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Folkord
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Dim 27 Nov - 22:56





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Una dinastia, un popolo, una nazione —  Fratelli d'Italia


Affaires politiques  :  Le scandale de la Banca Romana (décembre 1893-décembre 1894) :  

Fondée en 1834 par acte notarié Paris par des intérês français et belges puis, la Banca Romana obtient très vite de la part de l'état pontifical un droit d'émission monétaire limité sous l'influence de la puissante famille Antonelli et traîne dès lors une réputation pour le moins sulfureuse. Elle finance les Savoie aux débuts de la Confédération Italienne avant de perdre toutes ses prérogatives monétaires suite à la création de la Banque d'Italie peu après 1865. Elle conserve toutefois son activité commerciale et entretient des liens troubles avec la Destra et la municipalité de Rome, qui est plongée dans une grave crise financière durant la décennie 1880 suite au grand boom de la construction (avant d'être sauvée par la gestion scrupuleuse de celui qui deviendra président du conseil peu de temps après, un certain Onorato Caetani..).

En 1892 une commission parlementaire dirigée par le député de gauche Giuseppe Giacomo Alvisi, président de la Cour des Compte est chargée d'une enquête sur plusieurs établissements financierrs. Le but initial de la manœuvre est de se payer la tête de Girolamo Giusso, à la tête d'une puissante banque napolitaine mais c'est bien à Rome que le scandale couve :l es conclusions d'un fonctionnaire du ministère des finances détaché par Caetani à la demande du Parlement, Gustavo Biagini, sont édifiantes. Elles relèvent des irrégularités majeures, une doublé comptabilité et l'émission d'escompte frauduleux. Le dirigeant de la banque, Bernardo Tanlongo, est bientôt contraint de passer aux aveux. Plusieurs personnalités politiques et financières sont finalement écrouées alors qu' au fur et à mesure qu'on ébruite le nom des grands d'Italie impliqués le scandale devient séisme. Alors qu'on aurait pu s'attendre à une affaire circonscrite à la droite romaine, elle éclabousse l'ancien président du conseil Giuseppe Saracco, ainsi que des pontes de la gauche : Crispi et Giolitti seraient impliqués !

Si Caetani est indemne de tout soupçon, il n'en demeure pas moins fragilisé avec plusieurs ministres et collaborateurs éclaboussés, tandis que plus globalement cette agitation ruine ses efforts de stabilisation et de concertation. De plus le scandale fait chuter fatalement la Banca Romana et plusieurs petits établissements qui y étaient lié, ruinant des milliers de petits porteurs. Il est mis en exergue l'instabilité et le manque de transparence du système financier Italien, dont l'efficacité demeure nettement en deçà de celle des grandes puissances occidentales. La solvabilité des opérations bancaires est douteuse et le clientélisme omniprésent. Se saisissant de ce constat, et mis sous pression par Emmanuel, très peu friand de ce genre de divertissement, le président du conseil charge Luigi Luzzatti de réformer le système financier en émettant une proposition de loi d'ici le printemps 1894.

Le procès des politiques s'achèvera lui sur un non lieu généralisé. L'acquittement de Saracco, Crispi, Giolitti et de dizaine d'autres prévenus en décembre 1893 faute de preuves malgré des soupçons imminents mène une partie du parlement a demander, en vain, une dissolution à l'Empereur, estimant que ni le gouvernement actuel, ni l'opposition de gauche n'étaient en mesure de représenter dignement le peuple Italien. L'opinion publique est de son côté différemment affectée : l'intelligentsia et la petite bourgeoisie s'indignent mais la grande majorité de la population se moque de cette affaire. D'autres événements, plus concrets et plus dramatiques, attireront bientôt leur attention.



Affaires étrangères :  Rome au chevet de l'homme malade (Printemps 1893)

La guerre Balkanique avait laissé exsangue l'Empire Ottoman. Assommé par un coût de la guerre exorbitant et des indemnités totalement injustifiables et impayables, le Sultan face à l'intransigeance de la France et de la Grande-Bretagne quand à la renégociation de sa dette, et malgré les emprunts Allemands, sait que ses jours sont en danger et que le démembrement de son Empire sous couvert de comission financière est imminent. Il décide alors d'anticiper la prochaine banqueroute en faisant défaut sur le paiement des indemnités, menaçant de replonger la région dans la guerre, et aussi d'ébranler les banques occidentales.

Londres et Paris, encouragées par le Tsar, désirent mettre sous tutelle la Sublime Porte. La Serbie de son côté fait curieusement preuve de plus de mansuétude, de peur de ne pas toucher un centime de Constantinople en cas de chute du régime. L'Allemagne demeure en retrait sur le sujet ne pouvant plus grand chose de plus pour le pays auquel il a déjà consenti des prêts énormes. Caetani doit ainsi faire face à une importante adversité diplomatique lorsqu'il convoque à la pointe Sud de la botte un congrès pour sauver l'homme malade de l'Europe. Le président du conseil Italien désire préserver l'indépendance et l'intégrité de cet ennemi d'hier,  pour faire contrepoids à l'hégémonie de l'alliance slave qui menace de contrôler la route de la soie. Son insistance et son imagination vont permettre d'accoucher d'un accord plus que satisfaisant en proposant astucieusement des opérations de rachat de titres de créances Italiens tierces -en Grèce- pour permettre au secteur financier de la péninsule d'agir au sein de l'Empire Ottoman en lieu et en place des deux premières puissances mondiales qui s'y refusent.

Spoiler:

Dans le détail, et concernant l'Italie, c'est 240 millions de francs d'emprunts privés à un taux moyen de 4.5% et 90 millions d'emprunts publics à un taux moyen de 2% qui sont liquidés en Grèce,  tandis qu'en plus d'un prêt public supplémentaire de 50 millions de francs à 4.5% accordé à la Sublime Porte la plupart des nouveaux financements pour l'homme malade de l'Europe reposent sur la concession d'un monopole sur le tabac pour douze ans à un consortium financier et industriel privé Italien pour 250 millions de Francs. Rome se permettant même le luxe d'encaisser 40 millions de francs, la différence entre les prêts publics octroyés à la Grèce désormais revendus et ceux octroyés au Sultan.

Concernant ce consortium,  plusieurs traités annexes sont signés : l'un avec le gouvernement des jeunes turcs qui limite à 10% la hausse des taxes sur le tabac durant la période du monopole en échange d'un engagement d'utiliser à 80% du tabac produit dans l'empire Ottoman, satisfaisant les volontés des deux parties : rentabiliser la concession et soutenir le développement de la filière locale du tabac. Les 20% demeurant libres permettent pour leur part sous l'influence du gouvernement de Rome l'importation du kretek en Anatolie et au Proche-Orient. Bénéficiant d'une organisation à l'occidentale la nouvelle entreprise détonne par rapport au modèle artisanal turcique plus archaïque. Son développement, encouragé par la puissance publique, est porté par ses connexions en Europe et en Asie, et on envisage ainsi à terme de bâtir un véritable géant mondial tabac.

Cette opération financière ressemble à s'y méprendre, à plus grande échelle, à celle réalisée six ans plus tôt avec les actifs financiers Italiens en Roumanie. La peur des expropriations -mais aussi d'un défaut de paiement grec- dans des Balkans désormais totalement sous la coupe de l'alliance franco-slave, pousse toujours plus la diplomatie péninsulaire à réorienter ses intérêts économiques en Asie, où l'influence Italienne s'affirme de plus en plus, après les guerres en Chine et dans les Indes, l'expédition du Levant, et enfin le traité de Reggio di Calabre.

Belgrade, qui a renoncé à une partie de ses indemnités, n'en perd toutefois pas le nord et manque de faire volte-face  à la dernière minute, réclamant des contreparties dans l'union douanière des Balkans alors qu'on négocie déjà depuis des mois, menaçant de toute faire capoter. Rome ne peut pas faire machine arrière et y adhère sans que cela ne lui coûte vraiment, mais les méthodes de Milojevic restent en travers de la gorge de Caetani.

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Ven 20 Jan - 22:29





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Affaires coloniales :  La reculade de Moroni ( Automne 1893)  

Les vues Italiennes sur les Comores étaient anciennes : à l'époque où les relations avec la France étaient cordiales, voir amicales, les deux nations s'étaient mis d'accord pour que l'archipel -à l'exception de Mayotte - revienne à l'Italie. Le congrès de Londres aurait dû sceller les vues de Rome sur ce chapelet d'îles mais en claquant la porte l'Empire avait ouvert la porte à un retournement de la France. La situation était similaire sur la petite île de Socotra, et on ne s'attendait pas à voir la souveraineté de ces territoires assez insignifiants être discutés, tant le voisin transalpin avait déjà suffisamment à faire sur les cinq mers du globe.

C'était en sous-estimer la capacité de nuisance et la folle ambition de la France, qui tout en se bâtissant un gigantesque empire en Asie du Sud-est et dans le désert Saharien, s'accapare toute émergée encore discutée. Si aucune expédition Italienne n'avait encore mis le pied à Socotra lorsque une escadre de la Royale y jeta l'ancre, la situation en était tout autre dans les Comores où à Moroni deux flottes se discuterent la prise de possession de l'archipel. Heureusement les deux commandants de vaisseaux en charge des opérations étaient des officiers expérimentés et malgré une tension prégnante éviteront la confrontation, se référant à leurs gouvernements respectifs.


Les premiers retours de Paris furent très froids et sûr de son fait le gouvernement de Napoléon IV se montrait peu disposé à négocier, certain du concours Britannique et Russe si la situation venait à tourner au vinaigre. N'était-ce pas un peu prétentieux que de penser pouvoir embarquer tous ses alliés dans un bras de fer aux enjeux aussi peu importants ?  Caetani, alors que la situation interne est peu reluisante n'est pas pour autant tenté par la confrontation et décide de monnayer son départ des Comores contre l'abandon des revendications Françaises sur Socotra. Mais Paris réclame une indemnisation colossale de 20 millions de francs. Inenvisageable.


Londres de son côté était embarrassée par la crise qui couvait : assurant de son soutien la France elle entreprit en parallèle des discussions avec le représentant Italien dans la capitale Britannique pour le prévenir des frénétiques sollicitations de Paris, afin de faciliter les négociations et éviter de devoir se mouiller, en plein rapprochement avec l'Italie.

L'opinion publique est assez mal informée de cette affaire lointaine en Italie, et bien qu'elle contribue tout de même à entretenir la rancoeur tenace contre l'ancien allié et désormais «premier vassal de Belgrade», elle se noie dans l'émotion provoquée par le massacre d'Aigues-Mortes.

Un compromis fragile est trouvé le 6 novembre 1893,  laissant la pleine souveraineté des Comores à la France, ainsi qu'une indemnisation de 5 millions de francs versée par Rome à Paris, en l'échange de quoi Socotra était évacué de son avant-poste Français. Un accord indiscutablement favorable au rival transalpin, avec lequel le fossé ne cessait de se croiser, même si Caetani avait sauvé l'essentiel : sa base avancée au large de la péninsule arabique. L'honneur était sauf..

Affaires commerciales et étrangères : La crise Italo-américaine et la montée des tensions dans le Pacifique  (Automne 1893)

Le gouvernement Caetani n'était décidément pas verni : la longue liste de ses ennuis depuis ses débuts spectaculaires s'allongeait un peu plus. Dans le contexte de la course aux armements en Amérique latine, Londres et Rome s'étaient engagés dans une autre course...au désarmement, afin de se conformer aux dispositions du traité de normalisation de Malte en liquidant les navires les plus obsolètes. C'est ainsi que suite à une série d'appels d'offre émis par les gouvernement sud-américains les deux géants navals se partagent le marché, Londres obtenant bien sûr les meilleurs contrats : Brésil, Argentine, tandis que Rome vend au Chili,  puissance régionale émergente suite aux guerres du Pacifique 2 escadres de cuirassés non protégés et 2 escadres de torpilleurs pour 16 millions de francs, ainsi qu'une escadre de croiseurs non protégés et une escadre de torpilleurs au Mexique pour 8 millions de francs.

C'est bien la vente d'une escadre lourde au Mexique qui provoque la réaction hystérique des États-Unis qui considèrent comme «leur» terrain de jeu leur voisin méridional. Sans même en avertir son homologue Italien, le chef d'État américain fait voter au congrès américain une réponse cinglante en mettant sous état de quasi embargo les marchandises Italiennes. Deux ans après le massacre de la Nouvelle-Orléans de dizaines de ressortissants Italiens resté impuni cela est la provocation de trop pour l'Empire qui réplique en rehaussant à la même hauteur les douanes sur les produits américains à hauteur de 45% à 55% selon leur nature et rappelant pour consultation son ambassadeur à Washington D.C. Les intérêts commerciaux mutuels entre les deux pays sont donc liquidés, bien qu'il faut relativiser cela étant donné le faible volume d'échange annuel. Néanmoins, cette hausse très importante des tarifs portant sur près de 75 millions de francs d'importation en volume chaque année devrait augmenter les recettes du service des douanes de l'ordre de 20 millions de francs par an. Une consolation.

Les yeux de Rome se portent désormais sur les îles Phœnix, sur lesquelles les États-Unis lorgnent de plus en plus malgré les concessions qui leur avait été donné il y a quelques années. À la faveur des discours italophobes on ne serait pas surpris que l'Amérique motive une guerre coloniale pour faire main basse sur les possessions de l'Empire : il faut agir en renforçant la présence navale dans le Pacifique.

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Sam 21 Jan - 12:41





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Affaires politiques  :  Les faisceaux siciliens  (Partie I) Printemps 1892-Hiver 1894)

La Sicile a toujours été l'enfant rebelle de la botte : des Vêpres Siciliennes, célébrées dans toute la péninsule à l'insurrection de 1848, l'île a toujours été à l'avant-garde des mouvements révolutionnaires en Europe. Les gouvernements en place successivement depuis la fin des années 1880 n'auraient donc dû ne pas être surpris par les évènements terribles qui touchent la région à partir du printemps 1893 après des années de pourrissement.

Les premiers faisceau sont fondés dès 1889 dans le Sud de l'Italie dans le contexte d'une crise agraire qui touche durement la Sicile très agricole. Disparates, peu organisés ils sont d'abord largement méprisés par le gouvernement Cadorna. Ils commencent à s'organiser à partir de 1891, sous la forme d'un mouvement réformiste et démocratique, evinçant les éléments anarchistes. Mais les revendications très structurées qu'ils portent sont ignorées par l'aristocratie et la bourgeoisie méridionale. Alors que les fasci sont d'abord des artisans et des ouvriers à leurs débuts le mouvement prend en ampleur et devient essentiellement rural.

Les 21 et 22 mai 1893, un congrès se tient à Palerme auquel participent 500 délégués de près de 90 ligues et cercles socialistes et change la nature politique de cette protestation, marquant le début de l'emprise du tout jeune parti ouvrier Italien. Un Comité central est élu, composé de neuf membres : Giacomo Montalto pour la province de Trapani , Nicola Petrina pour la province de Messine , Giuseppe De Felice Giuffrida pour la province de Catane , Luigi Leone pour la province de Syracuse , Antonio Licata pour la province d' Agrigente , Agostino Lo Piano Pomar pour la province de Caltanissetta , Rosario Garibaldi Bosco ,Nicola Barbato et Bernardino Verro pour la province de Palerme. Le Congrès décide que toutes les ligues doivent adhérer au Parti ouvrier Italien.

Cet événement fait basculer dans une nouvelle dimension les Faisceaux : mieux coordonnés et soutenus jusqu'aux bancs du Parlement à Rome par les députés de l'extrême-gauche. Caetani se montre très prudent et peu désireux de mettre de l'huile sur le feu refuse de renforcer la troupe en Sicile et ordonne de ne disperser les foules «ni au feu ni au sabre» et fait pression sur les patrons pour qu'ils se rallient en revendications des faisceaux : contrats de travail, interdiction du travail des mineurs , limitation du temps de travail, etc. Cela vaut au Président du Conseil, déjà inaudible depuis le scandale de la Banca Romana de vives critiques venant de son propre camp : l'armée et la bourgeoisie s'offusquent de son attitude. Le ténor de la Destra Rudini vient même à l'insulter de «gauchiste» au perchoir en toute impunité.

La Sinistira se réjouit de son côté de tout ce grabuge qui lui bénéficie amplement et fait totalement oublier les suspicions portant sur Crispi et Giolitti. Elle peut à la fois reprocher au gouvernement en place de faire preuve d'inhumanité pour les laborieux et de faiblesse face aux troubles qui se multiplient très rapidement. Les socialistes perdant peu à peu le contrôle sur les masses qui commettent multiples larcins : agressions et enlèvement de fonctionnaires et de grands propriétaires, dégradations, jusqu'à lyncher publiquement plusieurs dizaines de personnes. À la fin de l'automne 1893 les premières barricades envahissent Messine et la troupe est contrainte d'ouvrir le feu le 1er Décembre face aux débordements inacceptables des émeutiers. La situation dégénère alors en quasi insurrection sur une grande partie du territoire insulaire. Il faut agir et vite alors même que un autre évènement funeste déchaîne l'opinion publique Italienne....

Affaires politique et étrangères :  Le massacre d'Aigues-Mortes  (Été 1893-Hiver 1893-1894)

La fin du siècle est marquée en Europe par une montée de la xénophobie, entretenue par des discours politiques et médiatiques irresponsables. Le nationalisme, la plus belle idée du XIXe siècle, est dévoyé au profit de manifestations de haine. La diaspora Italienne, la plus grande au monde, est la cible d'attaques de plus en plus virulentes. Déjà en 1891 le massacre de la Nouvelle Orléans, laissé impuni, avait choqué toute l'opinion publique et empoisonné pour longtemps des relations de plus en plus tendues avec les États-Unis, cette «terre d'immigration» loin d'être le paradis perdu fantasmé par les émigrés.

Mais il ne s'agissait pas d'un exemple isolé. La communauté Italienne était victime déjà depuis des décennies de vexations dans le Sud de la France où elle servait courageusement de force de travail de façon saisonnière, notamment dans les marais salins. Au sein de la Compagnie des Salins du Midi, où ils cohabitent avec des vagabonds et des paysans du Sud de la France ils se retrouvent impliqués régulièrement dans des rixes dont l'une qui va dégénérer le 16 août 1893. Accusés à tort du meurtre d'un habitant d'Aigues-Mortes au cours de celle-ci et surtout pris à partie par des personnes n'ayant pas réussi à se faire embaucher, les Italiens vont bientôt être les victimes d'une véritable chasse à l'étranger, qui dépasse le lynchage pour tourner au massacre, devant les yeux impuissants des autorités locales et de la garnison. Des marais salins, ils vont ensuite se réfugier  dans une boulangerie pour échapper au coups ils doivent la quitter quand les émeutiers mettent le feu au bâtiment et essayent de rejoindre péniblement la gare d'Aigues-Mortes. Mais la foule ne disperse pas malgré les injonctions des gendarmes et attaquent avec une féroce cruauté les «ritals». La scène est atroce, des corps gisent ici et là, écrasés, tabassés, poignardés. Parfois on ne reconnaît même plus le visage de ces pauvres individus.

La révélation de l'affaire par les médias transalpins déclenche une légitime vague d'émotion et de colère face à ces crimes racistes et des manifestations spontanées éclatent : les rames d'une compagnie de tramway Française sont incendiés et les fenêtres de l'ambassadeur de France au Palais Farnèse, à Rome, sont brisées par des projectiles. La troupe doit intervenir pour éviter des dégâts plus importants et plusieurs blessés sont à déplorer parmi les rangs des manifestants, ce qui renforce la colère de l'opinion publique qui ne comprend pas.

Le gouvernement Caetani prend ses responsabilités et reprend les informations des journaux Italiens, bien plus conformes à la réalité -bien que certes exagérées- que celles des journaux transalpins qui minimisent le bilan des «événements» d'Aigues-Mortes et attribuent à la minorité Italienne la responsabilité dans le déclenchement des incidents. Finalement un compromis qui déplaît fortement aux nationalistes et va t'en guerre en tout genre a pour conséquences le dédommagement des victimes par l'État Français et la démission du maire nationaliste d'Aigues-Mortes, Marius Terras...en contreparties d'un remboursement des dommages occasionnés au Palais Farnèse par les émeutiers Italiens. Le procès des prévenus est lui organisé en décembre 1893, au point de la culminant des évènements des faisceaux, donne lieu sans surprise à un acquittement généralisé. Les intérêts politiques et le nationalisme avaient triomphé de la justice la plus élémentaire.


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Sam 11 Fév - 18:00





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Affaires politiques  :  La chute de Caetani : une place à prendre (hiver 1894)  

L'accumulation d'événements contraires pesait de plus en plus sur le cabinet de Caetani, qui après deux années aux responsabilités souffrait déjà de l'usure du pouvoir. Le soutien à la chambre du gouvernement était fragile, y compris dans le propre camp du président du conseil. Sa légitimité etiolée par les revers à l'étranger et les scandales internes allait finalement s'écrouler comme un château de cartes lorsque les nouvelles tragiques de Messine arrivèrent aux oreilles des parlementaires à Rome.

Caetani est alors la cible de toutes les attaques et au perchoir Crispi s'en prend très violemment au modéré chef de gouvernement. Le chef de la Destra, Rudini s'interroge lui sur le bien fondé de son soutien à ce cabinet dans la tourmente en raison des conséquences électorales. Emmanuel est averti le 6 Décembre de l'imminence d'un vote de défiance contre le gouvernement. En théorie il n'est pas censé en prendre compte, d'après la Constitution de 1877, particulièrement flexible pour le chef de l'État. Mais il sent bien que se couper du Parlement pourrait provoquer une crise de régime. Il donne alors rendez-vous à Caetani et l'informe de sa décision, le remerciant pour ses nombreux accomplissements . L'ancien Maire de Rome reçoit le message et annonce sa démission le surlendemain, comme le veut la coutume depuis 1877, afin de s'épargner le déshonneur d'une éviction par l'Empereur. Cette décision soulage tout le monde, en particulier Rudini, l'allié embarrassé.

Comme pour remercier Caetani pour ses états de service, l'Empereur le nomme maire de Rome, poste qu'il avait déjà occupé pendant deux ans dans les décours de la crise immobilière et financière qui avait lourdement affecté la capitale. Cette désignation, sans déchaînent l'enthousiasme fut bien accueillie. Elle permettrait au prédécesseur de Crispi de prendre un peu de recul sur la politique nationale en attendant son heure.

Le plus dur débutait donc pour l'Empereur : trouver un remplaçant à celui qui avait jusqu'ici brillamment rempli sa mission. Emmanuel était embarrassé au vu des rapports de force au Parlement. Le candidat naturel du régime était l'honorable Visconti-Venosta mais il ne voulait pas envoyer au casse-pipe un allié proche. Quid de Rudini, le chef de la Destra ? Beaucoup trop réactionnaire. Le seul recours s'appelait Crispi. Ce dernier, nouant une alliance avec les libéraux de Zanardelli, rallia aussi les modérés du centre-droit regroupés autour d'Allesandro Fortis..il lui ne lui manquait que quelques voix et il les trouva auprès des deux premiers députés de Chypre, entrés au Parlement Italien le 1er Décembre avec la départementalisation de l'île, ainsi qu'auprès de dissidents de droite, qui voyaient en Crispi l'occasion de la restauration de l'ordre.

Emmanuel voyait clair dans le jeu du septuagénaire, héros du Risorgimento et ennemi juré de son père. Mais ne parvenait pas à décrypter les réelles intentions du Sicilien. Était-il réellement devenu monarchiste, de raison, ou n'était-ce que de faux semblants ? Convaincu par l'impératrice douairière, dernière personne gardant un semblant d'influence sur le chef d'État depuis la retraite de Cadorna et la mise en retrait du duc de Gênes, Emmanuel invita Crispi a une entrevue secrète la veille de Noël. Elle déterminerait la décision de l'Empereur et l'avenir de la Nation...


Affaires politiques : Crispi, un albanais à Rome (Hiver 1894)

30 décembre 1893, séisme politique en Italie. La gauche est de retour aux affaires après 20 ans d'hégémonie des amadéistes. Emmanuel n'a pas tardé à trancher, convaincu par Crispi au cours de leur rencontre quelques jours plus tôt. Au sein des milieux conservateurs on est extrêmement surpris. l'Empereur a t-il perdu la tête ? Il faut dire que le nom de Crispi fait frissonner tous les contre-révolutionnaires de la péninsule, et bien au delà encore.

À 75 ans le nouveau président du Conseil couronne une carrière politique de plus d'un demi-siècle, débutée par une opposition clandestine au régime des Bourbons-Sicile jusqu'à la glorieuse révolution de 1855 qui l'amènera à diriger les affaires de la République d'Italie pendant huit années, scellant l'alliance avec la France et le Piémont puis en fondant la Confédération Italienne. Laissant ensuite sa place il garde une grande influence jusqu'en 1868 quand les baïonnettes d'Amédée le chassent de la capitale. Il revient lors de la proclamation de la République quelques mois plus tard et est décisif de 1871 à 1873 en soutenant le gouvernement Bertani après sa rupture avec les socialistes.

La suite est plus frustrante pour cet homme au caractère de plus en plus ombrageux : doublé par un autre ténor de la gauche, Depretis, en raison de son caractère jugé trop autoritaire, il est dans le camp des vaincus lors des élections de 1874 qui consacrent le retour de la droite amedeiste au pouvoir. La victoire de 1877 et le coup d'État du cadet des Savoie le plonge dans un hiver politique sans précédent. Opposant invétéré du régime, il n'est pas inquiété pour ses positions politiques mais ne pèse plus vraiment dans l'équation.

Tour bascule en 1887 avec la mort de Deprestis : le sicilien réussit une campagne brillante et prend la tête de l'opposition en brisant le tabou du ralliement au régime. Ce choix fructueux lui permet de rallier une partie de la bourgeoisie progressiste et anti cléricale jusque là effrayée par la radicalité de la Sinistra, un soutien plus important que celui -perdu- des brebis galeuses de l'extrême-gauche. Le passage de vie à trépas de son grand rival l'Empereur Amédée le soulage. Les déconvenues malheureuses des gouvernements successifs du jeune et inexpérimenté Emmanuel lui ouvrent la voie pour un retour triomphal.


Le jeune souverain avait bien sûr des réticences toutes naturelles à lui confier la direction des affaires du pays. Mais elles n'étaient pas personnelles comme le craignait Crispi, mais purement politiques. L'habile orateur qu'était le chef de l'opposition allait finalement convaincre son cadet de plus d'un demi-siècle de lui faire confiance, démontrant qu'ils partageaient la même vision de la pratique du pouvoir. l'Empereur fut également surpris de constater à quel point son interlocuteur était obsédé par la «restauration de l'ordre intérieur et de l'ordre extérieur»... Tout juste devrait-il donc s'accommoder des idéaux sociaux réformistes de l'homme, héritées de son passé révolutionnaire.


La nouvelle de la nomination de Crispi n'est pas sans provoquer de nombreux remous politiques. Les éléments les plus réactionnaires du régime sont scandalisés et annoncent déjà la Révolution imminente, se demandant ce qui ne tournait pas rond chez Emmanuel. À l'extrême opposée, les socialistes du tout jeune parti ouvrier Italien conspuent le traître, passé à l'ennemi. Mais sans surprise une majorité claire se prononce en faveur de l'Arbëresh, premier soutien des Albanais lors de la crise humanitaire deux ans plus tôt suite aux exactions de la Serbie.

Dans son premier discours il douche aussi bien les espoirs de ceux qui pensaient encore qu'il était un «infiltré» destiné à faire tomber le régime de l'intérieur que ceux des pacifistes. Après avoir message larmoyant aux miséreux à qui il promet son secours, il dénonce les «factieux» en parlant des faisceaux, avant de dénoncer l'existence d'un «complot slave » au sein des institutions du Troisième Empire français. Le ton est donné.

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Ven 24 Fév - 0:27





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Affaires politiques  :  Des faisceaux désarmés : le triomphe du parti de l'ordre (hiver 1894)  

Janvier 1894, l'embrasement insurrectionnnel se propage de de clochers en clochers en Sicile. Les autorités locales sont désormais totalement débordées. Le mouvement fasciste s'est radicalisé et des négociations sont désormais illusoires. Il n'y a plus de retour en arrière possible, seule une action énergique peut ramener le calme.

Crispi ne perd pas de temps : le 2 janvier l'état de siège est déclaré sur son île de naissance. Le lendemain est publiée une liste de plusieurs dizaines de chefs insurrectionnels déclarés hors la loi, soupçonné d'atteinte à l'ordre public, de dégradations, de violences etc. Une division d'active est acheminée depuis Naples, constituée de troupes d'élites aguerries. La répression débute alors, et férocement.

La troupe libère les bâtiments administratifs mais aussi les usines et les exploitations agricoles occupées par les rebelles. Les foules sont dispersées, les barricades levées, les meneurs arrêtés. Un journaliste présent sur place relève que «la baïonnette est employée à douze reprise et l'ordre de faire feu est donné sept fois aux soldats». Le travail de la presse et de l'opposition socialiste permet de dresser un bilan remarquablement précis de la répression sanguinaire, débutée en réalité dès décembre mais qui attend son zénith début janvier.

-Giardinello (10 décembre, onze morts),
-Lercara Friddi (25 décembre, douze morts),
-Pietraperzia (1er janvier, neuf morts),
-Gibellina (2 janvier, vingt morts),
-Belmonte Mezzagno (2 janvier 1894, deux morts),
-Marineo (3 janvier, dix-huit morts),
-Santa Caterina Villarmosa (5 janvier, quatorze morts).

Les accusations d'interférences étrangères, plus particulièrement franco-slaves, et l'émotion liée l'acquittement des assasins d''Aigues-Mortes détournent l'attention du grand public dans la péninsule, mais n'empêche pas des manifestations spontanées de soutien aux faisceaux, rapidement dispersées. Les classes laborieuses sont choquées par l'attitude impitoyable du nouveau président du conseil dont elles attendaient beaucoup. L'intelligentsia est horrifiée, totalement à rebours de la satisfaction du parti de l'ordre et de l'armée en première ligne. Crispi sort ainsi renforcé de la crise auprès de l'omniprésent Empereur.

Les principaux champions du mouvement sont déportés vers les principaux bagnes de l'Empire : Lampedusa, Djerba, Massawa. Le symbole du faisceau est interdit pour cinq ans dans les provinces affectées par les « évènements de Sicile ». Cependant les réformes sociales viendront dès les semaines suivantes en réponse aux revendications populaires à la base du mouvement. Tout n'aura pas été vain pour les malheureux gisant au fond des fosses communes des villes martyres..

Affaires étrangères et commerciales : De nouvelles perspectives (1893-1894)

Alors que les intérêts Italiens penchent longtemps fortement en direction des Balkans et de l'Orient, les revers politiques dans la première des régions citées, et à l'inverse la consolidation de la présence Italienne dans la seconde, redéfinissent d'autres axes stratégiques pour la diplomatie Italienne. Sous le gouvernement Caetani l'Empire entame donc un rapprochement économique et commercial avec l'Espagne, une des dernières puissances non alignées en Europe, alors que des liens historiques et culturels pourtant prégnants unissent les deux péninsules, ainsi qu'avec l'Empire du Japon, avec lequel les précédents gouvernements avaient échoué à nouer des relations vraiment amicales jusque là. L'envoi d'une délégation dans l'archipel et l'admiration nippone pour la Regia Marina sortie victorieuse de plusieurs conflits navals va permettre de faire basculer Rome du côté des pays amis du pays du Soleil Levant.

Avec la République Espagnole :
Accords économiques de Madrid (10 février 1893) :

Spoiler:


Avec l'Empire du Japon :
Traité de Kyoto (18 avril 1893) :

Spoiler:


Ces deux traités sont ratifiés quelques mois plus tard par le Parlement et le nouveau président du conseil n'y fait pas obstruction malgré le changement de majorité politique. Crispi s'inscrit donc la continuité de la politique étrangère dynamique menée par l'Empereur Emmanuel. Il en sera de même quelques mois plus tard avec la Grande-Bretagne, pour un accord sur un sujet d'une autre importance : la conquête du Soudan.

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Affaires étrangères : La Crise d'Agadir ou le grand recul de la France (Été 1894)  

La décennie écoulée avait été celle de l'amertume, voir même de la résignation, pour les puissances non alignées sur le bloc franco-slave, régulièrement supplée par la Grande-Bretagne. Dans les Balkans, en Europe centrale, en Asie, partout Paris faisait sa loi, ou du moins appliquait celle de Milojevic dont l'omniprésence dans le Concert des Nations fascinerait les historiens plus tard par son incongruité au regard du poids économique et militaire réel de son pays. L'Espagne en avait fait les frais lors du Congrès de Londres ou ses revendications sur le royaume chérifien furent balayées d'un revers de la main par le Troisième Empire. Néanmoins la péninsule n'avait pas renoncé à son rêve d'expansion en Afrique du Nord, d'autant plus que les conclusions de cette conférence furent rapidement piétinées, dès 1885 par l'Italie.

Une grave crise oppose Madrid au Sultan en 1893 suite à l'attaque de l'enclave espagnole de Melilla par les rifains et aboutit à une véritable catastrophe militaire qui contraint le cabinet de Sagasta à lancer une grande expédition en Barbarie sous la pression de l'armée et de l'opinion publique. Mobilisant près de 100'000 hommes, l'expédition punitive se transforme en guerre de conquête et les espagnols s'emparent à l'été 1894 de Tanger et de Casablanca, bien décidés à mettre sous protectorat le Maroc. Cela entraîne une vive réaction en France, qui considère la région comme son pré carré depuis le Congrès de Londres. Orgueilleux sûr de sa puissance, le gouvernement de Casimir-Perrier, excité par la presse nationaliste et la dynastie des Bonaparte, avide de gloire, révèle à l'Europe le vrai visage de l'Empire : belliqueux. Un ultimatum cinglant pour Madrid en août 1894 réveille les rancœurs en Espagne avec le douloureux souvenir de la guerre d'Espagne, mais aussi de la non moins funeste bataille du Trocadéro.

Dans sa précipitation, Paris ne s'est pas assuré ni des ses appuis, ni des soutiens de l'Espagne. En effet quelques mois plus tôt au cours des négociations d'un accord commercial, Sagasta avait révélé ses intentions au Maroc au prédécesseur de l'actuel président du conseil Italien, qui lui avait assuré son concours en cas d'intervention française. Ce jour était arrivé et Crispi, fidèle à la parole de Caetani, répond avec fermeté à l'ultimatum du rival transalpin : L'Italie était prête à la guerre pour défendre l'Espagne, reconnaissant les droits de cette dernière sur tout le royaume chérifien. La France n'en avait cure et se décida à envoyer une flotte à Agadir pour témoigner de sa détermination. Mais l'Allemagne apporta également son soutien à l'Espagne, et plus étonnant encore, Londres, à la surprise générale tourna le dos à la France, sans doute effrayée par l'agressivité de Casimir-Perrier. Trahi par la Russie et la Serbie qui n'avaient cure de ce qui se passait à des milliers de kilomètres de chez eux, le président du conseil était humilié et désavoué quasi unanimement par le Palais Bourbon.
La France étouffa alors l'affaire, comme à son habitude, jurant n'avoir jamais voulu troubler la paix européenne, jetant par-dessus la fenêtre son chef de gouvernement, et renonçant au Maroc...


Pour la première fois sans doute depuis la crise de Tunis en 1881, la France subissait un camouflet majeur à l'international, encore une fois en Afrique du Nord où désormais les intérêts français se cloisonnaient à l'Algérie. Ce choc diplomatique signait là le retour en grâce de l'Espagne parmi les puissances qui comptent et avait une fois de plus resserrer les liens entre Rome et Berlin, tout en distendant un peu plus ceux entre Londres et Paris : la lune de miel anti-Italienne était finie.

Pour Crispi c'est une victoire diplomatique majeure, et son aura en seulement quelques mois atteint des proportions folles dans la péninsule Italienne. Après avoir restauré l'ordre public en janvier, échappé à un attentat en juin, le voilà qui réaffirmait la puissance de son pays en août ! La chambre lui fait un triomphe et personne même à droite ne semble désormais vouloir remettre en question son autorité à moins d'un an et demi des prochaines élections qui pourraient lui être très favorables. Son entente avec Emmanuel, avec qui il partage une certaine forme de radicalité politique et diplomatique laisse entrevoir des perspectives bien meilleures pour l'Empire.


Affaires politiques et sociales : Les lois Grimaldi (1894-1896) et la lutte contre la précarité ouvrière  

La répression violente des faisceaux avait eu le mérite immense mettre fin à l'anarchie mais ne répondait aucunement aux revendications des masses populaires. Si sous le cabinet de Minghetti (1873-1884) plusieurs actions avaient été mené en faveur des plus nécessiteux (baisse des taxes à la consommation et notamment de celle sur la mouture de blé, rachat et distribution de grain, infrastructures,etc) elles avaient  surtout profité à la petite paysannerie, faisant reculer la pauvreté et l'émigration dans les régions du Mezzogiorno et du centre. Il faut remonter au gouvernement Bertani (1868-1873) pour trouver des mesures spécifiquement dédiées au prolétariat urbain. Or, en vingt ans la part de la population citadine avait nettement augmenté, plus vite que les moyens de l'assistance publique et catholique. Si bien qu'on retrouve des ouvriers et des petits artisans en nombre lors des faisceaux de Sicile.

Crispi, malgré son élan répressif et nationaliste n'oubliait pas qu'il tenait sa majorité sur un programme de progrès social. Pour satisfaire son aile gauche il nomma Bernardino Grimaldi ministre de l'agriculture de l'industrie et du commerce. Figure populaire, c'est un homme aux multiples compétences : spécialiste en droit constitutionnel il se consacre également à la médecine légale avant d'intégrer la vie publique. Méridional, comme Crispi, il est sensibilisé à la question ouvrière et soutient depuis des années des réformes énergiques en faveur des travailleurs. C'est donc la personnalité toute désignée pour mener à terme le premier grand chantier social : la protection du revenu des salariés face aux aléas de la vie.

Confronté à l'opposition entre les syndicats et le patronat sur le financement de ces caisses et peu convaincu par le modèle mutualiste Français il se tourne vers le seul compromis viable : une gestion et un financement paritaire entre les deux maillons de la chaîne de production, avec pour l'État un simple rôle de régulateur. C'est la naissance du système assurantiel Italien :

-Le droit à l'assurance sociale constitue un attribut du travailleur et de ses ayants-droits.
-Organisation décentralisée et autonomie des caisses de chaque branche sectorielle
-Le financement est assuré par les cotisations patronales et salariales
-Cogestion patronale et salariale
-L'État fixe le cadre légal de leur action et redresse la situation financière si besoin


Il faudra plus de deux ans et demie de travaux pour bâtir progressivement les fondations du système social par assurance du pays, un des plus novateurs au Monde. C'est la genèse du modèle «Grimaldien», du nom de son l'homme à la base de sa création, en trois lois historiques :


-Le 18 mars 1894 : Création de l'assurance maladie obligatoire pour les ouvriers à bas salaires
-Le 7 avril 1895 : Création de l'asssurance accidents du travail
-Le 30 novembre 1895 : Création de l'assurance vieillesse

Plusieurs millions de salariés pauvres mais pas seulement sont affectés par la réforme : celle-ci contraint à adhérer à ce régime cofinancé dès lors que le revenu annuel est inférieur à 2500 francs par an.

L'assurance vieillesse prévoit le versement, après trente annuités, d’une pension-rente égale à 15% du salaire moyen. L'âge limite est fixé à 70 ans, mais dans les faits l'affiliation à l'assurance invalidité permet à une très grande majorité de salariés de prendre leur retraite plusieurs années avant l'âge limite.

Une autre réforme, plus discrètement relayée, porte en elle des intentions plus politiques en réformant le statut des syndicats en leur interdisant de bénéficier de financements autres que ceux de leurs cotisants afin d'éviter le clientélisme et les tentatives de déstabilisation et ainsi in fine limiter leur pouvoir de nuisance. Par ailleurs elle contraint les deux partis à des négociations devant une commission mixte à la chambre du commerce la plus proche avant le début d'une grève, de façon à limiter le nombre de foyers de grève massives et donner plus de temps aux autorités pour assurer le maintien de l'ordre.


Derrière la «mission» de progrès social se cache également des intérêts politiques à cette réforme soutenue activement par l'Empereur qui espère que l'amélioration des conditions de vie pourra favoriser au développement économique de la Nation et au reflux des idéaux socialistes qui submergent l'Europe au crépuscule d'un siècle qui aura été celui du passage de l'ancien Monde au nouveau Monde.

Quelques semaines après le vote du premier texte de loi, le président du conseil est ciblé par un terrible attentat anarchiste et ne s'en sort que miraculeusement. Cela le convaincra définitivement qu'il n'est plus possible de discuter avec les socialistes qui semblent plus déçus que le terroriste ai manqué sa cible que désolés pour le vénérable homme d'État. Plusieurs centaines de socialistes révolutionnaires et d'anarchistes sont emprisonnés, mais Crispi renonce à faire interdire le tout jeune parti socialiste, redoutant l'inefficacité d'une telle mesure : mieux vaut affaiblir et diviser le mouvement en ciblant les éléments les plus radicaux afin de faire rentrer dans le rang les modérés.


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Affaires financières : Les lois Sonnino et la mutation financière (Été 1894-Hiver 1895)  

1) Les lois de régulation financière :

La crise de la Banca Romana , qui fut fatale à tant de carrières politiques et administratives, avait durement marqué les esprits en Italie. Elle s'inscrivait dans une longue série de défaillances financières après des décennies d'excès et de pratiques controversées. Pour l'épargnant cela représentait parfois les économies de toute une vie qui partaient en fumée. Les conséquences étaient également impactantes sur la macroéconomie, privant le gouvernement et les privés de capitaux frais, faisant flamber le cours du crédit.

Sidney Sonnino remplace Luigi Luzzati au ministère des finances en Décembre 1893, suite au changement de majorité. Si son prédécesseur avait été salué pour sa conduite rigoureuse des finances publiques, il n'avait pas pu empêcher l'éclatement de la crise financière. Sonnino fait de sa priorité la régulation du système bancaire, porté par une majorité de gauche qui n'entraverait pas ses projets. Inspiré par les enseignements de la «Doctrine Germain», du nom du directeur du Crédit Lyonnais il entame une série de réforme visant à spécialiser le système financier en mettant en œuvre une réglementation des métiers de la banque en raison des crises de liquidités provoquées par l'utilisation de dépôts à court terme pour financer des investissements à long terme.

-Loi du 11 août 1894 : Incompatibilité entre les métiers de la banque de dépôt et de banque d'investissement.
-Loi du 25 février 1895 : Création du Controllo del credito, autorité financière indépendante chargée d'inspecter les comptes et les mouvements de capitaux des groupements financiers fortement capitalisés.

Ces deux lois visent stabiliser le système bancaire Italien, en réduisant les variations de taux et en limitant les crises et paniques bancaires générales ainsi qu'améliorer la liquidité des fonds déposés sur les banques de dépôts pour stabiliser l'économie et permettre une meilleure circulation de l'argent. De plus cela bénéficierait indirectement à l'industrie et au commerce car la plus grande sécurité des dépôts des particuliers devrait entraîner une moindre rémunération de ceux-ci, entrainant une baisse du taux d'escompte des créances commerciales des entreprises.

Ce mouvement peut même être généralisé aux autres pans du crédit et donc permettre d'exercer une pression à la baisse des intérêts pour l'État.

La création du Libretto di Risparmio et la naissance de la Cassa di Depositi e Prestiti

Conséquemment à ces lois de régulation, Sidney Sonnino s'efforce de proposer aux petits épargnants une offre de placement à la fois liquide et sûr. Inspiré par l'expérience du Livret A français et de son rejeton outre-Rhin, il étudie la possibilité pour l'État de se transformer en intermédiaire financier. De plus cela pourrait permettre le financement de projets d'intérêt public, notamment les infrastructures.

La formule adoptée par le parlement Italien bien qu'elle s'inspire sans se cacher de ses deux voisins présente certaines particularités. Les fonds du nouveau Libretto di Risparmio sont drainés non seulement dans les établissements financiers mais aussi dans les bureaux de poste de toute la péninsule, permettant d'accéder à des régions plus reculées et non financiarisées, notamment dans les campagnes du Mezzogiorno et en Dalmatie, ou à Chypre. Les fonds drainés sont collectés par la Cassa di Depositi e Prestiti, dont le siège est établi à Trieste, institution publique financière dont le directeur est désigné par l'Empereur et dont l'action est contrôlée par le Parlement, devant lequel le directeur se présente chaque année en commission des finances publiques pour présenter son bilan et répondre aux questions.

Les fonds administrés par la caisse sont destinés à deux usages :

-Le financement de projets d'intérêt général, d'infrastructures publiques de transport, énergétiques, de logements, etc
-La constitution d'un portefeuille d'actions assurant la liquidité du livret d'épargne grâce à la valeur nominale des actions ainsi que les dividendes générés

Pour les années 1894 à 1896 l'ensemble des fonds récoltés est affecté à la constitution du portefeuille d'actions. De plus l'État cède la caisse ses participations dans les entreprises des filières de la chimie et de l'aluminium dans lesquelles il s'est engagé en 1892, afin d'accélérer la constitution d'un important capital financier.
Dès 1897, les fonds encore modestes, estimés quelque part entre 150 et 400 millions de francs, pourront être mobilisés pour des projets déjà à l'étude par le directeur de la caisse.


Pour l'heure les dépôts sont plafonnées à 1000 scudettis par personne, ceci afin d'assurer la capacité de la Cassa di Depositi e Prestiti à répondre à la demande de liquidités. Le taux d'intérêt est quand à lui révisé chaque année selon l'accroissement ou la diminution du niveau général des prix et la conjoncture économique. Il est pour l'heure fixé à 3%. Une rémunération inférieure aux autres produits bancaires ou financiers mais les dépôts sont garantis par l'État en plus de pouvoir être retirés de façon quasi immédiate : une semaine à dix jours (en raison des délais postaux et administratifs).

Enfin, à noter que les excédents éventuels générés par la caisse sont reversés à l'État, qui assure de son côté le redressement éventuel de cette dernière.


Affaires étrangères : Une princesse pour la Bulgarie (Hiver 1894-1895)

Alexandre Ier de Bulgarie, cinquante ans, régnait depuis maintenant vingt ans sur le «Vestibule de l'Orient» qui s'était totalement transformé depuis son accession à l'indépendance en 1875. Désormais puissance régionale en pleine croissance et aux finances saines elle prospérait dans les Balkans, conservant des relations politiques étroites avec la Russie et le régime de Belgrade tout entretenant des rapports cordiaux avec l'Italie et l'Allemagne qui avaient notamment prêté à la petite monarchie lors de la guerre de 1891, alors que la Serbie aspirait tous les capitaux français..

Le czar avait un unique fils : Pierre, âgé de 26 ans et toujours célibataire. Son père se met naturellement à la recherche d'un bon parti pour l'héritier au trône. l'Empereur des Italiens, toujours très porté sur l'établissement de liens dynastiques avec ses partenaires Balkaniques, comme l'en prouve les difficiles tractations qu'il a mené pour permettre à son frère cadet d'épouser la princesse Hélène du Monténégro, se voit souffler par son épouse le nom de sa cousine Marie-Louise de Bourbon-Parme, petite fille du dernier souverain de Sicile et fille du dernier duc de Parme. Il faut dire que l'Impératrice entretient des liens privilégiés avec la jeune femme, quasiment de la même génération, depuis leur exil commun lors de la période républicaine.

Décrite par un contemporain comme « une créature au long nez, aux manières silencieuses et de nature généreuse », la princesse est une excellente candidate pour épouser Pierre, autant pour son caractère que pour le prestige de son nom, permettant à la jeune dynastie Bulgare de se rapprocher des attributs des grandes maisons de l'ouest de l'Europe. Emmanuel apprécie l'idée, qui lui permet également de poursuivre son œuvre de rapprochement avec la maison de son épouse, rendant toujours plus indiscutable sa légitimité sur le trône d'Italie.  Il réussit à organiser une entrevue entre sa cousine par alliance et le fils du souverain Bulgare à Sofia le 12 janvier 1896, préalable à la célébration de leur union.

Marie-Louise, d'abord attristée de se rendre aux confins de l'Europe mais digne du devoir qui est le sien, est surprise du niveau de développement de la capitale Bulgare et profite longuement de ses célèbres bains thermaux pendant cet hiver rigoureux. Si ce n'est pas le coup de foudre immédiat entre elle et le prince, il n'y a pas de repoussoir et leurs personnalités apaisées s'accordent bien tandis qu'ils semblent s'apprécier selon les observateurs. Le czar peut être rassuré, et le mariage entre les deux êtres pourra être célébré au Printemps 1895 à sa cour.

En parallèle de ces discussions, des pourparlers sont entamés par Sofia pour obtenir des financements importants dans la perspective du développement du réseau ferroviaire Bulgare, plus particulièrement en direction de la mer Égée, et ce afin de désenclaver le petit royaume et d'utiliser sa position de carrefour commercial entre les possessions du Grand Turc et le reste des Balkans. Rome, libéré d'engagements financiers importants en Grèce, promet cent millions de francs à son partenaire économique. Si la provenance des fonds est initialement prévue être issue des dépôts en cours de constitution du tout jeune Libretto di Risparmio , on juge qu'il faut mieux recourir à des fonds privés, garantis par l'État Italien, pour satisfaire plus rapidement le partenaire Bulgare. Ces fonds sont avancés à partir de 1894 et ce jusqu'à 1896 auprès de sociétés de chemin de fer. Il s'agit seulement de la première séquence d'investissements Italiens en Bulgarie promet le ministre Grimaldi, en visite à Sofia.

En outre, un partenariat universitaire entre l'Université de Milan et celle de Sofia est noué, permettant notamment la mise en place de bourses d'études pour les étudiants ingénieurs Bulgares. Enfin à Plovdiv plusieurs succursales d'établissements bancaires Italiens ouvrent leurs portes, encouragées par la décision du nouveau ministre des Finances Sidney Sonnino de défiscaliser pour trois ans leurs bénéfices commerciaux réalisés dans le Royaume.

De l'autre côté du bassin méditerranéen, à noter la vente de deux escadres de cuirassés à barbettes à la République Espagnole pour la somme de 15 millions de francs. Un prix dérisoire expliqué aussi bien par les limitations budgétaires rencontrées par le cabinet Sagasta que par la volonté de Rome de répondre aux ventes démesurées d'équipement naval à la Russie tsariste par la France et la Grande-Bretagne en contradiction avec l'entente tacite entre les trois premières puissances navales en vue d'une désescalade dans la course aux armements.


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Affaires économiques : Désenclaver les campagnes (1894-1897)  

La politique ferroviaire Italienne depuis l'avènement du chemin de fer était demeuré jusqu'ici peu interventionniste, et depuis l'époque fédérale avait cessé de subventionner les chemins de fer privés pour se concentrer sur les lignes exploitées par l'État. En évitant ce mélange des genres les gouvernements successifs avaient privilégié l'équilibre des finances publiques mais cela avait freiné le développement ferroviaire dans des régions plus excentrées ou moins denses.

Le retour de la Destra aux affaires réouvre un débat ancien : la nationalisation des chemins de fer privés. La gauche y est très historiquement favorable, et pour les défenseurs de la nationalisation celle-ci permettrait de mieux contrôler l'entretien et l'expansion du réseau ferroviaire que ne le permet l'autorité publique qui coordonne l'ensemble du rail sur le territoire via la délivrance des concessions et des permis de construire accordés aux entreprises privées. Oui mais cela représenterait un coût énorme pour les finances du pays sur le chemin de l'équilibre.

La droite, fervente défenseur de l'orthodoxie budgétaire y est fortement opposé alors que la majorité parlementaire de Crispi demeure fragile, sa composition datant de 1891 et étant. Si jusque ici le président du conseil a bénéficié régulièrement des voix des Amedeistes pour faire adopter sans encombre ses propositions de lois, il ne peut pas compter sur eux sur ce sujet sensible. Malgré l'insistance de son président du conseil, qui souhaite renforcer sa majorité, Emmanuel est réticent à une dissolution. Il faudra négocier un compromis.

Ascanio Branca, ministre des travaux publics, homme patient et besogneux, réussit à faire accepter aux partenaires de la majorité de gauche un plan ambitieux mais se voulant le plus économe possible, en comptant sur un co-financement public-privé assorti d'une garantie du trésor sur les levées de fonds des compagnies ferroviaires privées qui acceptent de fondre dans un consortium placé sous la tutelle de la caisse des dépôts. En outre il inclut une participation supplémentaire de l'État pour les tracés les plus onéreux en raison de contraintes géographiques évidentes. Pour mener à bien ce projet il reprend et étudie lui l'ensemble des projets ferroviaires, se refusant à distribuer de l'argent sans savoir ce qui en sera fait. Au total il retient 24 tracés bien définis, desservant des centaines de municipalités, promettant au Parlement de s'assurer personnellement de l'exécution des travaux en temps et en heure.

Chemins de fer d'Italie centrale

L'Italie centrale était le parent pauvre de l'unification Italienne. La dualité Nord-Sud qui avait cristallisé la péninsule de 1848 et la grande catastrophe de 1868 avait laissé le «ventre mou» du pays en marge de la révolution politique et industrielle qui avaient triomphé aux deux extrémités géographiques de la Botte. Longtemps les princes conservateurs avaient conservé leur trône et la région s'était jointe à la grande aventure avec un retard certain. Les années suivantes furent marquées par un grand paradoxe : le modèle méridional avait triomphé mais s'était choisi un prince du Nord. Il n'y avait guère de place pour l'Italie centrale. Elle bénéficia certes du plan Saracco mais cela n'était pas suffisant pour rattraper son retard.

C'est donc cette région qui bénéficie en premier lieu du grand plan ferroviaire pour améliorer son réseau de chemin de fer le moins dense de la péninsule. Pour le ministre des travaux publics il s'agit de «amener le rail au clocher » dans les petites villes et les hameaux du Latium, de Toscane, d'Ombrie mais aussi dans les Abruzzes, aux confins délaissés de l'ancien état Sicilien. Ce sont donc plus de 1000 km de chemin de fer qui seront posés en trois ans. L'objectif revendiqué est de désenclaver des pans entiers de territoires ruraux ou péri-urbains, dans des régions assez densément peuplées mais sous-développées.

Détail des lignes :

Aquila-Teramo : 45 km (50% fonds publics)
Teramo-Ascoli : 25 km  (50% fonds publics)
Ascoli-Foligno : 70 km (50% fonds publics)
Teramo-Terni : 87 km (50% fonds publics)
Orte-Torano : 81 km (50% fonds publics)
Civitavecchia-Vetralla : 32 km (50% fonds publics)
Viterbo-Grosseto : 87 km (50% fonds publics)
Piombino-Sienne : 77 km (50% fonds publics)
Sienne-Pise : 85 km (100% fonds privés)
Florence-Rimini : 104 km (100% fonds privés)
Sassuolo-Lucca : 82 km (100% fonds privés)


Chemins de fer des confins septentrionaux

Il s'agit là en majorité de territoires germanophones montagneux annexés en 1877, mais pas seulement. Le Trentin Haut-Adige et le nord de la Vénétie, appartenant au territoire national depuis plus de trente ans, demeurent des régions enclavées. Il y a une forme de paradoxe à ce manque d'infrastructures car il s'agit essentiellement de provinces riches. Mais les frais générés par la construction de ponts et la percée de tunnels décourage l'initiative privée. Pourtant des investissements s'imposent pour faciliter l'intégration de ces régions dans le circuit économique Italien et également favoriser les échanges avec l'Allemagne voisine et amie.


Bergame-Trente : 120 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Brescia-Brenner : 181 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Bolzano-Belluno : 75 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Lienz-Belluno : 87 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Bressanone-Belluno : 82 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Belluno-Vittorio Veneto : 20 km (50% fonds publics)
Cismon del Grappa-Belluno : 44 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Belluno-Gemona : 68 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)

Chemins de fer du littoral Adriatique

Enfin, plus marginalement, la côte Adriatique oriental, notamment dalmate souffre d'une certaine sous-densité ferroviaire. Nonobstant les investissements à consentir sont moins nombreux car cette région a bénéficié dans les années 1870' des investissements Britanniques quand la Hongrie possédait encore tous les territoires compris entre Montefalcone et Cattaro...puis des projets bilatéraux entre l'Empire Italien et la Serbie, alors amicale. Une autre époque. Les nouveaux projets se bornent donc à renforcer la densité du réseau de Carniole et d'Istrie ainsi que de développer un grand tronçon littoral pour valoriser davantage les côtes dalmates et améliorer la connexion avec le centre névralgique de la région situé entre Zara et Spalato.

Cividale del Friulli-Lubiana : 79 km (60% fonds publics, majorés cause montagnes)
Rovigno-Parenzia : 19 km (50% fonds publics)
Fiume-Radica : 151 km (50% fonds publics)
Spalato-Cnino : 64 km (50% fonds publics)


Chemin de fer d'Afrique du Nord

Le réseau ferré Tunisien a bénéficié depuis le début des années 1870 de la concurrence entre les compagnies britanniques, françaises et italiennes avant le protectorat. Le nord de la région dispose donc d'un maillage conséquent, qui a poursuivi son développement depuis. Le sud de la région est en revanche laissé en grande partie à l'abandon, ce qui contrarie fortement les autorités coloniales. Il en va de même pour la récente conquête libyenne, qui ne compte elle pas un seul kilomètre de chemin de fer !

Une opportunité se présente grâce à la découverts de très riches gisements de phosphate sont découverts dans le sud-ouest de la Tunisie entre 1885 et 1886. À cette fin, une convention est signée le 15 août 1894 entre le ministre Branca et une société financière intéressée par leur exploitation.

Cette convention attribue à la société le droit exclusif d'exploiter pendant 60 ans les gisements de phosphates qui seront rencontrés sur les terrains domaniaux situés au sud-ouest de Gafsa dans une zone d'environ 50 kilomètres de longueur sur 10 kilomètres de largeur, s'étendant jusqu'à la frontière algérienne et comprenant notamment les djebels Zitoun, Zimra, Alima, Seldja, Metlaoui et Stah ainsi que ceux situés au nord et dans le voisinage de Tamerza.

Le concessionnaire jouit d'un droit de préférence à conditions égales pour l'exploitation de tous les gisements de phosphates connus ou à découvrir, compris dans un périmètre de protection limité : au nord par le parallèle de Sfax, à l'est par la mer, au sud par le parallèle d'El Hamma et à l'ouest par la frontière algérienne.

Le concessionnaire bénéficie en outre de la cession à titre gratuit, en toute propriété de trente mille hectares de terrains domaniaux cultivables situés dans le contrôle civil de Sfax.

En échange, le concessionnaire s'engage dans la construction et l'exploitation d'un chemin de fer partant de Sfax, desservant Gafsa via Graïba et Meknassy et aboutissant à l'oued Selja (Zebbeus) ou à tout autre point de la zone des gisements situés entre Gafsa et l'oued Selja, ainsi qu'à relier à partir de Graïba la ville de Gabès pour se relier aux chemins de fer publics de Tripolitaine.

Cet accord offrant des conditions extrêmement avantageuses pour la nouvelle Compagnie du Phosphate de Gafsa est une aubaine pour l'État, qui peut consacrer ses efforts à la construction d'une ligne supplémentaire de 357 km pour relier Gabès et Tripoli, financée exclusivement par le trésor public pour 142 millions de francs.


Soit 2448 km de voies de chemin de fer dont :

- 756 km en relief, majorant les coûts à 400'000 francs par kilomètre, et pris en charge à 60% par l'État
-186 km assurés par le seul privés avec garantie de l'État (tronçons les plus rentables) en métropole
-823 km pris en charge à moitié par le public et le privé dans des régions ne devant pas occasionner de surcoût (300'000 francs par kilomètre).
-357 kilomètres pris en charge totalement par l'État en territoire colonial (400'000 francs/ kilomètre)
-336 kilomètres pris en charge par le privé en territoire colonial en échange de concessions économiques


Au total le coût total des investissements pour l'État Italien dans la botte représente donc la coquette somme de 437 millions de francs, après prise en compte des investissements privés.

Une partie du financement est assuré par la liquidation des participations de l'État Italien à la dette grecque (90 millions de francs), à la vente de la ligne de Thessalonique (50 millions de francs, voir prochain post) et aux derniers profits de la vente des propriétés Hollandaises expropriées (organisée sur sept ans à partir de 1886). Cette dernière recette devant rapporter 60 Millions de scudis, soit 150 millions de francs, une bénédiction pour le cabinet Crispi.

Au total ces recettes exceptionnelles couvrent pour 290 millions de francs et demeure désormais à charge pour les finances publique la somme de 157 millions de francs à la suite de ces arbitrages qui assurent le ralliement d'une grande majorité du Parlement à ce projet très important dont on espère des répercussions importantes à terme sur la dynamique économique en Italie centrale, dans les territoires situés dans les Alpes dolomites, sur le littoral adriatique oriental et enfin dans les possessions en Afrique du Nord. Ces travaux devraient durer entre 1894 et 1897 pour les derniers tronçons mis en service, pour une extension d'environ 15 à 20% de la longueur du réseau de chemin de fer national.


Une loi annexe du 26 août 1894 reporte à 1896 le début des travaux des lignes suivantes : Teramo-Ascoli ; Ascoli Foligno ;
Teramo-Terni ;Orte-Torano. Cela reporte donc également 39 millions de francs de dépenses pour le quinquennat 1892-1896. Réduisant à 398 millions le coût de ce plan


Financés par l'État Italien ces investissements dans des consortiums privés-publics seront concédés à la caisse des dépôts qui assurera leur gestion, en tant qu'actionnaire bénéficiant de la majorité absolue. En outre, cela fournira des liquidités supplémentaires à celle-ci : cumulés à la cession des parts publiques dans les secteurs de la chimie et de l'aluminium l'institution bénéficie d'un portefeuille d'actions de plus d'un demi millard de francs à sa disposition dont elle peut tirer de plus de précieux dividendes. Et c'est sans compter les dépôts des particuliers, qui devraient abonder au vu de la liquidité exceptionnelle de ce placement.

La construction notamment des segments ferroviaires alpestres est un véritable défi technique faisant appel aux talents et aux compétences de toute l'ingénierie civile Italienne. Le tunnel du Brenner notamment, à la frontière avec l'Allemagne, devient le symbole ultime de la modernité et du progrès au service du bien commun et Emmanuel inaugure le tunnel le 11 février 1896, décorant ouvriers et ingénieurs pour leur travail herculéen. «Aucune montagne n'est indomptable pour notre pays» déclare penseur l'Empereur des Italiens, sans que l'on sache si cette réflexion était sans arrières pensées.

Si les bourses de valeur Italienne ne sont pas marquées autant que dans les autres grandes puissances industrielles par la bulle ferroviaire, ces initiatives du gouvernement contribuent à pousser à la hausse les marchés et l'expansion financière de la bourgeoisie libérale, marquant un nouvel essor après la crise de 1891.


Affaires militaires : «En période de paix, n’oublie pas le péril (proverbe chinois)» (1894-1897)

Depuis la tumultueuse année 1891 les dépenses militaires Italiennes avaient pris un chemin plus modéré sous l'impulsion du gouvernement pacifique de Caetani. Cependant l'arrivée au pouvoir de la Destra avec son chef de file Crispi rebat les cartes. Le président du conseil est un militariste convaincu et se montre attentif aux demandes des généraux qui s'inquiètent de la militarisation des voisins de l'Empire. Mais c'est surtout l'expansion coloniale avec la poussée en Afrique de l'Est qui augmente les besoins en soldats et en navires pour protéger l'Empire. Au parlement la hausse des crédits ne fait guère débat, seulement combattue par l'extrême gauche et une partie des centristes. La coalition regroupant les Amedeistes et les radicaux s'accordent sur une rallonge budgétaire  modérée qui vient compléter le plan quinquennal de 1892 afin de créer une armée en Erythrée, d'améliorer le dispositif défensif face à la France et la Serbie.

Spoiler:


1892 :

-Suppression d'une division de fusiliers marins,  fusion des IVe et Ve Corps d'actifs en un corps à trois divisions ( 1DFM (SM), 2 DI). La division d'infanterie surnuméraire rejoint le VIIe Corps mixte, dont on supprime une DR (soit 24 millions de francs d'économies).
-Diminution des crédits de l'ensemble des divisions d'active et de réserve en métropole (N.B : division d'active du VIIe corps mixte déjà en sous régime) Soit 27 divisions en sous-régime (54-2 = 52 millions de francs d'économies par rapport à l'entretien de 1891).
-Création de deux réserves d'artillerie lourde, équipées suite à des commandes auprès des arsenaux privés : coût de 64 millions de francs (50 à la création, 14 à l'achat des pièces).
-Adoption du fusil à lames-chargeurs avec poudre B sur une grande ligne de production des arsenaux publics (coût de 6 millions de francs).
-Réequipement des 4 divisions d'active du Ier Corpo en fusils modernes, à partir des arsenaux nationaux pour 3 d'entre elles et privés pour la dernière (coût de 8.5 millions de francs).

Soit sur l'année 78.5 millions de francs de dépenses extraordinaires et 76 millions de francs d'économies de dépenses ordinaires par rapport à 1891.


1893 :

--Diminution des crédits de l'ensemble des divisions d'active et de réserve en métropole (N.B : division d'active du VIIe corps mixte déjà en sous régime) Soit 27 divisions en sous-régime (54-2 = 52 millions de francs d'économies par rapport à l'entretien de 1891).
-Réequipement des 3 divisions d'active du IIe Corpo en fusils modernes à partir des arsenaux nationaux et des 2 divisions d'active des VIe et VIIe Corpo mixte à partir des arsenaux privés (coût de 11 millions de francs)
-Adoption de l'artillerie de campagne à tir rapide et affût rigide sur une  grande ligne de production des arsenaux publics (coût de 10 millions de francs).
-Réequipement en artillerie moderne des 4 divisions du Ier Corpo et des 2 divisions d'active des VIe et VIIe Corpo mixte à partir des arsenaux nationaux (coût de 24 millions de francs)

Soit 45 millions de francs de dépenses exceptionnelles et 76 millions de francs d'économies de dépenses ordinaires par rapport à 1891.

1894 (expiration du PNA avec la Serbie en décembre) :

-Diminution des crédits de l'ensemble des divisions d'active et de réserve en métropole. Soit 27 divisions en sous-régime (54-2 = 52 millions de francs d'économies par rapport à l'entretien de 1891)
-Rééquipement des 3 divisions d'active du IIIe Corpo en fusils modernes à partir des arsenaux nationaux et des 2 divisions de réserve du VIe Corpo mixte à partir des arsenaux privés (coût de 11 millions de francs)
-Réequipement des 6 divisions du IIe et IIIe Corpo en artillerie moderne à partir des arsenaux nationaux (coût de 24 millions de francs).
-Commande de 3 sections de mitrailleuses aux arsenaux nationaux : 9 millions de francs
-Formation d'une division d'infanterie coloniale en Erythrée :10 millions de francs
-Formation de deux divisions d'infanterie en métropole :  20 millions de francs
-Création d'une forteresse à Zara : 20 millions de francs
-Création d'une forteresse à Fiume : 20 millions de francs
-Création d'une forteresse à Cattaro : 20 Millions de francs


Soit 134 millions de francs de dépenses exceptionnelles et 76 millions de francs d'économies de dépenses ordinaires par rapport à 1891.

1895 :

-En sous régime : Les 3 corps de réserve, les VIIe et VIIIe Corps mixte, soit 15 divisions en sous-régime : 30-2 = 28 millions de francs d'économie.
-Réequipement des 2 divisions de réserve du VIIe Corpo mixte en fusils modernes à partir des arsenaux nationaux (coût de 4 millions de francs)
-Réequipement des 4 divisions de réserve du  VIe et du VIIe Corpo mixte en artillerie moderne à partir des arsenaux nationaux (coût de 16 millions de francs).
-Création de trois divisions de forteresses : 30 millions de francs.
-Commande de 2 sections de mitrailleuses aux arsenaux nationaux : 6 millions de francs
-Création d'une division autochtone coloniale en Erythrée (6 millions de francs)


Soit 62 millions de francs de dépenses exceptionnelles et 52 millions de francs d'économies en dépenses ordinaires par rapport à 1891.


1896 :

-Maintien en sous-régime du VIIIe Corps mixte et des IX,Xe et XIe Corps de réserve  (24-2 = 22 millions de francs d'économie par rapport à 1891)
-Rééquipement des 3 divisions du nouveaux Ve Corpo mixte en fusils modernes à partir des arsenaux nationaux (coût de 6 millions de francs).
-Rééquipement des 3 divisions du nouveaux Ve Corpo mixte en artillerie moderne à partir des arsenaux nationaux (coût de 12 millions de francs).
-Incorporation des deux réserves d'artillerie lourde dans les Ier et IIe Corps d'armée. Entretien annuel augmenté de 28 millions de francs.
-Équipement en mitrailleuses de trois divisions (15 millions de francs)




Soit 33 millions de francs de dépenses exceptionnelles et 22 millions de francs d'économie en dépenses ordinaires par rapport à celles de 1891.

1er janvier 1897 :

-Incorporation de la DIC au sein de l'armée d'Erythrée (entretien augmenté de 12 millions de francs)
-Incorporation de la division autochtone coloniale au sein de la nouvelle armée d'Erythrée (entretien annuel augmenté de 3 millions de francs)
Équipement de la division autochtone coloniale à partir des stocks d'armes obsolètes (0 Million)
-Incorporation des deux divisions d'infanterie en métropole (entretien augmenté de 22
millions de francs)
-Équipement de ces deux nouvelles divisions d'infanterie en matériel moderne à partir des arsenaux publics et en mitrailleuses (24 millions de francs)
-Équipement en matériel obsolète des trois nouvelles divisions de forteresses (0 Million)
-Trois nouvelles forteresses occupées (entretien augmenté de 9 millions de francs)

(Budgétisé au prochain tour, n'est pas intégré au bilan comptable)


------

352,5 millions de dépenses extraordinaires sur 5 ans // 302 millions de francs de dépenses ordinaires en moins par rapport au budget 1891 qui financent une grande partie de ces investissements



------

Composition et répartition de l'armée Italienne au premier janvier 1897 :

Spoiler:

Concernant les dépenses liées à l'amirauté :

1894 :
-Création d'une base navale aux Pescadores (30 millions de francs)


1895 :
-Mise en chantier de deux escadres de cuirassés pre-dreadnought pour 222 millions de francs
-Mise en chantier de deux escadres de croiseurs cuirassés destinées au Japon (0 million de francs)
-Mise en chantier de deux escadres de destroyers (18 millions de francs)
-Mise en chantier d'une escadre de croiseurs cuirassés (54 millions de francs)
-Amelioration du feu de trois escadres de cuirassés à tourelle (24 millions de francs)
-

Soit 348 millions de francs de dépenses exceptionnelles.

Ces dépenses supplémentaires devront être budgetisées par de nouvelles sources de financement promet à la barre Sidney Sonnino. Le ministre des finances en a en tout cas le capital politique, bénéficiant de l'éclat dont jouissait Crispi, porté au triomphe depuis la tentative d'assassinat dont il avait la victime ainsi que les victoires au Soudan, qui suivaient elles-mêmes le retour de l'ordre en métropole. Les deux hommes travaillent dès lors activement à une grande réforme administrative pour rationaliser certaines dépenses et encaisser sans coup férir la hausse des budgets militaires. En attendant il fallait espérer que ces centaines de millions de francs de rallonge éviteraient des milliards de dépenses non consenties, et surtout que le sang Italien soit versé en Europe pour la première fois depuis 1877...


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Una dinastia, un popolo, una nazione —  Fratelli d'Italia


Affaires coloniales et économiques : une croissance exponentielle (1895-1897)

Encore réduites à un port dans le golfe d'Assab il y a encore quelques années, les possessions Italiennes en Mer Rouge connaissent un développement fulgurant depuis 1891 sous la houlette d'un homme au crédit grandissant dans les milieux politiques et militaires : Oreste Baratieri. Nommé à la tête d'une colonne militaire pacifiant l'intérieur des terres jouxtant la tête de pont Italienne en Afrique orientale, il est nommé gouverneur de la nouvelle colonie d'Erythrée en 1892 puis négocie avec Menelik le traité de Wouchalé qui agrandit considérablement l'enclave Italienne en lui donnant notamment sa capitale, Asmara. Bénéficiant d'une confiance totale du nouveau président du conseil il bénéficie de l'accord de normalisation de Malte entre Rome et Londres pour obtenir un rôle décisif dans la guerre contre les madhistes.

A le tête de 30'000 hommes dont de nombreux soldats Beni Amer qui ont prêté allégeance à l'Empereur Emmanuel ainsi que des Askaris venus de Tunisie et Tripolitaine, habitués aux conditions météorologiques dantesques que va affronter l'Esercito Imperiale au Soudan. Baratieri remporte des succès éclatants contre les Derviches qui ont envahi l'Erythrée Italienne et massacré des milliers d'autochtones ralliés à l'Empire, puis marche sur le Nil Bleu de concert avec les Britanniques. Il remporte notamment à Showak et Wad Madani des batailles acharnées contre un adversaire fanatique et en bien plus grand nombre,  et parvient jusqu'à Osaylat avant même que Kitchener ai franchi le Nil...Baratieri, qui n'a pas les temps de s'enquérir des ordres du président du conseil fait reconnaître aux Britanniques la nouvelle frontière et ne force pas le destin en ne posant pas le siège devant Khartoum, visée par Kitchener qui veut venger l'abominable mort de l'armée de Gordon et de tous ses habitants dix ans plus tôt.

Cette guerre triomphale permet à l'Erythrée de plus que tripler en superficie, jouxtant le Nil bleu, qui prend sa source en Ethiopie avant de traverser pendant un millier de kilomètres le territoire Italien. Couvert de gloire Baratieri est nommé gouverneur de l'Africa Orientale Italiana à laquelle il consacrera sa carrière, désormais depuis sa capitale, fixée à Kassala.  

Malgré la pacification la province demeure pour les premières années sous le régime d'une administration militaire. Baratieri dispose d'un crédit tout personnel auprès des garnisons et dirige d'après ses propos dires une «caserne à ciel ouvert». L'armée structure en effet en grande partie la société coloniale avec la mise en place d'une véritable méritocratie militaire chère à Baratieri. Celui-ci grâce à ses relations haut placées et sa popularité en métropole obtient la formation d'un corps d'armée à Asmara, constitué pour moitié de soldats autochtones issus des tribus ralliés à l'Empire. Le général s'assure qu'ils reçoivent 60% d'une solde «européenne» qui bien que maigre leur permet avec l'instauration du cours du Scudi Erythréen en 1895 de bénéficier pour eux et pour leur famille de meilleurs conditions de vie, afin de s'assurer de leur loyauté en cas de confrontation avec un mouvement insurrectionnnel. L'avancement leur est également possible, jusqu'à un certain point : ils peuvent atteindre le premier grade d'officier inférieur mais seulement dans les régiments Indigènes.  

Autre point qui est cher aux autorités : l'évangélisation de la population autochtone et la construction de nombreux lieux de culte catholique dans une région marquée par une grande hétérogénéité religieuse et culturelle et par la proximité avec l'Éthiopie à majorité chrétienne, ainsi que encore tout récemment affectée par le fléau madhiste.

Le point le plus important est sans doute, dès les premiers mois qui suivent la pacification du Sud-Soudan le vote par le cabinet Crispi d'un chèque conséquent de 35 Millions de francs à destination de la colonie Erythréenne destinés au développement d'infrastructures et la mise en place de cultures visant à valoriser le trésor de l'Afrique Orientale Italienne : la gomme arabique.

La gomme arabique est une culture antique issue de la sève d'acacia dont l'utilisation date de l'Égypte ancienne. Avec l'industrialisation elle est devenue une matière première extrêmement importante dans les secteurs du textile, de l'agroalimentaire et de la construction.  

La méthode soudanaise consiste à entailler les arbres à la bache. Ensuite l'écorce est arrachée à la main. Tout cela se fait dans le strict respect de la période de gommose qui va de décembre à juin. La gomme s'écoule naturellement par les blessures faites à l'écorce des arbres ; en augmentant leur nombre, on peut facilement augmenter le rendement. La production peut toutefois être très variable selon les arbres, de 20 g à 2 000 g par sujet ; elle est en moyenne de 250 g par arbre. La gomme est un produit d’exportation très important. Le rendement varie beaucoup d’un arbre et d’une année à l’autre, selon les conditions climatiques, oscillant entre 100 et 1 000 g (jusqu’à 10 kg au Soudan), mais avec une moyenne de 250 g au moins dans un bon peuplement.

Au XVe, des navigateurs européens découvrent la gomme arabique sur les côtes du Sénégal et de la Mauritanie actuelle. Au XVIIIe iècle, une « guerre de la gomme » sanglante et acharnée permet à la France d'obtenir le monopole de son commerce sur la côte Ouest africaine.

Les territoires du Soudan et de l'Érythrée Italienne  représentent une zone extrêmement propice à cette culture qui est le meilleur parti pour développer la colonie et générer des excédents commerciaux.  La gomme sera ensuite importée en Europe via les ports de Massawa et Assab qui bénéficient également de cette enveloppe pour s'ouvrir à des bâtiments plus importants, notamment grâce à ligne de chemin de fer Massawa-Wad Wamani, construite pendant la guerre contre les madhistes.


Affaires étrangères et économiques : Tragédie à la grecque (La crise du bauxite et les accords de Pécs) (Printemps-Été 1895)  

Les relations entre Corinthe et Rome étaient passé du doux à l'aigre en seulement quelques mois, mettant un terme à une décennie idyllique. Le refus de l'Italie de céder Chypre à son allié avait jeté un premier froid, tout comme la position de la Grèce dans la crise Albanaise mais c'est surtout la surenchère financière entamée par l'alliance franco slave et le Royaume-Uni dans les Balkans qui pousse l'Empire Italien, avec moins de moyens et plus modéré, à se retirer du jeu, pour privilégier d'autres terrains économiques face à l'ingratitude Grecque, qu'elle soit supposée ou réelle. Rome n'avait-elle pourtant pas financé sur ses deniers personnels l'insurrection crétoise et vendu à prix coûtant des armes pour l'armée hellène quand les Français lui faisait payer le prix fort pour quelques embarcations militaires ? Quoi qu'il en soi l'Italie était vexée et privilégiait désormais l'ancien ennemi Ottoman, désormais plus favorable à ses intérêts. Le fossé allait désormais cesser de ne se creuser mais la décision de Corinthe de plus exporter dans la péninsule son bauxite au profit de la France surprit tout le monde en Italie. Malgré ses contestations face à une pratique déloyale et jugée illégale par Rome dans le cadre de l'Union Douanière et la menace de riposte de ne plus importer de métaux grecs les juristes donnent raison au Royaume Hellénique. Crispi comprend qu'il ne peut plus rien attendre de l'Union Balkanique où règne une italophobie maladive et un manque clair de conciliation alors même que l'Empire Italien n'avait jamais fait obstruction à la ratification d'accords commerciaux ouvrant le marché Balkanique à ses rivaux passés (la Grande-Bretagne) ou actuels (la France). Il note toutefois, pour une fois, la bonne foi de Milojevic dans l'affaire, qui propose un code de commerce commun pour éviter le renouvellement de telles polémiques.


Pour faire face à la surprenante obstruction du gouvernement Grec et pour anticiper les conséquences d'une nouvelle dégradation des relations avec les pays membres de l'Union douanière le cabinet Crispi se tourne alors vers la Hongrie. Il sait Popovics très intéressé par un rapprochement plus étroit avec l'Italie, notamment depuis le déclenchement d'une véritable guerre douanière entre Budapest et l'Union Balkanique, dans lequel l'Empire Italien joue la carte de l'ambiguïté en recourant à la « politique de la chaise vide», malgré la possibilité de recourir au véto (dont elle ne s'est jamais servi en plus de dix ans), afin de ne dégrader ses relations avec personne.

Grimaldi, en charge des négociations commerciales, trouve facilement un terrain d'entente avec la République hongroise, satisfaisant pleinement son homologue à la recherche de débouchés pour son industrie minière, tout en assurant aux Indes toujours plus de part de marché en Europe :

-Abolition des douanes Italiennes sur l'ensemble des matières premières minières et minérales Hongroises.
-Abolition des douanes Hongroises sur un ensemble de produits coloniaux : épices, café, thé caoutchouc.

Malgré les propositions de Popovics le cabinet de Crispi décline la proposition d'établir un marché commun agricole, redoutant les conséquences sur la petite et moyenne propriété du Nord du pays. Cet accord bien que parcellaire n'en demeure pas moins historique, créant l'embryon d'un marché commun supplémentaire en Europe centrale, à lequel pourrait se greffer ensuite l'Allemagne voisine, déjà très proche économiquement de la Hongrie, dont elle est le premier bailleur de fonds.

Un problème se pose cependant rapidement : l'absence de frontière terrestre entre la République magyare et l'Empire Italien ne facilite pas les échanges commerciaux. Un nouveau protocole est signé quelques semaines plus tard, cette fois tripartite avec Berlin :

-L'Allemagne concède à l'Italie un tracé ferroviaire pour la relier au plus court avec la Hongrie, financée et exploitée par les compagnies privées et/ou publiques Italiennes et destinée à l'usage commercial avec la Hongrie, dénué de taxes (zone franche). Rome décidera ultérieurement du tracé en concertation avec Berlin.
-En contrepartie l'Italie concède à l'Allemagne un tracé ferroviaire pour la relier au plus court à un port Italien en Adriatique le territoire germanique, financé et exploité par les compagnies privées et/ou publiques Allemandes et destinée à son propre usage commercial, dénué de taxes (zone franche). Berlin décidera ultérieurement du tracé en concertation avec Rome.

Ce projet vise à profiter des relations mutuellement très avantageuses entre les trois pays pour matérialiser une zone d'échanges transfrontalière malgré l'existence de frontières.

Du côté Italien on décide de relier Clanforte à Szombathely sur un tracé de 242 kilomètres qui passe notamment par Graz. L'État concède la construction et l'exploitation de la ligne à un consortium privé mais demeure propriétaire du terrain. Les fonds sont garantis par l'État Italien pour une durée de 30 ans, mais celui-ci n'investit pas directement, la rentabilité de la ligne, qui raccourcit nettement le temps de transit des marchandises grâce à un tracé plus direct et sans arrêt en territoire allemand, devant attirer les investisseurs, alors même que les échanges avec la Hongrie sont appelés à se multiplier.

En parallèle, le dernier symbole de l'amitié Italo-Grecque, le chemin de fer de Thessalonique, propriété de l'État Italien qui avait assumé intégralement sa construction pendant la guerre e 1891 est cédé à la société des chemins de fer français aux Balkans pour la somme de 50 millions de francs, suite à l'échec des négociations avec Corinthe, dont la proposition de rachat indécente exaspère au plus haut sommet de l'État. De l'autre côté l'investissement privé Italien dans le rail Bulgare est porté à 150 millions de francs, suite à la reprise du contrat de cette même compagnie Française. Cela renforce les positions mutuelles des deux pays en Grèce et en Bulgarie.

La situation deviendra incandescente quelques semaines plus tard dans les Balkans et cette fois le chancelier serbe, gravement malade, n'hésitera pas à s'engouffrer dans la brèche. La trêve était finie.

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Una dinastia, un popolo, una nazione —  Fratelli d'Italia


Affaires politiques (Printemps 1896) Le péril slave

Voilà près de vingt ans que la Dalmatie, comme l'Istrie, a rejoint le territoire national, en vertu des droits hérités de la Sérénissime en Adriatique orientale. La politique menée par Minghetti puis ses successeurs n'a pas varié d'un iota depuis l'annexion avec l'Italianisation de la région menée dans les administrations, à l'école et le financement d'une politique migratoire coûteuse. Si la composition ethnique est difficilement quantifiable, les recensements relèvent une fracture démographique entre le littoral et la grande plaine Dalmate infusés par la langue et la culture Italienne d'un côté et l'arrière pays qui demeure presque une contrée étrangère aux yeux du profane.

L'Empire n'a jusqu'à présent pas brutalisé la population slave même si l'usage du serbe et du croate a été chassé des administrations, des juridictions et des écoles. Cependant ces mesures rencontrent une certaine résistance depuis l'émergence d'un féroce nationalisme regroupant tous les slaves du sud (sauf les Bulgares) autour de l'Empire étranger qui jouxte la Dalmatie. Les émeutes et les attentats demeurent néanmoins rares avant 1895 et il règne une relative paix civile outre-Adriatique, à défaut d'une concorde.

Les informations en provenance de Ragusa à partir de l'été 1895 inquiétant en plus haut lieu : la fondation d'une ligue panillyriste probablement pilotée depuis l'étranger est plus qu'une épine dans le pied de Crispi, qui n'a pas le temps de souffler après les évènements Siciliens et la crise du Maroc. Il mandate ainsi une enquête en sa qualité de ministre de l'intérieur, fonction traditionnellement dévolue au chef du gouvernement.

En vertu des lois scélérates, la ligue panillyriste est la cible d'un coup de filet retentissant suite à des mois d'infiltration par les services de la DSI à la fin de l'hiver 1895-1896. Pendant plusieurs jours les arrestations se multiplient par centaines, principalement en Dalmatie mais aussi en Istrie ou même au coeur de la capitale Italienne ! Les prévenus sont jugés en corruption immédiate et condamnés à de très lourdes peines : 678 suspects sont déportés au large de Djerba au début du printemps 1896, rejoignant en nombre les faisceaux condamnés deux ans plus tôt à la même sentence.

Si jusqu'ici le régime Impérial a fait preuve de sagacité et de tolérance vis-à-vis notamment de «l'opposition contrôlée» autonomiste et Croate, la multiplication des incidents graves et l'établissement supposé de liens politiques avec Belgrade est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Rome doit réaffirmer son autorité sur ses provinces orientales. Plusieurs mois, décrets et arrêtés préfectoraux sont promulgués pour lutter contre la «peste slave» appliquées dans tout le territoire dalmate :

-Facilités juridiques (absence de recours à un juge) pour la mise sous surveillance de personnes physiques ou morales, permettant l'infiltration systématique des associations culturelles ou sportives slaves notamment, et leur démantèlement seulement après identifié et arrêté les individus suspectés d'appartenance à une mouvance pan-illyrienne.

-Mise en place d'un permis de séjour pour les immigrés, avec mise en place de quotas migratoires très restrictifs destinés aux seuls travailleurs. Les étrangers sur le sol Dalmate ont 3 mois pour se mettre en règle.

-Expulsion systématique des immigrés ne pouvant justifier de titre de séjour sur le territoire Italien.

-Nécessité de présenter une preuve de maîtrise orale et écrite de langue Italienne de base pour l'acquisition d'une propriété. Cela est valable pour tout acte commercial ou notarié donc en cas d'héritage ou de mariage le bien sera vendu aux enchères et l'argent de la vente reversé à l'ayant droit avec une compensation supplémentaire substantielle, financée par des mesures dérogatoires pour des acquéreurs étrangers suite au paiement d'un lourd droit d'enregistrement (plus de 500 francs) si une convention diplomatique est signée entre le consul représentant la nationalité de l'acquéreur et la chancellerie.

-Pour l'acquisition d'une propriété agricole plus spécifiquement, la nationalité Italienne est indispensable, avec les mêmes mesures dérogatoires.

Concernant les partis politiques, la presse et la propagande en général les lois en vigueur demeurent de mise : tolérance pour les autonomistes croates et interdiction pour les mouvements pan-illyriens.

Ces mesures courageuses ont pour objectif de mettre un coup de frein décisif à l'immigration serbe et croate, de faciliter le travail des services de police et de favoriser les locuteurs Italiens dans l'acquisition de biens, ceci sans discriminer sur la race. Dans les semaines qui suivent la promulgation de ces différents textes les forces de l'ordre auront déjà procédé à plus de 30'000 expulsions.

Affaires économiques et sociales : les normes agricoles et la Denominazione di origine controllata

La décennie passée est marquée par une montée en flèche du protectionnisme partout en Europe, y compris dans la péninsule. Si ce sont essentiellement des motifs économiques qui guident ces augmentations tarifaires, un certain nombre d'États jouent le jeu dangereux de la confrontation commerciale, se livrant des guerres douanières acharnées, sans vainqueur. La première a pris place entre la Russie et l'Allemagne et la seconde entre la Hongrie et l'Union douanière Balkanique. Jusqu'ici Rome avait su préservé avec ses adversaires une sagesse et modération mutuelle pour ne pas déstabiliser l'économie européenne. La France demeurait ainsi un partenaire commercial important, même si sa part dans le commerce extérieur avait progressivement reflué au profit de nouveaux associés, plus fiables.

Qu'elle ne fut pas la surprise du ministre Grimaldi lorsqu'il apprit l'augmentation brutale des droits d'entrée Français sur le vin Italien, au taux totalement fantaisiste de 40%. C'est une véritable déclaration de guerre douanière de la part de Paris. l'Italie devait répondre pour défendre sa production, qui avait profité de la l'invasion du phylloxera pour augmenter ses parts de marché.

Les mesures de protection tarifaires semblent cependant une réponse inadaptée, et le gouvernement souhaite éviter l'escalade. Mais il n'est pas question de laisser sans solutions les vignerons et distillateurs de la péninsule. Inspiré par les mesures de protection mises en place en Grèce, le ministre propose à son chef de cabinet deux projets de loi visant à défendre les producteurs et plus largement à assurer la sécurité pour le consommateur :

1) La Denominazione di origine controllata

Visant d'abord les vins, cette dénomination sera ensuite étendue progressivement à d'autres alcools, à certains fromages, certaines charcuteries, etc, à connotation géographique, culturelle forte.

Il s'agit d'une labellisation par les autorités dépendantes du ministère du commerce de l'industrie et de l'agriculture qui vise à certifier l'origine du produit, mais aussi sa composition et sa qualité via le respect de normes de fabrication. La certification est demandée par le producteur et est attribuée suite à une enquête des services compétents pour une durée de 5 ans avant de devoir être renouvelée.

Il s'agit à la fois d'un outil favorisant les fabricants Italiens de produits à haute valeur ajoutée au sein du marché national, mais aussi d'une arme à l'exportation en garantissant aux acheteurs étrangers la qualité et la provenance de ces produits. En outre, cela encourage fortement les producteurs Italiens à améliorer leur production pour bénéficier de cette certification.


[u]Les normes de production et de protection du consommateur [/i]

Plus largement, pour tous ces produits dits d'exception (il serait irréaliste et néfaste pour la compétitivité agricole d'étendre cela à l'ensemble des denrées alimentaires), un cahier des charges assurant la sécurité de la production et la protection du consommateur. Cela passe par le recours à certains agents chimiques pour lutter contre le péril biologique, ou à l'adoption de procédés de fabrication plus sécurisés. Enfin, cela est complété par des contrôles aléatoires sur les produits commercialisés. Conscient des difficultés que cela pourrait engendrer, Grimaldi laisse 3 ans aux producteurs nationaux pour se conformer, et 2 ans de plus avant de frapper au portefeuille par des pénalités, très progressives.

Les pénalités payées par les exploitants nationaux mais aussi et surtout par les vendeurs étrangers ne pouvant certifier (via une procédure de vérification d'un pays tierce reconnue par le ministère) alimentent un fond de subventions distribué aux agriculteurs et aux artisans pour faciliter leur adaptation au cahier des charges.

Au delà de l'intérêt sanitaire évident et du protectionnisme «caché» de ces mesures, elles devraient permettre à long terme une amélioration des rendements via la lutte contre les périls naturels comme le mildiou ou encore le phylloxera qui a tant affecté la viticulture des voisins transalpins, ainsi qu'un attrait supplémentaire pour les consommateurs nationaux ou étrangers grâce à la lutte contre les bactéries ou parasites dans les viandes et fromages concernés, sans compter les bénéfices pour la santé publique. Le ministre se félicite donc de l'adoption sa législation, qui permet à l'agriculture Italienne de s'éviter une douloureuse confrontation tarifaire.

Il faut rappeler une nouvelle fois que cela ne concerne qu'une fraction très minoritaire des productions agricoles, mais celles à plus haute valeur ajoutée.

Quelques semaines plus tard, Grimaldi fait télégraphier au ministre du commerce Français une déclaration pour le moins limpide : «Ne franchissez pas la ligne rouge de la guerre douanière, cela n'en serait que mutuellement destructeur. Amitiés. » Il espère que son message ferme mais courtois sera entendu.

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Folkord
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Empire Italien

Una dinastia, un popolo, una nazione —  Fratelli d'Italia


Affaires financières : Budget de l'État Italien (1892-1896)

Dépenses extraordinaires quinquennat

1892 Intégration Albanais : 4 millions de francs au total
1892  Infrastructures portuaires Chypre : 35 Millions de francs
1882 25 millions de francs dans dans une compagnie de production d'aluminium
1892 5 millions de francs participation étatique exploitation Bauxite dans le sud du pays
1892 60 Millions de francs investissement étatique dans industrie chimique
1892 4 millions de francs en emprunt à Menelik
1892 279 Millions de francs construction navale
1892 : coût établissement monopole allumettes : 20 Millions de francs
1892 à 1896 : achat de devises et d'or : 50 Millions  (10 Millions par an)
1893 : 10 millions banque Italo espagnole
1894 à 1896 : 398 millions de francs investissement rail
1893 ; prêt public Empire Ottoman : 50 millions de francs à 4.5%
1893 : indemnité due à la France pour Socotra : 5 millions
1895 : 35 Millions investissement Erythrée
1892-1896 : 352,5 millions réforme militaire
1894 : Répression faisceaux : 40 millions de francs
1894 : 348 millions investissement naval
Colo Socotra 1893-1896: 20 million (c'est ça  ?)
1894-1896 : Expédition Soudan : 300 millions
1895-1896 : expédition Libye :  252 millions de francs

= 2222 millions

--------------

Recettes extraordinaires tour :

1895 24 millions de francs : vente d'escadres en Amérique du Sud
1895 15 millions de francs : vente d'escadres à l'Espagne
1894 : vente ligne Thessalonique : 50 millions
1893 : vente 90 millions emprunt public Grèce
1892 à 1896 : 150 millions de francs vente expropriation
1896 : marge vente croiseurs aux Japon : 4 millions de francs
1892 à 1896 : Bénéfices des Indes : 225 millions de francs (45 millions par an)

=  528 millions de francs

Net : 1694 millions de francs de solde net de dépenses extraordinaires sur le quinquennat

--------------------

Dépenses et recettes ordinaires

1)Dépenses supplémentaires ordinaires supplémentaires :

-1895 et 1896 : augmentation des dépenses navales : 46,5 millions de francs PAR AN
1896 : augmentation dépenses navales : 6 millions PAR AN

Total : 99 millions de francs

2) Recettes supplémentaires ordinaires :

1892 à 1896 Recettes regime spécial douanier à Chypre : estimé à 8 millions PAR AN
1892 à 1896 Recettes augmentation douanes sur l'aluminium et Bauxite hors Hongrie et hors Union Balkanique: : estimé à 2 millions PAR AN
1892 à 1896 Recettes augmentation douanes chimie dont pharmaceutique : estimé à 4 millions PAR AN
1892 à 1896 : Réforme fiscale: 90 millions de francs PAR AN
1892 à 1896 : monopole allumettes : 20 Millions de francs PAR AN
1893 : hausse douanes USA : 20 millions PAR AN (passage de 15% à 45-50% des douanes sur un flux de 75-80 millions d'importation par an d'après l'annuaire)

=5x8 + 5x2 + 5x4 + 5x90 + 5x20 +  4x20 = 700 millions de francs en plus sur le tour

3) Dépenses ordinaires en moins tour :


1892 à 1896 : économies dépenses militaires terrestres : 302 millions SUR LE TOUR
1895 et 1896 : 40,5 millions de francs d'entretien entretien naval en moins suite vente escadres Espagne et pays Amérique latine PAR AN

=  302+40,5,40,5 = 383 millions de francs sur le tour d'économisés

Solde net (dépenses en moins+ recettes en plus - dépenses en plus) = 984 millions de francs

-------------

Accroissement naturel des richesses de la Nation :

Accroissement Recettes et dépenses liées à la croissance : scénario 3% par an

Recettes 1891 : 1934 millions de francs
1892  : 1992 + 124 Millions nouvelles Recettes = 2116
1893 :2179  +20 Millions nouvelles recettes  = 2199
1894 : 2265
1895 :2333
1896 : 2403


Dépenses administratives 1891 : 947 millions de francs
1892 : 975
1893 : 1004
1894 : 1035
1895 : 1066
1896 : 1098

-----------------

Budget ordinaire année par année

Scénario croissance à 3% des recettes et des dépenses administratives :

Scénario taux d'intérêt de la dette à 4.3%

Budget 1892 : Recettes ordinaires 2116 millions de francs
Dépenses administratives : 975 millions de francs
Dépenses militaires terrestres : 412 millions de francs
Dépenses maritimes : 306 millions de francs
Dette publique : 291 millions d'intérêt
Amortissement : 132 Millions de Francs


Budget 1893 : Recettes ordinaires : 2199 millions de francs
Dépenses administratives : 1004 millions de francs
Dépenses militaires terrestres : 336 millions de francs
Dépenses maritimes : 304 millions de francs
Dette publique : 291 millions de francs
Amortissement : 264 millions de francs

Budget 1894 : Recettes ordinaires : 2265 millions de francs
Dépenses administratives : 1035 millions de francs
Dépenses militaires terrestres : 336 millions de francs
Dépenses maritimes : 304 millions de francs
Dette publique : 291 millions de francs
Amortissement : 352  millions de francs

Budget 1895 : Recettes ordinaires : 2333 millions de francs
Dépenses administratives : 1066 millions de francs
Dépenses militaires terrestres : 360 millions de francs
Dépenses maritimes : 310  millions de francs
Dette publique : 291 millions de francs
Amortissement : 280 millions de francs


Budget 1896 : Recettes ordinaires : 2403 millions de francs
Dépenses administratives : 1098 millions de francs
Dépenses militaires terrestres : 390 millions de francs
Dépenses maritimes : 310 millions de francs
Dette publique : 291 millions de francs
Amortissement : 314 millions de francs

Amortissement total sur cinq ans : 1368 millions de francs
Dépenses extraordinaires tour : 1694 millions de francs
1694- 1368 = 296 millions d'endettement sur le quinquennat

+4,3% de croissance de la dette en cinq ans



Affaires financières : Capitaux privés  (1892-1896

Dépenses :

1892 300 millions à 4.5% pour l'EO
1892 50 millions en rachat de compagnies ottomanes (télégraphes et Celik Grup)
1893 14 millions en rachat de compagnies hongroises (bauxite et électricité)
1893 250 millions monopole tabac Empire ottoman
1893 : 60 Millions banque Italo espagnole
1894 : 150 millions de francs Bulgarie rail

Total : 824 millions de flux de capitaux privés sortants


Recettes :

1892 1 millions de dédommagement russe
1893 240 millions de francs vente emprunt public grec

Total : 241 millions de flux de capitaux entrants.

Total net : 583 Millions de capitaux privés exportés


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