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Jrvc
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Mer 29 Juin - 0:47
Royaume de Roumanie
Regatul României

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I'm a Slave 4 U
1888-1892

Malgré le changement d'Exécutif par les autorités d'occupations russes et l'alignement consécutif de la politique étrangère roumaine sur Saint-Pétersbourg, le Royaume de Roumanie est toujours soumis dans l'indifférence générale à un matraquage indemnitaire inédit dans l'Histoire récente. Les stipulations des traités imposés suite à la guerre roumano-serbe puis suite à l'intervention unilatérale de l'armée serbe afin de réprimer les velléités nationalistes des Roumains de Hongrie a fait monter la note à plus de 600 millions de lei à régler sur 6 ans, malgré des recettes inférieures à 200 millions de lei, en baisse chaque année du fait du marasme et de l'isolement économique entretenu par les occupants à des fins politiques.

Les prévisions économiques sont alarmantes, notamment au sujet de l'année 1890 où la Royaume de Roumanie devra s'acquitter de 71,4 millions de lei à la Serbie au titre des indemnités issues de la guerre roumano-serbe, ainsi que de 90 millions de lei à la Serbie et 50 millions de la lei à la Hongrie au titres des indemnités issues de la crise hongroise de 1887. Cela correspond à un total de 211,4 millions de lei à régler sur un an, soit une somme supérieure à toutes les recettes roumaines. Cette situation catastrophique nécessite une réaction rapide en concertation avec les homologues européens de la Roumanie, pour éviter la banqueroute.

Il est d'abord envisagé l'hypothèse de l'emprunt à un taux attractif conclu avec un homologue européen. C'est dans ce cadre qu'est sollicité l'Empire français qui décline la proposition, « faute de fonds ». Pourtant, depuis plusieurs années, un tiers des recettes roumaines se retrouvent indirectement à la Banque de France, du fait du remboursement des indemnités roumaines dues à la Serbie, servant à cette dernière pour rembourser un emprunt à taux 0% conclu avec la France. Poussant l'infamie encore plus loin, l'Empire français soutient que ce manque de fonds est consécutif au rachat par la France des actifs italiens suite à la rupture des relations avec l'Italie. Or, ces actifs sont en majeure partie constitués par la dette anciennement détenue par l'Italie sur l'Etat roumain, ce qui implique qu'en plus de refuser de prêter de l'argent à la Roumanie, la France va lui en solliciter, et le tout pour s'en servir comme moyen de pression pour servir les intérêts politiques de son allié serbe. En clair, chaque centime présent sur le sol roumain est traqué pour engraisser les caisses de ses ennemis.

Les réponses des autres homologues européens de la Roumanie ne furent pas plus positives, ce qui a nécessité la recherche d'autres réponses à la crise financière. Dans un premier temps, l'Etat roumain fut forcé de négocier un rééchelonnement des indemnités avec les autorités serbes : la Roumanie payera 71,4 millions de lei jusqu'en 1887, 121,4 millions de lei en 1888 et 1889 puis 111,4 millions de lei en 1890 et 1891. En échange, les autorités serbes exigent la signature d'un traité gardé secret pour ne pas révéler son caractère infamant., évidemment garanti par Saint-Pétersbourg.

Deuxième axe, les impôts sont augmentés, et notamment les droits de douane des états n'ayant pas d'accord contraire avec la Roumanie, ainsi que l'impôt sur la grande propriété foncière.

Dans un troisième temps, à contrecœur, une réduction des dépenses publiques s'impose. Tous les projets menés par le gouvernement roumain depuis quelques années en terme d'éducation, bien qu'ayant des résultats encourageants, sont stoppés. Le ministère des travaux publics voit aussi son budget considérablement diminué mais c'est avant tout le ministère de la guerre qui subit le choc le plus violent. Le budget annuel de 48 millions de lei entretenant 1 DI, 5 DR et 6 DM, est réduit de presque deux tiers à 19 millions de lei pour entreteni 1 DI -, 2 DR- et 3 DM.
Cette réduction des dépenses militaires, dictée implicitement par les autorités d'occupation du fait du refus général de collaborer avec la Roumanie, pourtant par des Etats ayant affirmé à plusieurs reprises leur volonté de « rapprochement » et « d'aider à reconstruire le pays », est un véritable déchirement. Il justifie le maintien perpétuel des troupes d'occupation sous prétexte de maintien de l'ordre et leur soumets la Roumanie, à la fois dépendante d'eux en cas d'attaque extérieure, et à la fois incapable de réagir face aux ultimatums qu'elles lui imposeront. Sont de plus en plus craintes une annexion de l'ancienne principauté de Moldavie par l'Empire russe, ou une agression hongroise avec une annexion du reste de la Transylvanie dans l'indifférence la plus totale, plans à peine cachés par les autorités de ces pays. Les Roumains doivent d'ors et déjà se résigner à la future perte de ces territoires...

En effet, la main-mise de la Russie sur la Roumanie s'accroît chaque jour, et notamment le 1er septembre 1890 par un traité de libre-échange imposé brutalement à la Roumanie qui s'est vu refusée toute contrepartie.

De la même manière, par l'intermédiaire de l'occupant russe, le Royaume-Uni obtint de la Roumanie l'abaissement des douanes roumaines sur les machines outils, les machines agricoles et l'acier britanniques à 5%, quand le Royaume-Uni, s'engage, pour la forme, à abaisser ses douanes sur les minéraux et métaux roumains (sauf bauxite) à 1%.

Enfin, l'Allemagne, n'est pas en reste, l'elle obtient abaissement des douanes roumaines sur les machines et les produits chimiques allemands à 8%, contre un abaissement des douanes allemandes sur les produits agricoles roumains à 3%, sur les minerais (hors charbon et fer) à 5%, sur l'argent à 3% et sur l'or et le manganèse à 0%, insuffisante contrepartie de pure forme arrachée de justesse aux autorités allemandes pour conserver un semblant d'équité factice.


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Dim 27 Nov - 23:34
Royaume de Roumanie
Regatul României

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Ménage à quatre
1892-1893

Bouleversé par l'invasion russe de 1888, le paysage politique roumain est désormais entièrement centré autour de l'occupation russe illustrée par le parti constitutionnel du colonel Gheorghe Rosetti-Roznovanu, à la tête du gouvernement malgré la faible représentation de ses soutiens au Divan d'Etat. Monopolisant l'action politique du pays, le Ministre d'Etat fait office de simple secrétaire du Maréchal Romejko-Gourko, Président plénipotentiaire de l'Empire de Russie et Chef d'Etat-Major des troupes d'occupation, qui gouverne le pays dans l'ombre en lien constant avec le gouvernement russe.

Face à cette situation, la colère gronde dans les faubourgs bucarestois et ses cercles intellectuels où l'Ordre des Empaleurs, société nationaliste secrète aux méthodes radicales, tisse progressivement sa toile. Quant au Roi Georges V Alexandre de Mecklembourg Strelitz I, il demeure totalement effacé des affaires politiques qui ne l'intéresse guère, préférant se consacrer à la culture dans un pays où elle a disparu depuis bientôt une décennie. Officiellement célibataire bien que vivant en ménage avec Natalia Vonlyarlyarskaya, fille d'un ancien ministre des Finances russe, la question de son mariage s'est rapidement posée afin de légitimiser la position d'un roi parvenu au pouvoir par la force des baïonnettes. L'union avec Natalia étant impossible du fait de l'inégalité de leur naissance, l'Empereur Alexandre III s'est rapidement attelé à trouver une épouse à son royal cousin. Soucieux de resserrer ses liens avec le Royaume-Uni après des années de mésentente, le nom de Marie d’Édimbourg est rapidement évoqué. A la fois petite-fille de Victoria et d'Alexandre II de Russie, elle apparaît comme étant une candidate idéale au poste de Reine de Roumanie. Proposition faite à Georges-Alexandre, ce dernier, conscient de son devoir, se contente de l'acquiescer sans grand enthousiasme tout en sachant que ça ne remettra pas en cause ses liens affectifs avec Natalia. Quant à Marie, son état d'esprit est parfaitement décrit par sa tante : « Missy est enchantée, mais la pauvre enfant est si jeune, comment peut-elle savoir ce qui l'attend ? ». En effet, le mariage a surtout été encouragé par la mère de Marie, la grande-duchesse Marie Alexandrovna, ravie de voir sa fille épouser un Roi d'origine russe, selon le principe « mieux vaut être un grand poisson dans un petit lac, qu'un petit poisson dans la vaste mer ».

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Marie d'Edimbourg

Le 10 janvier 1893, le mariage est célébré dans la chapelle royale du Château de Bran, en trois cérémonies : une civile, une luthérienne, la religion de Georges-Alexandre, et une anglicane. L'union ne fait pas grand bruit malgré la tentative du gouvernement d'en faire un événement national en décrétant la journée du 11 janvier comme fériée. Les époux, qui ne se connaissent pas, sont mal assortis : la jeune Marie a à peine 17 ans tandis que Georges-Alexandre en a le double. N'ayant que peu de points communs, Marie est rapidement mise à l'écart au profit de la maîtresse du Roi qui lui a déjà donné une fille. D'ailleurs, ce n'est pas avec Marie que le Roi passera sa nuit de noces, mais bien avec Natalia. La jeune reine s'ennuie et c'est dans la haute société bucarestoise, gravitant dans l'entourage de Georges-Alexandre, qu'elle trouve le moyen de se divertir. Elle y fait rapidement la connaissance d'un certain Barbu Stirbey, dont le nom n'est pas tout à fait inconnu de l'histoire récente de la Roumanie. Ce n'est autre que le neveu de George IV B. Stirbey II, le "dernier Domnitor" qui a régné 10 ans sur le pays avant de parti en exil à Florence à la suite des événements de 1884. D'ailleurs, à la fin de son règne, n'ayant pas d'enfant et marié à une femme bien plus âgé, le Domnitor a adopté Barbu avec l'intention d'en faire son héritier. Après des études de droit à Rome, Barbu a discrètement inauguré le retour des Stirbey en Roumanie, choisissant de se tenir en retrait de la scène politique pour se consacrer à la gestion de son immense patrimoine. Marie, qui n'a que 4 ans de moins que lui, est rapidement séduite par cet aristocrate poli et cultivé connu sous le nom de "Prince Blanc" en raison de ses manières impeccables et de "l'étrange qualité hypnotique" de ses yeux, capable de s'exprimer dans un français immaculé et toujours habillé dans un style pimpant qui suivait les dernières modes de Paris.

Royaume de Roumanie - Page 2 220px-Barbu_Stirbey
Le Prince Barbu Stirbey

Avec Marie, le coup de foudre est immédiat : ils sont séduits pas leur intelligence réciproque et leur attrait mutuel pour la politique, choses que Marie ne retrouve pas chez son mari. Ils deviennent confidents avant de s'engager dans une réelle relation extraconjugale à peine dissimulée. Quant au Roi, bien que conscient de la situation, il s'en accommode rapidement pourvu que cela reste discret. Cette relation permet à Marie d'apprendre le roumain et de découvrir l'histoire et la culture de son pays d'accueil pour lesquels elle se découvre une passion affichée. De même, face au désintérêt de Georges-Alexandre pour la politique roumaine, champ libre est laissé au couple illégitime afin d'exercer, dans l'ombre, une influence sur la cour et le gouvernement du royaume. Cela correspond parfaitement à la personnalité du Prince Stirbey, telle que décrit par un de ses contemporains : "Dans un pays de gens bavards, je n'ai pas rencontré d'homme plus calme, dans une société soucieuse d'obtenir de l'effet, je n'ai pas vu d'homme faire preuve de plus de modestie ... Pourtant, Derrière cette apparence banale se cachait une personnalité extrêmement intéressante, d'une astuce pénétrante, d'une capacité exceptionnelle et d'une grande ambition, mélange bizarre d'obstination et de paresse, de décision et de fatalisme, d'indifférence et de sournoiserie. Courageux, parfois même audacieux, même s'il préférait l'ombre à léger, amateur de combinaisons, même s'il n'a jamais pratiqué l'intrigue, Ştirbey était le type de boyard roumain qui savait être flexible et se faufiler".

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Elisa Stirbey

C'est dans ce contexte que le frère du Roi et héritier présomptif, le Prince Charles-Michel de Mecklembourg-Strelitz, rencontre Elisabeta Stirbey, la soeur de Barbu. Version féminine de son frère en plus pugnace, Elisa, intelligente et vive, est décrite comme ayant un "magnétisme personnel puissant", mais contrairement à lui avec son amour du secret et l'approche indirecte, ses méthodes sont plus brutales. C'est Barbu qui a arrangé leur rencontre au détour d'un salon bucarestois, y voyant l'occasion de renforcer la position de son clan sur les affaires du pays et de faire plaisir à sa sœur Elisa, ravie de renouer avec la vie de cour et de côtoyer à nouveau les cercles de pouvoir. Charles-Michel s'en éprend rapidement et il ne faudra que peu de temps avant qu'Elisa et lui n'engagent une relation, au grand dam des forces d'occupation russes voyant d'un mauvais œil le rapprochement de Russes avec la "faune locale" telle que décrit par Alexandre III lui-même au détour d'une correspondance avec le Maréchal Romejko-Gourko intimé de mettre fin à cette mésalliance.

Le 3 mai 1893, dégénère une manifestation contre la dissolution de la Commission du Danube, orchestrée par la Russie et l'Illyrie au dépend de la Roumanie après que les manifestants aient agressé les forces d'occupation russes. La garnison russe lance une charge pour disperser les manifestants qui fait 3 morts et 14 blessés. Las de vivre sous une occupation étrangère qui se fait de plus en plus étouffante, la dissolution de la Commission forcée par Saint-Pétersbourg est la goûte de trop, les Roumains se mobilisent dans les grandes villes du pays pour réclamer le départ des troupes russes, des incidents éclatent, la Roumanie renoue avec les troubles.

A Saint-Pétersbourg, la réaction est à la minimisation : "ce sont juste des manifestations avec certes un peu de violence", "ce n'est pas la dissolution de la Commission du Danube qui provoquera une révolution" etc. Romejko-Gourko se montre serein, reclus dans son quartier-général ultra sécurisé, tandis que le couple Marie-Stirbey se montre beaucoup plus préoccupé par la situation. En effet, Stirbey ne désire pas que ces manifestations violentes dégénèrent en un mouvement de plus grande ampleur, offrant à la Russie toutes les justifications pour de nouveau "punir" la Roumanie. Le Maréchal Romejko-Gourko décide de mobiliser toutes les forces de l'ordre roumaines en ville puis en campagne, de faire intervenir deux divisions d'active de l'armée russe dans les campagnes puis dans les villes, de censurer la presse, de faire contrôler toutes les correspondances par l'Okhrana qui arrêtera systématiquement les trains postaux, d'entraver partiellement les réseaux télégraphiques et téléphoniques pour mieux surveiller les échanges des mouvements de coordination entre groupes, de contrôler les gares et les passagers dans les trains, et d'établir un couvre-feu entre 20h et 6h dans les villes sauf travail de nuit. "Terrible décision" selon Stirbey qui craint qu'elle ne provoque de terribles conséquences, se souvenant que c'est cette même attitude qui a mené à chute de la monarchie de Juillet en 1848.

Au Divan d'Etat, le choc est brutal : le parti constitutionnel au pouvoir, visiblement gêné par la situation, se mure dans un silence de plomb, se contentant de rappeler sans cesse qu'il ne s'agit juste d'une opération de maintien de l'ordre tout à fait banal qui ne mérite pas d'attention parlementaire. Les représentants des partis libéral et stirbéiste sont quant à eux totalement révoltés de cette ingérence d'une violence sans précédent et de nombreux incidents de séance amènent le Maréchal Romejko-Gourka à faire fermer le Divan d'Etat jusqu'à nouvel ordre et à exercer de nombreuses pressions sur les députés opposés au régime. En effet, cet épisode exacerbe les divisions au sein du parti conservateur libre de Lascar Catargiu qui peine à unifier ses troupes et fait face à une fronde d'une ampleur sans précédent. Une partie des conservateurs se sont lassés d'un compromis qui ne va toujours que dans un sens et agrémenté de promesses qui n'ont jamais été réalisées. L'ajournement temporaire (?) du Parlement évite ainsi au Ministre d'Etat d'être mis en minorité par une partie des conservateurs libres alliés aux libéraux et aux stirbéistes.

Le 9 mai, le Ministre d'Etat Rosetti-Roznovanu reçoit l'ordre de donner une conférence de presse. Dans une ambiance assez gênante, le chef du gouvernement lit sans charisme ni sans grand enthousiasme une communication en provenance du cabinet du Maréchal Romejko-Gourko. Pendant près de deux heures, il loue l'action de la Sainte Russie depuis son intervention dans les affaires du pays en 1887, indiquant que la Commission du Danube renaîtra sous une nouvelle forme tout autant favorable aux intérêts de la Roumanie et annonçant une aide financière de 20 millions de francs provenant du budget russe au ministère roumain de l'intérieur tout en en promettant d'autres sans plus de précision mais notamment dans le domaine de l'armement. Le Ministre d'Etat ira même jusqu'à oser avancer que la Russie a œuvré pour la position de la Roumanie au sein de l'Union balkanique, sachant que cette position fortement inégalitaire du fait du quota limité est décriée depuis le début et que la Russie s'est activement démenée pour que ce quota soit maintenu. La question constitutionnelle est aussi abordée et une libéralisation en faveur du Parlement est envisagée en ce sens, sans plus de détail. Aussi, si la liaison entre le frère du Roi et Elisa Stirbey était jusque là tenue secrète, elle est vu comme l'occasion d'ancrer la famille royale au sein de son pays d'adoption, le mariage étant annoncé pour la fin de l'année. Enfin, la grossesse de la Reine est rendue publique, et si parmi la population roumaine l'on ne se doute de rien, la paternité réelle de l'enfant à naître ne fait aucun doute au sein de la haute société roumaine...

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L'Universul

Un an plus tôt, l'affaire Buschloff avait défrayé la chronique en Allemagne et engagé un mouvement d'antisémitisme sans précédent après la découverte d'un enfant égorgé dans une grange, prétendument par un boucher juif. Cet événement retentissant a tenu en haleine la population allemande pendant plus de six mois, détournant leur attention au profit de la haine contre le peuple juif. Inspiré, Stirbey décide, par l'intermédiaire d'un des journaux dans lequel il détient des parts, l'Universul, de faire grand bruit sur un fait divers banal suivant la ligne éditoriale du journal. En effet, le 1er mai, une roumaine de Sibiu prénommée Ioana avait été retrouvée morte et apparemment violée en contrebas d'une route. Son mari fortement endetté auprès d'usuriers hongrois, il n'en fallut pas plus pour que la communauté roumaine de Sibiu reconstitue l'intégralité du meurtre : Ioana avait été tuée par des hommes de main de l'usurier hongrois car son mari ne parvenait pas à rembourser ses dettes. Fait divers comme il en existe des centaines chaque année, l'affaire fut montée en épingle par l'Universul, l'un des quotidiens les plus distribués du pays. Plusieurs jours de suite, le corps sans vie de Ioana était visible dans toutes les rues de Bucarest, en une du journal et les Bucarestois se sont rapidement pris de passion pour cette affaire, mais aussi pris de haine pour la communauté hongroise, dont il est rappelé que le pays d'origine continue de pratiquer "l'impôt du vol et de la honte" sur la population roumanophone. L'objectif de Stirbey et de l'Universul est clair : détourner la haine des Roumains envers les Russes, pour la diriger contre les Hongrois...

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Lun 24 Avr - 0:15
Journal de G. B. Stirbey

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Ingrate patrie, tu n'auras pas mes os
24 décembre 1896

Très exactement dix années après la rédaction de la première page de son journal d'exil, le prince G. B. Stirbey est amené à commenter les événements récents ayant bouleversé tant la politique roumaine que sa propre famille, les deux étant désormais liées par un lien indéfectible et inaliénable.

En réaction aux troubles de 1893, cette immense ordre de Roznovanu décidait de donner une conférence de presse dans laquelle il promettait monts et merveilles aux Roumains, entre démocratisation et roumanisation d'une vie politique désormais unilatéralement décidé depuis le Palais d'hiver de Saint-Pétersbourg. Trois ans plus tard, la tournure des événements nous force à songer de décerner à Roznovanu le prix international de plus grand menteur de l'histoire de l'humanité.

Interdiction du parti libéral, arrestations, assassinats ciblés de députés dissidents, redécoupage biaisé des circonscriptions électorales, dissolution de la Chambre des députés etc., un vent de dictature s’est brutalement abattu sur la Roumanie, phare qui guidait les peuples des Balkans vers la liberté il y a à peine vingt ans. Chaque jour qui passe, l’occupation se fait de plus en plus pesante et se manifeste toujours plus vicieusement. Dès la fin de l’année 1893, sous les pressions du Maréchal Gourko, les fiançailles entre le Prince Charles-Michel de Mecklembourg-Strelitz et ma nièce Elisa Stirbey sont rompues, couvrant de honte ma famille, ce qui arrange bien le pouvoir en plus en vue de l’histoire politique récente de mon pays. A la place, Charles-Michel épousera Maria Tescanu Rosetti, connasse notoire et cousine éloignée du Ministre d’Etat Rosetti qu’il a adoptée pour en faire son héritière en vue de son absence de descendance. Cette union morganatique a également un objectif plus pernicieux : rabaisser le prestige de la famille royale roumaine en refusant un mariage avec une maison royale européenne, afin de bien faire comprendre à la face du monde que la Roumanie n’est pas leur égal. Cette politique de relégation de la Roumanie ne manifeste notamment dans la chute de son activité diplomatique : malgré de nombreuses démarches et relances qui n’ont même pas fait l’objet de réponses, seuls quelques maigres traités ont été conclus avec des puissances étrangères. En 1895, la Roumanie s’engageait à baisser ses douanes sur les machines, produits pharmaceutiques et chimiques allemand, en échange de quoi cette dernière abaissait ses douanes sur les produits agricoles roumains. Pas au goût de Saint-Pétersbourg, le traité fut tout bonnement annulé après sa conclusion, mettant la diplomatie roumaine dans l'embarras en lui faisant perdre toute confiance. Renégocié directement par l’ambassadeur de Russie en Allemagne, le traité germano-roumain fut finalement conclu dans le dos de Bucarest :

De même, un traité britto-roumain fut conclu, non sans que la diplomatie roumaine ait à accuser plusieurs fins de non-recevoir :

Maigre lot de consolation, le traité de libre-échange au bénéfice seul de la Russie, perçu comme un véritable asservissement outrageant pour les Roumains, a finalement été aboli le 1er janvier 1893, en échange d’une lourde commande d’équipements militaires pour 60 millions de francs, originellement prévue avec le Royaume-Uni, pour rééquiper l'ensemble de l'armée ainsi que deux nouvelles divisions de réserve en sous-régime, qui font monter la facture totale en matière militaire à 80 millions de francs. Pour répondre au besoin de nouvelles recrues, le contingent est augmenté de 10 000 par an pour amener à un total de 20 000 appelés. Dans le même esprit, un chèque de 20 millions de francs est signé par le tsar à l’ordre du Ministère de l’Intérieur roumain, afin de garantir le maintien de l’ordre et le “matage” du peuple roumain.

Cette décennie marque également le lancement d'un grand processus de désintégration de l'économie roumaine au sein de celle de ses voisins malveillants. En premier lieu, le gouvernement roumain est intimé par les autorités russes de financer la construction d'un pont sur le Danube à hauteur de la ville de Turnu Severin pour la connecter au réseau routier serbe. Cette opération, évaluée à hauteur de 7,5 millions de francs, doit être impérativement achevée avant la fin de l'année 1896, et ne peut être financée que sur les fonds propre du Royaume de Roumanie qui est interdite d'avoir recours à des investisseurs étrangers sur ordre du gouvernement russe désirant isoler la Roumanie le plus possible. De même, le gouvernement roumain devra prendre en charge, de la même manière et dans les même délais, l'extension de réseau ferroviaire : une ligne Craoiva - Turnu Severin doit être inaugurée avant le 31 décembre 1896 pour un coût total de 48 millions de francs. Enfin, manifestation la plus représentative de la nocivité de la Russie sur l'économie roumaine, la Roumanie est tout simplement spoliée de ses ressources en hydrocarbures, découvertes récemment : la Société anonyme limitée de l'Olt pour le pétrole et son exploitation (SALOPE) est créée dans la foulée, et détenue à hauteur de 30% par le gouvernement russe, de 30% par le gouvernement illyrien et de 30% par le gouvernement français qui ont chacun mis 30 millions de francs dans la création de cette SALOPE. Les 10% restant ont été ouverts à divers investisseurs privés, roumains ou non. En conséquence, les propriétaires des terrains et sociétés implantées sur les zone d'exploitation de la SALOPE sont expropriés. Société imposante et parmi les plus financées du Royaume de Roumanie, cette entreprise s'est rapidement vu qualifiée de grosse SALOPE par la presse.

Ces investissements forcés auxquels le gouvernement roumain est contraint d'accéder sous ordre des autorités russes va nécessiter un puissant effort de la part des ouvriers et travailleurs roumains. En effet, ces commandes doivent être livrées avant l'année 1896 ce qui va pousser à la réaliser d'un effort surhumain pour les forces laborieuses du royaume de Roumanie. A cet effet, le gouvernement roumain a décidé de considérablement assouplir les maigres dispositions législatives protégeant les travailleurs roumains : la durée de travail quotidienne et hebdomadaire sont étendus, l'âge légal pour être titulaire d'un contrat de travail est abaissée au même titre que les obligations des patrons etc.  
https://www.youtube.com/watch?v=s6b33PTbGxk

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