cette île étant sous la souveraineté roumaine, le gouvernement roumain propose à l'Empire ottoman de se voir déléguer les pouvoirs de police nécessaires à la résolution de cette situation.
L'ensemble des efforts précités pourraient être financés par la construction d'un péage au niveau des Portes de Fer, appartenant pour moite à ladite Commission et au Royaume de Roumanie pour l'autre.
Enfin, la Roumanie, forte de son expertise particulière concernant la situation commerciale du Haut-Danube, demande à rejoindre la commission en tant que membre."
Cette intervention a fait la presque unanimité au sein de la Commission, et tous ses points ont été admis, à l'exception de celui concernant la situation de brigandage à laquelle est confrontée l'île turque d'Ada Kaleh, refusée clairement et nettement par la délégation ottomane. Néanmoins, les états membres ne se montrent pas particulièrement favorables au financement des ces projets pourtant essentiels, en particulier me Royaume de Prusse, durement touché économiquement par son écrasante défaite contre les Autrichiens et par l'effondrement de la Bourse de Berlin qui s'en est suivie. Ainsi, un péage sera installé au niveau des Gorges de Fer selon les termes proposés par la délégation roumaine, qui devient au passage un membre officiel de ladite commission ce qui contribue à inscrire la Roumanie dans l'ordre des nations européennes, pour financer ces travaux d'élargissement des Gorges et d'amélioration des infrastructures portuaires et le tout contribuera à renforcer la politique économique et commerciale du jeune royaume roumain.

Outre l'amélioration de la navigabilité du Danube au niveau des Gorges de Fer, à la frontière serbe, la Commission aura la charge, entre autres, de moderniser les ports de Drobeta-Turnu Severin, Braila, Galatz, Izmail et Sulina, en ce qui concerne la partie roumaine, mais la réalisation majeure de la décennie concerne la réalisation d'un canal sur le bras de Sulina, principale artère choisie par la Commission comme débouché sur la Mer noire. Mal entretenu, la première phase des travaux consistera à la suppression à l'aide d'explosifs des épaves abandonnées le long du bras pour ensuite y construire un chemin de halage balisé et ponctué de ponts et de passerelles. La seconde phase des travaux consistera à la construction du canal proprement dit. Rectiligne, le bras sera ainsi raccourcit de 21,9 km ce qui permettra de réduire décisivement le temps de navigation et d'améliorer ses conditions. Ces travaux s'accompagneront de l'aménagement de perrés ou enrochement pour éviter l'érosion du cours d'eau ainsi que de son dragage.
Tracé du canal de Sulina:

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La cité portuaire de Galați, sur le Danube

Une situation qui préoccupe massivement le gouvernement roumain est l'importante fuite des capitaux dont l'Etat souffre, au profit des états occidentaux. Même si quelques aménagements fiscaux ont été prévus (augmentation de l'impôt sur le revenu pour les non résidents en 1862), il y a peu de chance qu'ils aient un effet décisif sur la situation. Cependant, il y a une destination en Europe, qui, depuis 1863 fait beaucoup parler d'elle et où de plus en plus de riches boyards roumains s'expatrient. Bénéficiant d'un très agréable cadre de vie, c'est aussi une principauté sur laquelle les Grimaldi règnent en maître depuis plus d'un demi siècle : la principauté de Monaco, objet de fascination pour le Prince. En trois ans, ce rocher difficile d'accès qui n'avait ni intéressé la France ni l'Italie au plus fort de leurs mouvements nationaux, s'est transformé en lieu de villégiature incontournable où sont attirées les plus grandes fortunes d'Europe et d'ailleurs, et ce grâce à deux hommes, le Prince Charles III. inquiet de la viabilité économique de sa principauté après l'annexion par la France de ses territoires agricoles, et de François Blanc, redoutable homme d'affaires français et fondateur de Société des bains de mer de Monaco. Ce dernier s'était au demeurant inspiré du modèle des villes d'eaux allemandes et belges qui tirent profit des recettes des maisons de jeux pour assurer une bonne part des dépenses publiques.

Ainsi, la reproduction du modèle monégasque en Roumanie aurait le double avantage de limiter la fuite des capitaux dont fait l'objet le royaume pour les rediriger dans l'économie nationale, qui se verrait d'autre part renforcée. Suivant le modèle monégasque, contre la somme de 1,2 million de francs-or, et une somme annuelle de 30 000 francs plus 10 % des bénéfices nets, François Blanc obtient pour 50 ans la concession de jeux et son monopole. Une ordonnance princière fonde alors la Société des bains de mer de Galaţi (SBMG), société anonyme initialement constituée d'un capital de sept millions et demi de francs divisé en 30 000 actions détenue à 30% par François Blanc, à 15% par Dimitrie Ghica, à 30 % par le Royaume de Roumanie, à 15% par d'autres investisseurs privés et à 10% par la banque Chrissoveloni, qui a participé à la création, au financement et à la direction de la SEBM.

En effet, pour ce projet, c'est la ville de Galaţi (Galatz) qui a été retenue. Il s'agit de la première ville portuaire de Roumanie, peuplée de presque soixante mille habitants et qui bénéficie largement de sa position stratégique sur le Danube, en connexion directe avec la Mer noire. Depuis les années 1830 et la fin du monopole turc sur le commerce roumain, la ville connaît un véritable essor économique, étant le principal point d'exportation de la production agricole nationale, et d'autant plus depuis la fin de la Guerre d'Orient et l'obtention par la cité danubienne du siège de la Commission du Danube et surtout du statut de port-franc, qui est également une des raisons du choix de ce lieu.

Dans cette entreprise, la banque Chrissoveloni aura une influence active, pour la première fois dans l'histoire économique des pays roumains. Cette jeune banque implantée depuis une vingtaine d'années en Moldavie comme succursale de l'établissement principal de Constantinople est bien connue du Prince Ghica, qui en est l'un des actionnaires principaux et membre du conseil d'administration. La famille Chrissoveloni, originaire de l'île de Chios, est donc liée aux milieux économiques grec et constantinopolitain notamment par l'intermédiaire des Phanariotes à qui elle est affiliée. Cette situation lui permet d'opérer sur l'ensemble de la péninsule balkanique avec le soutien des autorités roumaines et est donc destinée, compte tenu de sa configuration cosmopolite, à devenir une banque d'investissement internationale sur le modèle de leurs confrères de chez Rothschild. Dans cette perspective d'étendre le rôle des institutions bancaires, les anciens arendași auront un rôle décisif. Depuis que ce métier a été clairement redéfini et vidé de sa substance par la loi agraire du 11 juin 1862, ces individus, souvent Juifs et à la tête de grandes fortunes, doivent trouver un nouveau moyen de faire prospérer leur patrimoine. Ils se réorienteront donc tout naturellement vers l'activité bancaire d'investissement, sans même que des mesures incitatives soient à prendre, étant donné qu'ils connaissent bien le métier pour avoir souvent cumuler leur activité de gestion avec celle d'usurier (cumul aujourd'hui proscrit par la loi) et ce qui contribuera à faire de Bucarest une plateforme financière majeure en Europe orientale.

L'objet de cette société est la construction d'une maison de jeux, en plein cœur de la ville de Galatz, sur des terrains qu'elle aura racheté. Sur le modèle de son homologue monégasque inauguré quelques temps plus tôt, la casino de Galatz a pour objectif d'attirer une riche clientèle étrangère et principalement roumaine, mais aussi des Grecs et des Turcs et tout ressortissant de la Méditerranée orientale. En effet les actionnaires souhaitent capitaliser notamment sur l'interdiction des jeux d'argent et de hasard dans l'Empire ottoman, situé juste à la frontière sud de la cité danubienne, mais aussi dans l'Empire russe, à une soixantaine de kilomètres de la Galatz. C'est la raison pour laquelle la SBMG mettra en œuvre des liaisons maritimes régulières avec Constantinople (EO), Samsun (EO), Izmir (EO) Thessalonique (EO), Odessa (RU), Sebastopol (RU), par l'intermédiaire de négociations avec les dirigeants des compagnies maritimes et d'un partenariat avec société britannique P&O, leader mondial du transport maritime de plaisance. A terme, la SBMG acquerra ses propres bateaux construits dans les chantiers navals grecs en pleine expansion et contrôlera ainsi un nouveau niveau de l'économie liée à l'installation de cette maison de jeux. La SBMG sera aussi chargée de la construction d'hôtels, notamment du somptueux « Hôtel de Bucarest », de restaurants et de cafés sur ce front de mer, entre autres installations de villégiature, dans un style à la mode et purement Belle-Epoque.

L'objet de cette entreprise est donc de rediriger l'aristocratie roumaine vers Galatz, et à ce titre la SBMG aura aussi la charge d'acheter des terrains au niveau de la ville pour y construire des résidences qui seront revendues à des particuliers qui souhaiteraient y posséder un pied à terre. Pour se promouvoir, la société compte bien capitaliser sur les relations des deux principaux actionnaires, François Blanc dont la réputation n'est plus à faire, et le Prince Ghica comptant dans ses amis les hommes les plus riches d'Europe. D'importants frais de publicité seront engagés par la SBMG pour faire connaître ces nouveaux établissements, notamment et naturellement en Roumanie, mais aussi à Constantinople, Thessalonique et même en Europe occidentale.

Ainsi, le Prince Ghica s'est rendu à Galatz en février 1867 pour y déposer la première pierre du futur casino de Galatz. Il compte tout autant s'enrichir personnellement que d'enrichir ses territoires, et c'est à ce titre qu'il s'est occupé personnellement de la promotion de son entreprise, notamment par le biais de la diplomatie avec des souverains, membres de gouvernement, diplomates, aristocrates, financiers, et hommes d'influence en tout genre pour les inciter à acquérir une propriété sur dans la ville de Galatz avant la flambée certaine des prix de l'immobilier par le biais de la spéculation foncière. Il espère que les bénéfices dégagés lui permettront d'intensifier le développement industriel de ses territoires.

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Des pêcheurs roumains

Au moment de la formation de l’État roumain à la fin de la Guerre d'Orient en 1853, l’exploitation des ressources du delta du Danube est le fait d’initiatives privées encadrées et taxées par l’État. De nombreuses concessions de droits de pêche, d’une durée de 5 ans, sont octroyées à des entrepreneurs. Dans le but de retirer un bénéfice immédiat, ces derniers pratiquent une pêche qui conduit à la surexploitation de la ressource. Les pêcheurs mettent en place des clôtures sur les canaux pour empêcher les poissons de s’échapper, mais ces multiples aménagements impactent la circulation naturelle des eaux et contribuent progressivement au colmatage des canaux, avec pour incidence la chute des quantités des poissons pêchés dans le Lac Razim. Durant cette période, la pêche est alors organisée entre l’État, les cherhanale (à la fois constructions et petites entreprises situées à proximité immédiate de l’eau et destinées à recevoir, trier, préparer et stocker temporairement les poissons, qui assurent la collecte du poisson et sa commercialisation) et les pêcheurs, propriétaires de leurs embarcations et outils de pêche.

Avec l’intégration du delta du Danube au sein du territoire roumain, certains partisans prônent un aménagement radical du delta à travers sa transformation en zones agricoles. Cependant, un rapport d'étude en charge du Danube est clair : «le Delta, à cause de sa constitution, doit rester sous l’eau, et toutes les améliorations entreprises doivent être dirigées vers ce but. Il faut renoncer complètement à l’agriculture et nous occuper de la pisciculture».  C'est la raison pour laquelle d’autres militent pour la poursuite des activités traditionnelles et le maintien de certains privilèges. C’est dans ce contexte que se développe une vision d’ensemble relative à l’exploitation des ressources du delta du Danube, non pas en tant qu’activité de prédation dans un milieu naturel, mais en termes de système de production organisé et planifié. Son principe est l’amélioration de la productivité piscicole en milieu naturel, selon les principes du biologiste prussien Ernst Haeckel.

Une loi est donc intervenue pour appliquer les principes et projets susmentionnés et réorganiser la pêche dans le delta du Danube sous la direction d'une « Régie des pêcheries de l'État » coopérative, dont le siège se trouve à Braila et qui coordonnera l’activité de tous les pêcheurs, aménageant des étangs pour la « pisciculture naturelle » et fournissant bateaux et outils. Sera mis en œuvre un modèle global de la production piscicole fondé à la fois sur des aménagements et l’organisation étatique de cette activité. L'idée maîtresse est d’utiliser les vastes étendues formées de lacs et de lagunes comme lieux de production, selon un des scientifique travaillant sur le projet : « chaque partie de la région inondable doit être remise en valeur par le type de production pour laquelle la nature même l’a créée, donnant ainsi le maximum de rentabilité : le système de mise en valeur doit également avoir en vue que les travaux faits dans ce but ne changent pas l’équilibre de la nature et n’engendrent pas de conséquences désastreuses ». Le delta du Danube sera donc partagé en grandes entités fonctionnelles. Les grands lacs permanents seront dévolus à une production biologique accrue et l’obtention de grandes quantités de poissons. Les zones peu profondes, inondées en périodes de hautes eaux, seront transformées et aménagées pour la pisciculture. Les parties inondées durant de courtes périodes seront utilisées comme pâturages, tandis que les parties du delta les plus élevées en altitude, rarement inondées, seront protégées par des digues et utilisées pour l’agriculture.  Des canaux, comme à Litcov, Sireasa et Pardina, seront creusés pour modifier les apports en eau douce dans les lagunes littorales saumâtres. Parallèlement, des travaux de dragage seront réalisés avec la construction de digues destinée à juguler la formation du cordon littoral et l’édification de passes pour favoriser l’accès des poissons en provenance de la Mer noire. Selon un rapport publié par le bureau en charge de travailler sur la réforme : « dans quelques années, le delta sera entièrement aménagé par des travaux spéciaux en vue d’une grande production de poisson ». L’impact de ces aménagements sera non négligeable sur l’hydrologie du delta du Danube et l’intensification de la pêche, avec l’introduction de nouvelles espèces et la transformation de lacs naturels en systèmes d’élevages fermés, contribueront à modifier de manière radicale la physionomie du delta du Danube de façon à l'artificiliaser pour la mettre au service de l'économie nationale.
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Royaume de Roumanie
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Économie
1867-1871

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Les riches plaines valaques

Un rapport publié en 1866 par Antoniu Jominescu, fonctionnaire au ministère des Finances, est édifiant, en effet, du fait du développement de l'industrie nationale : " Les agriculteurs proches doivent alors faire venir des gens des régions adjacentes russophones et turcophones pour remplir les champs, l'investissement est moindre que celui de machines agricoles difficiles à l'import." Pour le gouvernement, cette situation est extrêmement préoccupante, car elle nuit à tous ses efforts de modernisation de l'agriculture et est infiniment déloyale, les propriétaires terriers mettant en concurrence les citoyens de leur sang avec de la main d'œuvre étrangère peu coûteuse. Ainsi, le gouvernement a décidé d'agir sur quatre différents points pour y mettre fin :

- Une taxe sur la main d'œuvre étrangère a été introduite. Les propriétaires terriens employant de la main d'œuvre étrangère seront soumis à une taxe proportionnelle à la fois au taux d'étrangers sous leur patronage et aux revenus générés par leur exploitation. De plus, au delà d'un certain seuil, le recours à la main d'œuvre étrangère est tout bonnement interdite. Quant à ceux qui souhaiteraient s'y soustraire en ne formulant pas de contrat de travail, en violation de la loi agraire de 1862, s'exposent à de fortes amendes cumulées à la taxe nouvellement introduite.

- D'autre part, conscient du coût que représente l'import de machines agricoles, les entreprises industrielles étrangères spécialisées dans la construction de machines agricoles (et autres intrants contribuant à la modernisation de l'agriculture) souhaitant s'établir en Roumanie bénéficieront d'exemptions fiscales : la première année, ils ne paieront rien, la deuxième, seulement 25% des impôts normalement prévus, la troisième 50%, la quatrième 75% et la totalité à partir de la cinquième année.

- De même, les entreprises roumaines nouvellement créées agissant sur le même secteur bénéficieront des mêmes dispositions fiscales et pourront recevoir des subventions étatiques pour financer le commencement de leur activité. Elles pourront de même emprunter au Crédit Agricole à un taux plus faible et selon des conditions moins strictes. Par exemple, la société Electroputere VFU, entreprise roumain fondée en 1869 et spécialisée dans la construction de pièces détachées notamment ferroviaires mais pas seulement, pourra bénéficier de ces dispositifs au titre de sa participation à l'effort de modernisation de l'agriculture roumaine.

- Les petits propriétaires terriens, quant à eux, en plus de ne pas trop souffrir de l'introduction de cette taxe sur la main d'œuvre étrangère du fait de sa proportionnalité, pourront eux aussi recevoir des subventions étatiques pour financer l'achat de machines agricoles modernes. Comme précédemment, les petits propriétaires terriens pourront de même emprunter au Crédit Agricole à un taux plus faible et selon des conditions moins strictes.

Autrement, il parait inconcevable que l'Etat lui-même ne se montre pas exemplaire dans cette démarche de modernisation de l'agriculture. En tant que premier propriétaire terrien du pays, dont les recettes contribue à 1/5e du budget national, les domaines de l'Etat représentent une demande immense pour ces entreprises industrielles étrangères spécialisées dans la construction de machines agricoles (et autres intrants contribuant à la modernisation de l'agriculture). Ainsi, il a été décidé que l'Etat adoptera sur ses terres les techniques modernes d'exploitation agricole, et formulant les premières commandes aux entreprises du secteur, l'Etat privilégiant évidemment les entreprises nationales aux entreprises étrangères et à l'import. Fortes d'un carnet de commande chargé, dû à une forte demande étatique, ces sociétés auront toutes les cartes en main pour se développer de façon efficace et exponentielle sur le marché national avant que le relais soit pris par les propriétaires terriens privés qui n'auront plus intérêt à esquiver les efforts du gouvernement en la matière en ayant recours de façon déloyale à de la main d'œuvre étrangère.

A cette industrialisation obligatoire des domaines agricoles de l'État, s'ajoute une réorientation de l'utilisation de leurs productions, toujours dans cette même perspective d'intensifier l'industrialisation du pays. L'objectif est de mettre les ressources agricoles issues des domaines de l'Etat au service du développement industriel national, de la transformation économique et de son englobement dans le système de marché capitaliste ottoman et mondial. De plus, économiquement, il est plus profitable sur le long terme de vendre des produits transformés à valeur ajoutée, que des ressources brutes directement issues de l'exploitation agricole et minière. L'Etat prendra donc en charge, directement mais pas exclusivement, l'exploitation de son domaine par la création d'industries dédiées principalement à la transformation des ressources brutes minières et agricoles. Concernant ce dernier point, par exemple, des usines alimentaires de viandes, charcuteries et saucisses, fromages et produits laitiers en général, mais aussi alcools et textiles, seront bâties. Ces usines bénéficieront des aides prévues plus haut.

De même, concernant le développement industriel du pays, et plus particulièrement concernant l'exploitation de ses ressources minières, l'entrée au capital, pour un tiers, d'investisseurs ottomans au sein de la Société TransBalkanique d'Exploitation Minière (STBEM), de même que le statut douanier et concurrentiel avantageux que lui a octroyé par la Sublime Porte qui a augmenté de moitié les douanes réservées aux entreprises étrangères exploitant des mines ottomanes, va permettre à la STBEM d'intensifier sa production et d'être compétitive sur ce marché tant convoité qu'indispensable au développement de l'économie nationale. En effet, l'existence de cette société profite aux deux pays en ce qu'il permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car le Royaume roumain ne dispose malheureusement pas de minerais à exploiter et doivent par conséquent en importer. Les Turcs, eux, verront leur production minière s'intensifier décisivement ce qui permettra commencer à répondre à sa demande intérieure (et d'exporter en Roumanie). Aussi, une filiale détenue à 50% par la STBEM, la Société TransBalkanique d'Exploitation Charbonnière (STBEC) a été créée. Détenue aussi à 50% par des investisseurs roumains, elle sera dédiée à l'exploitation des indispensables ressources charbonnière des deux côtés du Danube, et procèdera en Roumanie au rachat progressif des mines de charbon dans l'objectif de constituer une entreprise vaste, solide et compétitive qui pourra répondre aux demandes de l'économie nationale sur ce secteur. Comme vu plus haut, la STBEC bénéficiera d'aides à l'installation selon les différentes dispositions incitatives prévues.

Pour en revenir à la politique douanière ottomane, depuis 1868, les tarifs ont été augmentés pour l'intégralité des pays, et particulièrement les grands producteurs et exportateurs européens, suivant ce modèle :

Tarifs generaux sur les produits agricoles, artisanaux et industriels : 15 %

Tarifs generaux sur le tabac et le coton : 17 %

Tarifs sur les produits italiens : 14 %

Tarifs sur les produits autrichiens : 13 %

Tarifs sur les produits franco-anglais : 12 %.

Cependant, cette augmentation ne concerne pas les produits roumains, ce qui est extrêmement profitable à l'économie roumaine. En effet cette situation avantageuse aura des répercussions sur la concurrence que les entreprises roumaines auront à affronter, ce qui leur permettra de se démarquer et d'être compétitives sur ces marchés où il leur sera beaucoup plus aisé d'écouler leur production.

On remarque que le développement économique roumain entraîne la création d'un certain nombre de sociétés commerciales, dont le statut juridique n'est néanmoins pas fixé par les textes nationaux en vigueur qui ne fait pas référence à ce type de groupement de façon moderne et adéquat à la situation. Ainsi, il a été décidé d'adopter un code de commerce, calqué sur le code de commerce napoléonien de 1807, qui a l'avantage d'avoir aussi été imité par le code de commerce ottoman de 1850, ce qui favorisera les échanges économiques entre la Roumanie et l'Empire ottoman. Ce code de commerce roumain sera aussi inspiré par les codes homologues les plus récents en la matière,  appliqués en Espagne et en Italie depuis 1865, et établira donc des chambres consulaires, des tribunaux de commerce, régira des aspects divers de la vie des affaires tels que obligations contractuelles, la propriété intellectuelle, les modalités relatives au crédit bancaire, la situation des entreprises en difficulté, le mode de gestion des sociétés etc. De même, afin de faciliter les échanges, plusieurs contrats-types seront préparés et rédigés pour répondre aux besoins quotidiens de la vie économique. Par l'inclusion dans chaque type de contrat d'un certain nombre de clauses obligatoires dans ces contrats, la sécurité juridique en sera renforcée et le risque d'abus diminué, et comblera les lacunes dues à la faible tradition juridique du pays.
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L'Ephorie des Hôpitaux civils

Dès la fin du XVIIe siècle, plusieurs familles philanthropes, le Coltea (Cantacuzino), les Ghica et les Băleanu, ont créé et financé des fondations, les éphories, pour venir en aide aux plus nécessiteux sur le plan sanitaire le plus souvent gratuitement, ce qui représente la phase la plus embryonnaire du système de santé roumain. Unies en 1832 sous le nom d'Ephorie des hôpitaux, elle devient un organisme à caractère d' Institution d'état en 1847 par une loi prévoyant l'approbation de son budget par le Prince au même titre que les dépenses d'Etat. L'institution est complètement étatisée mais reste administrée par des éphores, étant le plus souvent un généreux donateur. Possédant un riche patrimoine, l'institution agit à but clairement philanthropique et offre ses services aux plus démunis.

Agissant comme la branche sanitaire du Ministère de l'Intérieur, il a été décidé de renforcer son étatisation : les éphores seront désormais approuvés par l'Assemblée nationale sur proposition du gouvernement, et ce pour un mandat de 4 ans. Il sera aussi assisté par un Conseil de surveillance ayant pour mission de veiller au bon fonctionnement et de rapporter les activités de la fondation auprès de l'Assemblée et du gouvernement. En plus d'approuver son budget et ses dépenses, l'Assemblée nationale pourra orienter les activités de l'Ephorie par voie législative, en imposant la réalisation de projets qui pourront emporter l'octroi de subventions étatiques. Les activités de l'Ephorie seront sous la surveillance de la Cour des Comptes et ses biens soumis au droit de la propriété publique. Aussi, ses activités seront étendues par la loi,  prévoyant une possibilité d'action dans l'assistance infantile (le recueil des orphelins), la formation du personnel médical, agissant à cet égard en coopération avec les universités du pays. Cette réforme vient se greffer aux obligations sanitaires imposées aux communes les années précédentes. En effet, chaque ville doit détenir un Bureau de santé publique, incluant responsables politiques et médecins, chargé de la politique hygiénique municipale par l'étude de la situation sanitaire, l'inspection du respect des normes hygiéniques, de la bonne allocation des fonds dans cette perspective et la proposition de mesures de politique de santé publique. Les villes sont tenues de s'assurer de l'évacuation des eaux usées par la mise en place d'un réseau souterrain d'égouts, de la mise en place de campagnes de vaccination, de la propreté de l'espace public, de fournir aux plus pauvres un accès minimal aux soins médicaux, de construire au moins un sanitaire par immeuble et un centre de santé pour 2000 habitants. D'une part, cette obligation est également attribuée à chaque comté où, comme dans les villes, les activités sanitaires seront coordonnées avec celles de l'Ephorie déclinée localement et où, à ce titre et dans ce même objectif, des membres de l'Ephorie locale siègeront au sein du Bureau de santé publique municipal où comtal.

Par ailleurs, l'ajout majeur de cette loi est l'extension du domaine d'opération de l'Ephorie à l'Education élémentaires de la jeunesse roumaine la plus défavorisée, l'institution ayant la charge, du fait de la loi, de construire des écoles dans tous les comtés du Royaume pour lutter contre ce mal qu'est l'analphabétisme. Cela va de pair avec un loi survenue peu avant rendue l'éducation obligatoire pour les enfants des deux sexes.  D’autre part, cette loi crée un délit d’entrave à l’instruction primaire, punissable d’amende et visant les parents réticents aux faits d’envoyer leurs enfants à l’école. Néanmoins, certains parents agissent de la sorte parce qu’ils n’en ont pas le choix en vertu de leurs conditions socio-économiques, c’est pourquoi le texte prévoit que les fonctionnaires d’état bénéficieront d'aides financées par l'Ephorie dont un service administratif sera décliné dans chaque comté roumain. Cette institution aura également la charge de former les professeurs employés dans cette tâche par la création d'écoles de sciences de l'éducation dans chaque comté qui auront aussi une dimension idéologique : surveillées de près par l’État, tout comme le programme scolaire élaboré par le ministère, les services de l’instruction publique auront la charge de relayer l’idéologie nationale; particulièrement auprès des minorités non-roumaines.

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Le Ministère roumain des Affaires étrangères

Les années 1866-1871 ont également été l'occasion pour renouveler des contrats conclus précédemment avec des puissances étrangères.

Ainsi le traité russo-roumain de 1866 a été renouvelé selon les mêmes termes que sont :
I - Le Royaume de Roumanie s'engagent à abolir tous leurs droits de douane sur le fer russe ;
II - L'Empire russe autorise les entreprises roumaines à produire sous licence des machines-outils et des voies de chemin de fer de brevet russe ;
III - Les entreprises roumaines bénéficiant de ces octrois de licences verseront une rente proportionnelle à leurs bénéfices issus de ce traité aux entreprises russes leur ayant octroyé leur licence ;
IV -  Les I, II  et III s'appliquent pour 4 ans, renouvelables (à partir du renouvellement du traité en 1870).
Cet accord profite aux deux pays en ce qu'il permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais de fer nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car la Principauté roumaine ne dispose malheureusement pas de minerais de fer à exploiter et doivent par conséquent en importer. Cet accord permettra à l'industrie roumaine embryonnaire de se développer en supprimant le couteux (tant en argent qu'en temps) stade de recherche et de développement, avec lequel les entreprises roumaines ne sont pas pour le moment familières, permettant ainsi un taux de production plus élevé. Cette production, de qualité, bénéficiera directement au marché national et les acheteurs roumains pourront par conséquent l'acquérir à moindre coût par l'élimination des frais de transport et l'absence de conversion monétaire. Cela profitera aux industriels roumains comme au marché intérieur de la principauté en ce qu'elles disposeront d'une marchandise de qualité assurée et à un coût plus abordable que si elle était importée, tout en permettant le développement du réseau ferré national nécessaire à l'intensification des échanges économiques tant intérieurs que vers l'extérieur, et le développement de la production de machines-outils, utiles à tous les échelons d'une économie industrielle embryonnaire, notamment pour les catégories les plus modestes de la population libérées d'un épuisant voire dangereux et archaïque travail manuel.

Il en va de même pour le traité greco-roumain de 1863 renouvelé selon les mêmes termes que sont :
I - Le Royaume de Grèce s'engage à abolir tout ses droits de douane sur les céréales, légumes, fruits et bois roumains ;
II - La Principauté Roumanie s'engage à abolir tous leurs droits de douane sur l'achat de biens sur la construction navale grecque, ainsi que sur ses minerais, exception faite des charbons et leurs dérivés ;
III - Les I et II s'appliquent pour 7 ans, renouvelables (à partir du renouvellement du traité en 1870).
Cet accord a les mêmes avantages que le précédents et permettra aux professionnels roumains du transport maritime d'acquérir des navires à un prix plus abordable et palliera substantiellement à l'absence totale de cette industrie de la construction navale en Roumanie, conséquence de son accès très résiduel à la mer. Aussi, cet accord contribuera à  offrir de nouveaux débouchés à l'agriculture roumaine en répondant aux demandes des grands propriétaires terriens exploitants agricoles.

L'accord serbo-roumain de 1863 est lui aussi renouvelé dans les mêmes conditions [SOUS RESERVE DE L'ACCORD DE JOMINI]:
I - La Principauté de Roumanie abaisse leurs droits de douane à 3% sur le cuivre serbe ;
II - La Principauté de Serbie abaisse ses droits de douane à 3 % sur les tournesols, pommes de terre, riz et chanvre roumains (dont la production serbe est largement résiduelle voire inexistante) ;
III - La Principauté de Serbie abaisse ses douanes à 12,5% sur le blé roumain ;
IV - Les I, II et III s'appliquent pour 7 ans renouvelables (à compter du renouvellement du traité en 1870).
Comme le précédent, ce traité permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais de cuivre, nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car la Principauté roumaine ne dispose malheureusement pas de minerais de cuivre à exploiter et doivent par conséquent en importer. Le choix de la Principauté de Serbie résulte de la richesse des mines de cuivre qu'elle abrite à l'est de son territoire, de leur proximité avec les pays roumains, abaissant les coûts de transport, et d'une volonté de rapprochement avec cette nation sœur contribuant à créer un marché intégré balkanique. Aussi, cet accord contribuera à  offrir de nouveaux débouchés à l'agriculture roumaine en répondant aux demandes des grands propriétaires terriens exploitants agricoles.

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Royaume de Roumanie Dimitr11
D. Ghica, Souverain royal depuis 1857

L'administration de la Principauté de Roumanie oscille entre modernité, dans un soucis d'efficacité et d'optimisation, et tradition, ce qui se ressent notamment par la résurrection sémantique des offices historiques des Principautés, comme celui de Ministre-logothète, remplaçant la terminologie anglo-saxonne de Premier-ministre (cela étant un exemple parmi tant d'autres). Bien évidemment, ces offices ne sont désormais plus des décorations accordées contre de l'argent, mais ils contribuent au mouvement national roumain et à sa renaissance culturelle, rappelant que la Roumanie est un carrefour des civilisations latines, slaves , grecques, phanariotes, daces, turques, ottomanes, chrétiennes, orthodoxes etc. Cela contribue à entretenir le mystère et le charme oriental de ce royaume méconnu, au lieu d'être dirigé par un étranger, dans une langue et selon des règles étrangères. Ainsi, la modernisation des structures sociales et économiques roumaines reposent sur deux plans. D'un côté l'occidentalisation, inspirée notamment du modèle français à travers les idéaux révolutionnaires né de l'esprit des Lumières qui ont contribué à façonner la conscience nationale roumaine et à conduire à son unification. De l'autre côté la Renaissance culturelle roumaine par l'exploitation des acquis historiques séculaires et le respect de la tradition ancestrale et des diverses influences civilisationnelles qui ont écrit l'Histoire du peuple roumain, ce qui se traduit dans la sémantique administrative par exemple. L'occidentalisation est limitée sur ce plan du fait de la continuité entre l'ordre ancien et l'ordre contemporain par le maintien à la tête du pays des élites traditionnelles.

Ce phénomène se ressent particulièrement dans l'évolution des structures politiques depuis le début du XIXè siècle qui reflètent tant une parfaite continuité de l'ordre ancien qu'une progressive occidentalisation. Dans un premier temps, l'imposition en 1835 du Regulamentul Organic, loi organique  dans les deux principautés par les autorités russes à l'époque du protectorat permit de poser le premier cadre constitutionnel de l'Histoire du pays et engendra une série de réformes sans précédent qui contribuèrent à l'occidentalisation de la société roumaine et offrit aux principautés leur premier système de gouvernement commun, centralisé et respectant une forme précoce et relative de séparation des pouvoirs. Ce régime conservateur dominé exclusivement par l'aristocratie a, malgré une sous-représentation politique, permit à la classe moyenne de croître, profitant d'une croissance des échanges qui avait rehaussé le statut des commerçants, et économiquement, un environnement plus compétitif et purement capitaliste s'est formé. Ce terreau a permis l'avènement de la Renaissance culturelle roumaine, en lien avec la francophilie, et a permis l'émergence du concept de Nation roumaine. Une occidentalisation très rapide de la société roumaine s'est produite et s'est heurtée aux ambitions russes sur les principautés, ce qui conduisit aux révolutions de 1848 et permit aux Roumains de participer au grand mouvement révolutionnaire européen. Même si les insurrections furent matées dans le sang,  le libéralisme se consolida, aidé par les contacts entre les étudiants roumains et les insurgés français et la Proclamation d'Islaz esquissa un nouveau cadre juridique et une réforme agraire avec une fin à toutes les corvées.

L'étape suivante fut la Guerre d'Orient de 1853-1854 et le retrait des Russes des Principautés qui s'en est suivi qui permit un épanouissement plus complet de la Nation roumaine désormais libre. La réaction ne se fit pas attendre, l'union des principautés provoqua une déferlante nationaliste qui conduisit à l'élection d'Alexandru Ioan Cuza en 1856. En à peine une année de règne, il fit plus que tous ses prédécesseurs réunis, tentant de transformer la société roumaine comme elle ne l'avait jamais été, mettant en place une constitution plus libérale et parlementaire que nul part ailleurs en Europe et essayant d'imposer une réforme agraire plus égalitaire que la Lex Sempronia. Admiratif du modèle belge, il en oublia qu'il régnait sur la Roumanie, occultant ses dynamiques sociales profondément différentes et plusieurs siècles d'Histoire entre influences balkaniques, ottomanes, orthodoxes et slaves. Ces transformations trop rapides conduisirent à sa déposition dans la plus parfaite tradition danubienne à la suite d'une Révolution de palais comme les principautés en ont connu des dizaines. Dans la continuité de l'ordre ancien, en tant que hospodar élu par les boyards comme le veut la tradition séculaire, rien n'aurait pu expliquer qu'il déroge aux traditionnels coups d'état et abdications forcées comme il est de rigueur face à des souverains un peu trop ambitieux, comme ce fut le cas pour Mihnea III très précisément trois siècles avant lui, du fait de son avant-gardisme et de sa mégalomanie.

Le court règne de Cuza permis cependant d'expérimenter pour la première fois le parlementarisme, bien différent dans la pratique des assemblées de boyards prêts à se soulever impunément à la première dissension avec le souverain. Une forme encore précoce de parlementarisme est d'ailleurs consacrée dans la Convention relative à l'organisation de la Principauté de Roumanie, actuellement en vigueur et ayant succédé à la suite de la Guerre d'Orient comme loi organique nationale, en omettant la courte période d'application de la constitution de 1856 sous Cuza. S'appuyant sur la tradition historique des principautés danubiennes et même si le souverain concentre entre ses mains de très larges pouvoirs, l'Assemblée nationale s'affirme, comme l'a montré son rôle primordial dans l'adoption de la Loi agraire de 1862 et est également une source de légitimité pour les projets du souverain. De même, l'établissement d'un gouvernement fonctionnel dirigé par un Ministre-Logothète (reprenant la terminologie d'un office analogue de l'antique conseil princier, ancêtre du gouvernement), même irresponsable devant la chambre sauf de rares cas, contribue à affirmer une transition douce vers le parlementarisme. La personnalité du souverain royal actuel, Dimitrie I Ghica XI, n'est pas étranger à ce phénomène. Conservateur modéré, cultivé et éclairé, héritier d'une des plus grande famille du pays, ouvert sur l'Orient, c'est l'homme du consensus et de la réconciliation nationale,  afin de consolider tous les acquis obtenus depuis le début du siècle et de retrouver le calme après plusieurs décennies tourmentées par une situation tant nationale qu'internationale instable et d'évolutions sociales brusques et rapides.

Au fur et à mesure de la pratique constitutionnelle, le respect de la séparation des pouvoirs se fait plus marquée, tout comme le respect de lois en vigueur notamment du fait des progrès des qualités juridiques des juristes roumains et des différentes lois en la matière. Même si l'Assemblée nationale ne siège que trois mois par an, une tradition parlementaire se développe et la violence traditionnelle de la vie politique roumaine est remplacé par le débat constitutionnel. Graduellement, la tant fastueuse que scandaleuse et intrigante cour princière laisse place à une bureaucratie sérieuse et organisée pour la construction d'une administration solide. En l'absence de rupture définitive et brutale, les structures politiques et les dynamiques sociales roumaines n'ont pas changé mais évoluent progressivement pour s'adapter aux standards occidentaux, sans toutefois perdre leur authenticité, leur particularisme et plusieurs siècles d'influences diverses et historiques qui ont contribué à façonner ce régime unique en Europe, pour construire un régime s'inscrivant dans une ordonnée continuité séculaire de l'ordre ancien.

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L'Assemblée nationale roumaine

Si l'ordre interne de la Roumanie se transforme peu à peu, c'est aussi le cas de ses relations avec les puissances étrangères. En effet, soumises depuis le XVe siècle à la Sublime Porte, les Principautés, désormais unies en Royaume, s'en émancipent progressivement, le tout sans que soient dégradées les relations avec les Turcs. En effet, dès 1866, la Roumanie a quitté son statut de principauté pour devenir un royaume, en réaction à l'élection sur le trône de Grèce d'un parent roumain du Prince Ghica, dont l'orgueil en a pris un coup sévère. La même année, la Roumanie intègre la Commission du Danube aux côtés des Russes, des Turcs, des Français et des Anglais, ce qui contribue à donner une visibilité européenne à ce jeune état désormais égal de ses voisins. En 1871, la Roumanie obtient désormais la compétence de la compétence : rédigé en 1856, la Convention de Paris a un double visage : c'est d'abord un traité international actant la souveraineté roumaine et les immunités s'y attachant, mais c'est également la loi fondamentale du pays, organisant l'ordre interne et les rapports politiques entre les institutions du royaume. La Roumanie n'avait donc pas la possibilité de modifier d'elle-même ces dispositions régissant des choses aussi banales que le système électoral ou le régime des sessions parlementaires, au contraire de tout autre état souverain. En mai 1871, il est remédié à cette anomalie : en accord avec tous les signataires de la Convention, une nouvelle clause y sera insérée : "Les articles de ladite convention, relatives à l'organisation interne de l'Etat roumain, sont librement amendables par ce dernier dans les conditions qu'il aura déterminé". Avec l'ajout de cet article, la Roumanie obtient la possibilité de décider librement de son organisation interne et des conditions selon lesquelles elle désire exercer sa souveraineté.

C'est dans ce contexte que s'est déroulé le quatrième renouvellement depuis l'unification du pays en 1856, des 160 sièges composant l'Assemblée nationale. Habile politique, le souverain royal a bien pris soin d'organiser l'amendement de la Convention de Paris un mois avant les élections, et de faire massivement relayer cet événement dans la presse. Ainsi, avait été organisé une cérémonie formelle de signature par les cinq plénipotentiaires sur le balcon de l'Université de Bucarest, surplombant une Place de l'Université bondée. Cet événement relayé par la presse nationale a contribué à la victoire des soutiens de Ghica, conservateurs-modérés, allant de plus ou moins conservateurs à plus ou moins modérés, qui, par le jeu des alliances parlementaires, ont continué à diriger le gouvernement sous la direction du Prince Stirbei, George Barbu, ministre-logothète du royaume.


Exil, fortunes et divorce : la vérité sur les scandaleuses nuits chaudes de Galatz
1868-1871

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Le désormais célèbre casino de Galatz

En février 1867, le Prince Ghica posait la première pierre du casino de Galatz, tant pour faire revenir les fortunes roumaines établies en Europe occidentale, que pour attirer les bonnes sociétés des pays avoisinants où les jeux d'argent et de hasard sont prohibés, la Russie et l'Empire ottoman en tête. Un an et demi plus et les affres de la Guerre des Nations terminées, l'établissement géré par la Société des Bains de Mer et dirigé par François Blanc a pu être inauguré. A cet effet, fort de sa renommée internationale, François Blanc, qui appliquera le modèle de la réussite monégasque dans la cité danubienne, est parvenu à attirer plusieurs personnalités importantes pour assister à cette célébration d'ouverture.

Ainsi, le prince Amédée de Savoie-Aoste, qui a acquis une renommée internationale depuis son triomphe inopiné dans les Alpes slovènes, jusqu'à sa chute aux portes de Vienne, en passant par son coup d'Etat à l'Assemblée fédérale italienne, événements qui ont tenu en haleine des millions d'européens, était présent à l'événement. Il n'était pas seul, mais accompagné de sa charmante épouse la princesse Virginia, principalement connue pour son passé sulfureux dans le lit de l'Empereur des Français et de son rôle dans la scandaleuse rupture du prince italien avec Louise de Prusse, sœur de l'ex-roi Frédéric. Séduit par l'endroit, le couple depuis établi en Suisse, a désiré prolongé son séjour à Galatz, avant de décider d'y acquérir un pied à terre pour y passer une part plus importante de leur temps. Néanmoins, avec que peu de ressources, le couple est désargenté. C'est alors qu'un arrangement a été trouvé : un hôtel particulier de près de 1000m², un des plus grands de la cité, sur les rives du Danube et récemment construit par un promoteur lié à la Société des Bains des Mer, sera offert aux Savoie-Aoste.  En contrepartie tacite, ils feront la promotion de Galatz du fait de leur immense popularité, en y organisant des événements où seront conviés les plus éminents représentants du Gotha européen à l'aide de leur carnet d'adresse bien rempli. La Société des Bains de Mer espère bien ainsi intensifier le potentiel économique de la cité danubienne en créant une véritable "Riviera roumaine" où les représentants de l'aristocratie européenne, comme les bourgeois mondains de Bucarest, Iasi et Alba Iulia feront construire des résidences secondaires pour y passer une partie de l'année.

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Le Prince Stirbei et sa femme l'ex-reine Olga de Wurtemberg, née Romanov

Les Savoie-Aoste étaient loin d'être les seuls à cette inauguration. Une présence remarquée a été celle du couple royal de Wurtemberg, composé de sa Majesté le roi Charles Ier, de son épouse la grande-duchesse Olga Nikolaïevka de Russie, sœur du tsar. Dans la fleur de l'âge, belle, sociable, charmante et charismatique, la reine wurtembergeoise fait l'unanimité dans les cours européennes de par son élégance et son intelligence. Pour son royal mari, la situation est bien différente : exclusivement et ouvertement homosexuel, le roi collectionne les amants au nez de son épouse, avec qui le mariage n'a jamais été consommé. Il est bien connu de tous qu'à la cour royale de Stuttgart, véritable lupanar pédérastique, il est tout à fait habituel d'entrer dans le bureau du roi avant d'en ressortir avec un poste dans l'administration, en boitant. Cette union improbable est demeurée stérile en presque 25 ans de mariage, et un basé sur un respect mutuel et une grande affection entre les époux.

Lors de l'inauguration, la reine Olga paraissait bien seule au milieu de cette foulée guindée dans ce pays inconnu pour elle, son mari préférant la compagnie de sa suite de mignons. Elle fut alors approchée par un homme tout à fait singulier, le ministre-logothète, c'est à dire le chef du gouvernement roumain, le Prince Barbu Stirbei. Ce dernier, célibataire et impressionné par la prestance de cette femme remarquable, tenta une approche audacieuse, la saluant en ces termes : "Salut, sunt eu un haiduc". Amusée, ils entamèrent alors une grande conversation qui dura des heures. Pour la reine et le ministre, plus jeune qu'elle de 10 ans, ce fut le coup de foudre. Ils décidèrent alors de s'isoler pour continuer leur conversation, déambulant seuls dans la nuit noire de Galatz en longeant les quais du Danube. Soudain, il l'embrassa et se lui fit la promesse de ne jamais la quitter. Elle lui répondit que c'était impossible, qu'elle était la reine de Wurtemberg, sœur et fille de tsar, que l'honneur de son pays et de sa famille reposait sur ses épaules, qu'elle n'était hélas pas libre de ses choix... C'est alors qu'il lui répliqua : "Vrei sa pleci dar nu ma, nu ma iei". Face à ces mots très forts et chamboulée par ses émotions, la reine Olga préféra s'éclipser rapidement pour rentrer auprès de son mari avec qui elle rentra le lendemain à Stuttgart, la mort dans l'âme. Elle commença cependant une relation épistolaire avec le ministre roumain. D'abord timides, ils commencèrent au bout de quelques semaines à s'envoyer des lettres enflammées et se lamentaient de ne pas pouvoir concrétiser leur amour. Le divorce devenait la seule option pour remédier à leurs malheurs. Un reine qui divorcerait pour rejoindre son amant sur les rives de la Mer noire provoquerait un scandale retentissant dans le microcosme aristocratique européen, mais ce scandale était nécessaire pour qu'ils puissent enfin vivre leur amour.

Une matinée de décembre de l'année 1870, quelques jours avant Noel, c'en était trop pour Olga. Elle quitta discrètement de Stuttgart, déguisée en femme de chambre, pour rejoindre son amant à Bucarest, d'où elle demanda formellement le divorce, permis par la religion orthodoxe dans laquelle a été célébré le mariage il y a presque 25 ans. Il n'était parlé plus que de ça dans les cours européennes, c'était le scandale de la décennie. Charles, quant à lui, attaché à son épouse et peu préoccupé par ce nouveau scandale qui s'ajoutait à sa liste longue comme le bras, ne s'opposa pas au divorce. Il fut prononcé par un tribunal ecclésiastique et permis le remariage, 6 mois plus tard à Galatz, nouvelle ville branchée de l'est européen, du jeune ministre et de son épouse, devenue princesse Stirbei. Cependant, restait à connaître la position du tsar sur tous ces événements...

Ce scandale fut également largement discuté, étrangement, à l'Assemblée générale, où il était plus récurrent de s'écharper sur budget que sur la vie sexuelle du chef du gouvernement. En effet, certains députés craignaient l'influence de cette princesse impériale russe sur la politique du ministre-logothète. Il fut alors décidé qu'elle ne réside pas à Bucarest, mais dans un hôtel particulier acquis à ses frais à Galatz, juste à côté de la résidence du prince Amédée. Les époux se rejoindront en fin de semaine, et, en semaine, la princesse Stirbei contribuera au bien être du peuple méfiant avec qui elle est désormais éternellement liée. Ambassadrice de la Société des Bains de Mer, elle participera à l'extension des activités de la compagnie en en faisant la publicité. Aussi, elle prendra la tête d'organismes de charité et réalisera des œuvres de bienfaisance, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation

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L'ex-famille royale prussienne

Enfin, parmi les nouveaux résidents de la cité danubienne de Galatz, figurent les Hohenzollern, des rois déchus de Prusse. En effet, le général Helmuth von Moltke, envoyé pour former l'armée roumaine après la première défaite de 1863, a eu l'occasion de faire des retours très positifs à son souverain sur le développement qu'a connu Galatz et la Roumanie en général depuis le début de la décennie. C'est alors tout naturellement qu'après la perte de son trône, l'ex-roi Frédéric III, accompagné de son épouse l'ex-reine Victoria et de leurs sept enfants, ont choisi la voie de l'exil en Roumanie, terre neutre. Ils furent même assez vite rejoint par l'ex roi Guillaume Ier et son épouse, ayant précédemment choisi l'exil aux Pays-Bas après la débâcle de 1863. Ce n'est pas tout, l'ancien ministre-président du royaume de Prusse Otto von Bismarck, persona non grata en Allemagne, a également acquis une propriété sur les rives du Danube pour y résider avec sa famille aux côtés d'Amédée, Olga, Frédéric, etc. La liste s'allonge, les Hohenzollern-Sigmaringen sont aussi de la partie ! Lui aussi ancien ministre-président du royaume de Prusse, il sera suivi par son épouse et 4 de leurs enfants. Enfin, la princesse Louise de Prusse, ancienne fiancée bafouée du prince Amédée, sera aussi désormais sa voisine, enfin quand il séjournera dans la somptueuse villa qu'elle a acquise sur les rives du Danube grâce aux impôts des contribuables allemands. Il est dit que l'éconduite n'a pas abandonné sa quête de conquérir le bel Italien dont les aventures rocambolesques des dernières semaines n'ont fait qu'inonder sa culotte.
Ce sont donc bel et bien 24 Prussiens qui investissent la cité danubienne, et pas n'importe quels Prussiens, mais les 24 Prussiens les plus importants du royaume déchu. C'est donc une véritable "clique prussienne" qui se forme à Galatz, ce qui participera à la popularité et à la renommée de la station balnéaire, et ce qui contribuera également à tisser des liens entre les Hohenzollern et l'aristocratie européenne en général. En effet, le Prince Ghica compte bien pousser ses propres filles dans les bras de ces jeunes princes allemands et célibataires...

Économie
1868-1871

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Le Palais de la bourse de Bucarest

La cité danubienne de Galatz commence donc à se faire un nom en Europe. La Société des Bains de Mer a décidé de profiter de cette renommée soudaine pour y construire un nouveau et gigantesque hôtel dans un style très moderne. Il sera réalisé d'après les plans du nouvel architecte à la mode à la fin de cette guerre, Gustave Eiffel, à qui sera également confiée la réalisation de la gare de la ville.

Aussi, conscientes du potentiel d'attractivité de ces établissements, les autorités ont décider de légiférer pour développer cette opportunité. Dans cet objectif les législateurs ont été cette fois non pas guidés par le modèle monégasque, mais par le modèle suisse où la discrétion des mouvements de capitaux a attiré de nombreuses personnalités. Par conséquent, une loi instituant le secret bancaire a été adoptée par l'Assemblée avant d'être promulguée par le Prince qui y voit là un bon moyen de diversifier ses affaires personnelles. Ainsi, le banquier qui révèlerait des informations bancaires sur ses clients encourrait une lourde peine d'amende (voir de prison pour les cas les plus graves), en plus de devoir des dommages et intérêts audit client et éventuellement d'être interdit d'exercer la profession de banquier, hors le cas de demande faite par une juridiction nationale. Et oui, alors que la majorité des états européens sont écrasés par une lourde dette du fait de la guerre, ce qui va conduire à une augmentation en flèche des prélèvements obligatoires, ces contribuables européens pourront s'affranchir de leurs obligations fiscales en cachant leur patrimoine en Roumanie. De plus, avec le renforcement de l'administration ottomane, et particulièrement de l'administration fiscale, sur les grandes fortunes du pays, l'institution du secret bancaire en Roumanie leur permettra également d'échapper à l'impôt. Avec l'arrivée de tous ces nouveaux capitaux et l'enrichissement conséquent des banques, ces dernières, jouant un rôle actif dans l'économie nationale, comme il l'a été montré pour le cas de la banque Chrissoveloni dans les créations de la Sociétés des Bains de Mer, de la STBEM ou de la STBEC (voir post précédent), disposeront de beaucoup plus d'actifs pour investir dans le développement de l'économie nationale, et notamment dans son industrialisation.

Aussi, une bourse de valeurs sera créée à Bucarest, l'objectif étant d'étendre et d'intensifier les activités bancaires. En effet, les riches banques roumaines, constituées sur la fortune des Grecs phanariote et des usuriers juifs, n'ont pas eu à pâtir de la violente guerre venant de s'achever en Europe après avoir épuisé toutes les ressources et les forces nationales, et qui a conduit à un taux d'endettement alors jamais égalé par les Etats. Il sera donc mis l'accent sur la bonne santé économique de ces banques pour développer leurs activités en Roumanie comme à l'étranger où des filiales de la banque Chrissoveloni, par exemple, seront ouvertes. Ainsi par le développement de la capitalisation en bourse, les autorités espèrent pouvoir augmenter le potentiel de capitalisation des entreprises industrielles et commerciales en pleine expansion dans le royaume du fait de la forte demande, les sociétés concourant à l'industrialisation de l'agriculture étant visées en tête (voir post précédent). En effet, la politique mise en place sur les domaines de l'Etat contribuera au développement de ces sociétés et leur expansion est l'occasion pour faire de Bucarest une place boursière de premier plan en Orient. De même, la STBEM et la STBEC (post précédent aussi), seront ouvertes en bourse. Afin d'encourager les individus à s'engager dans cette entreprise boursière, des contrats-types d'assurance contre les risques de faillite boursière seront rédigés afin de protéger les investisseurs malchanceux, et particulièrement ceux engageant une grosse partie de leur patrimoine. De même, ces investissements en bourse seront encouragés, les personnes s'y livrant bénéficieront de dégrèvements d'impôts.

Enfin, en 1856, Cuza ordonnait la réalisation d'un grand plan cadastral pour établir et délimiter les propriétés et y établir des titres. Ainsi, l'agriculture a pu être cadrée et sortie du modèle médiéval et féodal, sans compter la loi agraire de 1858 qui est venue régir le travail manuel dans les exploitations ainsi que les obligations de chaque partie. Cela a eu une incidence sur l'administration fiscale qui a pu agir plus efficacement dans la collecte des impôts sur le revenu et sur la propriété foncière. Est maintenant venu, en 1868, le temps de passer à la deuxième étape. A cause de la pratique passée et désormais interdite des arendași (louant et administrant le domaine des grands propriétaires fonciers, cumulant cette activité avec celle d'usurier auprès de leur bailleur), beaucoup de propriétaires fonciers se sont retrouvés dans des difficultés financières. Certaines propriétés sont hypothéquées, et certains boyards ont du mal à subvenir aux besoins de leur domaine.
Ce contexte posé, une loi est intervenue en 1868 pour remédier à cette situation préoccupante. Les propriétaires fonciers exploitants agricoles auront la possibilité de se constituer en SEARL (société d'exploitation agricole à responsabilité limitée). Ce régime présente plusieurs avantages :

- Elle peut être tant unipersonnelle (constituée par une seule personne) que pluripersonnelle (regroupant plusieurs associés). Ainsi certains exploitations, notamment les plus modestes pourront s'associer pour mettre en commun l'ensemble de leurs ressources, à savoir leur terre, leur argent, leur matériel agricole, leur expérience et savoir etc. Il faut aussi noter que cette possibilité d'association n'est pas réservées strictement aux exploitations agricoles entre elles : une exploitation peut faire le choix de s'associer avec un investisseur disposant des fonds nécessaires pour développer les activités de la SEARL (et notamment son industrialisation), investisseur qui recevra en contrepartie un pourcentage des bénéfices. Il est aussi possible pour un exploitant de s'associer avec par exemple, un producteur de machines agricoles, pour en bénéficier. Les exemples sont infinis. Toutefois, il reste la possibilité de constituer une SEARL unipersonnelle pour les plus grands propriétaires fonciers notamment.

- Concernant la transmission des propriétés aux héritiers : au lieu d'être divisées physiquement entre chaque héritier recevant une surface exprimée en km², chaque héritier recevra une quote-part donnant droit à un certain pourcentage des bénéfices. Ainsi cela permettra de réduire le morcellement des propriétés foncières qui n'a aucun intérêt économique.

- En cas de faillite de l'exploitation, les associés comme le dirigeant ne peuvent être poursuivis en réparation des dettes sur leur patrimoine personnel, hormis le cas de commission d'un faute grave ayant concouru de manière significative à cette faillite. Seul le patrimoine de la société peut être revendiqué par ses créanciers.

- Les SEARL peuvent être cotées en bourse sans condition particulière de capital. Ainsi une société qui a besoin de fonds pour étendre son activité, peut déjà s'associer avec un tiers comme vu plus haut, pourra entrer en bourse, et ainsi émettre des actions sur les marchés financiers pour obtenir le capital nécessaire pour financer ses activités.

- Dernier avantage : ces sociétés ne seront pas soumises à l'impôt sur le revenu, mais à l'impôt sur les sociétés, légèrement moins élevé, et surtout exemptées d'impôt sur la propriété foncière. Dernière précision quant au régime fiscal de ces entreprises : les associés de nationalité roumaine et ne vivant pas en Roumanie continueront à payer une pénalité fiscale du fait de leur expatriation (il est jugé contraire à la solidarité nationale de tirer ses revenus de l'exploitation des ressources nationales, pour les dépenser à l'étranger et ainsi ne pas contribuer au développement de l'économie nationale). Cependant, cela ne s'applique qu'aux associés de nationalité roumaine : les étrangers n'auront pas cette pénalité, on ne doit pas les freiner à investir, au contraire. Enfin, exception finale : il suffit d'avoir été roumain une fois dans sa vie pour être soumis à cette pénalité, il ne sera plus possible de contourner la loi en renonçant à sa nationalité roumaine.


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L'aristocratie roumaine

Par la présente, le gouvernement du Royaume de Roumanie émet une pétition à la maison d'édition Julius Perthes, basé dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha, éditeur de l'Almanach éponyme, pour y inclure les familles de l'aristocratie roumaine, et notamment les familles princières et anciennement princières dans la section dédiée aux familles régnantes et anciennement régnantes, à la condition que cinq souverains d'une même famille se soient succédés sur les trônes de Valachie ou de Moldavie, ce qui ne concernerait qu'un nombre très restreint de familles, et notamment les Ghica, et sous contrepartie (pot de vin) si nécessaire

Cet ouvrage étant devenu la référence pour caractériser l'appartenance à la grande aristocratie européenne et ainsi profiter des avantages liés à ce cercle où tout le monde se côtoie, l'aristocratie balkanique fait figure de laissée pour compte dans cette grande entreprise. En effet, cet almanach est basé sur les schémas aristocratiques occidentaux, et plus particulièrement germaniques, ce qui n'a pas empêché à ce qu'il se répande dans toute l'Europe et ce qui n'enlève rien au prestige et à la légitimité des familles de boyards qui se retrouvent rabaissées par rapport à leurs homologues de l'Ouest. C'est d'ailleurs, partant de ce postulat, qu'une réforme nobiliaire avait eu lieu au début de la décennie, régularisant la situation de sujets déjà nobles par l'octroi d'un titre, marque de reconnaissance dans ce milieu dans le système nobiliaire germanique. Une régularisation définitive emportant reconnaissance du statut de la noblesse roumaine à un niveau international permettrait d'établir la légitimité de ces familles et de leur donner une visibilité plus que nationale leur permettrait d'être définitivement à égalité avec leurs homologues occidentaux avec qui le dialogue et les rapprochements matrimoniaux se retrouveraient facilités, car elles ne seraient plus considérées comme des unions morganatiques, par exemple.




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Récapitulatif des actions économiques
1866-1871

Bilan de 1866
Données générales :
Population : 4,5 millions d’habitants.
Recettes : 64 millions de francs.
Dépenses : 64 millions de francs.
Déficit : / millions de francs.
Poids de la dette dans le budget : 5 millions de francs.
Dette totale : 91 millions de francs.
Poids de l'armée dans le budget : millions de francs.
Poids de la marine dans le budget : / millions de francs
Valeur de la monnaie : piastres (0,24 franc)

Bilan financier et budgétaire :
La création d’une armée en Roumanie fait payer le prix fort à un état encore très jeune. 2 divisions sont crées, des stocks d’armes, de chevaux, des canons, des corps d’officiers sont montés en à peine cinq année. Sortir l’argent nécessaire à la création de ces unités et l’administration nécessaire à leur mobilisation coûte près de 40 millions de francs sur cinq ans. L’armée occupe presque 30 % du budget roumain. Une nouvelle sparte est née. La dette augmente ainsi, des emprunts sur les marchés étrangers étant nécessaires à la formation de ces nouvelles unités. L'État garde tout de même un équilibre budgétaire derrière la création d'unités, en outre, le pays a très peu de dette ce qui lui permet d'exploiter complètement ses forces budgétaires, l'état possède ainsi une bonne administration et l'armée n'a pas besoin de budgets supplémentaires comme la plupart des grands états européens.

Bilan industriel et commercial :
L’organisation agricole prend la forme de grand propriétaires terriens, la réforme ayant été abandonnée. Le gouvernement roumain tente de s’approprier des techniques occidentales, celles-ci ne trouvent pas grâce partout, à cause des coûts d'investissements et de l'évolution technique permanente. Le commerce est toujours orienté vers le sud avec le Danube comme principale artère commerciale du pays. L’export est principalement en blé des riches plaines valaques. L’agriculture constitue toujours la très grande majorité de l’économie roumaine bien que la révolution des transports commence à marquer le territoire avec une nouvelle organisation autour des lignes de communication tournées principalement vers le Danube. Les investisseurs français garantis par l’état à hauteur de cinq pour cent de leur investissement se précipitent sur cette excellente affaire proposée par l’Empire Français. Les concessionnaires du train viennent principalement avec leur matériel mais prennent des ouvriers depuis les champs grâce à des plus hauts salaires permis par les chemins de fer. Une classe laborieuse embryonnaire se forme alors, tirée des champs par des salaires élevés et des contrats limités. Les agriculteurs proches doivent alors faire venir des gens des régions adjacentes russophones et turcophones pour remplir les champs, l'investissement est moindre que celui de machines agricoles difficiles à l'import.

Grands chantiers :
Bucarest-Ploiesti-Sinaia (35%)
Craiova-Drobeta-Turnu Severin (15%)
Iasi-Botosani (40%)

Annuaire militaire (1866) :
Flotte : /
Armée : 1 division d'active, 1 division de réserve, 2 divisions de milices (22 millions / an)
Équipement : Fusil à tabatière, artillerie rayée

Développement maritime et fluvial

1) Infrastructures :


- Prise en charge par la Commission du Danube (organisation internationale regroupant France, Royaume-Uni, Empire-Ottoman, Allemagne, Russie et Roumanie) de travaux d'aménagement sur les Portes de Fer (étroit défilé à la frontière serbo-roumaine) pour améliorer la navigabilité du Danube et son potentiel économique et commercial.

- Prise en charge par la Commission du Danube de la modernisation des ports de Drobeta-Turnu Severin, Braila, Galatz, Izmail et Sulina.

- Prise en charge par la Commission du Danube de la construction d'un canal dans les bouches du Danube pour raccourcir le temps de trajet et faciliter la navigation.

- Financement de tout ce qui précède par l'installation d'un péage par la Commission au niveau des Portes de Fer.

2) Pêche :


- Organisation et rationalisation des activités piscicoles, selon le modèle mis en place IRL par Grigore Antipa (fichier à droite, pages 217 et 218 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03006713v1) qui IRL a doublé la production piscicole, les revenus des pêcheurs et les recettes fiscales de l'Etat sur cette activité, et ce entre 3 et 10 ans selon les sources, puis qui a fait de la Roumanie le 1er ou 2e producteur mondial de caviar (aussi selon les sources).

- Création d'une régie des pêcheries de l'État » coopérative.

- Utilisation des parties inondées périodiquement comme pâturage.

- Endiguement des parties peu inondées pour les consacrer à l'agriculture.
Modernisation agricole

1)Déféodalisation de l'agriculture :


- Après la première étape des tours précédents consistant à l'élaboration d'un plan cadastral.

- Après la deuxième étape des tours précédents consistant à encadrer le travail manuel dans les exploitations ainsi que les obligations de chaque partie à ces contrats-types (contrats de travail simple, de fermage et de métayage, entre autres ( https://gloria-mundi.forumactif.com/t40-principatele-unite-ale-moldovei-si-tarii-romanesti#388 ).

- Mise en place de la troisième étape : possibilité pour les propriétaires fonciers exploitants agricoles de se constituer en SEARL (société d'exploitation agricole à responsabilité limitée). La possibilité de se constituer en société présente plusieurs avantages :

- Possibilité de se constituer société seul, ou avec d'autres agents économiques pour mettre en commun l'ensemble de leurs ressources, à savoir leur terre, leur argent, leur matériel agricole, leur expérience et savoir etc. Plusieurs exploitants agricoles peuvent s'associer ensemble, mais ils le peuvent aussi avec des investisseurs fortunés, des fournisseurs de machines agricoles etc.

- Intérêt dans le régime d'héritage :  au lieu d'être divisées physiquement entre chaque héritier recevant une surface exprimée en km², chaque héritier recevra une quote-part donnant droit à un certain pourcentage des bénéfices. Ainsi cela permettra de réduire le morcellement des propriétés foncières qui n'a aucun intérêt économique.

- Impossible de poursuivre les associés des SEARL sur leur patrimoine personnel en cas de faillite, seulement sur le patrimoine de la société.

- Possibilité pour les SEARL de se coter en bourse,  en émettant des actions sur les marchés financiers pour obtenir le capital nécessaire pour financer leurs activités.

- Sociétés pas soumises à l'impôts sur le revenu (comme les exploitations agricoles classiques) mais à l'impôt sur les sociétés, plus avantageux, et absence d'impôt sur la propriété foncière, sauf exceptions.
2) Industrialisation de l'agriculture :


- En réaction au bilan de 1866 selon lequel :  "Les agriculteurs proches doivent alors faire venir des gens des régions adjacentes russophones et turcophones pour remplir les champs, l'investissement est moindre que celui de machines agricoles difficiles à l'import." (le tour précédent comprenait déjà des mesures en faveur de l'industrialisation agricole) :

- Instauration d'une taxe sur la main d'œuvre étrangère.

- Incitations fiscales pour l'installation d'entreprises industrielles étrangères spécialisées dans la construction de machines agricoles (et autres intrants contribuant à la modernisation de l'agriculture).

- Idem pour les entreprises nationales.

- Subvention et assouplissement des conditions de crédit pour les petits propriétaires terriens.

- Industrialisation totale des domaines agricoles de l'Etat (qui représentent 1/5e des recettes nationales), et adoption de techniques modernes d'exploitation (commandes en priorité à des entreprises nationales et les étrangères installées en Roumanie pour développer l'industrie nationale).

- Redéploiement de l'exploitation des domaines de l'Etat en mettant les ressources agricoles qui en sont issues au service du développement industriel national, de la transformation économique et de son englobement dans le système de marché capitaliste ottoman et mondial (création par l'Etat d'usines subventionnées alimentaires de viandes, charcuteries et saucisses, fromages et produits laitiers en général, mais aussi alcools et textiles).
Développement des services

1)Galatz :


- Volonté de lutter contre l'expatriation des riches roumains en Europe occidentale (déjà augmentation de l'impôt sur le revenu pour les non résidents en 1862).

- Application du modèle monégasque à la cité danubienne de Galatz.

- Création de la Société des Bains de Mers de Galatz par François Blanc (qui est aussi celui qui a été à l'origine du projet monégasque).

- Édification d'un casino (profitant de l'interdiction dans l'Empire ottoman, en Russie et en Autriche d'ailleurs aussi il me semble d'ailleurs).

- Établissement de liaisons maritimes avec l'Empire ottoman et la Russie par l'intermédiaire de la société britannique P&O, leader mondial du transport maritime de plaisance (avec à terme le projet pour la Société des Bains de Mer d'acquérir ses propres bateaux pour reprendre à sa charge ce pan de l'économie).

- Construction par la Sociétés des Bains de Mer d'hôtels (dont un par Gustave Eiffel qui reconstruit aussi la gare), cafés, restaurants ainsi que d'hôtels particuliers.

- Publicité de Galatz par l'intermédiaire de princes étrangers en exil (Amédée de Savoie, ex-famille royale prussienne, Olga de Russie)

2) Optimisation bancaire et boursière :


- Reconversion des anciens arendasi (profession interdite consistant à louer et administrer le domaine des grands propriétaires fonciers en cumulant cette activité avec celle d'usurier auprès de leur bailleur) dans les activités bancaires d'investissement.

- Instauration d'un strict secret bancaire pour attirer les fortunes étrangères qui seront écrasées par l'augmentation des impôts en Europe occidental du fait des dettes de guerre et autres frais qui y sont liés, ainsi que les fortunes ottomanes victimes du renforcement de l'administration fiscale turque.

- Utilisation de ces capitaux par les banques nationales qui pratiquent également l'activité de banque d'investissement pour investir dans des sociétés nationales, notamment industrielles.

- Création d'une bourse des valeurs à Bucarest pour étendre et intensifier les activités bancaires. Les banques roumaines sont riches et bien portantes du fait de leur non-impact par toutes les guerres qui ont embrasées l'Europe, et implanteront des filiales à l'étranger. L'objectif est que ces banques investissent en bourse et apportent ainsi des capitaux aux sociétés roumaines notamment industrielles.

- Incitation à la cotation en bourse tant pour les particuliers investisseurs que pour les sociétés roumaines (qui doivent s'ouvrir à la cotation) par le biais de dégrèvements fiscaux pour que des investisseurs entrent à leur capital, ce qui augmente aussi leurs fonds disponibles pour développer leurs activités.
- Rédaction de contrats-types d'assurance contre les risques de faillite boursière afin de protéger les investisseurs malchanceux, et particulièrement ceux engageant une grosse partie de leur patrimoine (ce qui incitera également à investir en bourse).
Développement industriel


- Augmentation du capital de la Société TransBalkanique d'Exploitation Minière (société roumano-ottomane bénéficiant d'un droit exclusif sur l'exploitation de nouvelles mines découvertes en Turquie européenne) par l'entrée dans la société de riches actionnaires ottomans, pour intensifier ses activités et son développement et permettre permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes (transport et douanes notamment). Entrée de cette société en bourse pour augmenter son potentiel de capital.

- Création d'une filiale subventionnée détenue à 50% par cette société et à 50% par des investisseurs roumaine, pour exploiter les charbons, en Roumanie comme en Turquie européenne et rachat progressif par cette société des mines de charbon dans l'objectif de constituer une entreprise vaste, solide et compétitive qui pourra répondre aux demandes de l'économie nationale. Entrée de cette société en bourse pour augmenter son potentiel de capital.

- Pour inciter au développement des sociétés industrielles et commerciales, création d'un code de commerce calqué sur le code de commerce français qui a lui même servi de base aux codes en vigueur en Espagne, en Italie et dans l'Empire ottoman (qui est le 1er partenaire commercial de la Roumanie, la similarité des législations devant favoriser les échanges)

- Création de plusieurs contrats-types (achat-vente, cession de biens immobiliers, transport, fourniture, prestation de services etc.) pour répondre aux besoins quotidiens de la vie économique et faciliter leur utilisation.
Développement social


- Renforcement, étatisation et subventionnement du service public national de la santé et de l'éducation par l'intermédiaire de l'Ephorie.
Traités internationaux


- Politique douanière ottomane favorable à la Roumanie dans la mesure où la Porte a augmenté ses douanes pour quasiment tous les pays, sauf la Roumanie, ce qui facilitera l'entrée de produits roumains dans l'Empire ottoman.

- Abolition des douanes roumaines sur le fer russe (la Roumanie n'a pas de fer) + production sous licence de machines outils et matériel ferroviaire russe.

- .Abolition des douanes grecques sur les céréales, légumes, fruits et bois roumains +  abolition des douanes roumaines sur l'achat de biens sur la construction navale grecque, ainsi que sur ses minerais, exception faite des charbons et leurs dérivés (la Roumanie n'a pas de minerai sauf des charbons).

- Douanes roumaines à 3% sur le cuivre serbe (la Roumanie n'en a pas) + douanes serbes à 3 % sur les tournesols, pommes de terre, riz et chanvre roumains + douanes serbes à 12.5 % sur le blé roumain. (traité applicable au tour précédent, j'ai demandé le renouvellement à Jomini qui m'a pas répondu puis j'ai oublié, à savoir avec le Sgie du coup j'imagine).

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Mer 24 Mar - 0:42
Royaume de Roumanie
Regatul României

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La trahison de Stirbey
1871-1875

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Le Domnitor Georges IV B. Stirbey II

Été 1874 ; des insurrections slaves éclatent dans l'Empire ottoman. Dimitrie I Ghica XI, à la tête de la Roumanie depuis maintenant 17 ans et proche des intérêts de l'Empire ottoman, décide d'ignorer ces événements et fait la sourde oreille face aux revendications balkanistes d'une partie majoritaire de la classe politique. Parmi cette dernière se trouve notamment le ministre-logothète, chef du gouvernement roumain, le Prince George Barbu Stirbey, un boyard de premier plan. Ce dernier, notoirement proche des Russes et sous le feu des projecteurs depuis son mariage avec Olga Nikolaïevka, tante du tsar et ex-reine de Wurtemberg, décide de démissionner face à l'inaction de Ghica dans la situation balkanique. En effet, une guerre se trame et une invasion russe est désormais à craindre. Alors que Stirbey est remplacé à la tête du gouvernement par Lascar Catargiu, un vieux boyard très conservateur, une fronde se trame à l'Assemblée nationale. Se révèle alors le génie politique de Stirbey : il décide de monopoliser le débat public sur la situation des Chrétiens de l'Empire ottoman et sur l'hostilité à l'Empire ottoman. Soutenu par une partie des boyards, il trouve dans son combat des alliés inattendus en les Libéraux du parti national-libéral récemment constitué et dirigé par l'impitoyable Ion C. Bratianu. Unis par leur hostilité à l'inclination trop pro-ottomane du Souverain qui mène la Roumanie dans une impasse, Stirbey et Bratianu, réunis au Palais de ce premier à Buftea, concluent un pacte secret : leur objectif, mettre fin au règne de Ghica. Se met alors une vaste campagne de désinformation dirigée contre le Souverain et les Turcs, et une politique parlementaire d'obstruction systématique se met en place. Les pouvoirs publics sont paralysés et Ghica se retrouve face au mur. Acculé et face à la montée grandissante de tensions entre les deux empires, il abdique le 20 avril 1875 pour se retirer dans sa résidence galatéenne.
Cet événement démontre cependant la prise de maturité de la société et de la vie politique roumaine. Pour la première fois, un Souverain n'est pas destitué par la violence ou par l'intervention des forces armées : le jeu parlementaire a suffit à répondre aux exigences de l'opposition.
Débute alors les tractations politiques liées à l'élection d'un nouveau Souverain en application de l'article 12 de la Convention de Paris. Sans surprise, Stirbey est rapidement élu, aidé en cela par la forte influence de son impériale épouse. Commence alors le règne inflexible de Georges IV B. Stirbey II. En vertu de son accord avec Bratianu sans qui rien n'aurait été possible, ce dernier est nommé ministre-logothète et dirigera dès à présent le gouvernement roumain. D'autres points abordés pendant l'entrevue de Buftea seront bientôt mis en exécution par le nouveau gouvernement.
Face à l'imminence de la guerre menaçant directement la souveraineté de la Roumanie, un traité est rapidement négocié avec l'Empire russe dans la cité frontalière d'Izmail. Révélé après la déclaration de guerre du 14/05/1875, il stipule que :
- Un traité d'amitié est signé entre les deux pays signataires ;
- La clause de la Convention de Paris relative à l'organisation du royaume de Roumanie de 1853, selon laquelle le Royaume de Roumanie est garanti par les signataires de ladite Convention, est réaffirmée :
- Les troupes russes obtiennent le droit de passer sur le territoire du royaume de Roumanie, aidées en cela par le réseau ferré roumain ;
- La déclaration unilatérale d'autocéphalie de l'Eglise orthodoxe roumaine de 1864 est officiellement reconnue ;
- Une clause secrète.
De plus, Stirbey insiste sur sa préoccupation quant à la répression brutale des mouvements nationaux des chrétiens de l'Empire ottoman. Si la Roumanie désire absolument conserver sa stricte neutralité dans l'intérêt de ses relations avec les deux blocs et de son économie, elle n'est pas insensible au sort réservé aux populations orthodoxes de la Porte. Cette neutralité ne signifie pas que la Roumanie ne peut pas agir en dehors de toute considération politique. Ainsi, la politique violente de l'Empire ottoman dans ses provinces chrétiennes est formellement dénoncée. Des actions concrètes seront prises pour aider les populations lors de ce désastre humanitaire. En ce sens, l'épouse du Prince Stirbey, la grande-duchesse Olga Nikolaïevka, va jouer un rôle décisif. A la tête de la Fondation Saint-André, la princesse mènera de vastes opérations de collectes de fonds pour venir en aide aux populations sinistrées, notamment auprès de la richissime aristocratie, événements qui seront très fortement médiatisés. Entre autres opérations humanitaires d'envergure qui seront menées pour venir en aide à ces populations, de même, l'asile politique sera offert aux insurgés sous une violence menace directe pour leur vie et celle de leur famille. Ce droit sera concédé à la discrétion du Souverain au cas par cas, et pourra donc être refusé.

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Dernière édition par jrvc le Lun 12 Avr - 9:40, édité 1 fois
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Mer 24 Mar - 21:12
Royaume de Roumanie
Regatul României

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Ajustements militaires
1872

Royaume de Roumanie Roumanie_ALB_EtatMajor1

Conscients de l'obsolescence progressive de l'armée roumaine et de la montée des tensions dans les Balkans, l'Etat-Major été décidé d'investir dans la modernisation et le renforcement des forces armées.

Avant réforme, l'armée roumaine est composée de :
- 1 division d'active financée à plein régime et équipée de fusils Tabatière (culasses éco+) et de canons rayés LaHitte, ce qui représente un coût de 12 millions de francs par an d'entretien.
- 1 division de réserve financée à plein régime et équipée de fusils Tabatière et de canons rayés LaHitte, ce qui représente un coût de 6 millions de francs par an d'entretien.
- 2 divisions de réserve financées en sous-régime et équipées de fusils Tabatière et de canons rayés LaHitte, ce qui représente un coût de 2x2 millions de francs par an d'entretien.

Le total représente donc 22 millions de francs par an.

Après réforme, l'armée roumaine sera composée de :
- 1 division d'active financée à plein régime et équipée de fusils Mongiana et de canons dernière génération, ce qui représente un surcoût de 6 millions de francs s'ajoutant aux 12 millions de francs par an d'entretien.
- 2 divisions de réserve financées à plein régime et équipées de fusils Mongiana et de canons dernière génération, ce qui représente un surcoût de 2x6 millions de francs s'ajoutant aux 2x6 millions de francs par an d'entretien, sans oublier 10 millions de francs supplémentaires engagés pour acter le passage à plein régime d'une de ces divisions.
- 1 division de réserve financée en sous-régime et équipée de fusils Tabatière et de canons rayés LaHitte, ce qui représente un coût de 2x2 millions de francs par an d'entretien.

A terme, le budget annuel de l'armée s'établira donc à 26 millions de francs par an, soit 4 millions de plus qu'avant la réforme.

De plus, il ne faut pas oublier les dépenses ponctuelles correspondant à l'achat des nouvelles armes, à leur équipement et au rehaussement à plein régime d'une unité, ce qui représente 28 millions de francs. Cette somme conséquente pour le budget roumain sera ponctionnée d'une part sur l'excédent dont bénéficie le royaume depuis cette année, et d'autre part sur les 25,2 millions de francs qui avait été mis en réserve en 1864 et issus du "Coup boyard contre l'Eglise orthodoxe" ( https://gloria-mundi.forumactif.com/t40-principatele-unite-ale-moldovei-si-tarii-romanesti#455 ).

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Lun 12 Avr - 13:33
Royaume de Roumanie
Regatul României

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AS : en l'absence de rapport pour le tour précédent, voici le résumé des actions économiques de la période 1866-1871 qui complète donc ce post :
https://gloria-mundi.forumactif.com/t40-principatele-unite-ale-moldovei-si-tarii-romanesti#601
Diplomatie - Économie
1871-1876

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Le Ministère roumain des Affaires étrangères

Les cinq premières années de la huitième décennie du neuvième siècle du deuxième millénaire ont été diplomatiquement prolifiques pour le Royaume de Roumanie. Ainsi, les conventions suivantes ont été conclues :

I. LE CHARBON OLTÉNIEN

TRAITÉ ITALO-ROUMAIN DE 1871

- La République italienne abaisse ses douanes à 4% sur le charbon roumain ;
- La République italienne émet des garanties à 5% sur le marché Italien pour les investissements dans les mines roumaines (particulièrement de charbon) ;
- Le Royaume de Roumanie abaisse ses douanes à 9% sur l'équipement industriel et les machines-outils italiennes.
TRAITÉ GERMANO-ROUMAIN DE 1873

- L'Empire allemand émet des garanties à 5% sur le marché allemand pour les investissements dans les mines de charbon.

Les deux traités précités ont le même objet : favoriser la production charbonnière en Roumanie. En effet, riche de cette ressource mais manquant de capitaux, la baisse des douanes italiennes permettra au charbon roumain d'être plus compétitif et de se vendre mieux sur le marché italien traumatisé par la menace d'embargo anglo-germano-magyar de 1873. De plus, l'émission de garanties de 5% sur l'investissement dans le charbon roumain de ces deux pays permettra de rassurer les investisseurs germano-italiens flairant la bonne affaire, et d'apporter les capitaux dont manque le secteur pour qu'il puisse s'épanouir convenablement.

Ces investissements seront réalisés dans le cadre de la Société TransBalkanique d'Exploitation Charbonnière (STBEC), opérant principalement autour de Targu Jiu en Olténie et au capital de 4 millions de francs détenu à 11% par l'Etat roumain, à 16,5% par des privés ottomans et à 72.5% par des privés roumains (incluant la participation à hauteur de 5% de l'ancien Domnitor D. Ghica).

S'ajoute aux deux traités précités, un troisième et le plus important : le TRAITÉ ANGLO-ROUMAIN de 1871, prévoyant sur cette question du charbon olténien que la Couronne favorisera l'investissement de sujets britanniques dans cette société à hauteur de 20 millions de francs.

En plus des apports qui seront réalisés par les privés germano-italiens, l'Etat roumain a décidé d'investir 10 millions de francs, prélevés sur l'excédent, dans de cette société. La capital de la STBEC sera donc à court-terme propulsé à hauteur d'une quarantaine de millions de francs dont le quart provenant de financements publics. La participation des sujets britanniques s'élève donc pour moitié du capital de la société, et par application du TRAITÉ ANGLO-ROUMAIN de 1871, la moitié du charbon produit la STBEC sera rapatrié au Royaume-Uni avant d'être revendu.

Ces apports importants permettront d'augmenter considérablement la production du charbon olténien, mais ils seront également dédiés à la construction d'une aciérie importante qui fonctionnera grâce au charbon extrait et au fer importé à bas coût de Russie (voir plus bas, absence de droits de douanes), aciérie qui sera au service de l'extension du réseau ferré roumain (voir plus bas, infrastructures).







II. LA GARANTIE BRITANNIQUE

Par le TRAITÉ ANGLO-ROUMAIN de 1871, le Royaume-Uni s'engage également à garantir l'indépendance et l'intégrité territoriale du Royaume de Roumanie. En effet, le Domnitor et son gouvernement craignent que l'indépendance formelle du pays du fait de la paix de Plovdiv ait pour conséquence de rendre caduques les garanties conférées à la Roumanie par les signataires de la Convention de Paris de 1853. La garantie britannique est donc une sécurité supplémentaire pour une Roumanie insérée dans l'instable poudrière des Balkans.







III. LES RELATIONS RUSSO-ROUMAINES ET L'ANNEXION DE LA BESSARABIE

Au cours de ces cinq années, les relations diplomatiques avec la Russie ont été tant nombreuses que prolifiques. La signature des accords d'Izmail en 1875 ont permis aux troupes russes de passer sur le territoire roumain afin d'attaquer l'Empire ottoman. En échange, le royaume de Roumanie a obtenu la réaffirmation de la garantie russe sur son territoire ainsi que la reconnaissance officielle de la déclaration unilatérale d'autocéphalie de l'Eglise orthodoxe roumaine de 1864. Néanmoins, ce n'était que la partie émergée de l'iceberg, les accords contenant une clause secrète qui s'est activée à la victoire de Plovdiv et selon laquelle le Gouvernorat de Bessarabie, contenant 1,5 millions d'habitants répartis sur 45 000km², a été transféré au Royaume de Roumanie dont les frontières deviennent les suivantes :

ROUMANIE EN 1875:

Ainsi, la frontière est de nouveau fixée au Dniestr, 63 ans après avoir été cristallisée sur le Prout, et le Royaume de Roumanie s'agrandit d'une riche région principalement exploitée pour ses nombreuses ressources agricoles. D'ailleurs, les réformes qu'a connu la Roumanie depuis son autonomie s'appliquent désormais de plein droit en Bessarabie, et c'est particulièrement le cas des réformes touchant au modèle agricole (loi sur les baux ruraux, subventions etc.), ce qui contribuera à renforcer le potentiel commercial de cette région directement liée à l'Empire russe depuis le liaison entre les deux réseaux de chemins de fer qui avait été rendu nécessaire par la Guerre et qui aura désormais un intérêt économique décisif dans l'exportation des ressources agricoles roumaines. Il en va de même pour les réformes liées aux activités piscicoles qui s'appliqueront désormais aux nouvelles côtes maritimes ainsi qu'aux limans du Dniestr et de Budachi. Autrement, la région sera progressivement dérussifiée et re-roumanisée : les toponymes originels roumains seront rétablis et le roumain retrouvera sa place dans l'enseignement, dans l'Eglise et dans l'espace public.

L'annexion de la Bessarabie n'a pas été la seule conséquence de la Guerre russo-turque de 1875. En effet, en vertu du traité de paix, la Roumanie devient un été indépendant libéré de sa vassalité et de toutes ses obligations vis-à-vis de la Porte. L'implication majeure de cela est la fin du tribut, représentant 4 millions de piastres soit 1 millions de francs qui seront dés à présent mis en réserve pour contribuer à l'excédent qui s'élève maintenant à 7,4 millions de francs annuels.

Ces évolutions favorables sont une grande force pour le nouveau Domnitor Georges IV B. Stirbey II, qui peut s'enorgueillir au boût de quelques mois de règne d'avoir agrandit le territoire national d'un tiers et de l'avoir libéré de sa vassalité en vigueur depuis le XIVe siècle.

Aussi, un accord économique a été renouvelé :

TRAITÉ RUSSO-ROUMAIN DE 1874

I - Le Royaume de Roumanie s'engagent à abolir tous leurs droits de douane sur le fer russe ;
II - L'Empire russe autorise les entreprises roumaines à produire sous licence des machines-outils et des voies de chemin de fer de brevet russe ;
III - Les entreprises roumaines bénéficiant de ces octrois de licences verseront une rente proportionnelle à leurs bénéfices issus de ce traité aux entreprises russes leur ayant octroyé leur licence ;
IV -  Les I, II  et III s'appliquent pour 4 ans, renouvelables (à partir de la signature du traité en 1874).

Cet accord profite aux deux pays en ce qu'il permettra aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais de fer nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car la Principauté roumaine ne dispose malheureusement pas de minerais de fer à exploiter et doivent par conséquent en importer. De plus, les avantages liés à la production sous licence évoqués plus haut s'appliquent pleinement au traité russo-roumain de 1866, et profitera aux industriels roumains comme au marché intérieur de la principauté en ce qu'elles disposeront d'une marchandise de qualité assurée et à un coût plus abordable que si elle était importée, tout en permettant le développement du réseau ferré national nécessaire à l'intensification des échanges économiques tant intérieurs que vers l'extérieur, et le développement de la production de machines-outils, utiles à tous les échelons d'une économie industrielle embryonnaire, notamment pour les catégories les plus modestes de la population libérées d'un épuisant voire dangereux et archaïque travail manuel.







IV. LES RELATIONS TURCO-ROUMAINES, L'ILE D'ADA-KALEH ET LE DEVELOPPEMENT MANUFACTURIER

Avec la fin de la Guerre russo-turque de 1875 et la signature du traité de paix incluant l'indépendance de nombreux états dont la Roumanie ainsi que la perte de nombreux territoire pour l'Empire ottoman, la situation politique de l'île d'Ada Kaleh, sur le Danube entre frontières serbe et roumaine, s'en est retrouvée d'autant plus absurde. En effet, cet îlot de 0.8km² est demeurée une enclave ottomane entre les principautés roumaines et serbes après l'autonomie de cette dernière en 1817, l'îlot ayant été totalement oublié du traité de paix. Cette situation continue jusque lors, les habitants de ce minuscule territoire profitant de leur statut flou pour se livrer à des activités de contrebande affectant l'économie roumaine.

Ainsi, par convention en date du 3 octobre 1875 signée à Constantinople par le Sultan ottoman et l'ambassadeur de Roumanie, la souveraineté ottomane sur l'îlot d'Ada-Kaleh a été transférée à la Roumanie, devenant proprement maître de ce territoire contre le paiement de la totalité du tribut pour les années 1875 et 1876, soit deux millions de francs.

Devenu possession roumaine, cet îlot à majorité turque musulmane devra se plier aux lois roumaine et ainsi cesser toute activité de contrebande. De plus, l'île possède une importance stratégique induite par sa position centrale entre les deux rives du Danube, à quelques kilomètres de la partie hongroise. Un avant-poste y sera construit au niveau de la forteresse historique et une petite garnison roumaine se relayera sur l'île pour assurer sa sécurité ainsi que la lutte contre la contrebande.

Royaume de Roumanie 400px-Ada_Kaleh

Aussi, un accord économique a été conclu avec la Sublime Porte :

TRAITÉ TURCO-ROUMAIN DE 1875

- Le Royaume de Roumanie s'engage à abolir ses droits de douane sur le coton ottomane ;
- Le Royaume de Roumanie s'engage à ramener à 5% ses droits de douane sur la laine ottomane ottoman ;
- ?.

Avec ce traité, le importateurs roumains de coton et de laine se retrouveront favorisés. En effet, il n'existe pas en Roumanie de production de coton et de laine, il est nécessaire d'en importer à des prix couteux, ce qui freine les échanges. Ainsi, l'importation de laine et de coton serviront à entamer une activité textile manufacturière : des équipements industriels ou machines-outils de brevet italien ou russe (voir traités précités), notamment des métiers à tisser mécaniques importés ou produits sous licence travaillant des matières premières importées de l'Empire ottoman grâce à l'énergie fournie par la production charbonnière nationale contribueront à faire émerger une industrie textile en Roumanie.

Aussi, la Roumanie est parmi les premiers producteurs producteurs mondiaux de vin, notamment depuis le rattachement de la Bessarabie, région à forte tradition vinicole. Afin de favoriser le développement de ce secteur économique et sa mécanisation progressive, la taxe sur l'hectolitre d'alcool sera légèrement baissée. Sont concernées uniquement les vins et spiritueux de moins de 15° d'alcool. Ainsi les eaux-de-vie et autres alcools forts ne sont pas concernés par cette baisse. Grâce aux même équipements industriels ou machines-outils de brevet italien ou russe (voir traités précités), des distilleries modernes verront le jour pour travailler les cépages roumains grâce à l'énergie procurée par le charbon, lui aussi roumain.

De même, la Roumanie est riche de tournesol, c'est l'un des premiers producteurs mondiaux. Grâce aux même équipements industriels ou machines-outils de brevet italien ou russe (voir traités précités), des moulins à huile modernes verront le jour pour travailler le tournesol roumain grâce à l'énergie procurée par le charbon, lui aussi roumain.

Dans les trois entreprises précitées (le textile, le vin et le tournesol), l'Etat roumain soutiendra leur développement par l'investissement de 5 millions de francs prélevés sur l'excédent financier du pays. Ils seront investis par le biais de subventions publiques mais aussi par la construction de manufactures d'Etat si l'investissement privé venait à être insuffisant.







V. LES RELATIONS BULGARO-ROUMAINES ET LE LIBRE PASSAGE DES MARCHANDISES

TRAITÉ BULGARO-ROUMAIN DE 1875

- Le Royaume de Bulgarie assure le libre passage des produits traversant son territoire pour être exportés dans l'Empire ottoman ;
- Le Royaume de Roumanie assure le libre passage des produits traversant son territoire pour être exportés dans l'Empire russe et dans le Royaume de Hongrie ;
- Une ligne de chemin de fer Bucarest-Roussé sera ouverte (voir plus bas).

L'indépendance de la Bulgarie a eu pour conséquence de menacer le prolifique commerce roumano-ottoman. En effet, la création d'un pays et donc de douanes auxquelles seraient soumis les produits roumaines avant d'entrer sur le territoire turc, auraient pu voir s'amenuiser ces échanges, alors même que les produits roumains, spécialement agricoles, bénéficient d'avantages compétitifs sur le marché ottoman du fait des faibles droits de douanes auxquels ils sont soumis. Pour pallier cette situation préoccupante, il a été décidé que les marchands transportant des caisses de produits roumains devant se retrouver sur le marché ottoman devront bénéficier d'une certification de l'Etat roumain, qui leur délivrera un document officiel qui leur donnera le droit de peindre un signe distinctif sur leur moyen de transport ou la caisse en cas de transport ferroviaire. Ce certificat et ce signe constitueront un laissez-passer du point de vue des autorités bulgares qui leur laissera traverser le territoire sans paiement de douanes ni aucun frais, et ce sans restriction de quantité. En contrepartie, les Bulgares obtiennent les mêmes avantages pour les produits destinés aux marchés hongrois et russes.







VI. LE TRAITÉ FRANCO-ROUMAIN

Il a aussi été prévu le renouvellement des accords conclus avec l'Empire français en 1865 :

TRAITÉ FRANCO-ROUMAIN DE 1875

I - L'Empire français autorise les entreprises roumaines à produire sous licence des machines agricoles de brevets français (comprenant tout autre intrant, comme des engrais, permettant la modernisation de l'agriculture) ;
II - Les entreprises roumaines bénéficiant de ces octrois de licences verseront une rente proportionnelle à leurs bénéfices issus de ce traité aux entreprises françaises leur ayant octroyé leur licence ;
III - Les I et II s'appliquent pour 10 ans, renouvelables (à partir de la signature du traité en 1875).

Cet accord permettra à l'industrie roumaine embryonnaire de se développer en supprimant le couteux (tant en argent qu'en temps) stade de recherche et de développement, avec lequel les entreprises roumaines ne sont pas pour le moment familières, permettant ainsi un taux de production plus élevé. Cette production, de qualité, bénéficiera directement au marché national et les acheteurs roumains pourront par conséquent l'acquérir à moindre coût par l'élimination des frais de transport et l'absence de conversion monétaire. Le choix de la production des machines agricoles répond directement à un besoin des exploitants nationaux (la classe de propriétaires terriens), qui est de faire entrer l'agriculture roumaine dans l'époque moderne en, d'une part, réduisant la difficulté des travaux manuels et la main d'œuvre nécessaire, aux bénéfices tant de cette dernière que des propriétaires pour qui les coûts fixes se retrouveraient réduits, et d'autre part en augmentant la qualité et la quantité des rendements agricoles nationaux. L'agriculture est donc mise au service de l'industrie pour émuler ces deux secteurs conjointement, le premier profitant de ce que le deuxième a à lui apporter et ce dernier profitant de haute demande de ce dernier. Les fournisseurs roumains acquerront par ailleurs de l'expérience industrielle par la production de ces biens à faible technicité, dans l'objectif de poser les bases d'une économie moderne et industrielle.







VII. AUTRES TRAITÉS EN APPLICATION

Autrement, les accords économiques suivants sont toujours en application pendant cette période 1871-1876 :

TRAITÉ SERBO-ROUMAIN DE 1870

I - La Principauté de Roumanie abaisse leurs droits de douane à 3% sur le cuivre serbe ;
II - La Principauté de Serbie abaisse ses droits de douane à 3 % sur les tournesols, pommes de terre, riz et chanvre roumains (dont la production serbe est largement résiduelle voire inexistante) ;
III - La Principauté de Serbie abaisse ses douanes à 12,5% sur le blé roumain ;
IV - Les I, II et III s'appliquent pour 7 ans renouvelables à compter de la signature dudit traité.

Ce traité permet aux industriels roumains de se procurer à un coût moins élevé des minerais de cuivre, nécessaires à l'extension de leur capacité productive par l'abaissement de certains coûts fixes car la Principauté roumaine ne dispose malheureusement pas de minerais de cuivre à exploiter et doivent par conséquent en importer. Le choix de la Principauté de Serbie résulte de la richesse des mines de cuivre qu'elle abrite à l'est de son territoire, de leur proximité avec les pays roumains, abaissant les coûts de transport, et d'une volonté de rapprochement avec cette nation sœur contribuant à créer un marché intégré balkanique. Aussi, cet accord contribue à  offrir de nouveaux débouchés à l'agriculture roumaine en répondant aux demandes des grands propriétaires terriens exploitants agricoles.

TRAITÉ GRECO-ROUMAIN DE 1870

I - Le Royaume de Grèce s'engage à abolir tout ses droits de douane sur les céréales, légumes, fruits et bois roumains ;
II - La Principauté Roumanie s'engage à abolir tous leurs droits de douane sur l'achat de biens sur la construction navale grecque, ainsi que sur ses minerais, exception faite des charbons et leurs dérivés ;
III - Les I et II s'appliquent pour 7 ans, renouvelables (à partir du renouvellement du traité en 1870).

Cet accord a les mêmes avantages que le précédent et permet aux professionnels roumains du transport maritime d'acquérir des navires à un prix plus abordable et pallie substantiellement à l'absence totale de cette industrie de la construction navale en Roumanie, conséquence de son accès très résiduel à la mer. Aussi, cet accord contribuera à  offrir de nouveaux débouchés à l'agriculture roumaine en répondant aux demandes des grands propriétaires terriens exploitants agricoles.
Infrastructures
1871-1876

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L'expansion du réseau ferré roumain

Afin de continuer à optimiser le schéma roumain de logistique des transports internationaux, il a été décidé d'ouvrir aux investisseurs les lignes suivantes :

1 - Chisinau -> Tighina (Bender) -> Cetatea-Alba (Bilhorod-Dnistrovskyï)
2 - Galati -> Izmail -> Sulina
3 - Ploiesti -> Targoviste -> Pitesti
4 - Bucarest -> Roussé (Bulgarie)
5 - Iasi -> Balti
6 - Chisinau -> Orhei

Spoiler:

Cette extension du réseau ferré roumain a été décidée dans le cadre du TRAITÉ ANGLO-ROUMAIN de 1871. En effet, il prévoit la création d'une Danubian Railroad Company à capital 75% britannique garanti par la Couronne. Les lignes précitées seront donc construites par cette société, ainsi que les autres lignes qui seront ouvertes dans le futur.

De manière générale (à l'exception des 3, 5 et 6), l'objectif de ces lignes est de favoriser les débouchés internationaux aux produits roumains, ainsi que des débouchés roumains à des produits étrangers. Ainsi, si la 1 et la 2 font se rejoindre des centres de production important et des ports maritimes, le 4 relie Bucarest à la ville de Roussé dans la désormais libre Bulgarie ; l'objectif de la construction de cette ligne étant la construction de relations commerciales avec la Bulgarie, mais aussi la continuité des relations économiques roumano-ottomanes telles que prévues dans le traité roumano-bulgare de 1875 précité.

Le deuxième aspect de ces travaux d'améliorations d'infrastructure concernent les ports maritimes de Sulina et de Cetatea-Alba. Le premier est le principal port maritime roumain, étant situé à l'embouchure du Danube et étant relié aux riches plaines valaques et moldaves. Le deuxième, situé dans les terres nouvellement acquises de Bessarabie, est destiné à remplacer Odessa comme site d'exportation des riches plaines bessarabes. Afin de continuer à assurer le rôle qui leur est dû est d'optimiser leur fonctionnement, les infrastructures portuaires seront donc modernisées. La dynamisation de ces zones portuaires inclura des investissements publics à hauteur de 5 millions de francs prélevés sur l'excédent.
Politique
1875-1876

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Le Domnitor Georges IV B. Stirbey II

Depuis la fin de la guerre russo-turque, Stirbey, après avoir sauvé son pays d'une possible invasion russe, apparaît comme le nouvel homme fort d'une Roumanie qu'il a libéré et agrandit d'un tiers. Son ascension politique est néanmoins le fruit d'un accord avec les Libéraux du parti national-libéral récemment constitué et dirigé par l'impitoyable Ion C. Bratianu, fortement critique de la caste des boyards et des dynamiques sociales que connaît la Roumanie depuis le début du siècle. Libéral, démocrate, progressiste et nationaliste, Bratianu a posé des conditions claires lors de l'entrevue de Buftea qui avait scellé l'alliance entre le Domnitor et son Ministre-logothète. Ces conditions ? L'adoption d'une constitution avec la participation du peuple, l'extension du droit de suffrage et la limitation des pouvoirs du Domnitor. Ainsi, à l'automne 1875, l'Assemblée nationale a été dissoute et des élections constituantes ont été convoquées pour rédiger une constitution en bonne et due forme. Après quelques mois de travaux parlementaires, les élus se sont mis d'accord sur un projet prenant pour base la Convention de Paris qui faisait jusque lors office de loi fondamentale du pays et qui avait conduit à un compromis entre les grandes forces politiques et à une démocratisation stable de la vie politique roumaine. D'abord, toute référence à l'Empire ottoman, au sultan, au tribut ou à un quelconque lien de vassalité a été supprimée. De plus, dans le projet de 1875, le suffrage est étendu par la création d'un troisième collège électoral, qui a donné une certaine représentation aux paysans et aux employés urbains en augmentant le nombre d'électeurs. Aussi, le Domnitor est désormais élu pour 10 ans (renouvelables), toujours par l'Assemblée nationale, parlement monocaméral du pays. La nouvelle constitution reconnaît également plusieurs garanties concernant les libertés des citoyens, en reconnaissant les libertés de presse et d'opinion ainsi que les droits de la défense. Les pouvoirs de l'Assemblée sont aussi renforcés : de 3 mois, la durée de chaque session ordinaire passe à 9 mois, les mécanismes du parlementarisme qui s'étaient développés depuis 1857 sont désormais inscrits dans le marbre et il est désormais textuellement écrit que « l'Assemblée nationale est l'expression de la souveraineté de la Nation roumaine ».

Une préoccupation du gouvernement Bratianu est également le manque d'application des réformes votées sous les gouvernements conservateurs précédents concernant l'organisation du monde agricole. Ainsi, fort de sa nouvelle influence, le parti national-libéral veillera particulièrement à la bonne application de ces mesures pour la bonne santé économique et agricole du pays. Le nouveau ministre de l'Intérieur Constantin A. Rosetti sera spécialement investi dans cette mission, émettant des lignes directrices aux services de police pour veiller au grain que la loi soit appliquée. Il s'agit des réformes suivantes :


- Après la première étape des tours précédents consistant à l'élaboration d'un plan cadastral.

- Après la deuxième étape des tours précédents consistant à encadrer le travail manuel dans les exploitations ainsi que les obligations de chaque partie à ces contrats-types (contrats de travail simple, de fermage et de métayage, entre autres ( https://gloria-mundi.forumactif.com/t40-principatele-unite-ale-moldovei-si-tarii-romanesti#388 ).

- Mise en place de la troisième étape : possibilité pour les propriétaires fonciers exploitants agricoles de se constituer en SEARL (société d'exploitation agricole à responsabilité limitée). La possibilité de se constituer en société présente plusieurs avantages :

- Possibilité de se constituer société seul, ou avec d'autres agents économiques pour mettre en commun l'ensemble de leurs ressources, à savoir leur terre, leur argent, leur matériel agricole, leur expérience et savoir etc. Plusieurs exploitants agricoles peuvent s'associer ensemble, mais ils le peuvent aussi avec des investisseurs fortunés, des fournisseurs de machines agricoles etc.

- Intérêt dans le régime d'héritage :  au lieu d'être divisées physiquement entre chaque héritier recevant une surface exprimée en km², chaque héritier recevra une quote-part donnant droit à un certain pourcentage des bénéfices. Ainsi cela permettra de réduire le morcellement des propriétés foncières qui n'a aucun intérêt économique.

- Impossible de poursuivre les associés des SEARL sur leur patrimoine personnel en cas de faillite, seulement sur le patrimoine de la société.

- Possibilité pour les SEARL de se coter en bourse,  en émettant des actions sur les marchés financiers pour obtenir le capital nécessaire pour financer leurs activités.

- Sociétés pas soumises à l'impôts sur le revenu (comme les exploitations agricoles classiques) mais à l'impôt sur les sociétés, plus avantageux, et absence d'impôt sur la propriété foncière, sauf exceptions.

- En réaction au bilan de 1866 selon lequel :  "Les agriculteurs proches doivent alors faire venir des gens des régions adjacentes russophones et turcophones pour remplir les champs, l'investissement est moindre que celui de machines agricoles difficiles à l'import." (le tour précédent comprenait déjà des mesures en faveur de l'industrialisation agricole) :

- Instauration d'une taxe sur la main d'œuvre étrangère.

- Incitations fiscales pour l'installation d'entreprises industrielles étrangères spécialisées dans la construction de machines agricoles (et autres intrants contribuant à la modernisation de l'agriculture).

- Idem pour les entreprises nationales.

- Subvention et assouplissement des conditions de crédit pour les petits propriétaires terriens.

- Industrialisation totale des domaines agricoles de l'Etat (qui représentent 1/5e des recettes nationales), et adoption de techniques modernes d'exploitation (commandes en priorité à des entreprises nationales et les étrangères installées en Roumanie pour développer l'industrie nationale).

- Redéploiement de l'exploitation des domaines de l'Etat en mettant les ressources agricoles qui en sont issues au service du développement industriel national, de la transformation économique et de son englobement dans le système de marché capitaliste ottoman et mondial (création par l'Etat d'usines subventionnées alimentaires de viandes, charcuteries et saucisses, fromages et produits laitiers en général, mais aussi alcools et textiles).

Les réformes faites sous l'administration précédente et touchant l'optimisation du secteur bancaire et financier trouvent encore tout leur écho durant cette période 1871-1876, les impôts en Europe ayant continué d'augmenter du fait des guerres qui ne cessent de ruiner les peuples, particulièrement ceux d'Orient :

- Instauration d'un strict secret bancaire pour attirer les fortunes étrangères qui seront écrasées par l'augmentation des impôts en Europe occidental du fait des dettes de guerre et autres frais qui y sont liés, ainsi que les fortunes ottomanes victimes du renforcement de l'administration fiscale turque.

- Utilisation de ces capitaux par les banques nationales qui pratiquent également l'activité de banque d'investissement pour investir dans des sociétés nationales, notamment industrielles.

- Création d'une bourse des valeurs à Bucarest pour étendre et intensifier les activités bancaires. Les banques roumaines sont riches et bien portantes du fait de leur non-impact par toutes les guerres qui ont embrasées l'Europe, et implanteront des filiales à l'étranger. L'objectif est que ces banques investissent en bourse et apportent ainsi des capitaux aux sociétés roumaines notamment industrielles.

- Incitation à la cotation en bourse tant pour les particuliers investisseurs que pour les sociétés roumaines (qui doivent s'ouvrir à la cotation) par le biais de dégrèvements fiscaux pour que des investisseurs entrent à leur capital, ce qui augmente aussi leurs fonds disponibles pour développer leurs activités.

- Rédaction de contrats-types d'assurance contre les risques de faillite boursière afin de protéger les investisseurs malchanceux, et particulièrement ceux engageant une grosse partie de leur patrimoine (ce qui incitera également à investir en bourse).
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Ajustements militaires
1877

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Il a été décidé de revoir la financement d'une division de réserve qui sera équipée avec de l'armement de facture britannique. L'armée roumaine sera donc composée de :
- 1 division d'active financée à plein régime et équipée de fusils Mongiana et de canons dernière génération, ce qui représente un surcoût de 6 millions de francs s'ajoutant aux 12 millions de francs par an d'entretien.
- 2 divisions de réserve financées à plein régime et équipées de fusils Mongiana et de canons dernière génération, ce qui représente un surcoût de 2x6 millions de francs s'ajoutant aux 2x6 millions de francs par an d'entretien, sans oublier 10 millions de francs supplémentaires engagés pour acter le passage à plein régime d'une de ces divisions.

NOUVEAU :
- 1 division de réserve financée à plein régime et équipée de fusils et de canons britanniques de dernière génération, ce qui représente un surcoût de 6 millions de francs s'ajoutant aux 6 millions de francs par an d'entretien (sur lesquels 2 millions sont déjà assurés), sans oublier 10 millions de francs supplémentaires engagés pour acter le passage à plein régime de la division.

A terme, le budget annuel de l'armée s'établira donc à 30 millions de francs par an, soit 4 millions de plus que précédemment. De plus, il ne faut pas oublier les dépenses ponctuelles correspondant à l'achat des nouvelles armes, à leur équipement et au rehaussement à plein régime d'une unité, ce qui représente 16 millions de francs.
Ajustements militaires
1880

Avant :
- 1 DI équipée (12 millions d’entretien)
- 3 DR équipées (18 millions d'entretien)
- 6 DM équipées (6 millions d'entretien)

Pour un budget annuel de 36 millions de francs.

Après :
- 1 DI équipée (12 millions de francs)
- 5 DR équipées (30 millions d'entretien)
- 6 DM équipées (6 millions d'entretien)

Pour un budget annuel de 48 millions de francs.

Le budget consacré à l'Armée roumaine augmente donc sensiblement de 12 millions de francs, et la création de 2 divisions de réserve entraîne un surcoût de 20 millions de francs. Elles seront équipées d'armement obsolète puisé dans les stocks d'armes de l'Armée roumaine anciennement utilisé.

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L'Exposition internationale de Galatz ou la démonstration du rayonnement britannique dans les Balkans
1881

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La bataille de Cluj

Le 25 novembre 1877, le Traité de Londres est signé après plusieurs mois de guerre difficiles. La Grande-Principauté de Transylvanie, jusque-là sous le joug hongrois, est transférée au Royaume de Roumanie qui recevra de la Hongrie 350 millions de francs d’indemnités sur 8 ans. C'est une grande victoire politique pour le Domnitor Georges Stirbey qui, en comptant l'annexion de la Bessarabie en 1875, a doublé le territoire roumain en 2 ans de mandat, en plus d'avoir obtenu l'indépendance. Sa popularité est plus forte que jamais et le camp conservateur s'en trouve considérablement renforcé, au détriment des libéraux mené par le Ion C. Bratianu, devenu Premier-ministre en 1875 au terme de son complot avec Stirbey pour faire chuter l'ancien Domnitor Dimitrie Ghica. En plus, des dissensions commencent à apparaître entre les deux têtes de l'Exécutif, notamment sur la gestion des territoires récemment acquis. Le Premier-ministre, ultranationaliste et antisémite à l'extrême, conteste la façon dont le Domnitor souhaite traiter les minorités annexées. Les deux hommes s'opposent aussi sur le devenir des terres appartenant à l'aristocratie hongroise, Bratianu plaidant pour une redistribution gratuite aux paysans, ce à quoi s'est toujours montré farouchement opposé le camp conservateur.

Face à ce Premier-ministre autrefois utile devenu encombrant, le Domnitor dissout l'Assemblée nationale et de nouvelles élections sont organisées, les premières où les Transylvains voteront. A l'issue du scrutin, le camp conservateur est, sans surprise, plébiscité par un nombre jamais alors atteint d'électeurs et Petre Mavrogheni est nommé Premier-ministre en remplacement de Bratianu. Néanmoins, ce succès ne plait pas à tout le monde, et l'opposition s'inquiète de cette prise de pouvoir spectaculaire, accusant le Domnitor de mégalomanie, de coup d'état, et le répandant des rumeurs selon lesquelles il souhaite établir une monarchie héréditaire, quand bien même il n'a pas d'enfants, même s'il pourrait adopter son neveu de 5 ans...
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Le Prince de Galles, parrain de l'Exposition

Les expositions internationales ont été créées pour présenter les réalisations industrielles des différentes nations. Elles ont pour objectif de représenter la vitrine technologique et industrielle des participants, témoignant du progrès au cours de la révolution industrielle et la première d'entre elle s'est déroulée à Londres en 1851. Trente ans plus tard, c'est à Galatz que se tiendra la dernière édition en date. Sous patronage britannique, elle a plusieurs objectifs :
- Glorifier le Domnitor et célébrer les exploits de l'armée roumaine,
- Montrer à la face du monde que la Roumanie est un pays moderne et tenant la première place dans les Balkans pour y stimuler les investissements,
- Renforcer l'attractivité du pays et notamment de la cité danubienne de Galatz, qu'on ne présente plus,
- Stimuler l'économie nationale pour la cimenter autour de réalisation communes et d'un projet commun,
- Exalter le nationalisme au service de l'industrie et de l'économie en général,
- Célébrer le cinquième anniversaire de l'indépendance de la Roumanie,
- Célébrer l'union de la Transylvanie et de la Bucovine avec la Roumanie,
- Exposer le rayonnement et l'influence britannique dans les Balkans.

En effet, l'événement, sous patronage britannique, sera parrainé par le Prince de Galles, Edouard du Royaume-Uni, héritier de l'Empire britannique, qui sera personnellement présent à l'Exposition. Son pays, depuis la fin de la Guerre russo-turque de 1875-1876 et l'indépendance des États balkaniques, s'est montré vivement intéressé à leur égard. Il a en effet financé bon nombre de lignes de chemins de fer et est intervenu dans leur économie par la constitution d'une société injectant des dizaines de millions de francs dans les circuits commerciaux balkaniques. Cette position lui apporte également un poids politique et diplomatique certain qu'elle compte célébrer par cette Exposition internationale pour montrer la puissance de l'Empire britannique aux quatre coins du monde.

Le patronage du Prince de Galles assurera à l'événement une publicité certaine favorisant tant la participation à son financement que son succès commercial. Aussi, le gouvernement britannique a confirmé son soutien au projet et en fera la publicité. De même, les ambassades roumaines à l'étranger feront la promotion de l'événement pour s'assurer de sa réussite.

L'événement donnera une visibilité internationale à cet acteur diplomatique montant qu'est la Roumanie, mais aussi aux autres États balkaniques. Le Royaume de Bulgarie participera à l'Exposition par la construction d'un pavillon dédié. Ce sera aussi le cinquième anniversaire de l'indépendance de cet État (mais aussi de son existence) et ce sera sa première participation à un événement international, ce qui participera à faire connaître aux yeux du monde ce jeune État balkanique bénéficiant aussi des investissements britanniques, tout comme la Grèce et la Serbie qui auront aussi leurs pavillons.

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Une maquette très simplifiée du Colisée de Rome pour mieux
envisager les aménagements

Le projet imaginé est monumental. Sous la direction de l'éminent architecte Ion Mincu, il consistera à l'édification d'un Palais des Expositions reproduisant le Colisée de Rome en verre et en acier et à taille réelle, célébrant les origines latines du pays. Comme le Colisée de Rome, le Colisée de Galatz comportera la célèbre oblique issue de la destruction partielle de l'édifice au Moyen-Age, oblique au milieu de laquelle se trouvera une entrée monumentale, elle aussi faite d'acier et épousant la courbe de la structure qui évoquera la façade de pierre du Grand Palais à Paris. Peint en vert pastel, l'édifice sera fermé sur la façade par de larges fenêtres (environ 50% plus grandes que sur le Colisée de Rome) épousant les arches, et sur le dessus par un toit plat plat accessible par des ascenseurs situés à l'intérieur des structures de part et d'autre de l'entrée monumentale (voir photo de droite ci-dessous. Ce toit offrant une vue imprenable sur la ville ainsi que sur le Danube accueillera une structure elle aussi d'acier, accolée au mur extérieur partiellement détruit, qui comprendra hôtels, cafés, restaurants, boutiques, ainsi que des terrasses, commerces dont l'exploitation sera prise en charge par des entrepreneurs privés. Cet espace sera également accessible depuis l'extérieur par un escalier monumental, lui aussi d'acier, haut d'environ 25 mètres, et donnant sur une grande artère commerciale.

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Le Colisée de Rome et le Grand-Palais, sources d'inspiration du Colisée de Galatz

A l'intérieur, l'édifice accueillera un plafond richement peint dans un style byzantin au sommet duquel se trouvera un petit dôme en verre (voir ci-dessous). Le Colisée de Galatz accueillera la plus grande salle de concert d'Europe orientale. Au soir de l'ouverture de l'Exposition, le compositeur italien Giuseppe Verdi y dirigera son opéra commandé spécialement pour l'occasion : du nom de Romania, l'œuvre empruntera aux thèmes populaires roumains pour célébrer tant l'identité nationale que les origines latines du pays par l'intervention d'un des plus fidèles représentants de l'héritage de la culture latine qu'est Verdi. En conséquence, la structure bénéficiera d'une acoustique exceptionnelle.

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Le dôme, surmonté d'une statue équestre de Michel le Brave, et entouré d'un bassin et de jets d'eau,
sera donc accessible depuis le toit ouvert au public

Le Palais des Expositions sera construit à partir de matières premières roumaines et de leur exploitation par les forces économiques nationales, notamment l'acier issu des usines de l'ouest du pays fonctionnant grâce au charbon d'Olténie et de la vallée du Jiu récemment annexée. Aussi, la structure d'acier du bâtiment sera en partie réalisée grâce à la fonte de pièces d'artillerie hongroises capturées lors de la Guerre d'unification de 1877. L'extraction des matières premières locales stimulera l'économie nationale et notamment tous les domaines de l'industrie et de l'artisanat qui seront énormément mis à contribution par la nature technique de ce projet monumental. Ainsi, aciéries, carrières de pierres, mines de charbon, usines textiles pour la fabrication des rideaux et des sièges, industries d'exploitations forestières et scieries pour l'intérieur, verreries, etc. pour ne citer qu'un petit nombre d'entre eux, seront intensément mis à contribution ce qui augmentera la production industrielle du pays. Aussi, pour favoriser la rentabilité de l'événement et assurer retour sur investissements, l'entrée à l'Exposition sera payante, se faisant à l'échange d'une modique somme d'argent.

La cité de Galatz bénéficiera elle aussi de ce projet. Son attractivité est en effet limitée par son manque de monuments emblématiques dont bénéficient les villes occidentales comme Paris, Londres ou Rome. Avec cette Exposition, les autorités espèrent encourager la réalisation de l'objectif principal de Galatz : rapatrier les fortunes roumaines en Roumanie pour lutter contre la fuite des capitaux, avant d'attirer les fortunes balkaniques et européennes, d'où la mise en place de politiques fiscales avantageuses et l'instauration du secret bancaire. L'Empereur Amédée, qui a tant contribué à la renommée de la cité danubienne, sera évidemment convié à l'événement, comme bon nombre de puissants de ce monde.

Pour l'organisation de cette Exposition, une société, la Société pour l'organisation de l'Exposition internationale de Galati, sera créée. Elle sera financée de plusieurs manières :
- 5 millions de francs proviendront de la Société britannique d'investissement balkanique,
- 10 millions de francs proviendront de fonds publics roumains,
- D'autres milliers seront issus de la location de concessions à des délégations étrangères exposantes,
- Plusieurs autres millions proviendront d'investisseurs roumains, de l'organisation d'une loterie par la société organisatrice et du financement participatif. A ce titre, chaque investisseur privé, qu'il soit un particulier ou une société, bénéficiera d'un dégrèvement d'impôt spécial et proportionnel à la hauteur de l'apport réalisé de façon à ce qu'il soit rentable, et aura son nom inscrit sur les arches du Colisée de Galatz, ce qui a un intérêt pour flatter l'orgueil des investisseurs et pour donner une publicité importante aux sociétés ayant patronné de l'événement.

Le budget de l'Exposition s'élève donc aux alentours des 20 millions de francs (soit deux fois moins que l'Exposition universelle de Paris de 1889 IRL, ce qui me semble honnête étant donné leur ampleur respective).
L'éducation, la question des minorités et le renforcement de l'identité nationale
1877-1881

Royaume de Roumanie 18th-century-school-room

Le développement économique et social de la Roumanie se heurte à son taux d'alphabétisation parmi les plus bas d'Europe qui renforce la domination de l'aristocratie, lettrée, à la paysannerie, analphabète. En effet, l'intérêt de l'alphabétisation réside dans la nécessaire modernisation des structures sociales du pays chère au gouvernement national-libéral de Ion C. Bratianu. Formellement, l'éducation élémentaire est gratuite et obligatoire en Roumanie depuis 1864 pour les enfants des deux sexes ; cependant, la loi n'est pas appliquée. Structurellement, elle est prise en charge depuis 1867 par l'Ephorie, institution étatique sous la direction du mare-vornic (ministre de l'Intérieur) et aussi dévouée à la prise en charge des soins de santé des plus nécessiteux. Elle est dirigée par un éphore élu tous les 4 ans par l'Assemblée nationale sur proposition du mare-divan (gouvernement) parmi les plus généreux donateurs de cette institution qui est à la base un regroupement de fondations privées des familles les plus riches et les plus philanthropes du pays. Complètement étatisées, les dépenses de l'Ephorie sont contrôlées par la Cour des Comptes, ses biens soumis au droit de la propriété publique, son administration inspectée par un Conseil de surveillance et son budget ainsi que ses activités approuvées par l'Assemblée nationale. Ainsi, en 1867, cette Ephorie a eu la charge de bâtir une école par comté, au nombre de 40, et la loi est venue créer le délit d'entrave à l'instruction primaire tout en prévoyant des aides aux fonctionnaires pour scolariser leurs enfants.

Il a d'abord été décidé de placer hiérarchiquement l'Ephorie sous la direction du gouvernement représenté par le mare-logofat (premier-ministre) au lieu du ministère de l'Intérieur. Il a ensuite été approuvé l'édification d'une école élémentaire pour 5500 habitants, que ce soit dans les communes urbaines ou dans des regroupements de communes rurales et villages, ce qui fera passer le nombre d'écoles à environ 1000. Enfin, l'aide aux familles pour la scolarisation ne concernera plus que les fonctionnaires mais chaque foyer pauvre ayant un enfant scolarisé, ce qui se manifestera par une baisse d'impôts. Aussi, un nouveau délit fait son entrée dans le code pénal roumain : le travail des enfants des deux sexes de moins de 11 ans, soit l'âge normal sanctionnant le certificat d'études primaires, est désormais formellement interdit.

L'Ephorie établira un programme scolaire unique dans lequel l'enseignement du roumain et des mathématiques élémentaires sera priorisé. L'enseignement du roumain sera orienté de façon à renforcer le sentiment national. Ainsi, une mission sera donnée à Mihai Eminiscu, le père de la poésie roumaine, de voyager à travers le pays afin de collecter les contes et récits populaires pour les compiler dans un recueil qui sera enseigné aux enfants roumains.

Cet enseignement du roumain sera obligatoire dans toutes les écoles du pays et s'impose donc aux minorités non-roumaines, majoritairement slaves, juives ou sicules, aussi soumises à la scolarisation obligatoire. En effet, la maîtrise de la langue est une priorité pour l'intégration à la société roumaine, et est d'ailleurs une condition d'accès aux emplois publics. Cependant, ces minorités conservent leur totale liberté de parler leur langue, en privé comme dans l'espace public et il est garanti une totale liberté et autonomie religieuse pour les chrétiens, qu'ils soient catholiques, protestants, ou qu'ils appartiennent à une autre Église orthodoxe. Si les toponymes bessarabiens ont été re-roumanisés, les individus conservent leur nom consacré dans l'état-civil roumain, même si, par souci d'harmonisation nationale, cet état-civil n'indique, entre autres, que le prénom et le nom des personnes. Ainsi, les noms patronymiques slaves ne bénéficient d'aucune reconnaissance légale et ne sont pas utilisés dans l'Administration. Avec la reconnaissance des Bessarabiens à l'état-civil, la nationalité roumaine est accordée automatiquement au million de nouveaux habitants du Royaume de Roumanie. Cependant, les agitateurs ou potentiels agitateurs ainsi que les indésirables en général sont expulsés avant leur reconnaissance à l'état-civil.

Afin de légitimer le rattachement de la Bessarabie, une gestion analogue à celle de la Savoie a été organisée. Ainsi, un plébiscite a été organisé pour consulter les populations nouvellement rattachées sur le sort de leur territoire. La question posée était : "Etes-vous satisfait de la nouvelle administration roumaine de la Bessarabie ?". Cette question ambiguë permet à la fois de ne pas donner l'idée que le rattachement est conditionné au succès de ce plébiscite (il l'a été par la signature des accords d'Izmail) et d'être assez large pour ne pas être focalisée sur la question du rattachement, ce qui, en cas de succès, légitimerait l'action politique du Domnitor et du mare-divan. Les Bessarabiens se sont déplacés en masse, le scrutin affichant un taux de participation de 96,3%, pour afficher leur soutien à la nouvelle administration roumaine, 92,8% des votants ayant exprimé un vote favorable. Il va sans dire que l'issue du scrutin légitime tant le rattachement en lui-même, que l'action politique de l'Exécutif.

En Transylvanie, la situation est différente, la Grande-Principauté sortant de plusieurs siècles de violente domination hongroise :  socialement, un ordre foncièrement inégalitaire s’est établi où la population roumanophone était asservie par les aristocrates hongrois, sicules et saxons qui régnaient désormais sans partage et leurs immenses domaines. En revanche, les Roumains leur étaient systématiquement asservis. En cas d'invasion ou d’incendie, ils n'étaient pas admis dans les villes, les domaines et les châteaux magyars ou allemands bâtis en pierre : ils devaient s'abriter dans la forêt. A cela s’ajoutait un ordre juridique foncièrement inégalitaire : considérés au pire comme des “minorités sous développées”, au mieux comme des “magyars latinisés sans véritable identité”, les Roumains ne bénéficiaient d’aucune représentation politique dans les institutions du Royaume de Hongrie, ne pouvaient accéder aux charges publiques, vivaient dans une société de privilèges où ils étaient les seuls exclus, et étaient soumis à une intense magyarisation. Les orphelins roumains étaient confiés à des familles hongroises, les écoles en langue roumaine ont été fermées et interdites et l’Histoire de la Transylvanie délibérément réécrite pour y exclure les Roumains.

Ainsi, il convient de “démagyariser” la Transylvanie : les toponymes sont re-roumanisés, Kolozsvár devenant Cluj, Sibiu pour Nagyszeben, Alba Iulia pour Gyulafehérvár. Aussi et surtout, afin d’actualiser le plan cadastral du Royaume, les Transylvains ont deux mois pour personnellement se rendre auprès d’un officier d’état-civil compétent pour faire enregistrer leur propriété constituée des domaines supérieurs à 1 hectare, preuve à l’appui. Au-delà de ce délai de deux mois, les parcelles non-enregistrées seront considérées comme n’appartenant à personne et incluses dans le domaine de l’Etat qui se chargera de les revendre au meilleur prix. Des frais d’enregistrement proportionnels à la taille des domaines s’appliqueront. Ces dispositions visent à étatiser les immenses domaines, palais et biens de l’aristocratie hongrois exilée de ses terres et réfugiée à Vienne, Budapest, Londres ou Paris, qui de toute façon ne maîtrise pas le Roumain, seule langue autorisée dans l’Administration. C’est notamment le cas de l’ancien Grand-Palatin Andrassy, d’origine transylvaine et possédant plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres à  Sâncrăieni (ancien Csikszentkiraly) et Sântimbru (ancien Csíkszentimre), mais c’est aussi le cas des Karolyi, des Erdody, des Somogyi, des Szilagy, des Tisza, et même des Horthy ! En deçà d’un hectare, aucun enregistrement n’est nécessaire et la propriété est établie de fait, afin de protéger la majorité roumaine, pauvre, en grande partie illettrée et ne détenant pas de larges propriétés. Bien évidemment et officieusement, les roumanophones bénéficieront de larges souplesses dans l’appréciation de leur dossier, quand les magyarophones verront leurs revendications examinées très strictement, et si certains arrivent à passer entre les mailles du filet, ils seront soumis de la même façon à l'impôt sur le revenu des citoyens non-résidents que les riches Roumains expatriés en Occident. Aussi, l’abolition des privilèges ne leur permettra pas de bénéficier des exemptions d’autrefois et les exploitants agricoles devront se conformer sans délai à la législation nationale concernant le droit du travail, sous peine de très lourdes sanctions. De manière générale, tous les privilèges sont abolis et le principe selon lequel la loi est la même pour tous est rétabli.

Pour en revenir à l'éducation, si l'alphabétisation est primordiale pour émanciper les masses paysannes de l'aristocratie, la formation d'un corps de fonctionnaires spécialistes des questions agricoles pour veiller efficacement au respect des normes en vigueur est tout aussi importante. Ainsi a été créé l'Institut national d'agronomie et de pisciculture, fondé sur l'étude de l'agriculture roumaine tant d'un point de vue juridique que scientifique. Ainsi cette école formera des juristes-ingénieurs destinés uniquement à être envoyés dans tous les comtés du pays pour étudier la viabilité des politiques agraires, vérifier l'application de la loi sur le terrain, la légalité des contrats de fermage etc. Dans le cadre de la formation dispensé par l'Institut, des échanges universitaires seront organisés avec des université occidentales pour étudier le cadre scientifique et juridique de l'organisation du travail agricole dans ces pays, pour les ramener en Roumanie.
Fiscalité et investissements
1877-1881

Royaume de Roumanie AKG272000
Boyards discutant de l'opportunité d'investir dans le construction du canal de Suez

Fiscalité :

Les études les plus récentes sur l'état de l'économie roumaine sont claires : si l'économie se porte bien et rayonne sur la péninsule balkanique, son développement est limité par la fuite de capitaux roumains vers l'étranger qui ralentit l'investissement national. En effet, bon nombre de boyards peu soucieux du développement de l'économie nationale et riches de l'exploitation de terres roumaines par des paysans roumains préfèrent réinvestir leur argent dans des sociétés opérant à l'étranger comme en Egypte dans la Compagnie universelle du canal maritime de Suez.

Ainsi, pour à la fois lutter contre ces investissements à l'étranger et favoriser leur redirection vers l'économie nationale, il a été décidé de durcir les normes déjà en vigueur prévoyant l'augmentation proportionnelle de l'impôt sur le revenu des citoyens non-résidents et des subventions et autres aides fiscales pour les investisseurs, de façon à trouver un équilibre permettant de :

1) optimiser la situation budgétaire de l'Etat,
2) réduire autant que possible la rentabilité d'investissement ou d'expatriation à l'étranger.

En plus de ces mesures et de celles précédemment mises en place, comme par exemple l'assouplissement des conditions de crédit pour les petits propriétaires terriens souhaitant faire évoluer leurs méthodes de production, une loi est intervenue pour que l'Etat s'engage à compenser ces propriétaires pendant 7 ans du fait des pertes de rendement issues de la transformation de leur modèle productif. Cette compensation sera calculée à partir de la moyenne des revenus des exploitations sur les cinq années précédant la modernisation des techniques.

Pour réaliser ces études, quantifier ce phénomène et organiser l'application des mesures nécessaires, un organisme sera créé sous la direction du mare-vistiernic (ministre des finances).

Dernier point concernant la fiscalité : afin d'assurer une reprise rapide et de rembourser rapidement les emprunts contractés pendant la guerre, un impôt temporaire, la contribution exceptionnelle à la dette de guerre est mise en place dès le sortir de la guerre, profitant de la liesse consécutive à la victoire. Tous les Roumains, à l'exception des plus pauvres, devront s'acquitter de cet impôt proportionnel calculé à partir du patrimoine de chacun, personnes physiques comme morales. Sa durée est d'un an sauf reconduction explicite ne pouvant excéder 10 ans au total, soit l'année 1887. Aussi, toujours pour limiter l’impact de la crise, les terres appartenant à l’Etat et étant les moins productives et rentables sont mises en vente, ce qui contribuera à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat.

Investissements :

Si les investissements roumains se dirigent en premier lieu vers l'Occident, paradoxalement, c'est une société britannique, la Société britannique d'investissement balkanique, qui investira 20 000 000 de francs dans l'économie roumaine. En effet, les britanniques sont très intéressés tant économiquement que politiquement par les états de la péninsule balkanique. Ainsi, cet investissement considérable qui stimulera abondamment l'économie nationale et son développement, notamment industriel, contribuera de façon décisive à la construction et à la modernisation des infrastructures, des réseaux routiers et des télécommunications, ainsi qu'à l'exploitation du potentiel industriel et des ressources naturelles du pays. La Roumanie montre ici toute son attractivité qui participera à faire d'elle une nation résolument moderne.

De même, un traité franco-roumain vient créer une société mixte d'investissement, détenue à 49% par des ressortissants français et à 51% par des ressortissants roumains. Capitalisée à hauteur de 30 millions de francs, elle interviendra dans les terres annexées de Transylvanie pour se dédier à l'exploitation minière dont la troisième principauté roumaine est riche. Elle dispose en effet des premières ressources aurifères d'Europe, ainsi que des gisements d'argent, de fer, de nickel, etc. Ce traité est assorti d'un partenariat universitaire permettant aux étudiants roumains de pouvoir venir étudier dans les universités françaises, la France s'engageant également à envoyer des savants, professeurs etc pour former les Roumains en échange. Enfin, un traité d'amitié est signé entre l'Empire français et le Royaume de Roumanie.

Ces vastes projets d’investissement ne laisseront pas de côté les Roumains qui sont invités à se joindre à ces vastes entreprises par l’intermédiaire de l’actionnariat qui bénéficie d’un régime favorable depuis plusieurs années, ayant été prévu par la loi des contrats-types d'assurance contre les risques de faillite boursière seront rédigés afin de protéger les investisseurs malchanceux, et particulièrement ceux engageant une grosse partie de leur patrimoine. De même, ces investissements en bourse seront encouragés, les personnes s'y livrant bénéficieront de dégrèvements d'impôts. Est ainsi incitée la participation tant des grandes fortunes nationales comme la banque Chrissoveloni ou la richissime classe des boyards, mais aussi la bourgeoisie.

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Mar 2 Nov - 0:27
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Le renouveau conservateur
1882

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Petre P. Carp, Ministre-Logothète du Royaume de Roumanie

Au début des années 1880, la scène politique roumaine est occupée par deux acteurs principaux. D'un côté, le tout jeune Parti National Libéral de Ion C. Bratianu, calqué sur les grands partis d'Europe occidentale et comparable sur de nombreux points au radicalisme français, teinté d'un ultranationalisme « populaire », démagogique et très fortement antisémite. De l'autre côté, le vieux parti conservateur, daté tant dans son idéologie que dans son fonctionnement, sous la direction de Lascar Catargiu depuis une décennie, rassemblant une variété de courants plus ou moins autonomes ayant pour principal point commun d'être opposé aux propositions extrêmes et populistes du PNL.

Une lutte de pouvoirs entre deux courants commence néanmoins à animer ce parti conservateur. Certains membres du parti considèrent en effet Catargiu comme une figure du passé et reprochent à son programme d'être extrêmement vague sans une vraie base idéologique. Contrairement à la réinvention du PNL en une structure articulée et unitaire, le Parti conservateur est encore une association lâche de courants divers. Ces contestataires, les Junimistes ou « jeunes roumains », principalement des boyards et des bourgeois réunis au sein d'une faction de « nouveaux conservateurs », défendent un « conservatisme libéral », structuré autour d'un nationalisme romantique considérant les élites aristocratiques comme le fondement de la Nation au contraire du peuple. Sous le leadership naturel de l'éloquent Petre P. Carp, les caractères politiques qui ressortent de ces « nouveaux conservateurs » regroupent nationalisme assumé, libéralisme économique, volonté modernisatrice, sécularisme, occidentalisation mesurée et réfléchie, discipline basée sur le modèle prussien, philosémitisme, élitisme et défense de la propriété foncière (« parce que cela nous donne la classe dirigeante, sinon nous aurions le sort social de la Serbie et de la Bulgarie » , et pour les paysans « parce que ça leur donne la possibilité de gagner leur vie, empêchant ainsi la formation du prolétariat villageois, bien plus dangereux que le prolétariat urbain »).

Au-dessus de tout ça, le Domnitor, le prince Stirbey, homme opportuniste et aristocrate orgueilleux, entré en politique très jeune par l'intermédiaire de son père aussi Domnitor. La Guerre d'Orient le précipite alors dans un exil français, où son action se résume à « conseiller en permanence les empires » sur la manière de gérer la Roumanie. Au sortir de la Guerre, il revient dans les Principautés et obtient de son père le grade de général et le poste de ministre de la Guerre de Valachie à tout juste 28 ans où, malgré son jeune âge, il su se faire apprécier de l'Armée. Son père perds son trône en 1856, quand Cuza est élu. Georges Stirbey perds la main sur les affaires de l'État et prends alors le leadership des conservateurs opposés à Cuza. A ce titre, il joua un rôle décisif dans le coup d'état survenu un an plus tard pour la destitution du Prince moldave. S'engage alors une course effrénée vers le trône entre les différentes familles de boyards du pays, mais c'est le Prince Ghica, acolyte de Stirbey dans la direction du parti conservateur, qui parvient à se faire élire Domnitor ; Stirbey, qui déclarait pourtant « vouloir le trône contre son propre père [aussi candidat] », pâtissant de sa réputation douteuse du fait d'affaires de corruption et de trucage électoral. En lot de consolation il devient ministre des Affaires étrangères, avant de faire nommer Ministre-logothète, équivalent de Premier-ministre. Il conclu alors un mariage scandaleux avec une grande-duchesse russe fraichement divorcée et de 5 ans son aînée, quand la Guerre russo-turque de 1875 va précipiter son ascension. Aux termes d'un complot mené de concert avec le PNL de Bratianu, il contraint Ghica à la démission et parvient enfin à se faire élire Domnitor. La Guerre est un succès pour la Roumanie qui obtient la Bessarabie de l'Empire russe et son indépendance de l'Empire ottoman, et ce sans avoir eu à débourser un franc. Deux ans plus tard, c'est la Transylvanie qui est annexée aux termes d'une guerre néanmoins plus difficile que prévue. Fort de son succès, il se débarrasse de Bratianu, ancien allié devenu encombrant, qu'il remplace en 1877 au poste de Ministre-Logothète par Petre Mavrogheni, « vieux conservateur » insipide qui ne lui fera pas d'ombre.
Il transparaît de son parcours que le prince Stirbey n'est animé par aucune réelle conviction politique, c'est avant tout un homme opportuniste qui a toujours su se rapprocher des bonnes personnes pour atteindre son unique objectif : posséder le pouvoir.

________________________________________________________


En 1882, le cabinet Mavrogheni est en difficulté. La guerre a conduit à une augmentation considérable des dépenses publiques qui a nécessité la mise en place d'une mesure fiscale par la levée d'une contribution temporaire sur la dette de guerre. Si cet impôt a contribué à ce que la Roumanie retrouve des finances publiques saines et supérieures à ses voisins balkaniques en 1882, la popularité du Ministre-Logothète Mavrogheni en a pris en coup. C'est au sein de son propre parti conservateur que les critiques sont les plus virulentes, et elles proviennent notamment des « nouveaux conservateurs » menés par Petre P. Carp. Leur sanction ne se fit pas attendre : le 8 novembre 1881, à l'occasion du Congrès du parti conservateur, profitant de l'absence de Lascar Catargiu, président du parti et chef de file des « vieux conservateurs », une motion fut déposée tendant à le démettre de ses fonctions. Adoptée à la majorité, est élu président des conservateurs Alexandru B. Stirbey, membre fondateur et rédacteur en chef du journal du parti, proche des « nouveaux conservateurs », et accessoirement frère cadet du Domnitor [ndlr : IRL].

La position du Ministre-Logothète Mavrogheni et des « vieux conservateurs » s'en retrouve d'autant plus précaire. Le 22 novembre suivant, Lascar Catargiu, dénonçant un « coup d'état », tenta alors de renverser Alexandru B. Stirbey, mais, du fait de l'impopularité de sa mouvance et du soutien que le Domnitor apporta à son frère, il fut contraint de se résigner à redevenir un membre ordinaire du parti conservateur.

Le Ministre-Logothète Mavrogheni, mis en minorité par son propre parti, fut alors contraint de remettre sa démission au Domnitor, qui l'accepta. Prenant acte de la prise de pouvoir des « nouveaux conservateurs », le Domnitor, qui se ravit discrètement de la prise de pouvoir de son frère sur le parti, nomma au poste de Ministre-Logothète le chef de file des « jeunes conservateurs », Petre P. Carp, ancien postelnic (ministre des affaires étrangères) dans des gouvernements conservateurs. Les « vieux conservateurs », ayant le choix entre Carp et « l'hystérique » Bratianu, doivent se résigner à accepter leur recul sur les institutions nationales et partisanes.

Le première mesure du nouveau Ministre-Logothète fut d'abolir la très impopulaire contribution temporaire sur la dette de guerre, et ce à quelques jours de Noël. Orateur respecté, lors de sa première séance parlementaire, il déclama en avant-première une version édulcorée e retravaillée du poème épique Doina du Junimiste Mihai Eminescu. Ce poème, expression radicale et violente du nationalisme roumain, fut longuement acclamé par les parlementaires, fatigués du manque d'expression patriotique de Mavrogheni. Pendant ce temps, Alexandru B. Stirbey initia une réforme du parti conservateur, pour moderniser progressivement son fonctionnement et son mode d'organisation et en faire un parti efficace similaire à son homologue national-libéral.

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Dim 21 Nov - 17:38
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Développement économique
1882-1885

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Les mines de cuivre de Bălan

En 1882, l'économie roumaine a quasiment surmonté les difficultés financières engendrées par la guerre roumano-magayre de 1877 qui avait nécessité une augmentation drastique des dépenses publiques et la création d'un impôt de guerre. Grâce à ces mesures fiscales et les 210 millions de francs au titre des indemnités hongroises, la Roumanie a su se placer, 4 ans après la guerre, dans une situation économique supérieure à ses voisins. Absence de déficit, taux d'endettement dans la moyenne régionale, 140 millions de francs d'indemnités à encore percevoir et abolition  de l'impôt de guerre en 1882 par le nouveau cabinet Carp, tous les voyants sont au vert pour l'économie roumaine.

C'est dans ce contexte que plusieurs traités ont été conclus par le Royaume de Roumanie et ses partenaires européens. Un traité est déjà signé avec le Seconde République de Hongrie le 1er janvier 1882 :

TRAITE ROUMANO-MAGYAR DU 1er JANVIER 1882

- Réouverture des relations diplomatiques ;
- Reprise du commerce entre nos états et ouvertures de consulats ;
- Abaissement de 10% des douanes roumaines pour les tramways, bus, trains, équipement de haute tensions, moteurs hongrois et sur la production de caoutchouc hongroise et ses débouchés (jouets, équipements ferroviaires, revêtement pour lignes électriques, etc...) ;
- Abaissement de 10% des douanes hongroises sur le charbon roumain, le fer roumain, le cuivre roumain, le nickel roumain et sur l'industrie minière roumaine en général.

En effet, concernant ce dernier point, l'industrie minière roumaine est en plein essor avec le rattachement de la Transylvanie, très riche en gisements miniers, notamment en charbon, fer, nickel, argent, or et cuivre, et compte notamment la mine de Bălan, plus grand site d'exploitation du cuivre de l'ancien Empire d'Autriche, mais aussi le site de Roșia Montană qui abrite de très importants gisements d'or.

Un deuxième traité est signé l'année suivante avec l'Empire de Russie :

TRAITE RUSSO-ROUMAIN DU 5 MARS 1883

- développement des brevets et la production sous licence au bénéfice de la Roumanie (machines-outils) ;
- mise en commun des ressources et moyens pour le développement de la pêcherie dans la zone frontalière maritime russo-roumaine ;
- baisse de douane sur les produits ferroviaires russes ;
- baisse de douane sur les produits navals russes ;
- baisse de douane sur le sucre russe.

Concernant le développement de la pêcherie dans la zone frontalière russo-roumaine, il est ici fait référence aux très poissonneuses bouches du Danube, qui avait déjà fait l'objet d'investissement et d'une réorganisation orientée vers la productivité piscicole 20 ans plus tôt. L'objet de cette clause est donc de développer une politique commune d'organisation agro-piscicole entre la Roumanie et la Russie et d'organiser une coopération entre les services roumains et russes dédiés à la pisciculture.

Enfin, un troisième traité est signé avec le Royaume de Bulgarie :

TRAITE ROUMANO-BULGARE DU 10 MARS 1883

- Abolition réciproque des douanes sur le charbon ;
- Autorisation du rachat des mines de charbon bulgare par la Société Britannique d'Investissement Balkanique (SBIB).

En parlant de la SBIB, société réunissant des investisseurs britanniques ouverts à l'investissement dans les Balkans et particulièrement en Roumanie où elle est la plus présente, ce sont 30 millions de francs qui seront investis sur la période dans l'économie roumaine.

Il est par exemple prévu le raccordement du réseau ferré transylvain au rail moldo-valaque, suivant le plan suivant :

Spoiler:

Les lignes en rouge sont déjà construites, celles en bleu sont celles appartenant à l'ancien réseau hongrois, celles en orange sont sous la juridiction d'un état tiers et celles en violet sont celles ouvertes à l'investissement. Les lignes en violet foncé sont prioritaires et seront à ce titre garanties à hauteur de 4% par la couronne britannique et à hauteur de 2% par les autorités roumaines.

Quant aux investissements dans l'éducation, ils se poursuivent et 3 millions de francs annuels continueront d'être alloués au budget à ce titre, en se focalisant désormais sur la réduction des disparités territoriales en la matière.

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Ven 21 Jan - 15:26
Journal de G. B. Stirbey

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La mort de la Roumanie
24 décembre 1886

Réfugié depuis sa déposition dans une villa située sur les hauteurs de Pise, contemplant depuis son cabinet de travail la tristesse de la Méditerranée hivernale, l'ancien Domnitor, avec tout autant de tristesse, écrit ces quelques lignes, fruit de ses longues réflexions solitaires et de la mélancolie qui s'est installée dans son esprit.

Aujourd'hui, la Roumanie est morte. En cette veille des festivités de la nativité de Jésus, le peuple roumain doit lui enterrer son pays. Plus jamais Noël ne pourra être source de réjouissances au sein de mon peuple. Moi qui est tant œuvré pour lui au cours des neuf années où j'ai été à sa tête, le menant à un niveau de fierté qu'il n'avait jamais atteint, je peux au moins me réjouir de lui avoir donné les plus belles années de son histoire millénaire. Néanmoins, la mort est consubstantielle à l'existence, et rien n’échappe à la mort, même pas les nations, et c'est aujourd'hui de la mienne que je dois faire le deuil.

Des siècles durant, les principautés roumaines ont été les seuls Etats chrétiens des Balkans, résistant mieux que quiconque à l'invasion ottomane. Nous le devons à nous, les élites aristocratiques, qui ont œuvré pendant ces siècles pour notre liberté et le maintien de nos institutions et notre organisation millénaire. C'est notre plus grande fierté dont aucun autre peuple ne peut s’enorgueillir. Maintenant, nous voilà réduits à être contraints à céder nos propriétés à des pécores illettrés au terme d'une politique totalement démagogique, stupide et antinationale. Un des fondements de notre identité nationale était la protection que nous accordions à nos paysans, et ce lien a aujourd’hui disparu avec le pays tout entier du fait des manigances de politiciens gauchistes de bas étage. Au delà de ça, le plus grave reste le couronnement d'un usurpateur étranger comme « Roi » de Roumanie. L'existence même de ce titre que je me suis toujours refusé du fait du profond respect que j'éprouve pour l'Histoire et les institutions millénaires de mon pays, est la manifestation la plus éloquente de sa mort. Seuls les Roumains peuvent comprendre cela et ressentir ce respect, quand l'étranger, en général, est totalement hermétique à ces considérations. Nous sommes un peuple oriental de tradition orthodoxe, de culture latine, à la croisée des mondes slave et islamique, bénéficiant d'une histoire riche et mouvementée, ce dont l'étranger n'a aucune idée et ce pour ce quoi il ne porte aucun intérêt. Tout ce qui lui importe est l'orgueil qui lui est apporté par l'octroi de ce titre ridicule au terme d'une grandiloquente cérémonie de couronnement tout aussi ridicule, relevant davantage de l'enterrement d'une nation. On en même venu à considérer que sa royale semence sera le gage de la continuité institutionnelle de l'Etat. Quel honneur fait à un étranger, dans un pays où pendant des siècles nous avons refusé de considérer l'hérédité comme source de transmission du pouvoir. Le sang n'a jamais été source de légitimité, et si mon père, mon oncle, puis moi-même avons été Domnitors, c'est parce que nous tenions cette légitimité de l'élection manifestant l'assentiment du peuple tout entier exprimé par ses élites politiques réunies en assemblée souveraine. Cette assemblée souveraine a aujourd'hui disparu, et si je ne sais la teneur de la future constitution, je peux dire que son seul objet sera d'éliminer les dernières traces de notre suprématie et de finir d'achever notre pays en calquant nos institutions sur des systèmes occidentaux inadaptés, encore une fois du fait de la stupidité d'hommes politiques de gauche et en particulier de ces vipères de Bratianu dont le seul objet n'a jamais été que d'anéantir notre pays, par détestation de notre peuple et idolâtrie béate des modèles d'Europe de l'Ouest.

Avec, l'avènement de ce jeune Victor-Emmanuel, pauvre homme malheureusement sans charisme qui est avant tout la victime des manigances des puissances étrangères, le loup est entré dans la bergerie et il est la faucheuse qui vient annoncer à des millions de Roumains la mort de leur pays. L'Histoire me jugera, et les Roumains constateront amèrement, peut-être dans plusieurs siècles, qu'on reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va.

https://www.youtube.com/watch?v=PyoJsKrb5N0
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Dim 23 Jan - 23:50
Royaume de Roumanie
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153 centimètres
1886-1892

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Le Roi Victor-Emanoil, en 1886

Le 24 décembre 1886, c'est un Roi bien aigre qui est couronné en la Cathédrale métropolitaine de Iasi, le gouvernement ayant refusé d'organiser la cérémonie à Bucarest sous le regard des occupants serbes. Arraché de son pays à seulement 17 ans pour être amené dans une nation lointaine qu'il n'apprécie pas particulièrement et dont il ne connaît pas grand chose, il n'en demeure pas moins un adolescent intelligent, très cultivé et conscient que son élection n'est le fruit que de la volonté de son oncle et tuteur Amédée d'éloigner toute prétention de l'aîné de Savoie au trône italien, en compétition avec ses cousins à la légitimité douteuse, l'Empereur d'Italie étant bien arrangé par le fait que personne n'était intéressé pour ceindre la couronne roumaine. En effet, depuis 1884, la Roumanie, ou plutôt ce qu'il en reste, est le paria de l'Europe. Partageant ce triste sort avec l'Italie, c'est tout naturellement que Victor a été élu Roi de Roumanie en cette fin d'année 1886.

Depuis son plus jeune âge, le jeune Roi est connu pour son aigreur. Le pauvre a souffert d'une enfance catastrophique. Exilé d'Italie pendant ses premières années et élevé dans plusieurs pays dans lesquels il ne pu jamais prendre attache, il grandit dans le milieu familial typiquement savoyard, rigide et militaire, sous les ordres d'un précepteur très dur et rabaissant. Les seules marques d'affection qu'il reçut dans sa vie furent celles de sa gouvernante, l'irlandaise Elisabeth Lee, dite Bessie, quand ses parents ne se sont jamais occupé de lui. Le peu de souvenirs qu'il garde de son père, assassiné violement par des anarchistes quand il avait 9 ans, est celui d'un homme distant et froid, ruminant la perte de sa couronne jusqu'à la fin de sa vie. Ce dernier avait épousé sa cousine, la Reine Margherita, ce qui explique sans doute le principal complexe du jeune Roi de Roumanie : sa stature anormalement petite de 153 centimètres. Ses déficiences physiques l'amenèrent à développer un caractère timide, renfermé et réfléchi jusqu'au cynisme : il semble qu'une fois sa mère lui ait proposé de faire le tour de Rome et qu'il lui ait répondu : « Et où tu veux aller te montrer avec un nain ? ». Cette différence ne manqua pas d'être remarquée et raillée par la haute-société roumaine et les médias dès l'arrivée du Roi. Pour compenser, le jeune Victor a développé un amour presque morbide pour l'étude et le travail de bureau : il semble qu'à l'âge de dix ans, il était capable de se souvenir de tout l'arbre généalogique et de l'ordre de succession de la Maison de Savoie depuis Umberto Biancamano. Il a également développé des passions pour la philatélie, la numismatique, l'Histoire et la géographie.

Ce couronnement du 24 décembre 1886 est également l'occasion pour la Roumanie de dévoiler ses nouvelles armoiries. Les armes et la devise des Savoie sont joint aux nouvelles armoiries roumaines ayant remplacé les armes de la Dobrogée par celles de la Transylvanie : on redoute en effet que le maintien des armes dobrogéennes soient interprété par les occupants serbes comme une violation de l'article 5 du Traité de Bucarest stipulant l'abandon des revendications roumaines sur la région, ce qui pourrait rendre encore plus rudes les conditions d'occupation déjà accablantes.

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Les nouvelles armes de la Roumanie

De même, une nouvelle constitution est adoptée dans la foulée. Si elle se veut novatrice, elle est en réalité très proche de celle adoptée en 1875 qui avait déjà mis en place un régime parlementaire au suffrage étendu et reconnaissant plusieurs garanties concernant les libertés des citoyens, en reconnaissant les libertés de presse et d'opinion ainsi que les droits de la défense. La principale différence réside dans la personne du souverain : il ne peut plus être un Roumain élu par l'Assemblée pour un mandat de 10 ans, mais il doit être un étranger issu d'une noble maison d'Europe occidentale, élu à vie et transmettant le pouvoir de manière héréditaire. Sa personne est "inviolable", ses actes ne peuvent avoir d'effet que s'ils sont contresignés par un ministre, qui, par cela seul, s'en rend responsable. Le Roi est le chef de l'armée, il nomme et révoque les ministres, sanctionne et promulgue les lois, nomme ou confirme dans toutes les fonctions publiques, il conclut avec les États étrangers les conventions de commerce et de navigation, il a le droit d'amnistie en matière politique, le droit de remettre ou de réduire les peines en matière criminelle, de conférer les grades militaires et il a le droit de battre monnaie. De plus, il ouvre et clôt les sessions du Parlement qu'il peut convoquer d'urgence ou dissoudre, mais il ne peut rien faire de tout ça sans l'assentiment de ses ministres. Autrement, le suffrage universel est instauré et les noms des institutions sont dé-roumanisées pour être calquées sur leurs homologues occidentales : le Ministre-Logothète devient le Premier-ministre, le Domnitor devient le Roi etc. ; on souhaite faire disparaître la trace des institutions centenaires du pays pour imiter aveuglément l'Occident. Le pouvoir législatif est quant à lui assuré par un Parlement monocaméral, la Chambre des Députés, réunissant 301 membres élus au suffrage universel dans les 301 circonscriptions du pays selon un suffrage uninominal à un tour, suivant l'inspiration du modèle de Westminster permettant la formation de majorités solides autour de deux grands partis. Enfin, quand Stirbey avait inauguré une ère de tranquillité pour les Juifs du royaume, confirmée par le philosémitisme assumé de l'ancien Ministre-Logothète Carp, le retour des Libéraux marque la fin de la récréation : l'article 7 de la Constitution les prive de la nationalité.

Ces deux dernières mesures, sur le pouvoir législatif et le statut des Juifs, le Roi Victor-Emanoil, était contre. En effet, il plaidait pour une restriction du suffrage pour les classes les moins riches, un Parlement bicaméral dont un Sénat aux mains du souverain, et le maintien des Juifs dans la nation roumaine. Cependant, dés son arrivée au pouvoir, le jeune Roi qui imaginait l'exercice de ses fonctions d'une manière assez similaire à son oncle, détenant une influence considérable sur les institutions de l'Empire d'Italie, a très vite déchanté. Les Nationaux-Libéraux et Bratianu à leur tête n'ont jamais eu l'intention de se faire dicter leur politique par quiconque, et surtout pas par un étranger de 17 ans débarquant pour la première fois en Roumanie, et c'est d'ailleurs pour cela qu'ils l'ont choisi. Si la diplomatie roumaine a pu le laisser croire croire qu'il aura un rôle politique de premier ordre s'il acceptait la couronne, Victor-Emanoil a été informé, dès de son arrivée dans "son" royaume, que du fait de jeune âge, le pouvoir royal sera exclusivement exercé pour un conseil de régence jusqu'à ses vingt-et-un ans, « le temps qu'il murisse et qu'il s'acclimate à son nouveau pays ». Ce conseil de régence est composé de trois membres dont un Président élu par la Chambre des Députés. On y retrouve ainsi Dimtrie Sturdza, Dimitrie Bratianu, propre frère du Premier-ministre, le deux étant dirigés par Ion Ghica, vieil archonte libéral qui avait déjà assuré la régence trente ans plus tôt suite à la déposition de Cuza, avant et après avoir exercé dans plusieurs gouvernements, dirigé la Principauté de Samos pour le compte du Sultan et été nommé à plusieurs ambassades. Cette prise ce contrôle totale des Libéraux sur les institutions nationales ne fit que renforcer l'aigreur du jeune Roi, désabusé et conscient d'avoir été manipulé par tous.

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Le Premier-ministre Ion C. Bratianu

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Le Conseil de régence
De gauche à droite : Dimitrie Sturdza, Dimitrie Bratianu, Ion Ghica

Quelques semaines après l'effervescence du couronnement qui avait entraîné une médiatisation importante du nouveau Roi qui a fait surtout l'objet de railleries relatives à sa petite taille et son apparence juvénile, inspirant le surnom très ironique de « petit Jésus » du fait de son couronnement un 24 décembre et des commentaires internationaux le présentant comme le sauveur occidental d'un pays méprisé mais pourtant occupé, découragé et sans aucune perspective, la presse a rapidement perdu son intérêt pour Victor. En effet, sans aucun réel pouvoir politique, c'est Ion Bratianu qui a rapidement recommencé à faire les premières pages, quand, épisodiquement, le Roi apparaissait dans un petit encart de quelques lignes coincé entre de quelconques annonces publicitaires, pour annoncer que le Roi avait inauguré un quelconque bâtiment, sans manquer de surtout commenter son allure d'enfant et ses difficultés avec l'apprentissage de la langue roumaine.

L'avenir du Roi se fait donc de plus en plus incertain en Roumanie, incertitude déjà partagée par Victor lui-même, qui se sentant piégé et trahi, s'interroge de plus en plus sur sa destinée, s'ennuyant depuis son château de Bran en périphérie de la capitale temporaire de Brasov et où il presque tenu en résidence surveillée par le gouvernement Bratianu, soit-disant pour garantir sa sécurité face à la recrudescence du terrorisme hongrois dans les zones urbaines. Cet édifice exproprié aux Habsbourg en 1877 traîne derrière lui une sombre réputation, mêlant légendes vampiriques et apparitions fantomatiques. Pour apaiser son esprit tourmenté, le Roi se mûre alors dans un catholicisme obsessionnel. Convaincu que la sort tragique réservé par Dieu à la branche aînée des Savoie est le fruit des nombreux pêchés de ses ancêtres, Victor va même jusqu'à faire pénitence en se flagellant jusqu'au sang, pratique inconnue en Roumanie qui interroge les sujets orthodoxes du Roi.

Le Roi, à la recherche de réponses aux innombrables questions qui troublent constamment son esprit, développe également un intérêt un spiritisme, passion qu'il partage avec une boyarde déclassée de 5 ans son aînée, Elena Vacarescu. Tout aussi disgracieuse que Victor, elle s'en rapproche néanmoins dangereusement, ce qui ne fait que renforcer les inquiétudes sur le comportement du Roi. Il faut dire que les femmes de la famille Vacarescu traînent derrière elles une très mauvaise réputation depuis que Maritica, la tante d'Elena, a poussé son mari, un Ghica, à se présenter aux élections princières valaques de 1842, avant qu'elle ne le quitte pour devenir la maîtresse du vainqueur, Georges Bibesco, qui était lui-même marié à une femme aussi riche que dérangée mentalement. Son oncle a quant à lui obtenu une réputation d'homosexuel et travesti notoire, rédacteur d'une chronique de mode et de potins. On déclare alors que les Vacarescu offraient « un spectacle peu attrayant » de l'aristocratie roumaine et qu'ils étaient « bercés dans le vice et la crasse », ayant transformé leur résidence en maison de jeu miteuse pour pallier à leurs difficultés financières. Néanmoins, les Vacarescu sont avant tout une famille d'écrivains, poètes et d'intellectuels peu intéressés par la politique mais qui voient dans ce rapprochement orchestré de toute pièce la perspective de renouer avec l'aisance financière principalement perdue dans les casinos.

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Elena Vacarescu

C'est ainsi qu'Elena et le Roi, souvent accompagnés de ses nouveaux « amis » Vacarescu passent des nuits entières reclus dans le château de Bran, seulement éclairés à la lumière des bougies, à pratiquer tables tournantes, écriture automatique et autres séances de ouija au cours desquelles les « esprits » commandent au Roi de favoriser ou s'opposer à telle ou telle nomination. Autour de la table, seul Victor ne se rend pas compte que c'est Elena qui fait bouger le verre, ce qui amuse beaucoup ses convives une fois rentrés dans leurs appartements privés...

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L'inquiétant château de Bran

Inquiets du comportement erratique du Roi et de ses mauvaises fréquentations, c'est l'occasion pour le nouveau gouvernement libéral de remettre au goût du jour une interprétation centenaire de FERT, devise de la maison de Savoie, en Foemina Erit Ruina Tua (La femme sera ta ruine). En effet, les hommes boyards, discrédités, ayant échoué à se maintenir au pouvoir, la lourde tâche de restaurer les privilèges incombe désormais à leurs femmes par l'intermédiaire de leurs charmes. Face à cette situation et à la tentative minable de cette classe de boyards sombrant chaque jour plus dans la dégénérescence, le gouvernement Bratianu a décidé de réagir par l'intermédiaire d'une loi. Cette dernière place le domaine royal sous la direction d'un conseil composé de 4 membres élus par l'Assemblée dont 2 sont proposés par le gouvernement et 2 par le Roi (ou son conseil de régence). Ainsi, le Roi n'est plus totalement libre dans la gestion de ses biens pour éviter toute collusion avec des intérêts privés, notamment la corruption et d'éventuels dons réalisés à des individus influençant les prises de décisions royales. Poursuivant le même objectif, la même loi prévoit que toutes les juridictions d'appel ou de cassation du pays, qu'elles soient civiles, administratives ou pénales, devront se doter d'un commissaire du gouvernement. Ce fonctionnaire sera chargé, dans toutes les instances, d’intervenir publiquement à l’audience pour analyser le litige et proposer une solution. Ses avis devront être annexés au jugement et les commissaires du gouvernement, nommés par le gouvernement au nom du souverain, ne pourront être citoyens roumains, mais seront choisis parmi d'éminents juristes occidentaux titulaires d'un doctorat en droit et détachés de l'administration de leur pays d'origine au sein de l'administration roumaine. L'objectif de cette disposition est double ; d'une part le gouvernement souhaite améliorer la qualité des décisions juridictionnelles du pays ainsi que de la situation juridique en général ; et d'autre part, le but est d'éviter l'intervention des intérêts personnels des magistrats roumains dans les décisions de justice qu'ils rendent. En effet, en cas de discordance entre les conclusions du commissaire du gouvernement et celle du juge, ce dernier sera par conséquent tenu de la justifier, et ces divergences d'opinions pourront également être remarquées et médiatisées par les journaux du pays, comme l'Analvarul.

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La crise hongroise
1887

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La Chambre des Députés

Conscient que la crise hongroise entraînera des conséquences de premier plan sur l'équilibre géopolitique de l'Europe orientale, le Premier-ministre Bratianu ne souhaite pas que la résolution de cette crise se fasse au détriment des Roumains. Aussi conscient de l'instabilité déplorable de la Hongrie et du mécontentement de ses minorités au bord de l'insurrection, le nouvel homme fort de la Roumanie désire mettre en application un plan risqué mais mûrement réfléchi. Bratianu sait également que du fait du mutisme de la Roumanie sur la scène internationale et de sa sale réputation depuis les événements du début de la décennie, ce plan ne saurait se réaliser par l'intermédiaire de discussions intergouvernementales, mais par la pression.

Prétextant vouloir organiser des élections législatives pour la première fois selon les dispositions de la nouvelle constitution récemment adoptée, Bratianu, fort de la faiblesse de ses adversaires politiques, décide de dissoudre la Chambre des Députés avec le contreseing du conseil du régence. En réaction de la création de l'impôt « du vol et de la honte » auquel sont assujettis les roumanophones de Hongrie depuis 1884, une loi avait été votée quelques semaines plus tôt permettant à ces roumanophones de Hongrie de voter aux élections législatives roumaines, 50 des 301 sièges de la nouvelle Chambre des Députés leur étant reversés. De plus, le traité magyaro-roumain de 1882 prévoit l'ouverture de consulats roumains en Hongrie et réciproquement.

Forts de tous ces éléments, les roumanophones de Hongrie sont dés à présent invités à s'enregistrer aux consulats de Koloszvar (Cluj), Nagyvarad (Oradea), Arad et Nagybanya (Baia Mare) ou à l'ambassade à Budapest, afin de figurer sur les listes électorales pour participer aux élections prévues dans quelques semaines. Face à la disette à laquelle fait face la Transylvanie depuis l'enfoncement de la Hongrie, il est prévu que tant dans les bureaux de vote que les consulats, les roumanophones pourront se restaurer et se voir donner des biens de première nécessité à titre humanitaire.

Dans le discours d'annonce de dissolution prononcé devant la Chambre des Députés par le Premier-ministre, ce dernier insista sur l'importance de participer à ces élections, pour les Roumains d'ici et d'ailleurs, afin d'enraciner la fragile démocratie prétendument tout juste installée, et de faire entendre la voix de tous. Par la même occasion, il apporta son soutien à George Barit, président du Parti national roumain de Transylvanie et parmi les héros de la Révolution transylvaine de 1848 s'étant soulevés contre la domination hongroise, dans le cadre du récent déclin par les autorités hongroises du « Mémorandum de Transylvanie », pétition adressée au gouvernement destinée à faire cesser les discriminations et à établir l'égalité des droits. Bratianu déclara ainsi que le PNL aidera financièrement le PNRT dans le cadre de la campagne et de l'organisation des élections, et il présenta ainsi le scrutin en Transylvanie en un « référendum consultatif sur l'adhésion des roumanophones de Hongrie à la nouvelle administration post-révolutionnaire du Royaume de Roumanie », se gardant de faire toute référence directe à l'union entre la Roumanie et la Transylvanie du fait de l'article 5 du Traité de Bucarest prévoyant l'abandon des revendications roumaines sur les régions cédées en 1884, traité garantit par l'occupant serbe.


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Mer 23 Fév - 23:58
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Maréchal, nous voilà !
1888-1891

Le 9 février 1888, les Russes entrent dans Bucarest. Suite à son refus de payer 50 millions de francs supplémentaires à l'occupant serbe suite à son intervention unilatérale en Hongrie, le Premier-ministre Ion Bratianu est arrêté avec presque tous les membres de son gouvernement et de son parti. Les institutions nationales sont occupées et le roi Victor-Emmanuel, privé de tout pouvoir depuis sa désignation un an plus tôt par un conseil de régence et peu considéré par la société roumaine, abdique dans une quasi indifférence générale. C'est presque avec soulagement que la nuit du 3 avril 1888, il quitte ce pays qu'il n'a jamais aimé pour rentrer, avec le concours de la DDS et la complaisance des Russes, auprès de sa famille paternelle en Italie. Dans la panique, les députés encore « libres », le fusil braqué sur la tempe, majoritairement conservateurs, désignent l'ancien parlementaire et haut-fonctionnaire, le prince Gheorghe Rosetti-Roznovanu, comme nouveau Premier-ministre, indiquant « faire à la Roumanie le don de sa personne pour atténuer son malheur » à son discours d'investiture. Le « valet du Tsar », autoproclamé Protecteur de la Nation, est un pro-russe notoire, impliqué dans les mouvements séparatistes moldaves désirant faire de l'ancienne principauté un satellite de la Russie. A la tête du gouvernement provisoire et en possession de facto des pleins-pouvoirs, il est néanmoins fortement assisté par le maréchal de l'armée russe Iossif Romeïko-Gourko, commandant général des troupes stationnées à Bucarest. Un air de Paul Kisseleff, gouverneur des principautés entre 1829 et 1834...

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Le prince Rosetti-Roznovanu et le Maréchal Romeïko-Gourko

En mai1888, le gouvernement provisoire s'attela à un grand processus de réorganisation des pouvoirs publics constitutionnels, passant d'abord par la rédaction d'une nouvelle constitution. C'est alors plus d'un demi siècle de progression libérale et démocratique qui s'arrête brusquement : suite à la Guerre d'Orient de 1853, le prince Cuza adopta une constitution des plus démocratique du monde, avant que le prince Ghica n'adopte un régime plus modéré qui se libéralisa progressivement surtout sous l'impulsion du prince Stirbey, qui, une fois domnitor, inaugura les années les plus libres qu'eurent connu les Roumains et les minorités de leur histoire. L'avènement de Bratianu et du PNL en 1884 consacra quant à lui un règne démocratique en apparence par un renforcement des institutions parlementaires, mais atteint par l'occupation serbe et foncièrement démagogique et populiste ; les minorités, et en particulier les Juifs, sont privées de presque tous leurs droits civiques.

C'est ainsi qu'en mai 1888, un projet de constitution rédigé à Saint-Petersbourg est communiqué au prince Rosetti-Roznovanu par l'intermédiaire du Maréchal Gourko. Poliment prié de la « présenter » au Parlement cerné de baïonnettes russes, ce texte marque une profonde régression dans les libertés constitutionnelles et démocratiques du peuple roumain : le président du gouvernement désormais nommé « Ministre d'État » n'est responsable que devant le roi, comme l'intégralité du cabinet et chacun de ses ministres ; la Chambre des Députés, devenue « Divan d'État », réunit 301 députés élus au terme d'un suffrage censitaire extrêmement restrictif, pour une session annuelle de trois mois, ne disposant d'aucune compétence d'initiative de faisant office de simple chambre d'enregistrement d'un pouvoir exécutif bénéficiant bien plus que d'un simple pouvoir réglementaire. Quant aux garanties reconnues aux citoyens, notamment la liberté de presse, elles sont tout simplement absentes du projet.

La constitution de 1888 prévoyant ainsi le maintien du caractère monarchique du régime malgré l'abdication de l'éphémère Victor-Emmanuel de Savoie car l'installation d'une république étant inenvisageable aux frontières de l'autocrate de toutes les Russies, un nouveau souverain doit ainsi être intronisé. Sans consultation des autorités roumaines, un télégramme venu de Saint-Petersbourg transmis par le Maréchal Gourko au prince Rosetti-Roznovanu lui annonce froidement : « Ça sera Georges Maximilianovitch de Leuchtenberg. Il n’y en aura pas d’autres. À moins que vous ne préfériez son frère alcoolique ou son neveu de seize ans. Bien sûr nous n’accepterons aucun roi qui ne vienne pas de Russie. ». Le gouvernement provisoire est alors outré par cette odieuse transmission non seulement par tout le mépris qui en transpire, mais surtout car Georges de Leuchtenberg nourrit depuis sa naissance de fortes présomptions d'illégitimité, étant en réalité le fils du comte Grigori Stroganov, chambellan et adjudant-général du Tsar sous les règnes de Nicolas Ier et Alexandre II. De plus, Georges de Leuchtenberg fait aussi l'objet de rumeur d'union avec Anastasia de Monténégro, fille de race serbe de paysans couronnés mais analphabètes d'une minuscule monarchie sauvage des Balkans. C'est ainsi que le gouvernement provisoire indique à Saint-Pétersbourg avoir porté son choix sur Georges-Alexandre de Mecklembourg-Strelitz, général de l'armée impériale russe de race allemande et fils de grande-duchesse russe, de la famille des Grands-Ducs de Mecklembourg-Strelitz déchus après la révolution allemande. Saint-Pétersbourg accepte, Georges-Alexandre succèdera, sans oublier de prendre dans ses valises au grand dam de sa mère sa compagne Natalia Vonlyarlyarskaya, à Victor-Emmanuel sur le trône maudit trône de Roumanie où les quatre souverains qui s'y sont succédé depuis l'union des Principautés ont dû abdiquer : les domnitors Alexandru X I. Cuza I, Dimitrie I Ghica XI, George IV B. Stirbey II, et le roi Victor-Emmanuel.

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Georges-Alexandre de Mecklembourg-Strelitz

C'est ainsi que le 2 juillet 1888, le roi Georges-Alexandre, 29 ans, prête serment devant un Parlement quasiment vide en présence de plus de soldats du tsar en armes que de députés roumains, et bien que luthérien, sur une Bible orthodoxe russe symboliquement tenue par le Maréchal Gourko. Si le nouveau roi a brièvement servi dans l'armée impériale, y obtenant le rang de major-général du régiment des dragons de la garde, il est avant tout un épris de culture et particulièrement de musique et un grand collectionneur d'art, étant réputé comme étant l'homme le plus cultivé de la cour de Russie.  Néanmoins, il est aussi réputé et respecté pour être un homme accessible et dénué de tout snobisme. Aussi, peu intéressé par la politique et les affaires d'État, il n'a pas été accepté par les Russes pour prendre ses propres décisions, mais pour signer signer celles transmises par télégramme à Gourko depuis Saint-Pétersbourg. C'est ces deux dernières circonstances qui font que le roi Georges-Alexandre obtient progressivement la sympathie de l'élite roumaine demeurée au pays, consciente de son absence de participation totalement assumée dans la prise de décision politique, et tant éprise que lui de culture après plusieurs années de recul des manifestations artistiques du fait des troubles politiques qu'a vécu le pays. De même, sa personnalité joviale et extravertie tranche avec celle du taciturne et renfermé Victor-Emmanuel. Fait amusant, le drapeau roumain est quasiment identique à celui du pays de ses ancêtres, le Mecklembourg-Sterlitz où les bandes rouge et bleu sont inversées, qui sera désormais arboré à ce titre au centre des armoiries roumaines.

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Les armoiries revisitées

Ces bouleversements politiques sur le plan interne s'accompagnent logiquement d'une totale réécriture de la politique étrangère de la Roumanie. Si elle s'était montrée jusqu'à présent ouverte à toute les puissances, concluant des traités commerciaux avec chacune d'entre elles, mais surtout avec l'empire italien d'Amédée avec qui elle partageait des intérêts géopolitiques, la rupture est désormais nette : intégrée contre son gré au bloc slave, sa politique étrangère sera menée depuis Saint-Pétersbourg suivant ses intérêts. Le tsar en profite au plus tôt pour éloigner définitivement Bucarest de Rome au bénéfice de son allié serbe lorgnant sur la côte dalmate avec le soutien de l'Empire britannique nourrissant une haine contre l'Italie depuis son affirmation sur la scène internationale. Le 30 juin 1889, un nouveau télégramme de Saint-Pétérsbourg intime l'ordre aux autorités roumaines de monter ses tarifs sur les produits italiens qui pourraient faire concurrence aux produits britanniques, à trois fois la valeur des taxes sur les produits britanniques intrants. Ce sera immédiatement chose faite...

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